Ça faisait une paye que je n'avais pas repris les transports. Depuis mon retour de vacances, y a bien un mois, je n'ai quasiment pas fait de longs trajets, claquemuré que j'étais dans mon bunker pour y pisser du texte. Depuis le temps que vous me lisez, vous connaissez le topo.
Là, deux trois courses à faire sur Paris, le genre de trucs que je ne pouvais pas récupérer dans mon patelin ni dans les patelins adjacents. Donc RER, métro, changements, tout le bastringue. Et j'avais beau avoir emmené de la lecture (Neutron Star, un vieux recueil de nouvelles de SF par Larry Niven), je n'ai pas pu m'empêcher de regarder ce qui se passait autour de moi. Les gens. Ce qu'ils font, la façon dont ils sont attifés, tout ça.
Et de temps en temps, je glisse un œil pour voir ce que les gens fond avec leur téléphone. Souvent, c'est de la causerie sur SMS. D'autre fois, des jeux (pas vu de Pokemon Go, mais un métro en mouvement me semble pas le meilleur endroit pour chasser le Pokemon). Et puis des gens qui lisent des articles à partir de leur fil fèces-bouc. Et invariablement, les titres relevaient du pur putaclic. Je suis tombé sur une mamie qui a ouvert sous mes yeux un lien intitulé "pourquoi il ne faut pas embrasser son chien".
…
Bon. Les SMS pour parler de rien, ça ne me choque pas. 90 % de la communication humaine est basée sur le rien (ça monte même jusqu'à 99 % dans le domaine de la communication politique et à la télévision). C'est humain. Les jeux, même idiots, c'est humain aussi. On a besoin de rebooter, des fois, de se vider la tête avec un truc complètement con faisant travailler des réflexes basiques, que ce soit Candy-truc, les grilles de Puduku ou quoi que ce soit d'autre. Alors vous me direz, les articles à deux balles qu'on devine écrits et traduits par des robots à partir de mots-clés destinés à gérer du clic, ça rentre exactement dans la catégorie des trucs qui vident la tête, sont complètements idiots et sont basés sur des réflexes basiques. Mais il y a néanmoins une nuance et de taille. Un jeu ne prétend pas être autre chose qu'un jeu, un passe-temps ostensiblement vain. C'est son côté fondamentalement inutile qui le rend indispensable à l'équlibre psychique. Un article putaclic se dissimule sous les oripeaux et le prétexte de l'information, un peu comme un débat sur BFMTV ou une émission de Morandini, c'est exactement le même principe. Et l'information, c'est quelque chose qui est censé enrichir, équiper pour affronter le monde alentour. Alors que ces articles débiles n'informent de rien mais prétendent le faire. C'est comme manger du polystyrène : ça cale, mais ça ne contient pas de calories…
Oh putain… Il invente un régime infaillible, les nutritionniste le détestent.
Hum.
Bon, et encore, elle ne cliquait pas sur il s'est fait piquer le pénis par une araignée ou toutes les photos des castings de Morandini.
Mais si le lien putaclic que la mamie suivait était peut-être plus taillé pour elle qu'un truc sur les orgies romaines d'Eric Ciotti, c'était le même principe, avec le mélange de vague trouille de sentiments voyeurs un peu sales qui est à la clé de tous ces machins. Sachant que leur but est, comme leur nom l'indique, de générer du clic, et derrière, du pognon. Vous cliquez pour toutes les mauvaises raisons, ça rapporte du fric à "l'éditeur de contenu" (c'est comme ça que ça s'appelle) qui du coup produira encore plus de contenu de ce genre, en montant un peu plus la barre et en vous balançant des ces footballeurs du PSG auraient dû faire attention où ils mettaient la bite et ainsi de suite. Un torrent de merde qui s'auto-entretient, quoi*. Et vous l'entretenez en cliquant.
Et sinon, un truc qui m'a agacé : je suis tombé sur l'annonce de la sortie d'un genre de magazine consacré au "wooling". En fait c'était un truc de tricot. Et, vérification faite, même les Anglais ne parlent pas de wooling quand il s'agit de tricot et de travaux d'aiguilles. J'avais bien dit qu'inventer des anglicismes pour faire chic était une impasse conceptuelle, morale et esthétique, et déjà quand les cuistres se sont mis à parler de fooding y a quelques années. Qu'est-ce qu'on parie que d'ici la fin de la décennie, les sex-toys les plus branchés seront étiquetés "accessoires de branling", tiens ?
*un peu comme une campagne pour les primaires, en somme, où l'on génère du buzz et où l'on occupe l'espace avec des conneries toujours plus grosses.
Là, deux trois courses à faire sur Paris, le genre de trucs que je ne pouvais pas récupérer dans mon patelin ni dans les patelins adjacents. Donc RER, métro, changements, tout le bastringue. Et j'avais beau avoir emmené de la lecture (Neutron Star, un vieux recueil de nouvelles de SF par Larry Niven), je n'ai pas pu m'empêcher de regarder ce qui se passait autour de moi. Les gens. Ce qu'ils font, la façon dont ils sont attifés, tout ça.
Et de temps en temps, je glisse un œil pour voir ce que les gens fond avec leur téléphone. Souvent, c'est de la causerie sur SMS. D'autre fois, des jeux (pas vu de Pokemon Go, mais un métro en mouvement me semble pas le meilleur endroit pour chasser le Pokemon). Et puis des gens qui lisent des articles à partir de leur fil fèces-bouc. Et invariablement, les titres relevaient du pur putaclic. Je suis tombé sur une mamie qui a ouvert sous mes yeux un lien intitulé "pourquoi il ne faut pas embrasser son chien".
…
Bon. Les SMS pour parler de rien, ça ne me choque pas. 90 % de la communication humaine est basée sur le rien (ça monte même jusqu'à 99 % dans le domaine de la communication politique et à la télévision). C'est humain. Les jeux, même idiots, c'est humain aussi. On a besoin de rebooter, des fois, de se vider la tête avec un truc complètement con faisant travailler des réflexes basiques, que ce soit Candy-truc, les grilles de Puduku ou quoi que ce soit d'autre. Alors vous me direz, les articles à deux balles qu'on devine écrits et traduits par des robots à partir de mots-clés destinés à gérer du clic, ça rentre exactement dans la catégorie des trucs qui vident la tête, sont complètements idiots et sont basés sur des réflexes basiques. Mais il y a néanmoins une nuance et de taille. Un jeu ne prétend pas être autre chose qu'un jeu, un passe-temps ostensiblement vain. C'est son côté fondamentalement inutile qui le rend indispensable à l'équlibre psychique. Un article putaclic se dissimule sous les oripeaux et le prétexte de l'information, un peu comme un débat sur BFMTV ou une émission de Morandini, c'est exactement le même principe. Et l'information, c'est quelque chose qui est censé enrichir, équiper pour affronter le monde alentour. Alors que ces articles débiles n'informent de rien mais prétendent le faire. C'est comme manger du polystyrène : ça cale, mais ça ne contient pas de calories…
Oh putain… Il invente un régime infaillible, les nutritionniste le détestent.
Hum.
Bon, et encore, elle ne cliquait pas sur il s'est fait piquer le pénis par une araignée ou toutes les photos des castings de Morandini.
Mais si le lien putaclic que la mamie suivait était peut-être plus taillé pour elle qu'un truc sur les orgies romaines d'Eric Ciotti, c'était le même principe, avec le mélange de vague trouille de sentiments voyeurs un peu sales qui est à la clé de tous ces machins. Sachant que leur but est, comme leur nom l'indique, de générer du clic, et derrière, du pognon. Vous cliquez pour toutes les mauvaises raisons, ça rapporte du fric à "l'éditeur de contenu" (c'est comme ça que ça s'appelle) qui du coup produira encore plus de contenu de ce genre, en montant un peu plus la barre et en vous balançant des ces footballeurs du PSG auraient dû faire attention où ils mettaient la bite et ainsi de suite. Un torrent de merde qui s'auto-entretient, quoi*. Et vous l'entretenez en cliquant.
Et sinon, un truc qui m'a agacé : je suis tombé sur l'annonce de la sortie d'un genre de magazine consacré au "wooling". En fait c'était un truc de tricot. Et, vérification faite, même les Anglais ne parlent pas de wooling quand il s'agit de tricot et de travaux d'aiguilles. J'avais bien dit qu'inventer des anglicismes pour faire chic était une impasse conceptuelle, morale et esthétique, et déjà quand les cuistres se sont mis à parler de fooding y a quelques années. Qu'est-ce qu'on parie que d'ici la fin de la décennie, les sex-toys les plus branchés seront étiquetés "accessoires de branling", tiens ?
*un peu comme une campagne pour les primaires, en somme, où l'on génère du buzz et où l'on occupe l'espace avec des conneries toujours plus grosses.
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