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Ruelle dans les brancards

 De nouveaux des rêves de villes d'ancien régime, labyrinthiques, aux ruelles tortueuses, aux pierres et aux huisseries de bois noircies. Cette nuit, j'étais dans la partie touristique de la vieille cité, les bâtiments vénérables sont défigurés par des boutiques de souvenirs cheap et des bars à hôtesses pour touristes en goguette. 


L'une d'entre elles, qui joue les rabatteuses pour un établissement louche et surveille donc toutes les allées et venues de la rue, me fait pénétrer dans la maison d'un riche propriétaire qui écrase tous ses voisins sous les loyers. Il a une collection d'art assez étrange, un côté océanien marqué, mais remanié par Lovecraft et Derleth.

Les pièces sont exposées sur des murs boisés à l'ancienne, qui assombrissent les pièces. L'éclairage ne parvient pas à compenser et tout a un côté sinistre et inquiétant. Je trouve ce que je venais chercher, une statuette ultra chelou, gigero-primitive. Je sais que si je l'embarque, je me ferai griller tout de suite. Mais mon plan est génial et implacable : je prends l'objet et je le planque dans la maison elle-même, dans une niche dissimulée derrière un panneau, qui apparaissait sur un vieux plan et dont l'actuel proprio ignore l'existence.

Je ressors par une porte de service et je m'enfonce dans les ruelles, dans un quartier bien plus calme. C'est tortueux, étroit. J'entends des cris au loin. Le vol a été constaté. Autant que je ne reste pas dehors. Je laisserai passer quelques semaines, puis je ferai le coup du plombier et je viendrai récupérer la statuette.

Je passe une porte cochère. Elle donne sur une succession de cours intérieures biscornues. Dans la dernière, un escalier de bois mène à une terrasse, celle d'un restaurant huppé qui n'est pas encore ouvert. Un loufiat nettoie le comptoir. Je taille la discute avec lui en attendant l'heure de l'ouverture officielle. Enfin, je peux me poser à une table. Des rombières arrivent, apparemment j'en connais une, elles s'installent donc avec moi et me serviront de couverture.

L'une d'entre elle est venue avec son chien, une grosse bête qui quémande des papouilles. Je lui fais des gratouillis mais il tente de me croquer les doigts avec des dents qui n'ont rien de canin. Je comprends alors que c'est un ânon facétieux, tout mignon et fluffy, mais qu'en effet, on joue pas avec comme avec un clebs.

Dehors, nous dit-on, c'est la traque au voleur. Je mange tranquille en souriant. Je commande un café. C'est de boire celui-ci qui me réveille. 

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