Un super-héros d'antan, que j'ai à peine évoqué dans mon bouquin sur le sujet, c'est Samson, qui a pourtant eu des comic books à son nom, dont un personnage post apo, et un allié de l'incroyable Hulk (accessoirement, Samson est, avec Hercule, l'un des modèles avoués du Superman de Siegel et Shuster).
Je repensais à ce personnage suite à un calembour vaseux selon lequel il était dommage que Véronique Samson et Dalida n'aient jamais chanté en duo. Et je me suis dit que c'était l'occasion, ça faisait longtemps, de me fendre d'une homélie dominicale à la noix, comme je sais faire.
Et donc Samson, personnage biblique, est issu du Livre des Juges. Et ça, j'en recommande la lecture, parce que c'est assez énorme dans le genre. Malgré un canevas répétitif (les Israélites se détournent du Seigneur, qui finit par leur envoyer une bonne punition, puis un juge pour les tirer de la mouise, répétez l'opération autant de fois qu'il le faudra avec des variations pour faire passer le message que l'Eternel se comporte comme un ex jaloux et violent), c'est une lecture que je recommande aux amateurs de Game of Thrones. Y a des cas de conscience à la con, des massacres, des interventions miraculeuses, des viols collectifs suivis de génocides, y en a vraiment pour tous les goûts. C'est ce qu'on appelle en termes choisis une lecture édifiante.
Et puis y a des personnages incroyables, comme Eglon roi de Moab. Genre, quand le héros vient lui planter son épée dans le bide, il n'arrive plus à la retirer tellement le mec est énorme, à mi-chemin entre le Baron Harkonnen et le roi gobelin dans le Hobbit version Peter Jackson. Incidemment, c'est apparemment le fils (ou petit-fils) du roi Balak, mais on s'en ba... bref. En tout cas, la scène c'est Le Roi Arthur par Chuck Russell.
Samson, donc. Un des grands héros mythologiques du Proche-Orient ancien. Plus fort que n'importe qui, mais porteur (à la façon des héros irlandais de même calibre, un millénaire et quelque plus tard) de tabous sociaux et sacrés qui vont le mettre dans des situations périlleuses.
L'histoire la plus connue en ce qui le concerne, c'est l'affaire avec Dalila qui lui coupe les cheveux pour lui ôter ses forces, parce qu'à l'époque les héros d'action ne ressemblaient pas encore à Bruce Willis, Jason Statham ou Vin Gasoil. Fait prisonnier, il attend que la tignasse repousse pour faire tomber sur la gueule de ses ennemis le palais où ils l'exhibaient. Exit Samson, et des générations d'exégètes de noircir le papier pour savoir si, oui ou non, ça compte comme suicide.
Mon anecdote préférée sur lui survient quelques pages plus tôt, lorsqu'il ramasse une mâchoire d'âne par terre pour défoncer deux mille ennemis avec. John Wick style.
Alors, je veux bien que le truc ait l'air bad-ass comme ça, mais je n'imagine pas que ça ne puisse pas péter avant le quatorzième Philistin, quand même. Faudrait vérifier qu'il n'y ait pas un antique jeu de mot là-dessous dont la signification aurait été perdue, ou un contresens dû à l'évolution du langage à l'époque (y en a plein dans la bible, des comme ça, de la côte d'Adam qui veut dire autre chose en sumérien au double sens sur esprit et souffle que j'avais déjà évoqué dans le coin). Menu mystère que je ne vais pas développer ici, vu que je ne saurais même pas où aller en chercher la solution.
Quand on lit d'un bloc les aventures de notre chevelu, en tout cas, un truc est clair. Il passe son temps à se comporter comme le dernier des connards, en mode "oh, ils m'ont manqué de respect, je peux donc brûler leurs champs juste avant la moisson et les oliviers* avec", ce genre de trucs. On est dans la norme des héros épiques de l'époque, d'Achille boudant sous sa tente à Cuchulainn qui... qui fait son Cuchulainn. Parfois, quand il fait un truc qui choque même ses contemporains (pourtant endurcis), le texte précise qu'il agit sous inspiration de l'Eternel. On n'est plus très loin d'un Charles Manson, à ce stade.
Toujours intéressant, donc, de se replonger dans ces bouquins considérés comme des recueils de préceptes moraux et d'y trouver les historiettes délicieuses qui mettent en joie dès le matin et montrent qu'on ferait bien d'évoluer un peu. Ça urge.
*ouais, je voue un mépris absolu aux gens qui empoisonnent les puits ou déracinent les oliviers, c'est comme ça.
Commentaires