Accéder au contenu principal

Ceux qui vont rester vous saluent bien

Une discussion récente autour de The Leftovers, la série écrite par Damon Lindelof, m'a conduit à expliciter un ou deux trucs. Et comme ça prolonge une réflexion que j'avais entamée dans Apocalypses ! Une brève histoire de la fin des temps (encore une toute petite poignée d'exemplaires dispo chez un éditeur évoquant Méchoui 100.000 volts, profitez-en tant qu'il en reste), je me suis dit que j'allais remettre ça en forme et vous l'expliciter.

Ça faisait un certain temps que pas mal de gens me disaient le plus grand bien de The Leftovers. Ça m'embêtait déjà parce que c'est signé Damon Lindelof. Et déjà, ça me ferait mal que ce type-là fasse quelque chose de bien dans sa vie. De "pas pourri", pourquoi pas. Mais de bien, c'est comme imaginer qu'Eric Ciotti puisse un jour dire un truc intelligent, dire que c'est de la science fiction serait insulter gravement la science fiction. Mais pour les besoins de la démonstration, on laissera de côté le fait que le mec ait trempé dans Lost, Cowboys vs Aliens et Prometheus. (Lindelof, je veux dire. Ciotti n'a rien à voir avec Prometheus, il ne peut pas avoir tous les défauts non plus, cet homme-là)

Comme j'ai OCS et que la série est dispo dessus, j'ai testé. Bon, ce que j’ai vu de The Leftovers m’a emmerdé. Ce qui n'a aucune importance, en fait : plein de séries qui ont cartonné ont échoué à m'intéresser et à m'y accrocher : Friends, Lost, 24, Prison Break* et j'en passe, ce sont des trucs dont les gadgets narratifs et les ficelles me semblent surfaits, et dont les personnages me sont globalement antipathiques. Si c'était ça, mon problème avec The Leftovers, je n'en parlerais même pas, d'ailleurs.

Ce qui me gène, c'est quand même que le pitch du truc soit basé sur ce qu'on appelle en français "le ravissement", faute de mieux, et que les Américains appellent "Rapture". Il s'agit d'un dogme religieux selon lequel, en préambule de l'Apocalypse, les "justes" seront enlevés au ciel et n'auront pas à assister au déchaînement de la colère de Dieu. C'est une doctrine née dans les milieux "évangéliques" qui font tache d'huile depuis quelques années dans le monde, mais qui sont quand même essentiellement un phénomène américain : c'est la mouvance des télévangélistes, des "born again christians" et du "prosperity gospel", qu'on peut considérer en première approximation comme une forme dégénérée du calvinisme.

Alors, pour commencer, le "Rapture", ça n’a rien de biblique, c’est une interprétation complètement distordue d’un passage pas clair d’une épitre de Saint Paul, 1 Corinthiens 15:51 si vous voulez voir de quoi il s'agit, et à l'arrivée, c’est une interprétation très libre et hyper pas solide sur le plan doctrinal.

Après, me direz-vous à raison, les gens ont le droit de croire à ce qu'ils veulent et même de le mettre en scène dans des fictions. Et globalement, je suis d'accord. Mais il y a ici une histoire de contexte, qui mérite qu'on s'y arrête.

Pour nous Européens (bon, je sais que je suis lu aussi un peu aux US et au Canada, si j'en crois les stats du blog, mais le gros de vous autres, c'est du local, du Français ou du Belge), le Rapture est une croyance complètement exotique, qui n'a aucun équivalent dans le Christianisme traditionnel (Catholique, Orthodoxe ou Luthérien). Aux Etats-Unis, si c'était au départ une croyance marginale, elle semble avoir gagné pas mal de terrain et faire partie du paysage : même ceux qui n'y adhèrent pas savent ce que c'est.

Voir se répandre une croyance (même en apparence anodine) venant d'une frange extrémiste est toujours inquiétant. Les évangéliques US, c'est un peu l'équivalent chrétien des wahabites pour l'Islam, un truc qui se veut un retour aux sources, mais dérive sur une conception totalitaire de la religion. C'est de là que viennent les attaques sur l'enseignement des sciences, notamment, et toutes les théories d'Intelligent Design qu'on voit aussi se répandre dans la fiction**.

Par ailleurs, c'est une doctrine qui fait assez sens dans un pays qui fait beaucoup la guerre par procuration et au loin, et gère très mal les incidents sur son propre sol (je ne dis pas que la France les gère mieux, hein, c'est pas le débat du jour). Le Rapture, c'est l'assurance pour ceux qui appellent de leurs voeux l'Apocalypse (et la destruction des méchants qu'elle entraîne) (méchants dont la définition très large est encore un autre problème, disons que quelle que soit votre valeur éthique, il y a 98% de chances si vous me lisez que vous fassiez partie de cette engeance condamnée) (et les 2% restants constituent une marge d'erreur statistique inévitable) de ne pas avoir à l'assumer en la contemplant en face de trop près.

Du coup, voir une série télé grand public diffusée à l'international mais basée sur le Rapture, surtout par les temps qui courent aux US, ça me semble plus que malsain. C’est la version « grand public », vendable à l'international et moins conspirationniste de Left Behind, un truc bien perché qui a cartonné dans les milieux évangéliques sous forme d'abord de bouquins, puis d'une série de films à petit budget, puis d'un machin avec Nicolas Cage (et là, on se disait chouette, sa présence suffit à planter le truc pour de bon, mais visiblement ses pouvoirs top moumoute n'ont pas suffi).

C'est là que le fait que The Leftovers soit apparemment bien écrit qui me gène : Left Behind avait cartonné en son temps auprès d'un public acquis à son idéologie, mais demeurait globalement de la merde, c'était à ranger avec le rock chrétien et ces tentatives d'avoir l'air cool tout en vendant de la bondieuserie : ça ne marche qu'avec un public de niche, assez acquis aux idées pour pouvoir le consommer, mais pas trop, parce que sinon ce genre de divertissement est encore trop entaché des pratiques "du monde" pour être admissible chez un vrai, un pur, un beau.

Dans une logique de soft power, le succès de The Leftovers prouve qu'on a franchi une espèce de seuil.

Mais là, un peu d'histoire et de temps long. Le protestantisme, et particulièrement dans sa version calviniste, s'est constitué en réaction aux excès de l'église catholique de l'époque. Le retour à une "pureté originelle" s'est accompagné d'une volonté de dépouillement, cette fameuse austérité protestante devenue chez nous un cliché convoqué dès qu'un protestant arrive à un poste à responsabilités (rappelez-vous ce qu'on disait de Lionel Jospin). Ce côté iconoclaste (au sens religieux du terme) a induit avec le temps un déficit structurel en termes d'imagerie et de culture de l'image. Les protestants peuvent être iconiques (les Puritains font partie du folklore mondial), mais leurs dogmes ne le sont pas. Les liens entre protestantisme et capitalisme moderne (je vous renvoie à Max Weber) font par ailleurs que de nos jours, le télévangéliste de base est visuellement indiscernable du capitaine d'industrie : même costume-cravate sombre, même montre luxueuse, même coupe de cheveux ostensiblement chère. Le prosperity gospel, selon lequel Dieu récompense par la richesse, et qui fait donc du pauvre quelqu'un d'intrinsèquement inférieur sur le plan moral***, conduit aussi à cette convergence dans la mise en scène de la respectabilité.

Ça pose problème quand la civilisation devient une civilisation de l'image. Vouloir diffuser son message dans une civilisation de l'image implique de se créer une imagerie propre. Et c'est comme ça, par exemple, que dans les années 70 le film l'Exorciste, produit donc par Hollywood et donc des protestants et des juifs, emprunte une imagerie catholique pour mettre en scène le sacré. Ses exorcistes sont jésuites et portent le col romain, excellent moyens de les iconiser, de les montrer directement comme religieux. S'ils avaient été pasteurs évangéliques ou mormons, ils auraient porté un costume sombre, un cravate sombre et une chemise claire, et on aurait pu les confondre avec des représentants de commerce, et le film aurait été gâché.

C'est parce que cet imaginaire du sacré est encore inféodé à l'imagerie catholique que, dans les années 60, Anton LaVey dota son église de Satan de rituels en latin. Au moment même où l'église catholique lève officiellement le pied sur l'obsession envers Satan, ses pompes et l'Apocalypse. Comme ces obsessions demeurent le fond de commerce des évangéliques et des mouvances marginales du protestantisme américain (toutes les branches du millerisme, etc.), une église de Satan n'a pourtant de sens que dans un contexte américain. D'où paradoxe dans le paradoxe.

Du coup, faute d'imagerie propre, cette mouvance évangélique, pourtant très militante et très active politiquement, se retrouve dans une impasse. On l'a vu avec le lent grignotage des idées de droite, dans la guerre d'usure que mène Poutine, dans la diffusion des idées conspirationnistes aussi grâce à la fiction, le combat politique se mène d'abord dans l'arène culturelle.

Pour les évangéliques, ça change avec Left Behind qui, si naze soit la série au départ, trouve dans le Rapture un élément spécifique aux évangéliques qui est dramatisable, inconisable, exploitable. Un marqueur. Un moyen de faire du soft power. Peut-être que j'ai tout faux, peut-être que je me fais des idées, mais pour moi, The Leftovers, du coup, c'est un peu le même principe que ces séries TV arabes basées sur les Protocoles des Sages de Sion.



*Et par ailleurs, plein de gens de mon entourage détestent Preacher ou la deuxième saison de True Detective, et moi j'adore. C'est très bien, sur le fond, qu'il y en ait pour tous les goûts, et que Friends existe pour les adultes en carton qui sont incapables de se prendre en charge. Comment ça, je trolle ?

**J'avais écrit il y a quelques temps de ça un papier évoquant ce point précis.

***Vous pigez maintenant pourquoi je me méfie de la diffusion des idées des protestants évangéliques ? Vous voyez les dégâts ?

Commentaires

Photonik a dit…
Un papier très intéressant, et érudit comme d'hab'... mais démenti par le final de la série, je crois. Et même par tout le déroulement de celle-ci. J'ai pour ma part été très séduit par "The Leftovers", et comme tu le subodores, c'est surtout la qualité d'écriture qui impressionne : c'est de très loin le travail le plus abouti de Lindelof en la matière.
Attention, je spoile un brin (mais pas beaucoup) : à la fin de la troisième et ultime saison, un personnage principal raconte avoir percé le "mystère". L'astuce de Lindelof, c'est que le spectateur est libre de croire ou pas ce perso ; c'est censé en dire long sur le spectateur, bien plus que sur le personnage lui-même. En gros, soit elle ment et la "disparition" reste un phénomène inexpliqué que les bigots (bien malmenés par la série, en fait) pourront toujours considérer comme le fameux "Rapture" biblique, ou une approximation qui y ressemble, soit elle dit la vérité et c'est en fait la piste SF qui est privilégiée (l'humanité aurait été séparée en deux par un phénomène cosmique et chaque moitié, les 2 % d'un côté et le restant de l'autre, vit dans une terre parallèle à l'autre, façon "Fringe").
Perso, j'ai "choisi" de croire le perso, et donc la face lumineuse des interprétations possibles. De la façon dont je le vois, Lindelof teste bien la "foi" du spectateur, mais pas sa foi religieuse, plutôt sa foi dans l'explication fantastico-merveilleuse-SF...
Alex Nikolavitch a dit…
Merci, l'ami !

N'ayant pas creusé la série plus que ça, j'en étais resté sur la thématique, et donc visiblement, tu désamorce la moitié des trucs qui m'inquiétaient. Tant mieux, hein.
jyrille a dit…
Merci d'avoir écrit cet article qui m'éclaire un peu plus que les précédents échanges. Comme je te le disais, je devrai faire des recherches moi-même car je n'ai pas le centième de ton érudition, et tu soulèves des points très intrigants.

De mon côté nous discutons avec un ami des scénarios de la première saison, et il soulève des interprétations que je n'ai pas vu du tout, mais qui font sens vers un prosélytisme que je déteste. C'est assez étonnant, car comme le souligne Photonik, toute la série démonte les charlatans des sectes, ne prouve rien sur une existence possible de dieu, ne donne pas de morale, et fournit des pistes SF ou fantastiques bien loin de l'imagerie de la religion (ou alors est-ce une imagerie moderne, revisitée ? Je ne pense pas, puisque la plupart des personnages n'ont aucun attrait pour la religion, la rejette, et se confrontent à ceux qui ont un fort attachement à cette même religion catholique).

Je ne voulais pas dévoiler la fin, mais si elle te rassure, alors Photonik a bien fait. Encore merci.
Alex Nikolavitch a dit…
Comme je dis toujours, je ne demande pas mieux qu'on me donne tort. Si Leftovers n'est pas un sous-marin propagandiste, tant mieux. Et si Lindelof devient compétent, ça me patafiole les organes, mais tant mieux aussi !
Présence a dit…
Merci pour cette explication claire et documentée.
Stanislas Gros a dit…
Bonjour, je viens de reparler de cette série avec Jyrille et il me renvoie à cet article, enfin bref, je viens pour te donner raison.
Déjà cette fin (que j'avoue n'avoir pas vue, comme toi j'ai trouvé cette série assommante et n'ai pas pu dépasser les 4 ou 5 épisodes, je ne connaissais pas cette croyance du rapture, ce qui m'a alerté c'était plutôt les allusions religieuses un peu partout et certaines idées bizarres,réacs ou complotistes. Comme je n'y connais rien j'avais soupçonné des témoins de Jehovah ^^) n'est absolument pas rassurante : la question n'est pas vraiment de savoir si le rapture est l'oeuvre de Dieu ou de je ne sais quelle mystérieux phénomène cosmique, le problème c'est... de mettre en scène le rapture, c'est ça qui est un discours de secte. Ensuite elle essaie probablement de se distinguer d'une religion ordinaire, elle nous met probablement en garde contre les autres religieux qui sont tous des charlatans et vous propose sa version à elle, qui semble plus rationnelle mais ne l'est pas (puisque le rapture n'existe pas, il ne peut pas y avoir d'explication rationnelle, elle est fatalement un peu mystique, même si ça se voit moins).
Je pense que Lindelof est compétent et qu'il sait très bien ce qu'il fait, comment le faire et pourquoi, en particulier je me suis aperçu que les spectateurs avaient souvent des interprétations très variées des scènes et des personnages qu'ils ont vus, ceux qui détestent les flics vont trouver le flic odieux, ceux qui les défendent vont le trouver sympa, pareil pour chaque personnage. En fait quand on regarde de près, ils sont traités de manière extrêmement neutre, on a très peu d'informations sur eux, leur psychologie et leurs motivations ne sont jamais clairement indiqués. Mon hypothèse c'est que c'est fait exprès pour que le le spectateur projette un peu ce qu'il veut sur eux. A l'arrivée chaque spectateur a l'impression d'avoir vu le flic qu'il avait envie de voir, ou le pasteur qu'il avait envie de voir et s'y est attaché. Un de mes amis a même réussi à voir de l'humour dans l'épisode ahurissant où les héros sont à la recherche du Jésus de la Crèche.
Un passage a achevé de me convaincre que j'avais affaire à une secte : un fonctionnaire se met à réciter un article de loi anti-secte pour faire obstacle à une action (j'ai oublié laquelle, il s'agissait sans doute de sauver des vies), bref la loi anti-secte est vue comme un vrai danger. Si vous voulez vérifier je crois que c'est dans l'épisode 5 de la première saison, enfin moi c'est là que j'ai abandonné l'affaire.
A l'époque ça m'avait agacé mais je n'avais pas pris ça très au sérieux, mais depuis je me suis rendu compte que d'autres films ou série ressemblaient à the Leftovers, c'est souvent moins flagrant (pas forcément de référence au rapture) mais il y a cette même ambiance morne, des allusions bibliques pénibles (qui passent sans doute inaperçues pour qui ne les connaît pas), souvent de très belles images, avec des chefs op prestigieux et une musique souvent issue du courant minimaliste, comme celle de Richter, et les personnages vides dont la psychologie est laissée à l'imagination des spectateurs : les autres productions de Lindelof comme Prometheus (grosse allusion créationniste au début dans mon souvenir) ou Watchmen (et je n'ai jamais vu Lost mais rien que le titre...), mais aussi ceux de Villeneuve, du moins les deux derniers, et plus récemment Tale of the Loop (Romanek aux images, Glass à la musique. ça aurait pu être TELLEMENT COOL!). Tout ça m'inquiète encore plus en cette période de pandémie qui semble très propice aux conversions à des croyances cheloues.

Enfin voilà, je ne sais pas trop que faire de ces réflexions, alors je les pose ici. En tout cas je suis heureux de me rendre compte qu'au moins je ne suis pas seul à penser ça de cette série.
Alex Nikolavitch a dit…
alors, le Rapture, c'est plus une croyance des Evangéliques (les Témoins de Jéhovah n'ont pas d'équivalent dans leur doctrine), mais c'est un peu la case à côté.
j'ai pas plus creusé Leftovers depuis cet article, mais on m'a signalé que la fin levait une partie de mes objections, ce qui est possible. Pour avoir vu Watchmen, qui m'a un peu réconcilié avec Lindelof, je découvre que c'est un type plus fin qu'il ne m'avait semblé au départ et que, notamment sur Prometheus, il a eu à se débattre de la note d'intention toute pétée de Scott. Je dis pas que tout Watchmen est réussi (Lindelof essaie des trucs, et se rate par moments), mais l'épisode sur Le Miroir, avec son passé de prédicateur endimanché qui, même émancipé, ne parvient pas à se libérer de sa paranoïa, m'a semblé très intéressant, justement par rapport à tout cet arrière plan religieux.

sur le créationnisme en SF et Prometheus, j'avais fait une vidéo :
https://youtu.be/YjsycXbS_cs
qui développe un peu ça, sur le sens que ça peut avoir (ce n'est pas forcément de la propagande, et je ne crois pas que ça en soit dans le cas de Prometheus, justement, c'est plus le reflet des angoisses métaphysiques de Scott depuis la mort de son frère)

Posts les plus consultés de ce blog

Aïe glandeur

Ça faisait bien longtemps que je ne m'étais pas fendu d'un bon décorticage en règle d'une bonne bousasse filmique bien foireuse. Il faut dire que, parfois, pour protéger ce qu'il peut me rester de santé mentale, et pour le repos de mon âme flétrie, je m'abstiens pendant de longues périodes de me vautrer dans cette fange nanardesque que le cinéma de genre sait nous livrer par pleins tombereaux. Et puis parfois, je replonge. Je repique au truc. De malencontreux enchaînements de circonstances conspirent à me mettre le nez dedans. Là, cette fois-ci, c'est la faute à un copain que je ne nommerai pas parce que c'est un traducteur "just wow", comme on dit, qui m'avait mis sur la piste d'une édition plus complète de la musique du film Highlander . Et qu'en effet, la galette était bien, avec de chouettes morceaux qui fatalement mettent en route la machine à nostalgie. "Fais pas le con, Niko ! Tu sais que tu te fais du mal !" ...

Send in the clowns

Encore un vieux texte : We need you to laugh, punk Y'avait un cirque, l'autre week-end, qui passait en ville. Du coup, on a eu droit aux camionnettes à hauts-parleurs qui tournaient en ville en annonçant le spectacle, la ménagerie et tout ça, et surtout aux affiches placardées partout. Et pour annoncer le cirque, quoi de plus classique qu'un portrait de clown, un bel Auguste au chapeau ridicule et au sourire énorme ? Démultiplié sur tous les murs de la ville, ce visage devient presque inquiétant. Un sourire outrancier, un regard masqué sous le maquillage, une image que la répétition rend mécanique. Ce sourire faux, démultiplié par le maquillage, voire ce cri toutes dents dehors, que le maquillage transforme en sourire, c'est la négation de la notion même de sourire. Le sourire, c'est une manière de communiquer, de faire passer quelque chose de sincère, sans masque. Un faux sourire, a fortiori un faux sourire maquillé et imprimé, fracasse cet aspect encor...

Sonja la rousse, Sonja belle et farouche, ta vie a le goût d'aventure

 Je m'avise que ça fait bien des lunes que je ne m'étais pas penché sur une adaptation de Robert E. Howard au cinoche. Peut-être est-ce à cause du décès de Frank Thorne, que j'évoquais dernièrement chez Jonah J. Monsieur Bruce , ou parce que j'ai lu ou relu pas mal d'histoires de Sonja, j'en causais par exemple en juillet dernier , ou bien parce que quelqu'un a évoqué la bande-son d'Ennio Morricone, mais j'ai enfin vu Red Sonja , le film, sorti sous nos latitudes sous le titre Kalidor, la légende du talisman .   On va parler de ça, aujourd'hui Sortant d'une période de rush en termes de boulot, réfléchissant depuis la sortie de ma vidéo sur le slip en fourrure de Conan à comment lui donner une suite consacrée au bikini en fer de Sonja, j'ai fini par redescendre dans les enfers cinématographiques des adaptations howardiennes. Celle-ci a un statut tout particulier, puisque Red Sonja n'est pas à proprement parler une création de Robert H...

Images du soir

Je ne sais pas si vous allez parfois faire un tour sur les blogs dont je donne opportunément l'adresse dans la barre latérale du mien. Dans le tas, il y en a qui se font une spécialité de diffuser de vieilles images d'autres temps, genre par exemple des illustrations de SF antédiluvienne à grand papa. Le genre de truc dont je suis grave fan. Celle-ci convoque tellement de symboles disparates que je me refuse même à les énumérer. Ça flirte bien avec le notion de dissonance cognitive dont je vous rebat régulièrement les esgourdes C'est aussi pour des raisons comme ça que je voulais devenir héros de la conquête spatiale Ça, c'est une couverture de Keleck pour un roman de Norman Spinrad J'aime beaucoup son boulot, à Keleck, il est bien dérangeant. Un seul artbook était sorti à ma connaissance, à une époque où j'avais pas le rond. Il est introuvable de nos jours, bien entendu. Décidément, je ne connaissais pas ce Cartier mais j...

Plein les mirettes en attendant

Hop, deux petits extraits du Livre de Sod , qui est, vous le savez si vous avez tout bien suivi, le tome 3 de Crusades , cette tonitruante saga que j'écris avec Izu, et qui est illustrée par rien moins que Zhang Xiaoyu, qui sait y mettre la petite dose de Carmina Burana qui va bien.

Hail to the Tao Te King, baby !

Dernièrement, dans l'article sur les Super Saiyan Irlandais , j'avais évoqué au passage, parmi les sources mythiques de Dragon Ball , le Voyage en Occident (ou Pérégrination vers l'Ouest ) (ou Pèlerinage au Couchant ) (ou Légende du Roi des Singes ) (faudrait qu'ils se mettent d'accord sur la traduction du titre de ce truc. C'est comme si le même personnage, chez nous, s'appelait Glouton, Serval ou Wolverine suivant les tra…) (…) (…Wait…). Ce titre, énigmatique (sauf quand il est remplacé par le plus banal «  Légende du Roi des Singes  »), est peut-être une référence à Lao Tseu. (vous savez, celui de Tintin et le Lotus Bleu , « alors je vais vous couper la tête », tout ça).    C'est à perdre la tête, quand on y pense. Car Lao Tseu, après une vie de méditation face à la folie du monde et des hommes, enfourcha un jour un buffle qui ne lui avait rien demandé et s'en fut vers l'Ouest, et on ne l'a plus jamais revu. En chemin, ...

En repassant loin du Mitan

 Bilan de la semaine : outre un peu de traduction, j'ai écrit  - 20000 signes d'un prochain roman - 20000 signes de bonus sur le prochain Chimères de Vénus (d'Alain Ayrolles et Etienne Jung - 30000 signes d'articles pour Geek Magazine    Du coup je vous mets ci-dessous un bout de ce que j'ai fait sur ce roman (dans l'univers du Mitan, même si je n'ai plus d'éditeur pour ça à ce stade, mais je suis buté). Pour la petite histoire, la première scène du bouquin sera tirée, poursuivant la tradition instaurée avec Les canaux du Mitan, d'un rêve que je j'ai fait. Le voici (même si dans la version du roman, il n'y aura pas de biplans) . On n'est pas autour de la plaine, cette fois-ci, je commence à explorer le vieux continent :   Courbé, il s’approcha du fond. À hauteur de sa poitrine, une niche était obstruée par une grosse pierre oblongue qu’il dégagea du bout des doigts, puis fit pivoter sur elle-même, dévoilant des visages entremêlés. Une fo...

Coup double

 Ainsi donc, je reviens dans les librairies le mois prochain avec deux textes.   Le premier est "Vortace", dans le cadre de l'anthologie Les Demeures terribles , chez Askabak, nouvel éditeur monté par mes vieux camarades Melchior Ascaride (dont vous reconnaissez dans doute la patte sur la couverture) et Meredith Debaque. L'idée est ici de renouveler le trope de la maison hantée. Mon pitch :   "Les fans d'urbex ne sont jamais ressortis de cette maison abandonnée. Elle n'est pourtant pas si grande. Mais pourrait-elle être hantée par... un simple trou dans le mur ?" Le deuxième, j'en ai déjà parlé, c'est "Doom Niggurath", qui sortira dans l'anthologie Pixels Hallucinés, première collaboration entre L'Association Miskatonic et les éditions Actu-SF (nouvelles).  Le pitch :  "Lorsque Pea-B tente un speed-run en live d'un "mod" qui circule sur internet, il ignore encore qu'il va déchainer les passions, un ef...

Les polonaises pourront en lire au petit déjeuner

Pendant la petite semaine que je m'étais accordé dans un moment de sybaritisme débridé*, passée à m'empiffrer de charcuterie et de fromage, à bouquiner et à écrire (j'ai bouclé une jolie nouvelle se déroulant dans la dernière décennie du quinzième siècle, et je ne sais pas du tout quoi en foutre ni à quel éditeur la proposer), je suis tombé en arrêt sur des séries de panneaux. C'était sponsorisé par le Conseil Général (je ne sais plus si on dit encore comme ça) ou le Conseil Régional, ou une quelconque Chambre de Commerce, j'ai oublié. Et donc, ça annonçait une dotation de 75.000 euros dans un concours des créateurs d'entreprises innovantes. J'ai trouvé l'idée excellente. Par les temps qui courent, ce ne sont pas les banques qui vont aider à innover (j'ai lu dernièrement une statistique indiquant que les entrepreneurs se faisant le plus facilement financer par les banques, ces temps-ci étaient ceux lançant des trucs de proximité, genre ongleries,...

Perte en ligne

 L'autre soir, je me suis revu Jurassic Park parce que le Club de l'Etoile organisait une projo avec des commentaires de Nicolas Allard qui sortait un chouette bouquin sur le sujet. Bon outil de promo, j'avais fait exactement la même avec mon L'ancelot y a quelques années. Jurassic Park , c'est un film que j'aime vraiment bien. Chouette casting, révolution dans les effets, les dinos sont cools, y a du fond derrière (voir la vidéo de Bolchegeek sur le sujet, c'est une masterclass), du coup je le revois de temps en temps, la dernière fois c'était avec ma petite dernière qui l'avait jamais vu, alors qu'on voulait se faire une soirée chouette. Elle avait aimé Indiana Jones , je lui ai vendu le truc comme ça : "c'est le mec qui a fait les Indiana Jones qui fait un nouveau film d'aventures, mais cette fois, en plus, y a des dinos. Comment peut-on faire plus cool que ça ?" Par contre, les suites, je les ai pas revues tant que ça. L...