L'histoire est connue : le but de la vie du petit George Lucas, c'était de faire en film soit Flash Gordon, soit le Seigneur des Anneaux. Mais le King Feature Syndicate ne l'avait pas pris au sérieux et réclamait trop de pognon pour Flash Gordon (ça leur a permis de couler De Laurentiis quelques années après). Quant aux héritiers Tolkien...
Mais justement... S'ils avaient dit oui au milieu des années 70 ?
Et si Gary Kurtz et George Lucas l'avaient fait, ce foutu Seigneur des Anneaux ? Oh, à l'époque, ils n'auraient pas eu les sous pour filmer toute la trilogie d'un coup. En plus, ils n'étaient même pas surs de faire un deuxième film, tant la Fox avait contingenté l'argent. Après avoir auditionné Kenny Baker pour faire Frodond Deetwo, puis avoir renoncé, Lucas dut mettre au point tout un tas de nouveaux effets spéciaux pour que le pourtant petit Mark Hammill, jouant Frodon, n'ait pas l'air trop grand à côté d'Aragorn (Harrison Ford) et Gimli (John Rhys-Davies) (le tandem fonctionnera tellement bien que Lucas et Spielberg reprendront Ford et Rhys-Davies pour leur remake de Cent Mille Dollars au Soleil, réalisé deux ans plus tard par Spielberg). Sir Alec Guinness se retrouve embauché pour faire Gandalf, Peter Cushing pour faire Saroumane, après une hésitation avec Christopher Lee. La jeune Carrie Fisher joua la princesse elfe Arwen, David Prowse le Balrog.
Le tournage fut chaotique, faisant la part belle à d'incroyables maquettes et des effets spéciaux jamais vus. Mais ne sachant pas si l'aventure se poursuivrait, Lucas et Kurtz modifièrent en profondeur l'histoire originale. La Communauté de l'Anneau se termine par la victoire contre le malfaisant Balrog qui menaçait la Lorien après avoir abattu Gandalf. Bilbon n'apparait pas, Gandalf, en transmettant son héritage à son neveu Frodon, le présentant comme une victime de ce même Balrog. Peu satisfait de la séquence d'effets spéciaux avec Gollum, Lucas finit par supprimer le personnage au montage. Les héritiers de Tolkien firent grise mine, mais les droits étaient signés.
Pour ajouter l'insulte à la blessure, le contrat prévoyait aussi une novelisation, version romancée du film, plus facile à lire que le pesant texte original. C'est Alan Dean Foster, rompu à l'exercice, qui se chargea de l'écrire, pendant qu'Archie Goodwin et Howard Chaykin en livraient une version en bandes dessinées, qui permit au public de découvrir l'apparence jaunâtre de Gollum, telle qu'initialement prévue par Lucas.
Le succès de ces produits dérivés (à une époque où, rappelons-le, le magnétoscope n'existait pas) fut foudroyant, éclipsant même le chiffre d'affaire pourtant colossal du film.
Alors que Lucas mettait en chantier la suite du film, retitrée L'attaque des Tours, Marvel Comics et Del Rey produisaient romans et comics inspirés du film, racontant d'autres aventures des héros dans la Terre du Milieu, avec une certaine habileté. On se souviendra des épisodes mythiques d'Archie Goodwin et Carmine Infantino situés sur une île-flottante reconvertie en tripot, où Aragorn et Arwen tentent de s'emparer du trésor de guerre du Roi Sorcier d'Angmar, ou de ceux présentant Valhanz, un mercenaire demi-orc qui poursuit Frodon d'une haine irrationnelle et inextinguible.
Une vague de films d'heroïc fantasy déferle alors, de qualité inégale, avec l'étonnant et infidèle Elric le Nécromancien, de John Milius, la Malédiction de Sarnath, par Ridley Scott (auquel James Cameron donna une suite assez curieuse) ou le très décrié Terremer de David Lynch.
Le deuxième volet de la trilogie frappa les esprit, quand il s'avéra que le malfaisant Balrog n'était autre que Bilbon, perverti par le pouvoir de Sauron et de l'Anneau. Le personnage s'étant révélé populaire, Lucas avait préféré le conserver, trouvant un expédient pour le ramener et en faire l'antagoniste principal du film. La révélation a lieu au cours d'une scène d'anthologie où le Balrog jette aux trousses de Frodon l'araignée géante Shelob, qui manque de lui arracher l'anneau. Christopher Tolkien fit un procès, qu'il perdit, et le film se hissa en tête du box office, pendant que son adaptation en comics par Al Williamson était traduite dans le monde entier.
Ce film fut la dernière collaboration entre George Lucas et Gary Kurtz, qui s'étaient fâchés à mort au moment d'écrire le troisième volet, le Retour du Roi. Lucas avait repris les commande : exit la mort héroïque d'Aragorn sous les remparts de Minas Tirith, on se retrouve à la place avec un remake de la bataille finale du premier volet, et une belle explosion au moment de la destruction de l'anneau. L'apparition de Gollum fut aussi une déception pour les fans, l'animatronique de Phil Tippett, quoi que superbement réalisé, s'écartant par trop des descriptions précédentes du personnage. La rédemption du Balrog achevant Sauron fut néanmoins un grand moment d'émotion cinématographique.
Epuisé, Lucas renonça à enchaîner d'autres films dans le même univers, se contentant de peaufiner les effets spéciaux pour une ressortie en vidéo quelques années plus tard.
Puis, à la fin des années 1990, Lucas annonce une bombe : une trilogie consacrée à Bilbon, profitant de tous les nouveaux développement de la technologie.
Et là, c'est le drame.
Entretemps, Lucas est devenu fou. Il s'est totalement approprié l'univers du Seigneur des Anneaux. Le suicide de Christopher Tolkien après sa défaite au troisième appel du procès laisse les coudées franches au démiurge de Modesto. Il invente de nouveaux personnages, la compagnie de nains lui semblant trop uniforme. Des créatures étranges et stupides en image de synthèse viennent accompagner la quête. Pis encore, le dragon est remplacé par un Sauron plus jeune, écumant les sous-sols des montagnes pour retrouver son anneau en se faisant passer pour un magicien blanc. Le Gandalf jeune joué par Ewan McGregor peine à convaincre. L'histoire d'amour avec une elfette que Lucas impose à Bilbon fait même bondir les fans.
Des séries de comics et de dessins animés tentent de combler les trous du scénario, avec parfois de belles réussites artistiques. Mais la machine s'est emballée. Cela devient incohérent, cela ne ressemble plus à rien. Seule la série de comics Rings Legacy, par Ostrander et Duursema, parvient à se hisser à un niveau épique, en explorant le monde en ruine laissé aux héritiers d'Aragorn et de Frodon et en abandonnant le côté sirupeux de ce qu'est devenu le monde de Tolkien revu par Lucas.
Après l'assassinat de Lucas par un extrémiste Wiccan qui contestait sa représentation des Ents, les droits passent à Disney.
On parle d'un remake/reboot par J.J. Abrams (Peter Jackson, un temps pressenti, est parti réaliser une adaptation à grand spectacle des Chroniques de Narnia).
Le désarroi des fans est palpable. Le genre semble devoir se diluer dans des superproductions toujours plus insipides. D'où viendra le salut ?
Mais justement... S'ils avaient dit oui au milieu des années 70 ?
Et si Gary Kurtz et George Lucas l'avaient fait, ce foutu Seigneur des Anneaux ? Oh, à l'époque, ils n'auraient pas eu les sous pour filmer toute la trilogie d'un coup. En plus, ils n'étaient même pas surs de faire un deuxième film, tant la Fox avait contingenté l'argent. Après avoir auditionné Kenny Baker pour faire Frodond Deetwo, puis avoir renoncé, Lucas dut mettre au point tout un tas de nouveaux effets spéciaux pour que le pourtant petit Mark Hammill, jouant Frodon, n'ait pas l'air trop grand à côté d'Aragorn (Harrison Ford) et Gimli (John Rhys-Davies) (le tandem fonctionnera tellement bien que Lucas et Spielberg reprendront Ford et Rhys-Davies pour leur remake de Cent Mille Dollars au Soleil, réalisé deux ans plus tard par Spielberg). Sir Alec Guinness se retrouve embauché pour faire Gandalf, Peter Cushing pour faire Saroumane, après une hésitation avec Christopher Lee. La jeune Carrie Fisher joua la princesse elfe Arwen, David Prowse le Balrog.
Le tournage fut chaotique, faisant la part belle à d'incroyables maquettes et des effets spéciaux jamais vus. Mais ne sachant pas si l'aventure se poursuivrait, Lucas et Kurtz modifièrent en profondeur l'histoire originale. La Communauté de l'Anneau se termine par la victoire contre le malfaisant Balrog qui menaçait la Lorien après avoir abattu Gandalf. Bilbon n'apparait pas, Gandalf, en transmettant son héritage à son neveu Frodon, le présentant comme une victime de ce même Balrog. Peu satisfait de la séquence d'effets spéciaux avec Gollum, Lucas finit par supprimer le personnage au montage. Les héritiers de Tolkien firent grise mine, mais les droits étaient signés.
Pour ajouter l'insulte à la blessure, le contrat prévoyait aussi une novelisation, version romancée du film, plus facile à lire que le pesant texte original. C'est Alan Dean Foster, rompu à l'exercice, qui se chargea de l'écrire, pendant qu'Archie Goodwin et Howard Chaykin en livraient une version en bandes dessinées, qui permit au public de découvrir l'apparence jaunâtre de Gollum, telle qu'initialement prévue par Lucas.
Le succès de ces produits dérivés (à une époque où, rappelons-le, le magnétoscope n'existait pas) fut foudroyant, éclipsant même le chiffre d'affaire pourtant colossal du film.
Alors que Lucas mettait en chantier la suite du film, retitrée L'attaque des Tours, Marvel Comics et Del Rey produisaient romans et comics inspirés du film, racontant d'autres aventures des héros dans la Terre du Milieu, avec une certaine habileté. On se souviendra des épisodes mythiques d'Archie Goodwin et Carmine Infantino situés sur une île-flottante reconvertie en tripot, où Aragorn et Arwen tentent de s'emparer du trésor de guerre du Roi Sorcier d'Angmar, ou de ceux présentant Valhanz, un mercenaire demi-orc qui poursuit Frodon d'une haine irrationnelle et inextinguible.
Une vague de films d'heroïc fantasy déferle alors, de qualité inégale, avec l'étonnant et infidèle Elric le Nécromancien, de John Milius, la Malédiction de Sarnath, par Ridley Scott (auquel James Cameron donna une suite assez curieuse) ou le très décrié Terremer de David Lynch.
Le deuxième volet de la trilogie frappa les esprit, quand il s'avéra que le malfaisant Balrog n'était autre que Bilbon, perverti par le pouvoir de Sauron et de l'Anneau. Le personnage s'étant révélé populaire, Lucas avait préféré le conserver, trouvant un expédient pour le ramener et en faire l'antagoniste principal du film. La révélation a lieu au cours d'une scène d'anthologie où le Balrog jette aux trousses de Frodon l'araignée géante Shelob, qui manque de lui arracher l'anneau. Christopher Tolkien fit un procès, qu'il perdit, et le film se hissa en tête du box office, pendant que son adaptation en comics par Al Williamson était traduite dans le monde entier.
Ce film fut la dernière collaboration entre George Lucas et Gary Kurtz, qui s'étaient fâchés à mort au moment d'écrire le troisième volet, le Retour du Roi. Lucas avait repris les commande : exit la mort héroïque d'Aragorn sous les remparts de Minas Tirith, on se retrouve à la place avec un remake de la bataille finale du premier volet, et une belle explosion au moment de la destruction de l'anneau. L'apparition de Gollum fut aussi une déception pour les fans, l'animatronique de Phil Tippett, quoi que superbement réalisé, s'écartant par trop des descriptions précédentes du personnage. La rédemption du Balrog achevant Sauron fut néanmoins un grand moment d'émotion cinématographique.
Epuisé, Lucas renonça à enchaîner d'autres films dans le même univers, se contentant de peaufiner les effets spéciaux pour une ressortie en vidéo quelques années plus tard.
Puis, à la fin des années 1990, Lucas annonce une bombe : une trilogie consacrée à Bilbon, profitant de tous les nouveaux développement de la technologie.
Et là, c'est le drame.
Entretemps, Lucas est devenu fou. Il s'est totalement approprié l'univers du Seigneur des Anneaux. Le suicide de Christopher Tolkien après sa défaite au troisième appel du procès laisse les coudées franches au démiurge de Modesto. Il invente de nouveaux personnages, la compagnie de nains lui semblant trop uniforme. Des créatures étranges et stupides en image de synthèse viennent accompagner la quête. Pis encore, le dragon est remplacé par un Sauron plus jeune, écumant les sous-sols des montagnes pour retrouver son anneau en se faisant passer pour un magicien blanc. Le Gandalf jeune joué par Ewan McGregor peine à convaincre. L'histoire d'amour avec une elfette que Lucas impose à Bilbon fait même bondir les fans.
Des séries de comics et de dessins animés tentent de combler les trous du scénario, avec parfois de belles réussites artistiques. Mais la machine s'est emballée. Cela devient incohérent, cela ne ressemble plus à rien. Seule la série de comics Rings Legacy, par Ostrander et Duursema, parvient à se hisser à un niveau épique, en explorant le monde en ruine laissé aux héritiers d'Aragorn et de Frodon et en abandonnant le côté sirupeux de ce qu'est devenu le monde de Tolkien revu par Lucas.
Après l'assassinat de Lucas par un extrémiste Wiccan qui contestait sa représentation des Ents, les droits passent à Disney.
On parle d'un remake/reboot par J.J. Abrams (Peter Jackson, un temps pressenti, est parti réaliser une adaptation à grand spectacle des Chroniques de Narnia).
Le désarroi des fans est palpable. Le genre semble devoir se diluer dans des superproductions toujours plus insipides. D'où viendra le salut ?
Commentaires
(Pendant ce temps là, en France, Luc B. produit un remake... de la série des Gendarmes avec Nicolas S. dans le rôle principal, l'acteur préféré du président Clavier !)
Il m'aurra fallu deux cocktails pour venir a bout de ta diatribe.....(un coquetelleu (comme dirait Cabrel) pour me donner du courage et un autre pour tout oublier...
Non, je deconne, tu sais bien que je n'ai pas besoin d'excuse pour picoler.
Par contre ton histoire m'en rappelle une autre, c'etait au tout debut de la war zone, je venais d'arriver aux USA et tu avais lance une sorte de concours amical dans lequel nous, assidus lecteurs de la war zone devions trouver de nouveaux acteurs pour le remake de Star Wars.
Je me souviens que j'avais ete le seul a jouer (donc a gagner?????) Il est vrai qu'a l'epoque tu ne jouissais pas encore d'une telle notoriete (salaud!)
Ps....j'ai vu que tu as de beaux albums a venir....congratulation!
--
Comme un sale vicelard de merde (je vibre rien qu'en me qualifiant ainsi), je ne peux m'empêcher de dire qu'à ta place, j'aurais épilogué sur les dessins animés. Et aussi sur les téléfilms produits derrière le dos de Lucas. Et qu'en est-il des deux téléfilms consacrés aux Hobbits, sortis en salle en Europe (ce gros pays rétrograde qui n'a même pas de broyeur dans ses éviers), et dont l'un fut accompagné d'une chanson bêtifiante par "Charlotte" (dans ce monde parallèle, ce n'est pas Frédérique "Dorothée" Hoschédé qui est devenue la vache à lait d'AB Productions, mais la pauvre Charlotte Kady, comédienne correcte prise dans un étau inter-dimensionnel). Ou du dessin animé des Hobbits, produit en collaboration avec Lucas par le studio canadien Nelvana? Et surtout, où est le Lords of the Rings Christmas Special, cette émission invraisemblable bidouillée par NBC certain décembre de 1979, où la famille de Gimli (spécifiquement inventée pour le show) se prépare à fêter "l'arrivée du sylvestre barbu" ou je ne sais quelle tradition chez les "nains", tandis que le fils de Gimli regarde sur sa boule de cristal magique un dessin animé mettant en scène... euh... je sais pas, qui pourrait être l'équivalent de Boba Fett ? Un mec qui n'apparaît que dans le deuxième épisode ? En tout cas, au troisième acte, Harrison Ford/Aragorn est contraint de serrer dans ses bras une foule de nains barbus et des années plus tard, sur le plateau de Conan O'Brien, ça continue à le hanter.
--
et là, je me dis qu'il est aussi grave que moi (bon, ce que je savais déjà)
N'empêche que je préfère notre univers de ce point de vue.
Du coup, Star Trek (Le Film) n'aurait sans doute pas vu le jour... Ni les séries qui ont suivi... On aurait eu droit à "Robin Hood, The Next Generation" à la place... Et ensuite une série dans un village fortifié du nord de l'Angleterre dans une guerre contre un envahisseur Danois d'au delà de la mer, Far North IX... Et une série genre Odyssée sur les voyages d'un navire anglais avant la découverte de l'Amérique...
Et plein de "Hoodies" (qui s'appelleraient eux-mêmes "Hooders") avec des oreilles pointues d'elfe, des peintures bleues pictes, et des casques à corne...
Nan, ça n'aurait jamais marché.
Et la Caverne de la Rose d'Or aurait été une méga-hyper production.
Parce que là, Désidéra, c'est du rata, si j'ose dire...