J'en parlais l'autre jour, mais pendant mon voyage en train, finalement, je n'ai pas regardé ce film coréen qui m'avait semblé malvenu (question de contexte uniquement : Dernier Train pour Busan est excellent, pas de doute là-dessus, mais je l'ai vu ailleurs que dans le TGV, finalement).
Et à la place, j'ai préféré me rabattre sur un film dont je n'avais vu que le début il y a longtemps : Sunshine, de Danny Boyle. Le début m'avait bien plu, il y avait de fort jolies choses au niveau visuel, et des acteurs que j'aimais bien. Le concept de SF était chouette.
J'aurais eu mieux fait de me contenter de ça et de rester sur cette bonne impression.
Parce qu'en fait, sans être aussi pourri que Prometheus dans le genre (mais Prometheus fait tellement fort qu'il pose un standard. Disons que Sunshine culmine à 6,4 sur l'échelle de Prometheus), ce film ne tient pas tout à fait la route. Alors, entendons-nous bien. Rien à dire sur la cinématographie qui est très belle et profite à fond du concept. Les acteurs ne déméritent pas. La structure de récit, ma foi, est légèrement bancale, mais à ce stade, c'est de la pinnaillerie de ma part, et en plus vu les critiques que je me suis pris sur Eschatôn, je suis bien mal placé pour reprocher à quelqu'un l'accélération finale un peu abrupte de son histoire.
Non, le truc, c'est que quand on fait de la SF, c'est bien d'avoir des notions de base. Ou de faire relire le truc par quelqu'un qui connaît un peu l'astronautique. Alors, je sais ce que vous allez me dire : c'est une fable, et pas exactement un film de SF. Et c'est vrai. Il y a là-dedans une charge métaphorique qui submerge tout le reste. Le problème, c'est que le reste, c'est du décor de vaisseau spatial à grosse tuyauterie, avec des gens qui expliquent ce qu'ils font et pourquoi ils le font. On se fout totalement que les champs d'astéroïdes de Star Wars ne tiennent pas la route parce que c'est un film d'aventures, en fait, avec juste un vernis SF dessus. Sunshine est une fable philosophique sur le sacrifice, le voyage initiatique, l'approche d'une transcendance qui brûle et consume la faiblesse et les aspirations humaines. Mais le décor, c'est une mission complexe, avec une trajectoire délicate, des enjeux technologiques en plus des enjeux humains. Je ne demande pas à Danny Boyle d'avoir une maîtrise de mécanique orbitale (je serais bien en peine de faire les calculs de rendez-vous d'un Soyouz) mais juste… je sais pas, moi… de savoir qu'un vaisseau lancé à ces vitesses ne freine pas et ne s'arrête pas, que dans l'espace, tout est mobile et que l'immobilité apparente ne naît que de la synchronisation des trajectoires. Et accessoirement que ces trajectoires sont courbes, et donc que le bouclier ne devrait pas être orienté comme ça.
Tout le film est grevé de pleins de détails, et ont sent que même la spatialisation du vaisseau a été bizarrement pensée : impossible de savoir comment s'articulent entre eux les lieux de l'action. Il est assez classique qu'au cinéma, la physique se plie aux besoins du scénario. Mais là, elle disparaît totalement, remplacé par un techno-babble qui souligne plus qu'il ne masque les incohérences. Dans une série B, on s'en foutrait, mais là, du coup, on ne comprend rien à certains enjeux, et quand les personnages se mettent en peine de les expliquer, c'est pire. Alors qu'un scénar mieux bordé de ce point de vue là aurait pu prodiguer les mêmes moments dramatiques en leur donnant plus d'impact, et l'ensemble aurait pu y trouver un hiératisme qu'il cherche à atteindre mais qui lui manque pourtant cruellement.
Tout ça donne une impression de pas fini, de pas relu, de pas solide. On ne croit pas aux péripéties de ce vaisseau. C'est vraiment dommage, parce que ça avait tout pour être un beau film.
Bref.
Tiens, à l'occase, vu que je vais donner dans le mythe arthurien dans les mois à venir, je vous causerai de ce que m'inspirent les bandes annonces du prochain Guy Ritchie…
Et à la place, j'ai préféré me rabattre sur un film dont je n'avais vu que le début il y a longtemps : Sunshine, de Danny Boyle. Le début m'avait bien plu, il y avait de fort jolies choses au niveau visuel, et des acteurs que j'aimais bien. Le concept de SF était chouette.
J'aurais eu mieux fait de me contenter de ça et de rester sur cette bonne impression.
Parce qu'en fait, sans être aussi pourri que Prometheus dans le genre (mais Prometheus fait tellement fort qu'il pose un standard. Disons que Sunshine culmine à 6,4 sur l'échelle de Prometheus), ce film ne tient pas tout à fait la route. Alors, entendons-nous bien. Rien à dire sur la cinématographie qui est très belle et profite à fond du concept. Les acteurs ne déméritent pas. La structure de récit, ma foi, est légèrement bancale, mais à ce stade, c'est de la pinnaillerie de ma part, et en plus vu les critiques que je me suis pris sur Eschatôn, je suis bien mal placé pour reprocher à quelqu'un l'accélération finale un peu abrupte de son histoire.
Non, le truc, c'est que quand on fait de la SF, c'est bien d'avoir des notions de base. Ou de faire relire le truc par quelqu'un qui connaît un peu l'astronautique. Alors, je sais ce que vous allez me dire : c'est une fable, et pas exactement un film de SF. Et c'est vrai. Il y a là-dedans une charge métaphorique qui submerge tout le reste. Le problème, c'est que le reste, c'est du décor de vaisseau spatial à grosse tuyauterie, avec des gens qui expliquent ce qu'ils font et pourquoi ils le font. On se fout totalement que les champs d'astéroïdes de Star Wars ne tiennent pas la route parce que c'est un film d'aventures, en fait, avec juste un vernis SF dessus. Sunshine est une fable philosophique sur le sacrifice, le voyage initiatique, l'approche d'une transcendance qui brûle et consume la faiblesse et les aspirations humaines. Mais le décor, c'est une mission complexe, avec une trajectoire délicate, des enjeux technologiques en plus des enjeux humains. Je ne demande pas à Danny Boyle d'avoir une maîtrise de mécanique orbitale (je serais bien en peine de faire les calculs de rendez-vous d'un Soyouz) mais juste… je sais pas, moi… de savoir qu'un vaisseau lancé à ces vitesses ne freine pas et ne s'arrête pas, que dans l'espace, tout est mobile et que l'immobilité apparente ne naît que de la synchronisation des trajectoires. Et accessoirement que ces trajectoires sont courbes, et donc que le bouclier ne devrait pas être orienté comme ça.
Tout le film est grevé de pleins de détails, et ont sent que même la spatialisation du vaisseau a été bizarrement pensée : impossible de savoir comment s'articulent entre eux les lieux de l'action. Il est assez classique qu'au cinéma, la physique se plie aux besoins du scénario. Mais là, elle disparaît totalement, remplacé par un techno-babble qui souligne plus qu'il ne masque les incohérences. Dans une série B, on s'en foutrait, mais là, du coup, on ne comprend rien à certains enjeux, et quand les personnages se mettent en peine de les expliquer, c'est pire. Alors qu'un scénar mieux bordé de ce point de vue là aurait pu prodiguer les mêmes moments dramatiques en leur donnant plus d'impact, et l'ensemble aurait pu y trouver un hiératisme qu'il cherche à atteindre mais qui lui manque pourtant cruellement.
Tout ça donne une impression de pas fini, de pas relu, de pas solide. On ne croit pas aux péripéties de ce vaisseau. C'est vraiment dommage, parce que ça avait tout pour être un beau film.
Bref.
Tiens, à l'occase, vu que je vais donner dans le mythe arthurien dans les mois à venir, je vous causerai de ce que m'inspirent les bandes annonces du prochain Guy Ritchie…
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