Accéder au contenu principal

Interview exclusive !

Ah, les Etats-Unis, en guerre contre le terrorisme, et qui ne fléchissent pas, qui bombardent l'EI, qui ne ferment pas Guantanamo, qui poussent le Pakistan à faire le ménage, qui restent droits dans leurs bottes, la mâchoire en avant et l'esprit de John Wayne chevillé au corps. C'est beau, dans le genre. C'est la virilitude en géopolitique. Ils font même les gros yeux à Poutine et lui disent parfois des choses désagréables. Et disent à Assad "pardon, désolé, on ne fait que passer, vous êtes bien aimables" quand ils violent son espace aérien pour bombarder ses ennemis.

Mais ils sont trop complaisants avec leurs anciens ennemis et ça leur joue des tours. Tenez, ils sous-traitent les films d'Hollywood à des boîtes comme Sony Pictures, filiale d'un grand groupe japonais. Alors qu'on trouve encore ici et là les petits manuels dessinés par Wallace Wood (je crois que c'était Wallace Wood) expliquant comment reconnaître un méchant Japonais parmi une foule d'Asiatiques normaux.

Mais l'eau a coulé sous les ponts, les ennemis d'hier se sont rapprochés, et Sony produit des films en Amérique. Dont l'Interview qui tue, une comédie sur la Corée du Nord. Dedans, des journalistes sont mêlés à un complot visant à zigouiller Kim Jong Trois, le fils de Kim Jong II. Dieu sait pourquoi, les Nord-Coréens ont pris la mouche (alors qu'ils n'avaient rien dit pour Team America World Police) et ont protesté. Et puis, comme Sony s'en fichait, ils sont passés à la vitesse supérieure et ont piraté (en tout cas on croit que c'est eux) l'ordinateur central de Sony Pictures.

Depuis, on a droit à un Sonyleaks avec plein d'infos croustillantes, des avant-premières des films sur le net et ainsi de suite. Et ça valse sévère. Tout le monde en prend pour son grade. Et les hackers disent en avoir encore sous la pédale.

Et donc, Sony Pictures viennent de se coucher. Comme des merdes. Le film ne sortira pas, ni maintenant, ni plus tard, ni en salle ni sur le net. Tac.

Y a pas eu de bombe posée devant le siège social ni de tags sur les affiches dans les salles de cinéma. Ils viennent de se coucher devant des pirates informatiques qui leur ont mis le froc en bas des jambes devant le monde entier. Et plutôt que de garder leur dignité, ils tendent le cul en disant "bien Monsieur". Ces gens sont des châtrés.

Le remake de l'Aube Rouge (produit par la MGM) sorti il y a quelques temps de ça avait déjà baissé culotte. Au départ, l'ennemi qui venait fouler de ses sandales les vertes collines d'Amérique était la Chine. Et puis comme la Chine est un gros partenaire commercial, avec en plus une grosse diaspora, ça avait été changé à la dernière minute (c'est ça qui est bien avec le numérique) en Corée du Nord, au motif que c'est des chinetoques tout pareil, alors y a pas à changer leurs tronches, juste des bouts d'uniformes, et qu'en plus personne ne les aime. Ou juste des tarés comme moi qui aiment bien la musique militaire nord-coréenne, mais ça ne compte pas. Mais visiblement, les temps ont changé. Pas touche à la Corée, maintenant.

Alors on me souffle dans l'oreillette que même si Sony Pictures est une filiale de Sony Japon, les décisions sont prises en Californie. Et j'ai dans l'idée que si c'étaient les Japonais qui avaient eu la main dans l'histoire, eux auraient sorti le film quand même et adressé un gros doigt à Kim et consorts.

J'ai du coup un conseil à donner à tous les terroristes du monde, aux Talibans, aux Daech, Boko Haram et tous les autres. Arrêtez les égorgeages, c'est ringard et ça fait plouc. Piratez la Fox, piratez Turner, piratez Warner. Vous allez voir, c'est vachement plus efficace. Soral se plaint de ne plus passer à la télé ? Qu'il pirate TF1 ! Mélenchon se plaint que les journalistes lui parlent mal ? Qu'il pirate France TV ! Sarkozy pleurniche que personne ne l'aime à part Morano et Hortefeux (c'est vrai qu'à sa place, moi aussi j'aurais honte) ? Qu'il pirate le site du Monde ! Et puis Valls et Hollande, cotisez-vous et embauchez ces Nord-Coréens pour pirater Goldman Sachs et la Société Générale (qui n'est pas à cinq milliards près, comme elle l'a démontré avec brio). En plus vous pourrez y trouver les quelques sous qui vous manquent pour boucler vos fins d'années et si ça se trouve, votre cote remontera, c'est un bon investissement. Mais tirez-vous les doigts du cul, tous. Ça nous amusera un peu.




PS, le 19/12 : tiens, les salles courageuses qui avaient prévu de diffuser Team America à la place de The Interview ont été empêchées de le faire par la Paramount. C'est le bal des micropéniens, les majors américaines.

Commentaires

Zaïtchick a dit…
Piratons les éditeurs !

Posts les plus consultés de ce blog

Ressortie

 Les éditions Delcourt ressortent Torso , un des premiers gros projets de Brian M. Bendis, avant qu'il ne devienne une star suite à ses travaux chez Marvel, Daredevil et Alias en tête, puis ne se crame les ailes à devenir grand manitou des Avengers et des X-Men . Bendis est très bon dans un domaine, celui du polar à échelle humaine, et beaucoup moins dans les grandes conflagrations super-héroïques. Torso , ça relève de la première catégorie. Je pense que c'est justement le genre de bouquin qui a conduit Joe Quesada à lui confier Daredevil , d'ailleurs, c'est là que l'auteur s'impose aux yeux de tous. Le sujet est chouette, déjà : une des premières grosses affaires de tueurs en série en Amérique, le tueur aux Torses (ou Boucher de Cleveland , dans la version romancée par Max Allan Collins, auteur dont j'ai déjà parlé dans le coin). Particularité, au moment des sinistres exploits du tueur, la sécurité publique de la ville vient d'être confiée au célèbre...

Fais tourner le juin

Bon, il est temps que je sorte un peu de mon bunker. Ça tombe bien, je suis invité à deux événements que je connais. Le samedi 31 mai et le dimanche 1er juin, je serai au Geek Up Festival des Clayes sous Bois (78). C'est dans un part, y a des animations, d'autres auteurs, j'aurai un peu de stock de mes bouquins chez les Moutons électriques, et normalement y aura des exemplaires du Pop Icons Tolkien.  Le dimanche 15 juin après-midi, je serai au Salon des auteurs du coin, à la péniche Story Boat de Conflans Ste Honorine (78). Super cadre, c'est très cosy et ça vaut le coup de passer même en coup de vent parce qu'il y a de belles balades à faire aux alentours. Voilà, c'est tout pour l'instant, je sais pas encore trop comment ça va se passer pour la suite, mes prochaines dates sont en octobre, à Marmande et à Limoges. Je vous tiens au courant d'ici là.

L’image de Cthulhu

J'exhume à nouveau un vieil article, celui-ci était destiné au petit livret de bonus accompagnant le tirage de tête de Celui qui écrivait dans les ténèbres , mon album consacré à H.P. Lovecraft. Ça recoupe pas mal de trucs que j'ai pu dire dans d'autres articles, publiés dans des anthologies ou des revues, mais aussi lors de tables rondes en festival ou en colloque (encore cet hiver à Poitiers). J'ai pas l'impression que ce texte ait été retenu pour le livret et du coup je crois qu'il est resté inédit. Ou alors c'est que je l'avais prévu pour un autre support, mais dans ce cas, je ne me souviens plus duquel. Tant pis, ça date d'il y a sept ou huit ans...   L’œuvre d’H.P. Lovecraft a inspiré depuis longtemps des auteurs de bandes dessinées. D’ailleurs, l’existence de nombreuses passerelles entre l’univers des pulps (où a officié Lovecraft) et celui des comic books n’est plus à démontrer, ces derniers empruntant une large part de leurs thèmes aux revue...

Nébulosités

 Ah, que je n'aime pas le cloud. Vraiment pas. Vous allez me dire, je suis un vieux encroûté dans ses petites habitudes de travail, ses sauvegardes à droite et à gauche, ses fichiers à portée de la main comme le tas d'or d'un dragon. Fondamentalement, c'est un portrait assez exact. Mais... Mais j'ai eu suffisamment de soucis de connexion pour être méfiant.   Et puis, y a les éditeurs qui bossent avec des ayants droits chiants. Ce qui fait que les documents de travail se retrouvent verrouillés sur des serveurs auxquels ont vous ouvre l'accès pour pouvoir bosser dessus. Et là, bien entendu, j'avais une très grosse traduction traitée comme ça. Je demande si on peut quand même m'envoyer une copie du pdf, histoire d'avoir un truc "en dur", et ça n'a pas été possible. Le document est ultra protégé. Et, ce matin, alors que le café finit de couler, j'ouvre le truc... Qui m'annonce que l'autorisation a expiré. Oui, apparemment il fal...

Another brick in the wall

Je causais y a quelques semaines de ça, dans une note sur Conan , de l'époque où Walt Simonson, connu notamment pour son excellent passage sur Thor dans les années 80, dont il donne une sorte d'épilogue pirate dans sa récente série Ragnarök, que je recommande assez, était tombé dans une pleine marmite de Druillet, tout comme son pote Jim Starlin (le papa de Thanos). Ça doit correspondre à l'époque où René Goscinny était allé démarcher des éditeurs US avec sous le bras des albums tirés de Pilote. Y avait du Mézières, du Moebius, et du Druillet. Et ça a complètement fait vriller pas mal de gens, même si Goscinny était rentré déçu, sans explosion de la publication d'auteurs franco-belges outre-Atlantique, le format de publication des oeuvres de chez nous n'existant tout simplement pas là-bas dans les années 70 (Starlin, encore lui, sera un peu plus tard un pionner de ce format "graphic novel" avec Death of Captain Marvel).  L'influence de Druillet (qui re...

Le nouveau Eastern

 Dans mon rêve de cette nuit, je suis invité dans une espèce de festival des arts à Split, en Croatie. Je retrouve des copains, des cousins, j'y suis avec certains de mes rejetons, l'ambiance est bonne. Le soir, banquets pantagruéliques dans un hôtel/palais labyrinthique aux magnifiques jardins. Des verres d'alcools locaux et approximatifs à la main, les gens déambulent sur les terrasses. Puis un pote me fait "mate, mec, c'est CLINT, va lui parler putain !"   Je vais me présenter, donc, au vieux Clint Eastwood, avec un entourage de proches à lui. Il se montre bienveillant, je lui cause vaguement de mon travail, puis je me lance : c'est ici, en Dalmatie, qu'il doit tourner son prochain western. Je lui vante les paysage désolés, les déserts laissés derrière eux par les Vénitiens en quête de bois d'ouvrage, les montagnes de caillasse et les buissons rabougris qui ont déjà servi à toutes sortes de productions de ce genre qui étaient tellement fauchées ...

L'iron Man de la Cannebière ?

 Dans mon rêve de cette nuit, j'étais en train de participer au tournage d'un film de guerre/catastrophe. Je faisais partie de l'équipage d'un véhicule blindé , bardé de mitrailleuses, opérant sur une côte. On était en ville, zigzaguant entre les voitures du quai, aux aguets. L'ambiance était vaguement post-nucléaire, les conducteurs avaient des gueules d'irradiés ou d'intervenants sur C-News, c'était moche en tout cas, ça puait la dégénérescence à plein nez. "Ça risque encore de péter" nous dit le lieutenant, joué par Matthew McConaughey. Inquiet, je regarde autour de moi, on est sur une voie des quais et soudain je vous l'eau enfler. Quelqu'un a déclenché un tsunami, peut-être à l'aide d'une bombe sous-marine. "Accrochez-vous, il va nous tomber dessus!" je hurle en me disant que ça va être la fin du film et qu'on aura droit à un freeze-frame juste avant que l'eau ne s'abatte sur nous, vaillants soldats al...

Ça gaze ?

 Pour diverses raisons, personnelles, je n'ai pas trop mis à jour cet espace. Mais, hier, alors que j'avais passé la soirée à être l'interprète de Guy Gavriel Kay lors d'une rencontre en librairie, et c'est un homme tout à fait charmant, en plus d'être un auteur dont certaines préoccupations recoupent dangereusement les miennes, une conversation sans rapport avec des lecteurs est tombée sur mon boulot dans Le château des étoiles.    Pour ceux qui ne le sauraient pas encore, j'accompagne depuis l'origine l'excellente série d'Alex Alice, consacrée à la conquête des espaces éthériques sous le Second Empire. Alex m'a demandé de rédiger les bonus de la Gazette des étoiles , une prépublication au format journal (on retrouve désormais ces textes également dans l'intégrale débutée cet automne), puis ceux de l'édition grand format des albums, et enfin les textes de l'artbook sorti l'an passé. J'accompagne également le spin-off Les...

My mama said to get things done...

Je suis passé à Aurore Système, petit salon de SF organisé à Ground Control, à Paris, par la librairie Charybde. Je ne connaissais pas le lieu, que j'ai découvert et qui est très chouette. Je venais surtout pour une table ronde sur l'IA, qui est un des sujet importants de nos jours et déchaîne les passions, surtout sous sa forme "générative", les chat GPT, Midjourney et autres. Je me suis tenu un peu à l'écart de ces trucs-là, pour ma part. Je suis très méfiant (même s'il m'est arrivé d'employer Deep-L professionnellement pour dégrossir des traductions du français vers l'anglais, que je retravaillais en profondeur ensuite), parce que l'ai bien conscience du processus et des arrières pensées derrière. J'en ai déjà causé sur ce blog, ici et ici .  La table ronde réunissait trois pointures, Olivier Paquet, Catherine Dufour et Saul Pandelakis, qui ont écrit sur le sujet, et pas mal réfléchi. Lors des questions qui ont suivi, on a eu aussi une...

Injustice dans la voirie !

J'étais sur Paris ce matin. Et, en remontant la rue Lamarck, j'ai découvert un fait curieux : on a filé une rue plus longue à un certain Abbé-Patureau (qui n'a pour lui que d'avoir été curé dans le quartier) qu'à Alfred Nobel et Pierre Dac, qui sont quand même deux bienfaiteurs de l'humanité, l'un, pour avoir avec l'invention de la dynamite trouvé un moyen tout à fait darwinien d'éliminer les artificiers maladroits, et l'autre pour avoir inventé la recette de la confiture de nouille qui compte au rang des plus grandes conquêtes de l'esprit humain. Cette inégalité des rues prouve bien qu'on n'en a pas fini du sinistre pouvoir de la soutane. Y a des trucs à faire avec les tripes des derniers patrons et les derniers curés, je vous raconte même pas. Bref, je suis scandalisé de voir qu'en ce pays de la laïcité, on en fait plus pour les calotins que pour les philosophes (les vrais, ceux dans la tradition de Nasr'uddin Hodja, pas...