Bon, j'avance à grand train pour boucler Les exilés de la plaine, qui sort dans quelques mois. Histoire de vous faire saliver un peu, parce que je suis comme ça, vous le savez, je me suis dit que j'allais vous en présenter un petit extrait pris au pif. On se trouve dans la partie la plus occidentale du Mitan, 80 ans avant les aventures de Gabriel, Suzanne et les autres :
« Psst. »
Dissimulé derrière un buisson, Richaume lui faisait signe. Raoul s’approcha.
« Qu’y a-t-il ?
— Du monde, de l’autre côté. Un campement. Une demi-lieue tout au plus. »
Les deux hommes chuchotaient, leur visage presque à se toucher.
« Qui ?
— On ne sait pas. Gonthier éloigne les chevaux, et Pagud est allé voir de plus près.
— Bien. Il sait se faire discret, quand il ne parle pas. »
Richaume gloussa. Il est vrai que la voix rocailleuse de son camarade s’entendait de fort loin.
Lorsqu’il atteignit les arbres, Raoul aperçut immédiatement le lieutenant Wosberg, dissimulé derrière le large tronc d’un résineux tors. Celui-ci lui fit signe d’approcher. Par gestes, il lui demanda de rester là, d’attendre l’éclaireur. Ayant fréquenté plus qu’à son tour les camps militaires, le lanceur de couteau connaissait ce langage des soldats. Il acquiesça et regarda autour de lui. Les autres membres de la patrouille s’étaient tous embusqués et pointaient leurs escopettes vers les ombres épaisses.
Un nuage de moucherons, déporté par le vent, vint les assaillir. Raoul remonta immédiatement son foulard sur le bas de son visage. Wosberg n’eut pas ce réflexe et manqua d’éternuer ; il n’en fut empêché que par la grosse main de son compagnon qui se plaqua sur sa bouche. Il remercia d’un signe de tête et, à son tour, se protégea avec l’écharpe de soie, fort mitée, représentant son grade.
L’attente se prolongeait.
Un bruissement attira leur attention. La lame sortie, Raoul s’approcha.
Et, en attendant, La cour des abysses est toujours dispo !
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