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Archie

 Retour à des rêves architecturaux, ces derniers temps. Universités monstrueuses au modernisme écrasant (une réminiscence, peut-être, de ma visite de celle de Bielefeld, il y a très longtemps et qui a l'air d'avoir pas mal changé depuis, si j'en crois les photos que j'ai été consulter pour vérifier si ça correspondait, peut-être était-ce le temps gris de ce jour-là mais cela m'avait semblé bien plus étouffants que ça ne l'est), centres commerciaux tentaculaires, aux escalators démesurés, arrière-lieux labyrinthiques, que ce soient caves, couloirs de service, galeries parcourues de tuyauteries et de câblages qu'on diraient conçues par un Ron Cobb sous amphétamines.

J'erre là-dedans, en cherchant Dieu seul sait quoi. Ça m'a l'air important sur le moment, mais cet objectif de quête se dissipe avant même mon réveil. J'y croise des gens que je connais en vrai, d'autres que je ne connais qu'en rêve et qui me semblent des synthèses chimériques de personnes réelles, de personnages fictifs, d'images projetées par de quelconques vedettes que je n'ai jamais croisées. Aucune extériorité possible, dans ces moments-là. Chaque tentative de sortir me ramène à des halls bondés, à des stations de métro, à des zones franches aéroportuaires donnant sur d'autres corridors et d'autres espaces clos bardés de néons ternes.  Peut-être est--ce à ça que ressemblait Trantor dans la tête de papy Asimov, à l'époque, ou ses Cavernes d'Acier.

 

J'offre à quelqu'un deux bouquins, mon prochain Moutons, bouclé et rendu y a déjà quelques temps, et celui que je suis en train d'écrire, qui dans mon rêve est fini, alors que c'est très loin d'être le cas dans mon ordinateur. Je le feuillette, j'y retrouve une scène inachevée, elle me fait basculer dans un autre espace étouffant, une jungle obscure et une route mangée par la végétation. C'est une porte de sortie qui ne résout rien. Par contre, je cherche fébrilement une scène sur laquelle je butais l'avant-veille, je la trouve, la fin me semble pas mal, bien entendu je l'oublie en ouvrant les yeux.

Des scènes du genre se répètent toutes les nuits. Des trains me conduisent d'un point à un autre, toujours en sous-sol.

À l'écriture, ces temps-ci, je jongle entre mon histoire de jungle et une nouvelle pour une antho autour des robots. Coïncidence, ou pas, les deux personnages confrontés à une bizarrerie de comportement de leur machine me semblent désormais des avatars modernisés de Powell et Donovan, les deux techniciens d'Asimov.

Mon propre cerveau est un dédale de couloirs. Chaque porte ou fenêtre que j'y ouvre donne sur d'autres espaces du même genre.

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