Puisque c'est le Jour du Seigneur*, je vais en profiter pour revenir sur un détail rigolo.
Peut-être vous souvenez-vous que, dans l'Exode, le Peuple était précédé dans le désert par une colonne de flammes qui lui montrait le chemin (le peuple n'est pas malin : il aurait compris plus tôt que la colonne le perdait délibérément, il aurait peut-être mis un peu moins de quarante ans à arriver à destination) (c'est un peu "Mamie n'a pas mis son GPS à jour", cette histoire). Classiquement, pour l'Histoire Sainte, cette colonne de feu (et la colonne de fumée qui va avec) est un miracle de Dieu, tout ça, comme la manne, l'armée égyptienne engloutie dans la Mer Rouge et ainsi de suite.
Tiens, parlons-en, de l'armée égyptienne. Parce que cette image d'une troupe précédée par les flammes, elle apparaît à plusieurs reprises dans des textes égyptiens de la fin de l'Âge du Bronze. Parfois de façon apparemment littérale (des peuples barbares brûlant tout ce qu'ils rencontraient devant eux), soit d'une façon plus métaphorique, dans les récits de campagnes des pharaons, où le sens est un peu moins clair, mais le grand roi se vante d'avoir été précédé par le feu.
Au fur et à mesure de ces occurrences égyptiennes, j'en vins à concevoir une petite théorie que je vous soumets, du coup.
La fin de l'âge du bronze fut une période de troubles dans tout le bassin oriental de la Méditerranée, et les descriptions de troupes barbares détruisant des villes s'inscrivent dans ce contexte, troubles qui coïncident apparemment avec l'installation des Hébreux au pays de Canaan (le terme "Palestine", incidemment, provient des Philistins, peuple ayant débarqué à peu près vers la même époque en provenance semble-t-il de la Mer Egée).
Mais si les événements décrits dans l'Exode sont censément contemporains de ces armées précédées de flammes, sa transcription est plus tardive. C'est le même cas que pour l'Illiade : événements datant selon la tradition de cette époque de transition, mais transcrits par Homère au moins trois siècles plus tard. La colonne de flammes de l'Exode ne serait-elle pas une sorte de fossile linguistique ou poétique, le rappel qu'à la fin de l'âge du bronze, une description d'armée incluait celle des flammes qui la précédaient, au même titre que le "bouclier haut comme une tour" d'Ajax, dans l'Illiade, n'existait déjà plus dans le faits au moment où l'Illiade est censée se dérouler, et encore moins à l'époque d'Homère ?
Ça vaudrait le coup de vérifier, un jour, si de telles descriptions perdurent dans les récits de campagne égyptiens datés de l'âge du fer.
*en fait, si j'en parle aujourd'hui c'est juste parce que je suis tombé là-dessus tout récemment
Peut-être vous souvenez-vous que, dans l'Exode, le Peuple était précédé dans le désert par une colonne de flammes qui lui montrait le chemin (le peuple n'est pas malin : il aurait compris plus tôt que la colonne le perdait délibérément, il aurait peut-être mis un peu moins de quarante ans à arriver à destination) (c'est un peu "Mamie n'a pas mis son GPS à jour", cette histoire). Classiquement, pour l'Histoire Sainte, cette colonne de feu (et la colonne de fumée qui va avec) est un miracle de Dieu, tout ça, comme la manne, l'armée égyptienne engloutie dans la Mer Rouge et ainsi de suite.
Tiens, parlons-en, de l'armée égyptienne. Parce que cette image d'une troupe précédée par les flammes, elle apparaît à plusieurs reprises dans des textes égyptiens de la fin de l'Âge du Bronze. Parfois de façon apparemment littérale (des peuples barbares brûlant tout ce qu'ils rencontraient devant eux), soit d'une façon plus métaphorique, dans les récits de campagnes des pharaons, où le sens est un peu moins clair, mais le grand roi se vante d'avoir été précédé par le feu.
Au fur et à mesure de ces occurrences égyptiennes, j'en vins à concevoir une petite théorie que je vous soumets, du coup.
La fin de l'âge du bronze fut une période de troubles dans tout le bassin oriental de la Méditerranée, et les descriptions de troupes barbares détruisant des villes s'inscrivent dans ce contexte, troubles qui coïncident apparemment avec l'installation des Hébreux au pays de Canaan (le terme "Palestine", incidemment, provient des Philistins, peuple ayant débarqué à peu près vers la même époque en provenance semble-t-il de la Mer Egée).
Mais si les événements décrits dans l'Exode sont censément contemporains de ces armées précédées de flammes, sa transcription est plus tardive. C'est le même cas que pour l'Illiade : événements datant selon la tradition de cette époque de transition, mais transcrits par Homère au moins trois siècles plus tard. La colonne de flammes de l'Exode ne serait-elle pas une sorte de fossile linguistique ou poétique, le rappel qu'à la fin de l'âge du bronze, une description d'armée incluait celle des flammes qui la précédaient, au même titre que le "bouclier haut comme une tour" d'Ajax, dans l'Illiade, n'existait déjà plus dans le faits au moment où l'Illiade est censée se dérouler, et encore moins à l'époque d'Homère ?
Ça vaudrait le coup de vérifier, un jour, si de telles descriptions perdurent dans les récits de campagne égyptiens datés de l'âge du fer.
*en fait, si j'en parle aujourd'hui c'est juste parce que je suis tombé là-dessus tout récemment
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