Bon, j'avais entamé l'été dernier la rédaction d'un nouveau roman, un truc de fantasy un peu mixée avec d'autres trucs. On en saura plus là-dedans sur le mystérieux "bateau-carnaval" que les lecteurs de la rubrique onirisme de ce blog ont peut-être déjà croisé, ainsi que ceux de ma nouvelles Caprae Ovum, publiée il y a déjà quelques lunes de ça dans une anthologie de chez Mnémos.
Cet hiver, plusieurs facteurs ont complètement torpillé mon avancée dans ce bouquin. Le premier d'entre eux fut le boulot, vu que j'ai accepté pour la première fois depuis longtemps un poste régulier en extérieur, pour faire face aux soucis posés par le nouveau statut des auteurs (insérer ici jurons, malédictions lovecraftiennes, blasphèmes hideux et invectives en plusieurs langues, adressés aux trois ou quatre derniers gouvernements de ce pays, et particulièrement à certains ministres chapeautant la culture et ceux des affaires sociales). Avoir un poste salarié, même à mi-temps, m'a permis d'encaisser le plus gros du choc.
Par ailleurs, la structure de ce nouveau bouquin, assez particulière, m'a confronté à des difficultés narratives que je n'ai levées que très récemment (avec l'aide précieuse d'une relectrice, qui m'a pointé tout plein de détails qui mit bout à bout m'avaient conduit droit au blocage).
Bref, ça fait trois semaines que j'ai vraiment relancé la machine, et j'avance tambour battant, mettant d'ailleurs à profit mes nombreux déplacements en dédicace : les voyages en train sont parfaits pour écrire, ce n'est pas la première fois que je m'en rends compte (une petite partie d'Eschatôn a été écrite dans des TGV, tout comme un bout assez appréciable des Trois Coracles).
Le passage qui suit a été écrit hier matin, en route pour Lyon (enfin rencontré Felix Ruiz, dessinateur des Deux Frères à Hollywood, avec lequel je bosse pourtant depuis un bail). Il constitue le début de la troisième partie, constituée de la confession d'un personnage secondaire donnant son point de vue sur les événements de la partie précédente (ça va être un roman choral).
"Accorde-moi ton pardon, ô Prince, car ma faute est grande et mon jugement plus pauvre qu’il ne le devrait pour un berger des fidèles. J’ai péché par orgueil, me croyant de taille à soulager une âme meurtrie quand j’aurais dû m’en remettre à Toi et demander Ton conseil. Mais ce pauvre hère avait tant souffert, et je n’ai pas voulu ajouter à son tourment en le livrant à l’Office, de toute façon lointain, ou à ceux nos frères dévoyés qui parlent en Ton Nom sur ces terres, mais ont tordu Ta parole et lu fallacieusement Ta Geste, mais Tu sais bien sûr ces choses mieux que moi.
Toi qui sais toute chose, Tu as vu son arrivée il y a tant d’années, hagard et amaigri. Je l’avais connu, en d’autres temps meilleurs. Il venait parfois assister à l’office, vêtu avec une certaine élégance un peu désuète. Je le voyais l’hiver, quand son chaland restait à quai. J’avais incidemment appris qu’il n’était pas un marinier ordinaire, mais le capitaine d’un bien étrange bateau que pris de curiosité, j’allai voir un beau matin d’après solstice. Homme de spectacle autant qu’arpenteur des canaux, ce capitaine dégageait déjà à l’époque un je-ne-sais-quoi de mélancolique. Mais les éclusiers le respectaient, ce qui en dit long je crois.
Je ne le vis plus pendant trois ans, et faillis ne pas le reconnaître quand il se présenta un soir à ma porte. Il n’avait pas frappé, il s’était seulement assis sur les marches du parvis, les épaules tombantes et l’air abattu. Je le fis entrer, comme je fais parfois entrer les pauvres gens, et partageai avec lui ma soupe et mon pain. "
Voilà voilà…
PS :
Si quelqu'un a de la doc sur les frères Carmagnolle, inventeurs en 1882 d'un scaphandre rigide, je suis preneur.
PS2 :
Bon, j'ignore si c'est tout à fait raisonnable (abus, gnagnagna, dangereux pour la santé, blabla, consommer avec modération, tout ça, rayez les mentions inutiles) mais je recommande vivement aux parisiens amateurs de bière la fréquentation de la Brasserie de l'Être, 7 ter rue Duvergier, à Crimée. Outre le fait que ce soient des gens super, ils brassent des bières de grande classe. Bon, oui, je m'y suis encore mis une mine l'autre soir (et c'est fripouilles ne m'ont signalé que je devais parler de mes bouquins en public après avoir attendu que je sois déjà bien entamé) (mais vous me connaissez, hein, il en faut plus pour m'arrêter) (du coup il paraît que c'était très distrayant).
Cet hiver, plusieurs facteurs ont complètement torpillé mon avancée dans ce bouquin. Le premier d'entre eux fut le boulot, vu que j'ai accepté pour la première fois depuis longtemps un poste régulier en extérieur, pour faire face aux soucis posés par le nouveau statut des auteurs (insérer ici jurons, malédictions lovecraftiennes, blasphèmes hideux et invectives en plusieurs langues, adressés aux trois ou quatre derniers gouvernements de ce pays, et particulièrement à certains ministres chapeautant la culture et ceux des affaires sociales). Avoir un poste salarié, même à mi-temps, m'a permis d'encaisser le plus gros du choc.
Par ailleurs, la structure de ce nouveau bouquin, assez particulière, m'a confronté à des difficultés narratives que je n'ai levées que très récemment (avec l'aide précieuse d'une relectrice, qui m'a pointé tout plein de détails qui mit bout à bout m'avaient conduit droit au blocage).
Bref, ça fait trois semaines que j'ai vraiment relancé la machine, et j'avance tambour battant, mettant d'ailleurs à profit mes nombreux déplacements en dédicace : les voyages en train sont parfaits pour écrire, ce n'est pas la première fois que je m'en rends compte (une petite partie d'Eschatôn a été écrite dans des TGV, tout comme un bout assez appréciable des Trois Coracles).
Le passage qui suit a été écrit hier matin, en route pour Lyon (enfin rencontré Felix Ruiz, dessinateur des Deux Frères à Hollywood, avec lequel je bosse pourtant depuis un bail). Il constitue le début de la troisième partie, constituée de la confession d'un personnage secondaire donnant son point de vue sur les événements de la partie précédente (ça va être un roman choral).
"Accorde-moi ton pardon, ô Prince, car ma faute est grande et mon jugement plus pauvre qu’il ne le devrait pour un berger des fidèles. J’ai péché par orgueil, me croyant de taille à soulager une âme meurtrie quand j’aurais dû m’en remettre à Toi et demander Ton conseil. Mais ce pauvre hère avait tant souffert, et je n’ai pas voulu ajouter à son tourment en le livrant à l’Office, de toute façon lointain, ou à ceux nos frères dévoyés qui parlent en Ton Nom sur ces terres, mais ont tordu Ta parole et lu fallacieusement Ta Geste, mais Tu sais bien sûr ces choses mieux que moi.
Toi qui sais toute chose, Tu as vu son arrivée il y a tant d’années, hagard et amaigri. Je l’avais connu, en d’autres temps meilleurs. Il venait parfois assister à l’office, vêtu avec une certaine élégance un peu désuète. Je le voyais l’hiver, quand son chaland restait à quai. J’avais incidemment appris qu’il n’était pas un marinier ordinaire, mais le capitaine d’un bien étrange bateau que pris de curiosité, j’allai voir un beau matin d’après solstice. Homme de spectacle autant qu’arpenteur des canaux, ce capitaine dégageait déjà à l’époque un je-ne-sais-quoi de mélancolique. Mais les éclusiers le respectaient, ce qui en dit long je crois.
Je ne le vis plus pendant trois ans, et faillis ne pas le reconnaître quand il se présenta un soir à ma porte. Il n’avait pas frappé, il s’était seulement assis sur les marches du parvis, les épaules tombantes et l’air abattu. Je le fis entrer, comme je fais parfois entrer les pauvres gens, et partageai avec lui ma soupe et mon pain. "
Voilà voilà…
PS :
Si quelqu'un a de la doc sur les frères Carmagnolle, inventeurs en 1882 d'un scaphandre rigide, je suis preneur.
PS2 :
Bon, j'ignore si c'est tout à fait raisonnable (abus, gnagnagna, dangereux pour la santé, blabla, consommer avec modération, tout ça, rayez les mentions inutiles) mais je recommande vivement aux parisiens amateurs de bière la fréquentation de la Brasserie de l'Être, 7 ter rue Duvergier, à Crimée. Outre le fait que ce soient des gens super, ils brassent des bières de grande classe. Bon, oui, je m'y suis encore mis une mine l'autre soir (et c'est fripouilles ne m'ont signalé que je devais parler de mes bouquins en public après avoir attendu que je sois déjà bien entamé) (mais vous me connaissez, hein, il en faut plus pour m'arrêter) (du coup il paraît que c'était très distrayant).
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