Accéder au contenu principal

Miscellanées cinéphiliques

Cette histoire de Goldfinger dont je vous entretenais dernièrement m'a donné envie de me refaire une petite cure de Bond. De toute façon, ça ne fait jamais de mal. Et donc, en quelques jours, ce sont plusieurs opus (opi ?) que je me suis mis dans les mirettes.

On ne vit que deux fois a toujours été parmi mes préférés. Belle bande-son, beau Blofeld (Donald Pleasance, souvent imité, jamais égalé), démesure complète, combat de sumo et attaque géante de ninjas dans un volcan, à une époque qui précède largement la mode des ninjas. Je vénère ce film, trébuchant toujours sur le fil du naouaque sans jamais totalement tomber dedans.

J'ai enchaîné avec
Quantum of Solace, que je n'avais pas encore vu.

Bon, on m'avait dit pis que pendre de
Quantum of Solace, et en fait, c'est un assez honnête remake de Permis de Tuer. C'est assez curieux, cependant. Autant, Casino Royale, c'était un Bond, pas de souci. Un Bond remanié, un Year One de Bond post Crisis* intégrant l'air du temps cinéphilique, mais un Bond sans erreur possible.

Alors pourquoi ai-je eu l'impression de regarder un
Jason Bourne, là ?

Beaucoup de poursuites montées avec des effets à la con, qui sont effectivement de la ressucée malhabile de Greengrass sur Bourne, mais par ailleurs, un bon développement des rapports entre M (Judy Dench, toujours impeccable) et 007. Je suis moins emballé que par
Casino Royale, mais ça reste tout à fait convenable. Le défaut, de fait, c'est que ça vient après les Bourne et MI3, et ça se met dans la roue, sans dépasser les modèles, ça perd en spécificité bondienne, du coup. Le Leiter "post crisis" est très bien, et "Quantum", le Spectre post Crisis a du potentiel. Ça reste quand même curieux, ce reboot de la franchise. Je suis dubitatif, du coup. Et vu que la suite a été interrompue en cours de route, je sais pas comment ça aurait évolué

Après le Bond post crisis, du coup, je me suis dit que bon, autant se faire dans la foulée ce qui aurait dû être le
Dark Knight** de Bond : Jamais plus Jamais. Je crois que pour résumer, on n'était pas à une Connery près. Ce Bond vieillissant qui reprend du service, ça aurait pu être un film crépusculaire et génial. à l'arrivée, c'est un remake friqué d'Opération Tonnerre. C'est sympa, il y a plein de belles choses, mais bon, ça aurait pu être tellement mieux.

Il me fallait un retour aux sources, du coup. Ce fut
Docteur No. Je ne l'avais pas revu depuis bien quinze ou vingt ans. Ce qui est marrant, c'est que les éléments de la mythologie de Bond ne sont pas encore décantés : pas de prégénérique, pas de gadgets, et même la démesure (la base de No) est traitée petit budget, avec des bizarreries de rythme. Et du coup, le méchant est nettement sous-traité, à un degré presque George Lucasien (c'est un truc qui m'avait déjà frappé, le fait que No soit si peu présent dans le film, au contraire d'un Goldfinger, par exemple). C'est là qu'on sent qu'il a fallu quand même trois films à la série pour trouver ses marques. Mais gros plaisir quand même de le revoir dans une copie remastérisée après des années de vieilles VHS.

Après tout ça, et une semaine un peu monomaniaque, du coup, je me suis revu
Minuit dans le Jardin du Bien et du Mal, de Clint Eastwood, avec Kevin Spacey, John Cusack et Allison Eastwood (la fille de) (ça doit faire peur de la draguer, elle : elle est grave mimi, mais je soupçonne le papa d'être capable des pire trucs si les prétendants ne lui conviennent pas, Harry Callahan style).

C'est un film que j’avais toujours pris en cours de route et par morceaux lors de ses passages télé, et dont j’avais donc une vision fragmentaire et elliptique. Mais un film fascinant, aussi. Parce que c’est un hyper bouzino concept : c’est Clint Eastwood qui fait un Chabrol, sans déconner. C’est un petit merdeux de journaleux New Yorkais (Cusack) qui gratte la croûte des vilains petits secrets de la vieille bourgeoisie d’un patelin du Sud. Et on est dans la turpitude crapoteuse. Et il y a un perso de vieux travelo black sur le retour (le film étant plus ou moins adapté d’une histoire vraie, il est d'ailleurs dans son propre rôle), mais avec une classe et une présence absolument incroyables, très très impressionnant. Avec tous les clichés du gros Sud réac qui tache, mais un point de vue étrange, aussi, presque Lynchien, parfois, mais en plus détaché, plus froid, moins cauchemardesque, presque documentaire.

J’aime vraiment ce film, sans trop savoir quoi en penser. Très classique dans la forme, il a néanmoins un côté un peu ovni.



* Les fans de comics comprennent bien évidemment exactement ce que je veux dire avec la notion de "post crisis". Les autres, bien entendu, n'y comprendront goutte. Je leur recommande donc d'aller voir par . Ils ne comprendront pas plus, mais au moins, ils se feront un peu leur culture au passage.

** Quand je parle de Dark Knight, il ne s'agit bien entendu pas du film de Nolan (excellent au demeurant), mais de la BD Dark Knight Returns de Frank Miller, qui présente un Batman vieillissant se radicalisant pour un baroud d'honneur. Trois générations de fans de comics espèrent que ce sera adapté au cinéma avant la mort de Clint Eastwood, le seul homme au monde qui puisse porter la défroque de ce Dark Knight là. Puisqu'on y est, tiens, l'acteur américain Adam West fut pressenti pour interpréter Bond avant que Connery ne signe pour son sixième film (Les Diamants sont Eternels). À l'époque, West jouait Batman à la télévision américaine, mais Dana Broccoli, épouse de Cubby, se souvenait qu'il avait été « envisagé ». Comme de son côté, Clint avait été pressenti pour faire Pile-ou-Face dans la série Batman, on peut imaginer un univers parallèle assez vertigineux.

Commentaires

artemus dada a dit…
Je partage ton avis sur Minuit dans le jardin du bien et du mal, et alors me diras-tu ... oui, et alors ?!
Odrade a dit…
Adam West ?

Le frère de James-les-pantalons-les-plus-moulants-de l'West ?


O.
Alex Nikolavitch a dit…
tiens, à propos de Minuit dans le Jardin, la Lady Chablis est décédée la semaine dernière. une pensée pour ce personnage incroyable et étrangement charismatique.

Posts les plus consultés de ce blog

Medium

 Un truc que je fais de temps en temps, c'est de la médiation culturelle. Ce n'est pas mon métier, mais je connais suffisamment bien un certain nombre de sujets pour qu'on fasse appel à moi, parfois, pour accompagner des groupes scolaires dans des expos, des trucs comme ça. Là, on m'a appelé un peu à l'arrache pour accompagner une animation interactive sur les mangas, et notamment les mangas de sport, avec des groupes de centres de loisirs. Bon, c'est pas ma discipline de prédilection, j'ai révisé un peu vite fait. Le truc, c'est qu'on m'en a causé la semaine passée. La personne qui devait s'en charger était pas trop sur d'elle. La mairie du coin (dans une banlieue un poil sensible) voyait pas le truc bien s'emmancher, la patronne d'une asso où je donne des cours l'a su, a balancé mon nom, m'a prévenu... Et c'en était resté là. Je restais à dispo au cas où. On m'a rappelé ce matin "bon, on va avoir besoin de t...

Le grand livre des songes

 Encore un rêve où je passais voir un de mes éditeurs. Et bien sûr, celui que j'allais voir n'existe pas à l'état de veille, on sent dans la disposition des locaux, dans les gens présents, dans le type de bouquins un mix de six ou sept maisons avec lesquelles j'ai pu travailler à des titres divers (et même un peu d'une agence de presse où j'avais bossé du temps de ma jeunesse folle). Et, bien sûr, je ne repars pas sans que des gars bossant là-bas ne me filent une poignée de bouquins à emporter. Y avait des comics de Green Lantern, un roman, un truc sur Nightwing, un roman graphique à l'ambiance bizarre mettant en parallèle diverses guerres. Je repars, je m'aperçois que j'ai oublié de demander une nouveauté qui m'intéressait particulièrement, un autre roman graphique. Ça vient de fermer, mais la porte principale n'a pas encore été verrouillée. Je passe la tête, j'appelle. J'ai ma lourde pile de bouquins sous le bras. Clic. C'était ...

Beware the blob

La perversion alimentaire prend parfois des allures d'apostolat suicidaire. Que ce soit en termes de picole ou de bouffe, il m'arrive de taper dans le bizarre et de tenter des expériences qui tétaniseraient d'effroi une créature lovecraftienne. Comme on a les amis qu'on mérite, et que j'ai dû commettre des ignominies sans nom dans une vie antérieure, certain de mes amis, camarades et autres proches ont aussi leur bouffées culinaro-délirantes. C'est ainsi que certain libraire sévissant dans une grande enseigne vendant de la culture neuve et d'occasion dans le quartier étudiant de Paris m'a initié à toutes sortes de pickles qui arrachent la gueule et à des boissons polonaises que même les Polonaises évitent de prendre au petit déjeuner. C'est aussi ce douteux personnage (ou un ami commun exilé, je ne sais plus, il y a des traumas que l'esprit humain tente miséricordieusement de brouiller) qui m'avait fait découvrir la pâte à tartiner au spe...

The road to the War Zone

Il m'arrive parfois de mettre le nez sur la provenance gougueule de mes lecteurs : le système de ce blog me permet en effet de savoir quelles requêtes gougueule ont amené ici les gens qui ne me connaissaient pas (parce que les gens qui me connaissent ont depuis longtemps l'adresse de la War Zone, vous vous en doutez*). Et à chaque fois, je suis surpris, et souvent atterré. Que "Alex Nikolavitch" ou "War Zone" (mais parfois, visiblement, il s'agit de gens cherchant des infos sur la suite d'un jeu vidéo, je crois) ou Crusades caracolent en tête des requête, c'est un peu normal. Fulchibar aussi (si vous ne savez pas ce qu'est le fulchibar, ne vous en faites pas, nous non plus, mais c'est justement à ça que tient le concept) (et puis le fulchibar, ça ne s'explique pas. ça se vit). Les noms de personnalités évoquées dans ces pages servent aussi de point d'entrée, comme Vlad Drakul, Frédéric Lefebvre, Makhno, Tesla ou Crowley. C'est...

Tombent les renards en feu

Ça faisait des années que j'utilisais et que je défendais Firefox, ce navigateur internet qui est le très lointain héritier de l'antédiluvien Netscape. L'outil était puissant, rapide, efficace, des lieux devant l'immonde Explorer. Mais depuis les mises à jour de cet été, tout déconne. Gestion du Java complètement aléatoire, persistances d'affichage anormales, perte de la prise en compte de balises HTML pourtant classiques... Et à chaque nouvelle mise à jour, je me prends à espérer que ces problèmes seront réglés, et à chaque nouvelle mise à jour, c'est pire. Tout se passe comme si la Mozilla Corporation, éditeur du logiciel, était devenue Microsoft de la grande époque. Firefox 6.0 sur Mac, c'est un merdier total. Et la version 5, sortie deux mois plus tôt, déconnait déjà dans les grandes largeurs. J'envisage très sérieusement de passer à un autre navigateur. Je n'aime pas ça : j'ai mes habitudes, mes paramétrages, mes kilos de signets, et il v...

Trop de la Bal

 Bon, parmi les petits plaisirs angoumoisins, hormis les moments passés avec des amis et amies qu'on voit trop peu, hormis les bouteilles, hormis les expos d'originaux, il y a aussi fouiller dans les bacs. C'est ainsi que j'ai mis la main à vil prix sur un Savage Sword of Conan dans la collection Hachette. Je dois avoir dix ou douze de ces bouquins réimprimant au départ les aventures des années 70, publiées à l'époque en noir et blanc et en magazine, du célèbre Cimmérien de Robert E. Howard, souvent pris pour lire dans le train, quand j'en chopais un à la gare. Autant dire que ma collection est salement dépareillée. Mais comme ce sont à chaque fois des récits complets, ça n'a guère d'importance. En fait, c'est typiquement la série dans laquelle vous pouvez taper au pif sans trop de risque de déception.      Celui-ci, le n°5, je m'en voulais de l'avoir raté et je n'avais pas réussi à remettre la main dessus par la suite. Graphiquement y a...

L'éternel retour

 Bon, c'est l"heure de notre traditionnelle minute d'expression gueuledeboitesque de fin janvier début février. Mon ressenti (page de Marvano à l'expo SF) (c'est toujours un moment fort de voir les originaux de pages tellement frappantes qu'elles se sont gravées à vie dans votre tête) Jeudi : Je n'avais pas prévu d'arriver le jeudi, au départ. Après cinq mois de boulot ultra-intense, déjà à genoux avant même le festival, je me disais qu'une édition plus ramassée à mon niveau serait plus appropriée. Divers événements en amont m'amènent à avancer largement mon arrivée. Il y a une réunion de calage sur un projet qui doit se faire là-bas, plutôt en début de festival. Dont acte. Ça m'amène à prendre les billets un peu au dernier moment, de prendre les billets qui restent en fonction du tarif aussi, donc là j'ai un changement, ça cavale, et je suis en décalé, ça aura son importance. Quand j'avais commencé à préparer mon planning, j'ava...

Unions, ré-unions, il en restera toujours quelque chose si on s'y prend pas comme des chancres

 Bon, j'en ai jamais fait mystère, mais j'ai tendance à faire savoir autour de moi que la réunionite est un peu le cancer de notre société moderne. Je supporte pas les grandes tablées où, passé l'ordre du jour ça oscille entre le concours de bite et la branlette en rond, pour des résultats concerts qui seraient obtenus en règle générale avec un mail de dix lignes.   éviter la Cogip   Quoi ? Oui, je suis inapte au simagrées du monde de l'entreprise moderne, chacun de mes passages dans des grands groupes m'a convaincu que c'étaient des carnavals de... non, aucun mot utilisable en public ne me vient. Et mes passages aux conseils d'administrations d'associations n'ont pas été mieux. Le problème, ce n'est même pas la structure, qu'elle soit filiale d'un truc caquaranqué ou petit truc local tenu avec des bouts de ficelle. Et pourtant, des fois, faut bien en passer par là, j'en ai conscience. Voir les gens en vrai, se poser autour d'une ...

à Angoulème en dédicaces

Le festival d'Angoulème approche, c'est pour la fin du mois. Il faut commencer à s'organiser. Alors si vous avez un agenda,  notez donc ça : En plus de mes passages au stand des éditions La Cafetière, bulle New York, je serai en dédicaces sur l'espace Champ de Mars au stand du MOTIF. Vendredi 27 de 17 à 19 heures Samedi 28 de 14 à 16 heures Dimanche 29 de 12 à 14 heures Venez nombreux !

Space jesuit ecolo on the run !

Dans mon rêve de cette nuit, j'étais un Jésuite de l'espace chargé d'étudier l'écologie d'une planète nouvellement découverte. Sauf que des colons avaient accidentellement introduit des espèces terriennes et étaient en train de bousiller l'écosystème, du coup. Au camp de base numéro 4, je me souviens distinctement avoir expliqué à un cosmonaute "les charmes et les lapins se sont magnifiquement adaptés, hélas". Le tout dans un décor insolite et grandiose de forêt extraterrestre dont des morceaux commençaient de plus en plus à ressembler au bois de Meudon, me demandez pas pourquoi. Le truc, c'est qu'en me réveillant, il me semble que cette histoire de jésuite écolo n'est pas qu'une production enfiévrée de mon esprit malade. Il me semble avoir lu un roman de SF dans le genre. J'ai de bons souvenirs du Cas de Conscience de James Blish, du père Carmody créé par P.J. Farmer,et il y a des jésuites dans Hypérion de Dan Simmons. Je précis...