Désagréablement surpris par certains titres de journaux concernant la plus récente affaire de médicaments.
"Furosémide, l'inquiétude", ou "Retrait du Furosémide". Je conçois qu'un titre se doive d'être court, accrocheur et efficace. Mais parfois, à trop simplifier le message, on en arrive à dire des conneries, voire à sous-entendre des trucs totalement faux, au risque de faire plus de dégâts que l'affaire elle-même.
Et c'est le cas ici.
Parce que ce pauvre Furosémide n'y est pour rien. Et qu'il n'est pas retiré.
Mais bon, pour ceux qui n'auraient pas tout suivi, un petit résumé des faits :
On s'est aperçu dernièrement que, sur deux lots de Furosémide Teva 40 milligrammes (c'est le générique d'un vieux médicament appelé Lasilix), des comprimés avaient été remplacés par des comprimés de Zopiclone.
Le Furosémide est un diurétique utilisé pour traiter l'hypertention artérielle, la Zopiclone est un puissant somnifère (c'est le générique d'un truc appelé Imovane). Et depuis que l'affaire a éclaté, il y a eu au moins un mort.
Du coup, inquiétude, en effet. Et rappel des deux lots qui pourraient poser problème. Puis rappel de la totalité des lots de Furosémide 40 Teva. Et d'eux seuls. En tant que molécule médicamenteuse, le Furosémide n'est pas en cause, c'est ça le plus beau : c'est son absence dans les comprimés qui a tué. Le petit papy qui en prenait, quand il s'est mis à l'insu de son plein gré à prendre de la Zopiclone à la place, n'était donc plus traité pour son hypertension. Qui a donc rapidement pris des proportions mortelles.
Il faut savoir que 40 milligrammes, ce n'est même pas le dosage le plus courant. C'est déjà le dosage fort : moins d'une boite de Furosémide vendue dans ce pays sur dix est une boite à 40 milligrammes (faut vérifier le chiffre, mais à la louche, ça doit être la proportion). Et le laboratoire Teva n'est même pas le leader sur le marché des génériques du Furosémide. Plusieurs autres marques diffusent du Furosémide 40, et ne sont aucunement concernées par ce problème (au moment où j'écris, l'enquête semble d'ailleurs s'orienter vers un acte de malveillance). L'intérêt thérapeutique de la molécule n'est remis en cause par personne.
Alors "Furosémide, l'inquiétude", ou "Retrait du Furosémide" dans le journal, c'est un peu emmerdant. Parce que maintenant, le scénario catastrophe, ce serait que les petits papis et les petites mamies qui prennent du Furosémide pour se soigner arrêtent de le prendre. Là, on aura un sérieux problème de santé publique.
Qu'on n'aurait pas eu si les journalistes ayant écrit ces titres avaient passé ne serait-ce qu'un coup de fil au pharmacien du coin.
"Furosémide, l'inquiétude", ou "Retrait du Furosémide". Je conçois qu'un titre se doive d'être court, accrocheur et efficace. Mais parfois, à trop simplifier le message, on en arrive à dire des conneries, voire à sous-entendre des trucs totalement faux, au risque de faire plus de dégâts que l'affaire elle-même.
Et c'est le cas ici.
Parce que ce pauvre Furosémide n'y est pour rien. Et qu'il n'est pas retiré.
Mais bon, pour ceux qui n'auraient pas tout suivi, un petit résumé des faits :
On s'est aperçu dernièrement que, sur deux lots de Furosémide Teva 40 milligrammes (c'est le générique d'un vieux médicament appelé Lasilix), des comprimés avaient été remplacés par des comprimés de Zopiclone.
Le Furosémide est un diurétique utilisé pour traiter l'hypertention artérielle, la Zopiclone est un puissant somnifère (c'est le générique d'un truc appelé Imovane). Et depuis que l'affaire a éclaté, il y a eu au moins un mort.
Du coup, inquiétude, en effet. Et rappel des deux lots qui pourraient poser problème. Puis rappel de la totalité des lots de Furosémide 40 Teva. Et d'eux seuls. En tant que molécule médicamenteuse, le Furosémide n'est pas en cause, c'est ça le plus beau : c'est son absence dans les comprimés qui a tué. Le petit papy qui en prenait, quand il s'est mis à l'insu de son plein gré à prendre de la Zopiclone à la place, n'était donc plus traité pour son hypertension. Qui a donc rapidement pris des proportions mortelles.
Il faut savoir que 40 milligrammes, ce n'est même pas le dosage le plus courant. C'est déjà le dosage fort : moins d'une boite de Furosémide vendue dans ce pays sur dix est une boite à 40 milligrammes (faut vérifier le chiffre, mais à la louche, ça doit être la proportion). Et le laboratoire Teva n'est même pas le leader sur le marché des génériques du Furosémide. Plusieurs autres marques diffusent du Furosémide 40, et ne sont aucunement concernées par ce problème (au moment où j'écris, l'enquête semble d'ailleurs s'orienter vers un acte de malveillance). L'intérêt thérapeutique de la molécule n'est remis en cause par personne.
Alors "Furosémide, l'inquiétude", ou "Retrait du Furosémide" dans le journal, c'est un peu emmerdant. Parce que maintenant, le scénario catastrophe, ce serait que les petits papis et les petites mamies qui prennent du Furosémide pour se soigner arrêtent de le prendre. Là, on aura un sérieux problème de santé publique.
Qu'on n'aurait pas eu si les journalistes ayant écrit ces titres avaient passé ne serait-ce qu'un coup de fil au pharmacien du coin.
Commentaires
Et si au lieu de faire un blog sur les BD, tu faisais un blog sérieux, genre sur les médicaments, ca serait super intéressant !
[mode troll OFF]
Merci pour cette explication fort intéressante.
C'est plus mon métier depuis longtemps, ça. donc même si je suis un peu l'évolution des choses, je me vois mal faire ça tout le temps. mais bon, y a des décryptages comme celui-ci (ou il y a quelques temps, sur le Mediator) qui me semblent salutaires.
et puis la War Zone, c'est pas qu'un blog sur la BD, c'est un blog sur tout ce qui m'intéresse : la bédé, en effet les médocs de temps en temps, les cosmonautes, les photos de singes, la bouffe, la picole, les films que je regarde, etc.
c'est un déversoir pour les gargouillis de ma cervelle, quoi.