Tiens, plusieurs infos sortent sur la récente explosion au décollage d'une fusée Antarès.
Et c'est hyper drôle, en fait. Bon, ce serait moins drôle s'il y avait eu des mecs à bord, mais heureusement, c'était un tir de fret à destination de l'ISS.
Alors, que ce soit bien clair, il ne s'agit pas d'accabler les Russes. Mais bon... Si la fusée Antarès est bien américaine, un appareil du secteur privé, d'ailleurs, puisque le ravitaillement de la station spatiale internationale a été partiellement privatisé, les moteurs sont de fabrication russe.
Et attention, c'est pas n'importe quoi comme moteurs. Ces moteurs "AJ-26" sont en fait des moteurs "NK-33", selon leur dénomination d'origine. Des moteurs de forte puissance conçus à la base pour la fusée N-1.
Vous ne voyez toujours pas ? C'est que vous n'avez pas lu Cosmonautes !, et il est temps que vous corrigiez cette grave lacune. Car j'y explique le triste destin de la fusée lunaire soviétique N-1.
Cet énorme engin, légèrement plus gros d'ailleurs que son homologue américaine Saturn 5, devait décoller début juillet 1969 pour expédier un communiste sur la Lune. Le programme lunaire habité soviétique ayant été lancé avec un peu de retard sur son concurrent américain, il a fallu gagner du temps. Notamment sur certaines phases de tests.
Arrivé au moment où leurs adversaires Américains, ces cochons de capitalistes bourgeois, aussi occidentaux que décadents, semblaient prêts à partir, le corps des cosmonautes a voulu tenter le quitte ou double. Et les décideurs politiques ont reculé. Alors que les pilotes étaient prêts à signer une décharge pour tenter le coup et coiffer les américains au poteau, le Comité Central a exigé un test à vide. Et pour le coup, le Comité Central a eu le nez creux.
Une défaillance d'un des moteurs a engendré une explosion d'une puissance de 10 kilotonnes, du même ordre de grandeur donc que la bombe d'Hiroshima, et un cratère de deux kilomètres de large. Le programme lunaire russe était mort et enterré, et la suite c'est de l'histoire : quelques semaines plus tard, le petit pas pour l'homme était un pas américain.
Mais la production des moteurs avait été lancée, et il y eut par la suite encore quelques tentatives d'employer la fusée N-1. Pas toutes couronnées de succès, loin s'en faut. Et 150 moteurs NK-33 sont restés dans un hangar, à prendre la poussière pendant plusieurs décennies.
Jusqu'à ce qu'ils soient retrouvés, remis en état, et revendus à pas très cher. C'est pas de la mauvaise came : les quatre tirs précédents d'Antarès se sont déroulés sans encombre, avec précisément les mêmes moteurs.
Mais perso, je confierais pas une vie humaine à un moteur issu du programme N-1. Y a quand même un lourd karma.
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