Okay, j'ai compris, c'est terminé, j'arrête.
J'en fais le serment solennel, je ne foutrai plus les pieds dans les réunions d'information de début d'année dans les écoles.
En général, elles sont passées à énoncer les mêmes platitudes ("c'est l'année la plus déterminante" -les dix qui avaient précédées l'étaient déjà, dans les bouche des proviseurs- ou "là, ils faut qu'ils se mettent à vraiment travailler, ils ne peuvent plus fonctionner sur des acquis" -répété en CM2, 6ème, 4ème, 3ème, seconde et maintenant première-). Ça, encore, pourquoi pas, c'est la nature de l'exercice, et la langue de bois scolaire (sur le même rang du "je n'ai jamais vu une classe aussi dissipée de toute ma carrière", répété par tous les profs à 80% ou 90% des classes, ce qui pose un intéressant problème statistique).
Passons sur le fait qu'un lycée se piquant d'enseigner l'art et le design ne devrait pas faire ses présentations en Powerpoint. C'est comme si une école hôtelière distribuait des lasagnes Findus au cheval. Mais le Powerpoint avec des textes en corps 6, projeté dans un auditorium de 150 place, ça mérite très clairement le camp de travail en Ouzbékistan. Et en slip.
Mais tout ça, en fait, c'est véniel.
Le problème commence vraiment quand sur une heure dix d'intervention, un intervenant parle pendant 45 minutes de l'importance du travail pendant que trois des autres hochent la tête (et ne prendront la parole que trois à quatre minutes chacun), sachant que pour chacun d'entre eux, cette heure sera décomptée comme du travail. Je ne supporte plus cette façon qu'on a de considérer comme du "travail" l'acte de présence passif à des réunions où ne s'échangent de toute façon que des platitudes, de la langue de bois et des omissions gênantes.
Problématique aussi est la mise en scène laborieuse d'une incompétence généralisée. Comme l'année précédente, certains postes d'enseignants n'étaient pas pourvus à la rentrée, et la raison invoquée c'est que les enseignants prévus se sont désistés (ou ont entamé leur congé maternité la veille de la rentrée). Le rectorat n'a pas eu le temps de se retourner, et donc, pas de prof pour l'instant. Comme personne ne semble se préoccuper d'une quelconque chaîne de responsabilité dans l'histoire, ce genre de situations se répètent d'une année sur l'autre. Et la question qui se pose, alors, c'est : à quoi sert l'obèse appareil administratif de l'éducation nationale ? Parce que toutes les réformes semblent peser sur les professeurs et les programmes, et apparemment jamais aucune sur ce qu'on appellerait ailleurs "le back office" et "les ressources humaines". Un peu de communication entre les intervenants début Août, et le problème serait probablement déjà réglé... Mais bon, "communication", visiblement, c'est un problème (la dernière fois que j'ai vérifié, la communication consiste à faire circuler des informations dans les deux sens. de nos jours, elle est généralement pratiquée comme un moyen de faire circuler à sens unique des formules toutes faites et généralement vides de sens) et "début Août" le plus sûr moyen de faire s'étrangler toutes les personnes concernées.
Restaient les représentants des organisations de parents d'élèves. Les pétitions de principes de ces gens-là sont toujours belles. Mais à force d'insister sur le fait qu'ils sont apolitiques, ils doivent taire leurs divergences d'opinion (tout au moins en public) et vident de son sens par là même la raison de leur existence. Car dès qu'il y a élection, représentation et confrontation de points de vue, il y a politique. C'est pourquoi le "syndicat non politique" est une fiction nuisible. Dépolitiser les débats portant sur l'organisation et l'exercice de l'autorité, c'est les vider de leur sens. Et ce d'autant plus qu'on sait tous sur le fond que ces organisations sont politiques de toute façon. Ce qui ajoute l'hypocrisie à la manipulation.
Donc là, au fil de cette heure ce matin, ma mauvaise humeur a monté, monté, monté, aggravée par cette sensation de perte de temps foncière, de vacuité emballée de formules et de déclarations d'intention.
Je m'inflige depuis des années ces conneries par sens du devoir. Après tout, il s'agit de l'avenir de mes enfants. Mais là, quand je vois à quoi je confie l'avenir de mes enfants, je commence à ressortir les épingles à nourrice et les slogans punk qui avaient cours quand j'étais gosse. En tout cas, pour la première fois de ma vie, je me suis barré d'un de ces machins avant la fin. Et je n'y refoutrai plus les pieds, jamais. Trop risqué : je risquerais de taper sur des gens, et il parait que c'est mal vu.
J'en fais le serment solennel, je ne foutrai plus les pieds dans les réunions d'information de début d'année dans les écoles.
En général, elles sont passées à énoncer les mêmes platitudes ("c'est l'année la plus déterminante" -les dix qui avaient précédées l'étaient déjà, dans les bouche des proviseurs- ou "là, ils faut qu'ils se mettent à vraiment travailler, ils ne peuvent plus fonctionner sur des acquis" -répété en CM2, 6ème, 4ème, 3ème, seconde et maintenant première-). Ça, encore, pourquoi pas, c'est la nature de l'exercice, et la langue de bois scolaire (sur le même rang du "je n'ai jamais vu une classe aussi dissipée de toute ma carrière", répété par tous les profs à 80% ou 90% des classes, ce qui pose un intéressant problème statistique).
Passons sur le fait qu'un lycée se piquant d'enseigner l'art et le design ne devrait pas faire ses présentations en Powerpoint. C'est comme si une école hôtelière distribuait des lasagnes Findus au cheval. Mais le Powerpoint avec des textes en corps 6, projeté dans un auditorium de 150 place, ça mérite très clairement le camp de travail en Ouzbékistan. Et en slip.
Mais tout ça, en fait, c'est véniel.
Le problème commence vraiment quand sur une heure dix d'intervention, un intervenant parle pendant 45 minutes de l'importance du travail pendant que trois des autres hochent la tête (et ne prendront la parole que trois à quatre minutes chacun), sachant que pour chacun d'entre eux, cette heure sera décomptée comme du travail. Je ne supporte plus cette façon qu'on a de considérer comme du "travail" l'acte de présence passif à des réunions où ne s'échangent de toute façon que des platitudes, de la langue de bois et des omissions gênantes.
Problématique aussi est la mise en scène laborieuse d'une incompétence généralisée. Comme l'année précédente, certains postes d'enseignants n'étaient pas pourvus à la rentrée, et la raison invoquée c'est que les enseignants prévus se sont désistés (ou ont entamé leur congé maternité la veille de la rentrée). Le rectorat n'a pas eu le temps de se retourner, et donc, pas de prof pour l'instant. Comme personne ne semble se préoccuper d'une quelconque chaîne de responsabilité dans l'histoire, ce genre de situations se répètent d'une année sur l'autre. Et la question qui se pose, alors, c'est : à quoi sert l'obèse appareil administratif de l'éducation nationale ? Parce que toutes les réformes semblent peser sur les professeurs et les programmes, et apparemment jamais aucune sur ce qu'on appellerait ailleurs "le back office" et "les ressources humaines". Un peu de communication entre les intervenants début Août, et le problème serait probablement déjà réglé... Mais bon, "communication", visiblement, c'est un problème (la dernière fois que j'ai vérifié, la communication consiste à faire circuler des informations dans les deux sens. de nos jours, elle est généralement pratiquée comme un moyen de faire circuler à sens unique des formules toutes faites et généralement vides de sens) et "début Août" le plus sûr moyen de faire s'étrangler toutes les personnes concernées.
Restaient les représentants des organisations de parents d'élèves. Les pétitions de principes de ces gens-là sont toujours belles. Mais à force d'insister sur le fait qu'ils sont apolitiques, ils doivent taire leurs divergences d'opinion (tout au moins en public) et vident de son sens par là même la raison de leur existence. Car dès qu'il y a élection, représentation et confrontation de points de vue, il y a politique. C'est pourquoi le "syndicat non politique" est une fiction nuisible. Dépolitiser les débats portant sur l'organisation et l'exercice de l'autorité, c'est les vider de leur sens. Et ce d'autant plus qu'on sait tous sur le fond que ces organisations sont politiques de toute façon. Ce qui ajoute l'hypocrisie à la manipulation.
Donc là, au fil de cette heure ce matin, ma mauvaise humeur a monté, monté, monté, aggravée par cette sensation de perte de temps foncière, de vacuité emballée de formules et de déclarations d'intention.
Je m'inflige depuis des années ces conneries par sens du devoir. Après tout, il s'agit de l'avenir de mes enfants. Mais là, quand je vois à quoi je confie l'avenir de mes enfants, je commence à ressortir les épingles à nourrice et les slogans punk qui avaient cours quand j'étais gosse. En tout cas, pour la première fois de ma vie, je me suis barré d'un de ces machins avant la fin. Et je n'y refoutrai plus les pieds, jamais. Trop risqué : je risquerais de taper sur des gens, et il parait que c'est mal vu.
Commentaires
;)
"it'ch prepochterouch. never again"