Je parlais l'autre jour d'un média participatif débitant la communication en tranches de 140 caractères, et j'ai découvert depuis la joie sans mélange des contorsions typographiques qu'implique cette limite dès lors qu'on veut faire une phrase. C'est l'occasion, je crois, de vous causer ici-même et non pas là-bas de mon roman, sur lequel je bosse depuis plus d'un an maintenant. Si je devais le débiter en touites, il m'en faudrait 2858 pour le balancer sur le réseau. Mais je vous rassure, on n'en est pas encore là. Parce que quand il sera fini, il en faudra entre 3500 et 3600, rien que ça.
Bon, comme vous êtes gentils, je vous en mets pour 14 touites :
Bon, comme vous êtes gentils, je vous en mets pour 14 touites :
Les venelles étaient tortueuses et en
pente, et Wangen trébuchait plus qu'à son tour, rattrapé à chaque
fois par un gantelet de métal lui broyant l'épaule pour le remettre
debout.
Ils traversèrent une rue plus large,
tout en bas, dont le caniveau central recueillait toutes les eaux des
alentours, y compris les plus sales. Il fallait trouver des gués
faits d'épaisses dalles souillées émergeant du flot brunâtre, et
même ainsi l'ont était pas certain d'échapper aux éclaboussures
puantes.
De l'autre côté, le groupe
s'engouffra dans un nouveau réseau de petites rues, plus rectilignes
et parfois pavées. Les maisons étaient plus récentes, certaines
étaient même bâties en pierre et nanties de portes de bois épais
et clouté d'airain le teintant de traînées vertes là où la pluie
l'avait attaqué.
Au détour de ce qui semblait être un
entrepôt, ils se retrouvèrent bloqués par une charrette de légumes
ayant heurté une borne et versé. La rue était totalement bouchée
par les chevaux paniqués, les gamins tentant de chaparder les
victuailles ayant roulé sur le pavé, les sergents de ville tentant
de contenir la foule et ne faisant qu'ajouter au chaos.
Le petit peloton de licteurs fit halte
devant le volet baissé à l'horizontale d'un petit estaminet donnant
sur l'extérieur. Épuisé par ce brouhaha et ce grouillement
envahissants, qui contrastaient avec ce qu'il avait pu vivre ces
dernières semaines, Wangen s'adossa à un mur, puis s'assit, haletant de
soif.
« Qu'a-t-il fait, ce pauvre
garçon ? »
Il leva la tête. Derrière son
comptoir, l'aubergiste le regardait avec compassion en essuyant des
écuelles.
« Il a partagé le pain des
hérétiques » rétorqua sèchement un licteur massif.
L'homme eut un léger mouvement de
recul. Wangen lui adressa un triste sourire.
« C'était cela ou mourir de
faim, l'ami. »
Le boutiquier le contempla un bref
instant, le jaugeant du regard, puis lui tendit un gobelet contenant
une infusion d'herbes.
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