Bon, comme tous les ans, mon traditionnel petit compte rendu de festival.
Jeudi :
Paquetage paré, je saute dans le RER et j'attrape mon TGV. Comme souvent, la première partie du voyage est consacrée à lire et écrire, et la deuxième se passe à la voiture bar avec des potes.
Une fois arrivé, je monte à grandes enjambées vers la Bulle New York, espace consacré aux petits éditeurs et où j'ai mes habitudes. Je contourne pour prendre la petite entrée près du théâtre…
Et je tombe sur un cordon de CRS patibulaires mais presque qui bloquent la rue, les rues adjacentes et arrêtent les passants. Il parait que le Cher* Leader doit venir, et il semblerait que trois gorilles en costard blindé ne suffisent pas à assurer sa sécurité. Je dois faire un énorme détour et passer par un endroit où je n'ai pas le droit de passer pour pouvoir accéder au chapiteau, récupérer mon badge et poser mon barda.
Deux heures après, je veux aller m'en griller une devant, on ne me laisse pas sortir. "Quoi, il n'est pas encore reparti, le Manu ?" "Non, mon vieux, il n'est pas encore arrivé." Là, je dois dire que je suis admiratif. Il y a des gens qui sont doués pour emmerder tout le monde, mais celui-ci est champion. Ça relève du génie pur.
Je signe un peu chez 21g, je vais prendre l'apéro avec les copains, dîner avec d'autres copains, picoler avec encore d'autres copains. Mode soirée en festival, donc.
La galère de logement qui aurait pu me pourrir le festoche est réglée, inopinément mais avec pertes et fracas.
Vendredi :
Pour la première fois, j'ai été amené à me griffonner un petit emploi du temps pour pas oublier tout ce que j'ai à faire, ni où, ni quand.
Et donc, du coup… Deux expos le matin en arrivant, Wallace Wood et Tsuge, magnifiques. Bon, par contre, le catalogue de l'expo Wood n'est pas sorti. C'est dommage. Celui de Tsuge est par contre somptueux, et donc hop, dans ma besace.
Puis je file en dédicace, et je rencontre enfin Carlos et Gervasio, les dessinateurs de HP Lovecraft, celui qui écrivait dans les Ténèbres. On a bossé des années ensemble, sans jamais se voir. Faut dire qu'ils sont de Buenos Aires, pas la porte à côté.
Ppuis je file à un rendez-vous à l'autre bout de la ville, puis je remonte, je me fais l'expo Gunnm, puis je participe à la manif des auteurs (mention spéciale à la pancarte "pas glop" brandie par Joan), puis je dédicace à nouveau, puis je me rends à la conférence de presse d'un de mes éditeurs, puis je vais manger avec un autre, puis je vais boire des coups avec des copains.
Le pote journaliste qui devait payer des pots en note de frais s'est défilé. Ça se paiera.
Puis donc picole et after. Je suis en train de discuter avec un dessinateur, quand j'entends "mais le serbe, là, il est ultra bizarre et flippant". Je me retourne et je fais "mais j'ai encore rien dit" ce à quoi on me répond "non, pas vous, un autre" et on me donne le nom de ce type flippant… qui se trouve être un pote de pote. Je vais me présenter à lui, et en fait, il est pas plus flippant que n'importe quel autre Serbe de calibre réglementaire à 3 heures du mat et autant de grammes. Bref, on discute et quand il entend mon vrai nom (celui qu'en temps normal on ne doit pas prononcer, parce que les gens répondent instinctivement "à vos souhaits"), il me toise, et me fait "mais… tu es un artiste, un auteur… alors pourquoi t'as un nom d'expert comptable ?" Et de fait, il n'a pas tout à fait tort.
Au retour, je découvre que la paire de chaussures épaisses que j'avais sélectionnée pour m'accompagner est en train de me lâcher. Avec le temps dégueulasse, elles laissent passer la flotte. Je sens que ça va être très dur.
Samedi:
Réveil approximatif.
Consultation du planning : c'est la journée la plus chargée.
J'ai quand même le temps de passer à l'expo Nicole Claveloux. De superbes choses dedans, et de sacrées madeleines. Incroyable de voir comme les couleurs ultra saturées ont tenu des décennies sur certaines pages. Puis dédicace, puis je file donner ma conférence.
Et à l'heure dite, je suis prêt à démarrer. Mais un souci d'orga fait que la sécurité ne laisse rentrer les gens que plus tard et au compte goutte. Résultat, obligé d'amputer la conf d'un bon quart d'heure. Ça pourrait me rendre grognon, un truc pareil.
Bref. Les gens sont contents malgré tout et se ruent après sur le stand de Komics Initiative pour choper des trucs dont j'ai causé. Mickael, tu sais où m'adresser mon chèque.
Puis réunion de boulot sur la collection Hachette Histoire de France en Bande Dessinée (dont je signe quelques épisodes), puis dédicace, puis…
Rendez-vous chez un gros éditeur. Ça se passe magnifiquement bien. Mais toi, l'ami qui a organisé ce rendez-vous en amont, plus jamais tu me fais le coup de m'envoyer au Champ de Mars le samedi à 18 heures. Genre plus jamais.
Puis apéro, bouffe, picole (chopé le journaliste et extorqué de la gnôle en notes de frais) puis rencontre impromptue avec un type bossant sur Dosto, et il fait plutôt beau…
Jusqu'à ce que je me décide à repartir. Là, c'est le déluge. J'ai une demi heure de marche pour retourner au logement, avec une chaussure qui fuit.
Cette impression d'avoir le pied qui pourrit, c'est assez intéressant, je dois dire. C'est ça que devaient ressentir les poilus dans les tranchées, quand ils avaient de la gadoue jusqu'aux genoux.
Dimanche :
Le réveil est rude. Mais le café. Les cafés. Une quantité invraisemblable de café. aide.
Dédicaces chez mes éditeurs, et je revois le gars branché Dosto de la veille, à qui je présente un adaptateur de Dosto, et c'est le début d'une belle amitié.
Grosse séquence émotion quand une ancienne élève à moi vient me voir à mon stand.
Puis cavaler à la gare, sauter dans le train, tenter de lire dans le train, dormir dans le train, m'apercevoir que comme un boulet j'ai pris un billet pas direct impliquant une demi-heure de battement à St Pierre des Corps, négocier avec le contrôleur parce que le train dans lequel je me trouve passer par Massy avant de filer vers Strasbourg, descendre à Massy, sauter dans le RER, rentrer chez moi, puis dîner, douche, pâte à dents et m'effondrer sous la couette.
Lundi :
La liste des trucs à faire cette semaine pour gérer l'après festival est interminable.
Je suis pas en état.
Meuh.
Ferai ça demain.
Ah oui, faut déjà que je commence par brûler mes chaussures, là…
*Cher non pas par ce qu'on l'aime, ni parce qu'il est maqué avec Sonny, mais seulement parce qu'il nous coute un pognon de dingue.
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(ému je suis)