La récente polémique allemande au sujet du Projet Gutenberg est peut-être l'occasion de revenir sur cet outil qui m'a toujours été précieux. Pour ceux qui ne connaitraient pas, il s'agit d'une ressource en ligne avec plein de bouquins libres de droits, aux formats html, pdf, ebook, etc. Très pratique, donc. L'ebook pour lire sur tablette, par exemple, et l'html pour pouvoir faire des citations.
En plus, c'est nettement mieux foutu que Gallica et moins le foutoir qu'Archive.org, donc c'est mon premier choix dès que je cherche quelque chose de précis. C'est là-bas que j'avais récupéré par exemple l'intégralité du rapport d'expédition de Burton à la Mecque qui m'avait été très utile pour un de mes albums de BD. Y a pas tout, chez Gutenberg, mais y a déjà plein, plein de trucs.
Le problème soulevé récemment, c'est la présence d'œuvres entre autres de Thomas Mann, alors que les délais de tombée dans le domaine public ne sont pas les mêmes aux USA (où est hébergé le Projet) et en Allemagne. Des ayants droits ont donc attaqué le Projet, qui s'est contenté de couper l'accès aux allemands (ce qui est toujours contournable, mais bon).
Notons que comme toujours, cela a dû donner lieu à des manœuvres d'avocats (grassement payés, j'imagine), et il y a eu beaucoup d'énergie de dépensée dans l'affaire. Et à notre époque qui place l'efficience et l'utilitarisme au rang des vertus cardinales, c'est pas mal d'auditer l'affaire maintenant que la poussière retombe, pas vrai ?
Et donc, allons voir les livres les plus téléchargés. Jane Austen est en tête, en VO, avec près de 40.000 téléchargements. Et derrière, ça dégringole très vite. Le premier auteur de langue allemande, c'est Kafka, mais en version anglaise, à 15.000 (9ème position au moment où j'écris), le premier français Dumas, en 30ème position (7500 ex), et en anglais aussi. Le premier bouquin pas en anglais, c'est au delà de la 70ème position, et il est… en tagalog, à 4000 ex. Les deux premiers bouquins en allemand, dans les 80-90èmes places (et entre 3 et 4000 ex) et ce sont Marx et Wittgenstein. Sur les bouquins suivants en allemand ou en français, l'ordre de grandeur, c'est 1000 ex. Le premier Thomas Mann culmine précisément à 1900 exemplaires au moment où j'écris ces lignes.
Donc c'est pour une poignée de droits d'auteur, nettement inférieure de toute façon à 5000 euros au total (si j'additionne tout ce qui a été téléchargé en Thomas Mann et que je calcule à la louche les droits correspondants par rapport mettons à une édition de poche) qu'on a sorti la grosse artillerie des avocats et fermé le robinet de TOUT le projet aux lecteurs allemands. En terme de pognon, je suis certains qu'il y a eu plus de frais que ces 5000 balles virtuels.
En termes de réaction, si je comprends tout à fait la réaction du Projet (c'est un truc non lucratif d'intérêt public, les mecs veulent pas être emmerdés ni mettre en péril TOUT leur site au niveau mondial pour une poignée de téléchargements), elle pose quelques questions.
Qui est pénalisé ? Le lecteur. Le lecteur allemand. Mais combien de lecteurs ? Et c'est là le plus triste : si le site fonctionne bien en anglais, les langues étrangères, pourtant très bien représentées (c'est là que je me fournis en Alexandre Dumas pas forcément trouvables autrement pour mes lectures d'été, par exemple) sont globalement boudées par les lecteurs non anglophones.
Alors que c'est simple d'emploi, légal, gratuit. Et c'est mis en péril pour des arguties juridiques dans lesquelles on dépense plus de pognon que le manque à gagner dont on s'offusque. Bravo.
En plus, c'est nettement mieux foutu que Gallica et moins le foutoir qu'Archive.org, donc c'est mon premier choix dès que je cherche quelque chose de précis. C'est là-bas que j'avais récupéré par exemple l'intégralité du rapport d'expédition de Burton à la Mecque qui m'avait été très utile pour un de mes albums de BD. Y a pas tout, chez Gutenberg, mais y a déjà plein, plein de trucs.
Le problème soulevé récemment, c'est la présence d'œuvres entre autres de Thomas Mann, alors que les délais de tombée dans le domaine public ne sont pas les mêmes aux USA (où est hébergé le Projet) et en Allemagne. Des ayants droits ont donc attaqué le Projet, qui s'est contenté de couper l'accès aux allemands (ce qui est toujours contournable, mais bon).
Notons que comme toujours, cela a dû donner lieu à des manœuvres d'avocats (grassement payés, j'imagine), et il y a eu beaucoup d'énergie de dépensée dans l'affaire. Et à notre époque qui place l'efficience et l'utilitarisme au rang des vertus cardinales, c'est pas mal d'auditer l'affaire maintenant que la poussière retombe, pas vrai ?
Et donc, allons voir les livres les plus téléchargés. Jane Austen est en tête, en VO, avec près de 40.000 téléchargements. Et derrière, ça dégringole très vite. Le premier auteur de langue allemande, c'est Kafka, mais en version anglaise, à 15.000 (9ème position au moment où j'écris), le premier français Dumas, en 30ème position (7500 ex), et en anglais aussi. Le premier bouquin pas en anglais, c'est au delà de la 70ème position, et il est… en tagalog, à 4000 ex. Les deux premiers bouquins en allemand, dans les 80-90èmes places (et entre 3 et 4000 ex) et ce sont Marx et Wittgenstein. Sur les bouquins suivants en allemand ou en français, l'ordre de grandeur, c'est 1000 ex. Le premier Thomas Mann culmine précisément à 1900 exemplaires au moment où j'écris ces lignes.
Donc c'est pour une poignée de droits d'auteur, nettement inférieure de toute façon à 5000 euros au total (si j'additionne tout ce qui a été téléchargé en Thomas Mann et que je calcule à la louche les droits correspondants par rapport mettons à une édition de poche) qu'on a sorti la grosse artillerie des avocats et fermé le robinet de TOUT le projet aux lecteurs allemands. En terme de pognon, je suis certains qu'il y a eu plus de frais que ces 5000 balles virtuels.
En termes de réaction, si je comprends tout à fait la réaction du Projet (c'est un truc non lucratif d'intérêt public, les mecs veulent pas être emmerdés ni mettre en péril TOUT leur site au niveau mondial pour une poignée de téléchargements), elle pose quelques questions.
Qui est pénalisé ? Le lecteur. Le lecteur allemand. Mais combien de lecteurs ? Et c'est là le plus triste : si le site fonctionne bien en anglais, les langues étrangères, pourtant très bien représentées (c'est là que je me fournis en Alexandre Dumas pas forcément trouvables autrement pour mes lectures d'été, par exemple) sont globalement boudées par les lecteurs non anglophones.
Alors que c'est simple d'emploi, légal, gratuit. Et c'est mis en péril pour des arguties juridiques dans lesquelles on dépense plus de pognon que le manque à gagner dont on s'offusque. Bravo.
Commentaires