Et donc, le premier jet du roman est fini, et a été envoyé à mes relecteurs pour une première passe de corrections avant envoi à l'éditeur (les toujours estimables Moutons électriques). Sachant que j'ai déjà fait une relecture intégrale pour virer les coquilles les plus évidentes et les pains de continuité qui m'auraient échappé (j'ai encore fait le coup du personnage qui continue à faire des trucs alors qu'il est mort cinq pages plus tôt).
Et comme j'avais déjà fait un premier envoi des 3/4 du manuscrit, certains relecteurs m'ont déjà rendu des notes.
Vous vous rappelez de ce que je disais l'autre jour à propos des scènes indispensables, mais pénibles à faire ? C'est rigolo de les voir ressurgir dans ces occasions. Car on les reconnaît facilement, ce sont celles sur lesquelles le plus de choses se retrouvent biffées, annotées, amendées. Et donc, me voilà repartir pour chacune de ces scènes sur une deuxième tranche de galère. J'aurais envie de dire "merci les relecteurs", et je le dirai, mais au premier degré : retravailler ces séquences me semble en effet indispensable.
Et si le premier jet, sur un roman un peu complexe par sa structure et la documentation qu'il demande, n'est déjà pas simple, le retravail est encore un autre défi.
En attendant, je vous en balance un petit extrait :
Et comme j'avais déjà fait un premier envoi des 3/4 du manuscrit, certains relecteurs m'ont déjà rendu des notes.
Vous vous rappelez de ce que je disais l'autre jour à propos des scènes indispensables, mais pénibles à faire ? C'est rigolo de les voir ressurgir dans ces occasions. Car on les reconnaît facilement, ce sont celles sur lesquelles le plus de choses se retrouvent biffées, annotées, amendées. Et donc, me voilà repartir pour chacune de ces scènes sur une deuxième tranche de galère. J'aurais envie de dire "merci les relecteurs", et je le dirai, mais au premier degré : retravailler ces séquences me semble en effet indispensable.
Et si le premier jet, sur un roman un peu complexe par sa structure et la documentation qu'il demande, n'est déjà pas simple, le retravail est encore un autre défi.
En attendant, je vous en balance un petit extrait :
Quand les feux et les
rires commencèrent à s'éteindre, et qu'une servante fut allée coucher Ambrosius, Uther se pencha vers son hôte.
« J'ai été
absent fort longtemps, je le sais. Et si loin de terres familières
que j'ignore ce qu'il a pu survenir en mon absence. Raconte-moi les
années écoulées.
— Ici, elles furent
égales à toute autre, Uther. Parfois nous avons repoussé des
pillards, et parfois nous avons commercé avec la côte. Parfois, les
champs ont donné, et parfois ils nous ont laissés le ventre creux.
— Mais à l'Est, sur
les terres de mon clan ? En as-tu eu des nouvelles ? »
Le vieillard jeta à
Uther un regard lourd. Il ne souhaitait pas blesser un ami de son
village en se faisant porteur de tristes histoires. Il fit signe à
une femme de leur rapporter un cruchon d'épaisse cervoise noire,
qu'elle leur servit dans des gobelets d'étain. Uther la laissa
verser le breuvage, sans montrer le moindre signe de l'impatience qui
le rongeait.
« Tu ne
reconnaîtrais pas ton pays, Uther. Ton clan, sous le conduite de ton
jeune frère, le défend pied à pied, et Camulodunum tient bon. La
ville a même, me suis-je laissé dire, grandi. Elle attire à elle
tous ceux qui fuient les Saxons. Son étendard à l'effigie d'un
dragon est devenu un fanal, une lueur d'espoir pour tous, quand bien
d'autres villes sont tombées.
— D'un dragon ?
Mais pourquoi un dragon ?
— Tes ennemis ont
déformé ton surnom de Pendraig t'ont appelé Pen-Drache, le dragon.
Et ainsi, l'image leur rappelle que tu fus défenseur de ces terres
et fléau de leurs frères. »
Uther s'aperçut alors
qu'il avait posé la main sur la garde de son épée tandis que le
vieillard parlait. Il en sentait la douce chaleur affluer en lui,
réveillant le chef de guerre, et la bête, assoupis dans ses tripes.
Il vida son gobelet d'un trait et le tendit à nouveau à la servante
qui le remplit une fois encore. Un jeune homme passa devant la table,
celui qui les avait accueillis à la porte, lui sembla-t-il, sans
qu'il en soit sûr dans l'obscurité grandissante. Ce garçon
respirait la vitalité, l’insouciance de son âge qui en faisait
toute la force. Il était l’avenir. Et ne se souciait pas du passé,
renvoyé à des récits de coin du feu. Uther eut soudain peur de
voir tous ses combats, tous ses engagements, tous ses déboires et
toutes ses souffrances se réduire à cela, une mention floue dans
des histoires contées par des vieillards pour passer le temps,
pendant les soirées d’hiver, jusqu’à ce que d’autres
histoires prennent leur place, et que les anciennes soient
graduellement déformées, puis oubliées.
Commentaires
Ce dont je suis sûr, c'est que ça donne envie de savoir la suite!