Accéder au contenu principal

Tout cela est bel et Bond, mais...

Tout était parti de rien, ou en tout cas de pas grand-chose. Discussion avec des potes, l'un deux qui évoque des catastrophes à répétition dans son environnement professionnel, et moi qui pioche à la volée et de mémoire une citation dans James Bond, le célèbre "Une fois c'est un accident, deux fois une coïncidence, trois fois une action ennemie". Question du pote, "ça sort d'où ?", et là, le blanc.

Duquel James Bond ça sortait, tiens ?

Je vérifie, et c'était dans Goldfinger, et c'était d'ailleurs de Goldfinger lui-même. Et en vérifiant, je tombe sur ce scoop (bon, d'accord, un scoop un peu usagé, c'était déjà de notoriété à l'époque, semble-t-il, mais moi, en tout cas, j'étais pas au courant) : Gert Froebe, qui jouait le malfaisant Goldfinger dans le film, était un ancien nazi. Alors oui, on savait qu'il jouait très bien les méchants et les nazis, voire même les méchants nazis, mais je fus sidéré de voir à quel point ce n'était pas un rôle de composition. Bref. De toute façon, il y a des tas d'anciens nazis partout*. Il y en a presque autant que des anciens maos**. Je connais même des papes anciens nazis, c'est dire. Et puis Gert Froebe est mort et enterré, on va dire qu'il y a prescription.

Du coup, en bossant, je me fais un mix de bandes-son de James Bond, pour changer. Du Shirley Bassey à fond les ballons, ça fait jamais de mal, après tout. Et tiens, justement, dans ma compile de Bonderies***, il y a la chanson de Goldfinger. Et là, chboum dans la tête...

Mais revoyons l'action au ralenti...



Pardon. Mais revoyons les paroles de la chanson...

Goldfinger
He's the man, the man with the Midas touch
A spider's touch
Such a cold finger
Beckons you to enter his web of sin
But don't go in

Golden words he will pour in your ear
But his lies can't disguise what you fear
For a golden girl knows when he's kissed her
It's the kiss of death ...

From Mister Goldfinger
Pretty girl, beware of his heart of gold
This heart is cold

Golden words he will pour in your ear
But his lies can't disguise what you fear
For a golden girl knows when he's kissed her
It's the kiss of death ...

From Mister Goldfinger
Pretty girl, beware of his heart of gold
This heart is cold
He loves only gold
Only gold
He loves gold
He loves only gold
Only gold
He loves gold


Je me dis, "Goldfinger", ça fait quand même un poil juif, comme nom. Et là, ça plus l'amour de l'or plus l'image de l'araignée façon affiche de propagande des années 30-40, plus en prime un ancien nazi jouant un perso assez incroyablement caricatural, et là, ça fait beaucoup****.

C'est vraiment antisémite, ou c'est moi qui suis antisémite d'y voir de l'antisémitisme ?

La question me taraude.





* Et en plus, Gert Froebe avait beau être un nazi, il a quand même sauvé des Juifs pendant la guerre. Ça complique encore plus le truc.

** à tel point que le scénariste de Docteur No et de Bons Baisers de Russie était en fait un communiste surveillé par le MI5, moi aussi je trouve ça vertigineux

***Pour l'anecdote, ma playlist Bond contient aussi des pastichez et hommages comme le Millenium de Robbie Williams, et surtout le Blackfinger de Vladimir Cosma, belle Bonderie qui rendait mémorable une scène du Retour du Grand Blond

**** Promis, j'arrête les astérisques avec renvoi en bas de post*****.

*****d'ailleurs, j'arrête demain.

Commentaires

Alex Nikolavitch a dit…
Donc, dans mon petit carnet noir, monsieur Tourriol, Edmond...
Geoffrey a dit…
il y aussi la parodie des chansons de Bond vues par les Simpsons : Scorpio ! ça donne pas mal : http://www.youtube.com/watch?v=9QEsjd1WZuY&p=B3C242A1C262D2D0&playnext=1&index=26
Edmond TOURRIOL a dit…
Tant que c'est pas dans ton petit livre rouge...
El a dit…
C'est pas spécialement antisémite, le mec étant effectivement une espèce de nazi nordique dans le film... Auric Goldfinger étant un nom à coucher dehors, pas vraiment identifiable avec une quelconque culture. Enfin à mon avis. Faudrait lire le bouquin pour savoir s'il y a d'autres infos là-dessus.

Sinon, t'es circoncis ?
El a dit…
Ah oui, j'oubliais... Robbie Williams a aussi fait "A man for all seasons", la chanson du générique du film Johnny English, parodie de Bond avec Mr Bean dedans... Le film était une bouse retentissante (j'étais gêné pour eux pendant le film), mais la chanson est une authentique bonderie de toute beauté avec des paroles jouissives à souhait sur les performances sexuelles du héros... Comme toute chanson de générique de Bond qui se respecte.

Sinon, la circoncision, c'est pas si grave, même si quelque part c'est une mutilation génitale odieuse d'enfants qui n'ont rien fait... Cela ne fait pas de toi un homme moins brave ni honnête... Ce n'est pas sale...
Gino a dit…
Sinon, Erno Goldfinger était un architecte qui s'est fait construire une maison qui ne plaisait guère à Fleming (il habitait pas loin) et c'est pour cela qu'il a nommé un méchant ainsi.
Vous le sauriez si vous aviez lu mon excellent ouvrage... Nyark nyark nyark....
Alex Nikolavitch a dit…
oui, c'est l'affaire "Goldprick", c'est ça ?
Anonyme a dit…
En même temps, pour le côté tendancieux des paroles de la chanson: "never ascribe to malice (ou antisemitism) what could be due to simple stupidity" (ou innocence d'une époque moins préoccupée des décryptages de chasseurs de complots).

Posts les plus consultés de ce blog

Pourtant, que la montagne est belle

 Très vite fait, je signale en passant que je devrais passer demain, lundi, dans le Book Club de France Culture avec Christophe Thill. On y causera de l'édition du manuscrit des Montagnes Hallucinées chez les Saints Pères.   (Edit : ça demeure conditionnel, je suis là en remplacement de David Camus, au cas où son état ne lui permettrait pas d'assurer l'émission) Toujours fascinant de voir ce genre d'objet, surtout quand on connaît les pattes de mouches de Lovecraft (qui détestait cordialement taper à la machine). Mais, très souvent dans ce genre de cas, ce sont les ratures et les repentirs qui sont parlants : ils nous donnent accès aux processus de pensée d'un auteur. Bref, faut que je révise un peu. Fun fact, le texte a été publié à l'époque grâce à l'entregent de Julius Schwartz, qui était agent littéraire et qui a représenté les intérêts de Lovecraft pendant quelques mois. Ce même Julius Schwart qui, vingt ans plus tard, présidait en temps qu'éditeur

Back to back

 Et je sors d'une nouvelle panne de réseau, plus de 15 jours cette fois-ci. Il y a un moment où ça finit par torpiller le travail, l'écriture d'articles demandant à vérifier des référence, certaines traductions où il faut vérifier des citations, etc. Dans ce cas, plutôt que de glander, j'en profite pour avancer sur des projets moins dépendants de ma connexion, comme Mitan n°3, pour écrire une nouvelle à la volée, ou pour mettre de l'ordre dans de vieux trucs. Là, par exemple, j'ai ressorti tout plein de vieux scénarios de BD inédits. Certains demandaient à être complétés, c'est comme ça que j'ai fait un choix radical et terminé un script sur François Villon que je me traîne depuis des années parce que je ne parvenais pas à débusquer un élément précis dans la documentation, et du coup je l'ai bouclé en quelques jours. D'autres demandaient un coup de dépoussiérage, mais sont terminés depuis un bail et n'ont jamais trouvé de dessinateur ou d

L'Empereur-Dieu de Dune saga l'autre

Hop, suite et fin des redifs à propos de Dune. Si jamais je me fends d'un "les hérétiques", ce sera de l'inédit. Le précédent épisode de notre grande série sur la série de Frank Herbert avait évoqué l'aspect manipulatoire de la narration dans  Dune , cette façon d'arriver à créer dans l'esprit du lecteur des motifs qui ne sont pas dans le texte initial. La manipulation est patente dans le domaine du mysticisme. Demandez à dix lecteurs de  Dune  si  Dune  est une série mystique, au moins neuf vous répondront "oui" sans ambage, considérant que ça va de soi. Il y a même des bonnes sœurs. C'est à s'y tromper, forcément. Et, un fois encore, le vieil Herbert (on oubliera charitablement le jeune Herbert et son sbire Kevin J. en personne) les aura roulés dans la farine. Dune  est une série dont l'aspect mystique est une illusion habile, un savant effet de manche. Certains personnages de la série sont mystiques. Certaines

Nietzsche et les surhommes de papier

« Il y aura toujours des monstres. Mais je n'ai pas besoin d'en devenir un pour les combattre. » (Batman) Le premier des super-héros est, et reste, Superman. La coïncidence (intentionnelle ou non, c'est un autre débat) de nom en a fait dans l'esprit de beaucoup un avatar du Surhomme décrit par Nietzsche dans Ainsi parlait Zarathoustra . C'est devenu un lieu commun de faire de Superman l'incarnation de l' Übermensch , et c'est par là même un moyen facile de dénigrer le super-héros, de le renvoyer à une forme de l'imaginaire maladive et entachée par la mystique des Nazis, quand bien même Goebbels y voyait un Juif dont le S sur la poitrine signifiait le Dollar. Le super-héros devient, dans cette logique, un genre de fasciste en collants, un fantasme, une incarnation de la « volonté de puissance ».   Le surhomme comme héritier de l'Hercule de foire.   Ce n'est pas forcément toujours faux, mais c'est tout à fait réducteu

Le super-saiyan irlandais

Il y a déjà eu, je crois, des commentateurs pour rapprocher le début de la saga Dragonball d'un célèbre roman chinois, le Voyage en Occident (ou Pérégrination vers l'Ouest ) source principale de la légende du roi des singes (ou du singe de pierre) (faudrait que les traducteurs du chinois se mettent d'accord, un de ces quatre). D'ailleurs, le héros des premiers Dragonball , Son Goku, tire son nom du singe présent dans le roman (en Jap, bien sûr, sinon c'est Sun Wu Kong) (et là, y aurait un parallèle à faire avec le « Roi Kong », mais c'est pas le propos du jour), et Toriyama, l'auteur du manga, ne s'est jamais caché de la référence (qu'il avait peut-être été piocher chez Tezuka, auteur en son temps d'une Légende de Songoku ).    Le roi des singes, encore en toute innocence. Mais l'histoire est connue : rapidement, le côté initiatique des aventures du jeune Son Goku disparaît, après l'apparition du premier dr

Hail to the Tao Te King, baby !

Dernièrement, dans l'article sur les Super Saiyan Irlandais , j'avais évoqué au passage, parmi les sources mythiques de Dragon Ball , le Voyage en Occident (ou Pérégrination vers l'Ouest ) (ou Pèlerinage au Couchant ) (ou Légende du Roi des Singes ) (faudrait qu'ils se mettent d'accord sur la traduction du titre de ce truc. C'est comme si le même personnage, chez nous, s'appelait Glouton, Serval ou Wolverine suivant les tra…) (…) (…Wait…). Ce titre, énigmatique (sauf quand il est remplacé par le plus banal «  Légende du Roi des Singes  »), est peut-être une référence à Lao Tseu. (vous savez, celui de Tintin et le Lotus Bleu , « alors je vais vous couper la tête », tout ça).    C'est à perdre la tête, quand on y pense. Car Lao Tseu, après une vie de méditation face à la folie du monde et des hommes, enfourcha un jour un buffle qui ne lui avait rien demandé et s'en fut vers l'Ouest, et on ne l'a plus jamais revu. En chemin,

Défense d'afficher

 J'ai jamais été tellement lecteur des Defenders de Marvel. Je ne sais pas trop pourquoi, d'ailleurs. J'aime bien une partie des personnages, au premier chef Hulk, dont je cause souvent ici, ou Doctor Strange, mais... mais ça s'est pas trouvé comme ça. On peut pas tout lire non plus. Et puis le concept, plus jeune, m'avait semblé assez fumeux. De fait, j'ai toujours plus apprécié les Fantastic Four ou les X-Men, la réunion des personnages ayant quelque chose de moins artificiel que des groupes fourre-tout comme les Avengers, la JLA ou surtout les Defenders.   Pourtant, divers potes lecteurs de comics m'avaient dit aimer le côté foutraque du titre, à sa grande époque.   Pourtant, ces derniers temps, je me suis aperçu que j'avais quelques trucs dans mes étagères, et puis j'ai pris un album plus récent, et je m'aperçois que tout ça se lit ou se relit sans déplaisir, que c'est quand même assez sympa et bourré d'idées.   Last Defenders , de J

Le Messie de Dune saga l'autre

Hop, suite de l'article de l'autre jour sur Dune. Là encore, j'ai un petit peu remanié l'article original publié il y a trois ans. Je ne sais pas si vous avez vu l'argumentaire des "interquelles" (oui, c'est le terme qu'ils emploient) de Kevin J. En Personne, l'Attila de la littérature science-fictive. Il y a un proverbe qui parle de nains juchés sur les épaules de géants, mais l'expression implique que les nains voient plus loin, du coup, que les géants sur lesquels ils se juchent. Alors que Kevin J., non. Il monte sur les épaules d'un géant, mais ce n'est pas pour regarder plus loin, c'est pour regarder par terre. C'est triste, je trouve. Donc, voyons l'argumentaire de Paul le Prophète, l'histoire secrète entre Dune et le Messie de Dune. Et l'argumentaire pose cette question taraudante : dans Dune, Paul est un jeune et gentil idéaliste qui combat des méchants affreux. Dans Le Messie de Dune, il est d

Magic Steve

« Par les hordes hurlantes d'Hoggoth et les mille lunes de Munoporr ! » Et dans un déluge psychédélique d'effets lumineux, le Docteur Strange se débarrasse d'une meute de goules gargantuesques. Puis il rentre dans son sanctuaire de Greenwich Village et le fidèle Wong lui prépare un bon thé vert qui draine bien partout où il le faut, parce qu'il faut garder la forme, n'est-ce pas.   Mais si l'on interrogeait un spécialiste des arts magiques (au pif, Alan Moore, qui de surcroît ne s'est à ma connaissance jamais exprimé sur Doctor Strange , c'est bien, je peux lui faire dire à peu près ce que je veux, du coup), il risque de nous répondre avec un ricanement amusé et très légèrement narquois (en ce qui concerne Alan Moore et ce qu'il pense des mages fictifs, vous pourrez avec profit vous reporter à ses déclarations concernant Harry Potter , et au sort qu'il fait subir à Harry dans le dernier tome de Century ). Et il aurait d'ailleurs raison.

Nécrologie ou résurrection

 Hasard du calendrier, voici que ressurgit d'outre-tombe un personnage mort-vivant apparu dans un récit de Spawn, le "Necrocop", créations frankensteinienne de savants fous cherchant à créer un Spawn qu'ils pouvaient contrôler. Ce qui était sans doute illusoire, vu que les créateurs du vrai Spawn n'ont jamais pu contrôler leur propre mort-vivant. Back to the retour (Dans Scorched : L'Escouade Infernale tome 3) Bref. Pourquoi j'en parle ? Parce que derrière les savants-fous, il y avait des auteurs. Les vrais créateurs du personnage, ce sont Jeff Porcherot (alias Arthur Clare) et... moi-même. Et c'était y a pile vingt ans, ce qui ne nous rajeunit pas. Spawn Simonie , où était apparu le personnage, était un beau projet, une coédition entre Semic, l'éditeur de Spawn en France à l'époque, et Todd McFarlane, créateur et éditeur du personnage, qui nous a prêté son jouet. C'était exactement ça, quelque chose de beaucoup plus détendu que ce à quoi n