"Nous en avons assez de ce procès politique qui est instrumentalisé sur la personne d'Eric Woerth."
C'est de Xavier Bertrand.
Et force est de reconnaître que ça ne veut pas dire grand-chose. On voit bien que l'étude du Français à l'école n'est plus ce qu'elle était, si nos élites deviennent incapables d'employer des mots compliqués en faisant des phrases qui tiennent la route. à la décharge de M. Bertrand, il faut reconnaître que le mot "instrumentalisé" relève plutôt du vocabulaire trotsko, et donc que pour lui, c'est quasiment une langue étrangère. Faut-il qu'il soit aux abois pour recourir aux éléments de langage de partis qui ont une vraie culture dialectique, au lieu de se contenter de débiter du Frédéric Lefebvre dans le texte. Mais quand même. Lors de déclarations publiques, il pourrait faire des efforts.
"instrumentalisé sur"... Je... Non, quoi.
Commentaires
Ta langue change, ce n'est pas sale, même si parfois tu la trouve laide et qu'il y pousse des boutons.
Quand on regarde trente secondes la chaîne parlementaire et qu'on voit ce que font les députés, entre deux questions stupides et réponses convenues (comme par hasard, les réponses sont toutes prêtes, même quand c'est un député de l'opposition qui pose la question)...
Et même en dehors de ça, pendant ce temps, les autres (enfin, ceux qui ont pris la peine de venir) font des mots croisés, papotent, font la sieste, regardent des vidéos sur leur portable, envoient des SMS... Et j'en passe.
C'est assez terrifiant d'inutilité flagrante.
A côté de ça, oui, les petites bourdes, ça me fait rire, mais ça ne dépare pas du reste et ça ne me surprend plus.
on est en plein dans les "éléments de langage" distribués par les service de comm' pour marteler des mots clés.
intéressant de voir, d'ailleurs, que la maitrise d'éléments de langage est aussi au coeur du système de la scientologie, pour ne citer qu'elle.
Avant la dernière guerre d'Irak, personne n'aurait su dire ce qu'était une "Arme de Destruction Massive"... Bon, personne ne le sait maintenant non plus, mais le terme est connu.
J'avais dénoncé en mon temps le fameux "citoyen", et nous avons longuement parlé de "naturel" et "bien être"...
"instrumentalisation" fait aussi très bien le boulot.
Sinon, les "éléments de langage" sont dans la chrétienté depuis pas mal de temps déjà. Il y a, bien sûr, les mots spéciaux de la liturgie... Mais aussi ces espèces de phrases néologiques inventées qui n'ont aucun sens...
"Entrez dans l'espérance"... C'est où, ça ? "Peuples qui cherchez le chemin de vie..."... "Vivez dans Jésus Christ"... "Renouvelez toute choses en Christ"... Quoi, dans son cadavre ?!
C'est pas pire que le cannibalisme à la messe, cela dit...
Ce genre de petites phrases lâchées aux journalistes ne le sont que rarement au hasard, surtout quand il s'agit de ce genre de mots.
C'est sans doute seulement à moitié une bourde...
On a dû lui dire d'utiliser le mot, et il a fait une phrase bâtarde avec, voilà tout.
Sinon, surveille un pu les déclarations de Patrick Balkany (par exemple... il y en a un ou deux autres)... C'est le "testeur" du nain de l'Elysée. Il lance des petites phrases et des idées du genre "untel devrait démissionner" ou "ce n'est pas le genre de choses qu'on attend d'un préfet"... ou "il faut faire quelque chose pour..."...
Il teste l'eau, il permet de jauger les réactions, et, si tout va bien, Sarkozy se lance juste derrière. Et, entre autres petits exercices, il lance aussi des buzzwords.
Alors ça fait super sophistiqué, comme ça, voire conspirationniste... C'est effectivement un métier, hein, que de manipuler le "spin". Mais c'est souvent fait de manière tellement conne, et on assiste à de tels plantages en beauté, comme un million de petites phrases que l'Histoire ne retiendra pas mais qui sont lancées, comme ça, au hasard, au cas où l'une d'elles sonnrait juste...
Ben, ça fait rire, en fin de compte, tous ces imbéciles qui tirent maladroitement le tissu bigarré de l'opinion et des médias vers eux... jusqu'à ce que ça casse et finissent par se retrouver clownesques, seulement vêtus d'un peu d'arlequin rapiécé...
Tout ça pour ça.
Pour Bertrand, oui, on est dans le mot à coller impérativement dans les phrases à la presse, histoire de marteler une idée forte en la réduisant à ses composants essentiels (réductionnisme qui est en général fatal à toute idée un peu construite).
quant à ta dernière métaphore, elle renvoie, j'imagine, à Carlyle (Thomas, pas Robert), qui s'affligeait déjà, en son temps, des contorsions des politiciens.