Il y avait un stream du lancement, fort bien fichu, avec des commentaires techniques en temps réel. Je l'ai mis dans un coin de mon grand écran, et je pouvais le suivre du coin de l'oeil tout en avançant sur une traduction (le prochain Âge d'Or de Mickey Mouse, si vous voulez tout savoir).
C'est intéressant de se connecter à ce genre de trucs, parce que du coup, on saisit mieux la temporalité de la procédure. C'est quatre fois que le tir a été suspendu à 3 minutes du décollage. Les deux premières pour un souci de météo (un vent au sol qui pouvait perturber le démarrage) puis pour un souci de valve dans un réservoir. Comme la fenêtre de tir était étroite, les ingénieurs ont lancé deux procédures ultra minutées pour régler ce souci technique, dont ils ignoraient même s'il pouvait avoir une incidence sur la mission. Mais comme il s'agissait d'un test de validation avant de passer aux vols habités, pas question de se planter.
Pour la Nasa, l'enjeu est même énorme. Il ne s'agit pas seulement de son indépendance face aux Russes (depuis la mise à la retraite de la Navette, les astronautes américains font du stop en Soyouz, et ce n'est pas un problème tant que personne n'est fâché avec Poutine), mais aussi face au secteur privé : si Orion n'a pas atteint sa vitesse de croisière avant la mise en service du Dragon 2 de chez SpaceX, les décideurs auront beau jeu de critiquer un programme devenu redondant. Dragon sera largement suffisant pour assurer les rotations de l'ISS.
Mais l'enjeu, pour la Nasa, ce sera justement de disposer d'un appareil capable d'aller plus haut et plus loin que Dragon. Elle jouait un coup d'avance, dans la plus pure tradition de Goddard vendant la météo pour financer ses fusées, ou Korolev promettant des vecteurs nucléaires qui pouvaient aussi, servir à propulser des Spoutnik. Aller plus loin que l'ISS, c'était d'ailleurs tout l'enjeu, même, du test prévu aujourd'hui : dépasser la ceinture de Van Allen, comme savaient le faire les capsules Apollo. Car Orion est même taillé pour aller plus loin que la Lune.
Bon, rendez-vous demain pour la nouvelle fenêtre de tir.
Sinon, rien à voir, mais les plus perspicaces d'entre vous auront remarqué que Fiction n'est pas sorti en octobre. La revue a rencontré quelques zones de turbulences dont elle sort peu à peu. Pour l'aider à sortir de l'ornière, l'éditeur a lancé un financement participatif dont je vous donne le lien ci-dessous. Donc voilà, si vous voulez soutenir une revue de SF exigeante et de qualité, c'est là :
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