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Tirer les cartes


Je vous parlais y a pas longtemps de mon prochain roman, dont l'idée me trotte dans la tête depuis deux ans, et sur lequel je bosse sérieusement depuis l'été dernier.

Et si, comme d'habitude, j'ai une foultitude de pages de notes (parfois incohérentes : je note plein d'idées, et à mesure que j'en développe certaines, je me vois obligé d'en supprimer d'autres, qui viendraient en contradiction avec la façon dont l'histoire et l'univers grandissent), j'ai pour la première fois depuis bien longtemps tracé une carte de mon univers pour m'y retrouver. Je n'en avais pas besoin pour les Trois Coracles, vu qu'elle existait déjà (c'était celle de la Bretagne à la fin de l'Empire Romain), ni pour mes autres romans.

En fait, j'ai produit pas mal de cartes de ce genre à mon époque rôliste, y a donc un sacré bail, et quand j'ai développé des univers de fantasy pour des projets de BDs qui ne sont pas allés bien loin, donc vers la même époque. J'adorais faire ça. J'ai toujours été bon en cartes.

Il y a plus ou moins dix ans, j'en avais développé une pour un gros projet de BD, un univers assez sympa dont j'ai recyclé quelques restes ici et là, mais que je n'ai pas poussé très loin, finalement, m'apercevant que certaines idées pour la façon dont ça se serait articulé recoupaient de trop près certains aspects de Trône de Fer. J'ai recyclé des trucs, du coup, dans d'autres histoires. Et je ne sais pas où est passé le brouillon de carte correspondant.

Mais là, à mesure que l'univers de mon prochain roman se densifie, je commence à avoir besoin d'une idée précise du temps qu'il faut pour se rendre d'un point à un autre. Des notes de trois ou quatre lignes sur la topographie de chaque région importante, ça ne suffit plus. D'autant que cet univers évolue dans le temps : il y a un gap de vingt ans dans le bouquin. Donc j'ai noirci deux pages de mon petit calepin il y a quelques semaines, et j'y ajoute des éléments au fur et à mesure de mes besoins (cette semaine, deux peuples indigènes qui ont disparu depuis longtemps au moment où se déroule le récit, mais qui ont de l'importance à divers niveau, et une ville citée en passant) et il faut que je retrouve le nom du grand fleuve et de son affluent (c'est dans le corps du texte).

Voilà… C'est toujours curieux, mes calepins. Dans celui-ci, il y a des notes pour plusieurs projets en cours, des cartes, des croquis pris sur le vif, mais aussi des listes de course et des notes prises en réunion ou lors de conférence. Faudrait pas qu'un Derleth ou un Brian Herbert tombe dessus, les suites de mes bouquins seraient croquignolettes.

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