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Writever septembre, part 1


 Voilà le Writever de la rentrée, je continue à explorer ces royaumes montagneux aux habitants un peu déglingués. faut vraiment que je voie quoi faire de tout ça.

1/
Gontrodoric n'était pas une lumière, son conseil restreint le savait. On limitait au possible ses interventions publiques. Mais même avec les discours écrits à l'avance, il y avait des surprises. On finit par engager des doublures pour la plupart des cérémonies.
 
2/
La reine Gontrade, exaspérée par les rais de lumière intempestifs montrant la poussière en suspension dans l'air exigea qu'on équipât toutes les meurtrières de volets. Les ouvrir et les fermer pour tout le château demandait quatre heures tous les jours à 5 serviteurs
 
3/
Jean-Baptiste Gobelain était devenu le théâtreux de la cour. Le roi l'aimait, car ses comédies légères n'avaient pas besoin des trucages requis par les grandes tragédies avec interventions divines, batailles, foudre... De plus, elles se finissaient généralement bien.
 
4/
Grodobert s'intéressa aux lentilles de verre pour observer les étoiles. Mais le langage des polisseurs de lunettes, parlant focale ou convergence lui était hermétique. Il en revint à ses astrolabes et autres réglettes graduées, et ses horoscopes restèrent peu fiables.
 
5/
...Tout comme celui des enlumineurs chargés d'embellir ses grimoires. Contrechamp, pour désigner deux portraits se répondant, cela lui semblait inutile. Le mage vieillissant avait décidément de grosses difficultés à communiquer avec les gens.
 
6/
À force de soucis lors des interventions de Gontrodoric, roi lunaire et déficient, on embaucha des figurants pour assister à ses discours. Pour deux sous, ils applaudissaient. On avait pris soin de prendre des sourds, afin que les bêtises royales ne se répandent pas.
 
7/
De même, ses visites dans ses provinces (on avait ainsi renommé les cantons du minuscule royaume) avaient lieu dans des décors de théâtre, des villages factices montés ici et là suivant les besoins. Cela donnait de l'activité aux artisans, tout le monde était content.
 
8/
Suite aux pillages du trésor royal pendant la guerre de 17 ans, la chancellerie décida de louer des accessoires, sceptres, couronnes et autres à une troupe jouant des farces. L'année des 3 rois, ce furent 2 couronnes et 3 sceptres différents qui furent utilisés.
 
9/
Le don d'une girafe par le sultan de Montabouctou (qui cherchait à se débarrasser de l'encombrante bête) n'arrangea pas la ménagerie royale. On finit par la confier, en rotations de 3 mois, aux villages alentours. Elle servait à tailler les arbres le long des routes.
 
10/
L'affichage des décrets pour économiser sur les crieurs royaux était une mauvaise idée dans un pays d'illettrés. On recruta des lecteurs itinérants pour lire ce qui était placardé devant les églises. Non assermentés, ils donnaient parfois des versions fantaisistes.
 
11/
Les plans du palais d'été de Gombert V furent retoqués par le conseil, car trop munificents et dispendieux. On lui construisit à la place un pavillon de chasse de 8 toises sur 6. Ça ferait l'affaire, il n'en aurait besoin que trois semaines dans l'année, après tout.
 
12/
Les gens se moquaient des nombreux échecs de Grodobert, mais son invention de la came radiale pour les béliers de siège permit de les rendre plus efficaces. Actionnés par des manivelles, ils pouvaient pilonner une porte pendant des heures sans épuiser les équipages.

13/
"Tire la bobinette et la chevillette cherra" La fausse grand-mère croyait accueillir le petit chaperon rouge. Mais Salomon Vent-le-Signe était sur la piste de ce loup-garou depuis longtemps. Maître du déguisement, le puritain taré sortit sa hache et défonça la porte.
 
14/
La guerre contre l'Anglois avait amené son lot de mots étranges. On disait "travelling" plutôt que "voyageage" dans le milieu des enlumineurs spécialisés dans les dessins successifs de paysages. Une mode dont on prédisait la fin rapide, oubliée avant 3 siècles.
 
15/
Salomon Vent-le-Signe avait enfin capturé le Golem du Bois aux Fées. Il le livra à l'inquisition qui l'enchaîna sur un énorme bûcher. Faite de cire, la créature se répandit alentour lorsqu'on bouta le feu, rendant le pavé glissant. Ce fut le premier fondu enchaîné.
 

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