C'est le Onze Septembre aujourd'hui, comme tous les ans. Et comme tous les ans depuis dix ans y en a que pour les tours à New York. Bon, d'accord, à l'époque, ça nous avait tous estomaqués, cette affaire. Mais quand même. Du coup, on ne parle plus que de ça à l'occasion des dix ans du truc. Ce qui permet d'éviter de parler de l'anniversaire du coup d'état de Pinochet, par exemple.
Mais personne ne parle des quarante ans de la mort de Nikita Krouchtchev non plus. Dommage, quand même, le personnage avait marqué son époque. Ou ne souhaite bon anniversaire à Ferdinand Marcos, on dirait qu'on l'a oublié, lui, alors que c'était un peu le Ben Ali des Philippines, épouse psychopathe comprise. C'est le quatre-centenaire (tétra-centenaire ? ou osons le quadri-centenaire, tiens !) de Turenne, immense général de Louis XIV, dont les gens ne se souviennent du nom, à présent, que quand il s'agit d'acheter de la fourrure ou de la nippe, triste époque que la nôtre.
Mais il y a quelque chose à commémorer dans ces dix ans-là. Il y a dix ans, ces avions qui ont percuté les tours ont donné le signal d'un tour de vis quasi universel, le spectre du méchant méga terroriste barbu devenait le prétexte d'un flicage systématique et au grand jour de l'internet, des communications, des déplacements de tous, de tous ceux que, sous prétexte de les protéger, on transformait en présumés coupables. Et au nom de la sécurité et de l'union sacrée, aucun de ceux qui auraient pu s'y opposer efficacement n'a moufté. Les Patriot Act et autres Loppsi n'ont pas été abrogés à la mort de Ben Laden. Vigipirate est à présent permanent et perpétuel, la suspicion même lointaine de terrorisme, même démentie par les faits à la suite de l'enquête, est l'occasion de tomber à bras raccourcis sur le moindre délinquant de banlieue. Les lois d'exception sont devenues la norme.
Triste anniversaire, donc, en ce jour où l'on aurait plutôt dû fêter Ronsard.
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