Dans mon rêve de cette nuit, une attaque surprise ennemie avait déferlé sur les quais. La résistance s'était organisée, on avait sorti de Dieu sait où une vieille pièce d'artillerie, un genre d'obusier de 1914 pour pilonner les barges de débarquement.
C'était quand même la panique. Il en arrivait de partout. Pataugeant dans l'eau du fleuve, désorganisés, moi et les autres essayions de pointer nos pièces, de trouver des obus, de récupérer du matos sur les soldats et les compagnons morts.
Nous étions peu à peu repoussés. Dès que nous trouvions un coin de terrain à l'abri, nous réinstallions notre canon et lâchions un ou deux obus avant de repartir. L'objectif, empêcher la mise en place d'une vraie tête de pont. À un moment, on m'a demandé de servir de pointeur. À l'aide d'un vieux rapporteur et d'un compas, sans papier, je déterminais des angles imprécis, et des distances qu'il fallait corriger après un premier tir.
Lever la tête par-dessus notre barricade improvisée était dangereux. L'ennemi avait repéré notre position et on tentait de me moucher à coups de fusil chaque fois que je risquais un oeil.
Puis il y a eu un coup au but sur notre canon. Nous l'avons piégé et laissé là, avant de battre en retraite vers les ruelles. Nous pensions avoir de meilleures chances en attirant l'adversaire dans un combat de rue forcément plus équilibré.
Et puis je me suis réveillé, alors que nous reculions toujours plus, répondant aux assauts avec des armes de poing dépareillées.
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