Accéder au contenu principal

Total Rush

Résultat de recherche d'images pour "fibd 2020""


Bon, comme tous les ans, mon traditionnel petit compte rendu de festival.


Jeudi :
Paquetage paré, je saute dans le RER et j'attrape mon TGV. Comme souvent, la première partie du voyage est consacrée à lire et écrire, et la deuxième se passe à la voiture bar avec des potes.
Une fois arrivé, je monte à grandes enjambées vers la Bulle New York, espace consacré aux petits éditeurs et où j'ai mes habitudes. Je contourne pour prendre la petite entrée près du théâtre…
Et je tombe sur un cordon de CRS patibulaires mais presque qui bloquent la rue, les rues adjacentes et arrêtent les passants. Il parait que le Cher* Leader doit venir, et il semblerait que trois gorilles en costard blindé ne suffisent pas à assurer sa sécurité. Je dois faire un énorme détour et passer par un endroit où je n'ai pas le droit de passer pour pouvoir accéder au chapiteau, récupérer mon badge et poser mon barda.
Deux heures après, je veux aller m'en griller une devant, on ne me laisse pas sortir. "Quoi, il n'est pas encore reparti, le Manu ?" "Non, mon vieux, il n'est pas encore arrivé." Là, je dois dire que je suis admiratif. Il y a des gens qui sont doués pour emmerder tout le monde, mais celui-ci est champion. Ça relève du génie pur.
Je signe un peu chez 21g, je vais prendre l'apéro avec les copains, dîner avec d'autres copains, picoler avec encore d'autres copains. Mode soirée en festival, donc.
La galère de logement qui aurait pu me pourrir le festoche est réglée, inopinément mais avec pertes et fracas.

Vendredi :
Pour la première fois, j'ai été amené à me griffonner un petit emploi du temps pour pas oublier tout ce que j'ai à faire, ni où, ni quand.
Et donc, du coup… Deux expos le matin en arrivant, Wallace Wood et Tsuge, magnifiques. Bon, par contre, le catalogue de l'expo Wood n'est pas sorti. C'est dommage. Celui de Tsuge est par contre somptueux, et donc hop, dans ma besace.
Puis je file en dédicace, et je rencontre enfin Carlos et Gervasio, les dessinateurs de HP Lovecraft, celui qui écrivait dans les Ténèbres. On a bossé des années ensemble, sans jamais se voir. Faut dire qu'ils sont de Buenos Aires, pas la porte à côté.
Ppuis je file à un rendez-vous à l'autre bout de la ville, puis je remonte, je me fais l'expo Gunnm, puis je participe à la manif des auteurs (mention spéciale à la pancarte "pas glop" brandie par Joan), puis je dédicace à nouveau, puis je me rends à la conférence de presse d'un de mes éditeurs, puis je vais manger avec un autre, puis je vais boire des coups avec des copains.
Le pote journaliste qui devait payer des pots en note de frais s'est défilé. Ça se paiera.
Puis donc picole et after. Je suis en train de discuter avec un dessinateur, quand j'entends "mais le serbe, là, il est ultra bizarre et flippant". Je me retourne et je fais "mais j'ai encore rien dit" ce à quoi on me répond "non, pas vous, un autre" et on me donne le nom de ce type flippant… qui se trouve être un pote de pote. Je vais me présenter à lui, et en fait, il est pas plus flippant que n'importe quel autre Serbe de calibre réglementaire à 3 heures du mat et autant de grammes. Bref, on discute et quand il entend mon vrai nom (celui qu'en temps normal on ne doit pas prononcer, parce que les gens répondent instinctivement "à vos souhaits"), il me toise, et me fait "mais… tu es un artiste, un auteur… alors pourquoi t'as un nom d'expert comptable ?" Et de fait, il n'a pas tout à fait tort.
Au retour, je découvre que la paire de chaussures épaisses que j'avais sélectionnée pour m'accompagner est en train de me lâcher. Avec le temps dégueulasse, elles laissent passer la flotte. Je sens que ça va être très dur.

Samedi:
Réveil approximatif.
Consultation du planning : c'est la journée la plus chargée.
J'ai quand même le temps de passer à l'expo Nicole Claveloux. De superbes choses dedans, et de sacrées madeleines. Incroyable de voir comme les couleurs ultra saturées ont tenu des décennies sur certaines pages. Puis dédicace, puis je file donner ma conférence.
Et à l'heure dite, je suis prêt à démarrer. Mais un souci d'orga fait que la sécurité ne laisse rentrer les gens que plus tard et au compte goutte. Résultat, obligé d'amputer la conf d'un bon quart d'heure. Ça pourrait me rendre grognon, un truc pareil.
Bref. Les gens sont contents malgré tout et se ruent après sur le stand de Komics Initiative pour choper des trucs dont j'ai causé. Mickael, tu sais où m'adresser mon chèque.
Puis réunion de boulot sur la collection Hachette Histoire de France en Bande Dessinée (dont je signe quelques épisodes), puis dédicace, puis…
Rendez-vous chez un gros éditeur.  Ça se passe magnifiquement bien. Mais toi, l'ami qui a organisé ce rendez-vous en amont, plus jamais tu me fais le coup de m'envoyer au Champ de Mars le samedi à 18 heures. Genre plus jamais.
Puis apéro, bouffe, picole (chopé le journaliste et extorqué de la gnôle en notes de frais) puis rencontre impromptue avec un type bossant sur Dosto, et il fait plutôt beau…
Jusqu'à ce que je me décide à repartir. Là, c'est le déluge. J'ai une demi heure de marche pour retourner au logement, avec une chaussure qui fuit.
Cette impression d'avoir le pied qui pourrit, c'est assez intéressant, je dois dire. C'est ça que devaient ressentir les poilus dans les tranchées, quand ils avaient de la gadoue jusqu'aux genoux.

Dimanche :
Le réveil est rude. Mais le café. Les cafés. Une quantité invraisemblable de café. aide.
Dédicaces chez mes éditeurs, et je revois le gars branché Dosto de la veille, à qui je présente un adaptateur de Dosto, et c'est le début d'une belle amitié.
Grosse séquence émotion quand une ancienne élève à moi vient me voir à mon stand.
Puis cavaler à la gare, sauter dans le train, tenter de lire dans le train, dormir dans le train, m'apercevoir que comme un boulet j'ai pris un billet pas direct impliquant une demi-heure de battement à St Pierre des Corps, négocier avec le contrôleur parce que le train dans lequel je me trouve passer par Massy avant de filer vers Strasbourg, descendre à Massy, sauter dans le RER, rentrer chez moi, puis dîner, douche, pâte à dents et m'effondrer sous la couette.

Lundi :
La liste des trucs à faire cette semaine pour gérer l'après festival est interminable.
Je suis pas en état.
Meuh.
Ferai ça demain.

Ah oui, faut déjà que je commence par brûler mes chaussures, là…




*Cher non pas par ce qu'on l'aime, ni parce qu'il est maqué avec Sonny, mais seulement parce qu'il nous coute un pognon de dingue.

Commentaires

Lord a dit…
"une demi-heure de battement à St Pierre des Corps" => a cinq minutes de chez moi

(ému je suis)
Alex Nikolavitch a dit…
du coup, je suis pas descendu à St Pierre. Le Bordeaux-Strasbourg passait par Massy

Posts les plus consultés de ce blog

Corps ben

 À intervalles réguliers, je me retrouve à bosser sur Corben. J'avais traduit les deux Monde mutant (avec un pincement au coeur : un endroit du même nom, mais au pluriel, était ma librairie de comics préférée, du temps de ma jeunesse folle), puis Murky World , un récit supplémentaire pour Esprit des morts , son recueil inspiré d'Edgar Poe (il avait raison d'aller piocher là-dedans, je l'ai toujours dit, c'est dans le vieux Poe qu'on fait la meilleure... mais je m'égare).   Beaucoup plus récemment, j'ai fait le tome 3 de Den, Les enfants du feu , dont l'édition collector vient de sortir de presses et l'édition courante sera en librairie à la rentrée. Un peu plus tard, il y aura Dimwood , son tout dernier récit, achevé peu de temps avant sa mort. Je recommande assez, c'est complètement chelou, Dimwood . Alors, Corben, vous allez me dire, c'est chelou. Et vous aurez raison. Il y a toujours chez lui un caractère grotesque, boursouflé, quand l...

En avant, marche !

Ça faisait longtemps, non, les homélies du dimanche ? Faut dire que j'ai enchaîné des gros trucs depuis septembre. Vous avez déjà vu un des résultats avec le bouquin sur Tolkien, mais d'autres choses vont arriver. Bref, je remettais le nez dans les vieux textes, parce que ça fait pas de mal, des fois, quand on est surmené et que j'écoute aussi les conférences du Collège de France sur l'exégèse biblique et tout ça. C'est le genre de trucs qui me requinquent quand je fais une pause. Et forcément, ça remet en route le ciboulot. Les rouages grincent au début, mais...  Vous vous rappelez peut-être de ma vieille réflexion sur  le Dieu qui "se promenait dans le jardin au souffle du jour" , il y a déjà... pfou, trop longtemps. un petit Edmund Dulac, parce que bon c'est toujours bien, Dulac   J'aime bien cette image de la Genèse, avec son petit côté presque bucolique et très incarné, les restes d'une vision moins abstraite et moins cosmique de Dieu, une...

Le slip en peau de bête

On sait bien qu’en vrai, le barbare de bande dessinées n’a jamais existé, que ceux qui sont entrés dans l’histoire à la fin de l’Antiquité Tardive étaient romanisés jusqu’aux oreilles, et que la notion de barbare, quoiqu’il en soit, n’a rien à voir avec la brutalité ou les fourrures, mais avec le fait de parler une langue étrangère. Pour les grecs, le barbare, c’est celui qui s’exprime par borborygmes.  Et chez eux, d’ailleurs, le barbare d’anthologie, c’est le Perse. Et n’en déplaise à Frank Miller et Zack Snyder, ce qui les choque le plus, c’est le port du pantalon pour aller combattre, comme nous le rappelle Hérodote : « Ils furent, à notre connaissance, les premiers des Grecs à charger l'ennemi à la course, les premiers aussi à ne pas trembler d’effroi à la vue du costume mède ». Et quand on fait le tour des autres peuplades antiques, dès qu’on s’éloigne de la Méditerranée, les barbares se baladent souvent en falzar. Gaulois, germains, huns, tous portent des braies. Ou alo...

Ressortie

 Les éditions Delcourt ressortent Torso , un des premiers gros projets de Brian M. Bendis, avant qu'il ne devienne une star suite à ses travaux chez Marvel, Daredevil et Alias en tête, puis ne se crame les ailes à devenir grand manitou des Avengers et des X-Men . Bendis est très bon dans un domaine, celui du polar à échelle humaine, et beaucoup moins dans les grandes conflagrations super-héroïques. Torso , ça relève de la première catégorie. Je pense que c'est justement le genre de bouquin qui a conduit Joe Quesada à lui confier Daredevil , d'ailleurs, c'est là que l'auteur s'impose aux yeux de tous. Le sujet est chouette, déjà : une des premières grosses affaires de tueurs en série en Amérique, le tueur aux Torses (ou Boucher de Cleveland , dans la version romancée par Max Allan Collins, auteur dont j'ai déjà parlé dans le coin). Particularité, au moment des sinistres exploits du tueur, la sécurité publique de la ville vient d'être confiée au célèbre...

Nébulosités

 Ah, que je n'aime pas le cloud. Vraiment pas. Vous allez me dire, je suis un vieux encroûté dans ses petites habitudes de travail, ses sauvegardes à droite et à gauche, ses fichiers à portée de la main comme le tas d'or d'un dragon. Fondamentalement, c'est un portrait assez exact. Mais... Mais j'ai eu suffisamment de soucis de connexion pour être méfiant.   Et puis, y a les éditeurs qui bossent avec des ayants droits chiants. Ce qui fait que les documents de travail se retrouvent verrouillés sur des serveurs auxquels ont vous ouvre l'accès pour pouvoir bosser dessus. Et là, bien entendu, j'avais une très grosse traduction traitée comme ça. Je demande si on peut quand même m'envoyer une copie du pdf, histoire d'avoir un truc "en dur", et ça n'a pas été possible. Le document est ultra protégé. Et, ce matin, alors que le café finit de couler, j'ouvre le truc... Qui m'annonce que l'autorisation a expiré. Oui, apparemment il fal...

Fais tourner le juin

Bon, il est temps que je sorte un peu de mon bunker. Ça tombe bien, je suis invité à deux événements que je connais. Le samedi 31 mai et le dimanche 1er juin, je serai au Geek Up Festival des Clayes sous Bois (78). C'est dans un part, y a des animations, d'autres auteurs, j'aurai un peu de stock de mes bouquins chez les Moutons électriques, et normalement y aura des exemplaires du Pop Icons Tolkien.  Le dimanche 15 juin après-midi, je serai au Salon des auteurs du coin, à la péniche Story Boat de Conflans Ste Honorine (78). Super cadre, c'est très cosy et ça vaut le coup de passer même en coup de vent parce qu'il y a de belles balades à faire aux alentours. Voilà, c'est tout pour l'instant, je sais pas encore trop comment ça va se passer pour la suite, mes prochaines dates sont en octobre, à Marmande et à Limoges. Je vous tiens au courant d'ici là.

Le nouveau Eastern

 Dans mon rêve de cette nuit, je suis invité dans une espèce de festival des arts à Split, en Croatie. Je retrouve des copains, des cousins, j'y suis avec certains de mes rejetons, l'ambiance est bonne. Le soir, banquets pantagruéliques dans un hôtel/palais labyrinthique aux magnifiques jardins. Des verres d'alcools locaux et approximatifs à la main, les gens déambulent sur les terrasses. Puis un pote me fait "mate, mec, c'est CLINT, va lui parler putain !"   Je vais me présenter, donc, au vieux Clint Eastwood, avec un entourage de proches à lui. Il se montre bienveillant, je lui cause vaguement de mon travail, puis je me lance : c'est ici, en Dalmatie, qu'il doit tourner son prochain western. Je lui vante les paysage désolés, les déserts laissés derrière eux par les Vénitiens en quête de bois d'ouvrage, les montagnes de caillasse et les buissons rabougris qui ont déjà servi à toutes sortes de productions de ce genre qui étaient tellement fauchées ...

L’image de Cthulhu

J'exhume à nouveau un vieil article, celui-ci était destiné au petit livret de bonus accompagnant le tirage de tête de Celui qui écrivait dans les ténèbres , mon album consacré à H.P. Lovecraft. Ça recoupe pas mal de trucs que j'ai pu dire dans d'autres articles, publiés dans des anthologies ou des revues, mais aussi lors de tables rondes en festival ou en colloque (encore cet hiver à Poitiers). J'ai pas l'impression que ce texte ait été retenu pour le livret et du coup je crois qu'il est resté inédit. Ou alors c'est que je l'avais prévu pour un autre support, mais dans ce cas, je ne me souviens plus duquel. Tant pis, ça date d'il y a sept ou huit ans...   L’œuvre d’H.P. Lovecraft a inspiré depuis longtemps des auteurs de bandes dessinées. D’ailleurs, l’existence de nombreuses passerelles entre l’univers des pulps (où a officié Lovecraft) et celui des comic books n’est plus à démontrer, ces derniers empruntant une large part de leurs thèmes aux revue...

L'iron Man de la Cannebière ?

 Dans mon rêve de cette nuit, j'étais en train de participer au tournage d'un film de guerre/catastrophe. Je faisais partie de l'équipage d'un véhicule blindé , bardé de mitrailleuses, opérant sur une côte. On était en ville, zigzaguant entre les voitures du quai, aux aguets. L'ambiance était vaguement post-nucléaire, les conducteurs avaient des gueules d'irradiés ou d'intervenants sur C-News, c'était moche en tout cas, ça puait la dégénérescence à plein nez. "Ça risque encore de péter" nous dit le lieutenant, joué par Matthew McConaughey. Inquiet, je regarde autour de moi, on est sur une voie des quais et soudain je vous l'eau enfler. Quelqu'un a déclenché un tsunami, peut-être à l'aide d'une bombe sous-marine. "Accrochez-vous, il va nous tomber dessus!" je hurle en me disant que ça va être la fin du film et qu'on aura droit à un freeze-frame juste avant que l'eau ne s'abatte sur nous, vaillants soldats al...

Another brick in the wall

Je causais y a quelques semaines de ça, dans une note sur Conan , de l'époque où Walt Simonson, connu notamment pour son excellent passage sur Thor dans les années 80, dont il donne une sorte d'épilogue pirate dans sa récente série Ragnarök, que je recommande assez, était tombé dans une pleine marmite de Druillet, tout comme son pote Jim Starlin (le papa de Thanos). Ça doit correspondre à l'époque où René Goscinny était allé démarcher des éditeurs US avec sous le bras des albums tirés de Pilote. Y avait du Mézières, du Moebius, et du Druillet. Et ça a complètement fait vriller pas mal de gens, même si Goscinny était rentré déçu, sans explosion de la publication d'auteurs franco-belges outre-Atlantique, le format de publication des oeuvres de chez nous n'existant tout simplement pas là-bas dans les années 70 (Starlin, encore lui, sera un peu plus tard un pionner de ce format "graphic novel" avec Death of Captain Marvel).  L'influence de Druillet (qui re...