Cette fois, une liste format familial par l'excellent Saul Pandelakis (La séquence Aardtman).
1/
Lorsqu’il affrontait Minotaurillons, Gargoules, Centibras et autres Barnaclins, le héros Attawulf se posait toujours la question d’à quoi ressemblaient leurs parents. Il était invariablement déçu. Des gens ordinaires, au mieux les souverains de quelque île misérable.
2/
Lorsque la reine Gargantrade fut prête à donner naissance à l’héritière du trône, il fallut courir chercher une sage-ogresse, seule à même de l’assister dans son travail.
Une princesse de 72 livres, quand même, dont les cornes royales poussaient déjà.
3/
Le mariage, chez les Octagides, ne ressemblait aux pratiques d’aucun autre peuple. On mettait en garde les gens tentés par une union mixte. Ils ne comprenaient, ni d’un côté ni de l’autre, à quoi ils s’engageaient. Le divorce, lui, se jouait au duel de cornemuses.
4/
Chez le prince Nandulf, il n’y avait pas que l’hérédité à être chargée. La sélection naturelle impitoyable constituée par les banquets à la bière d’ogre sur 20 générations avait calé son cerveau sur une forme de coma éthylique partiel. Le parti conservateur l’adorait.
5/
Le rototo royal après le repas était devenu une cérémonie majeure sous du règne de Brionkard XIV, couronné à 3 semaines. Le conservatisme de la cour était tel qu’il s’y pliait encore à 70 ans, et ses descendants aussi jusqu’à la révolution dite des flatulents.
6/
À l’époque, on comptait la population en foyers, en nombre de cheminées en ville. La raréfaction du bois de chauffe modifia les habitudes. Les familles les plus pauvres eurent recours à des systèmes collectifs. La chancellerie royale perdit toute notion démographique.
7/
L’empire du nécromant décourageait les unions inter espèces. C’est pourquoi de plus en plus d’orcs faisaient défection vers le grand duché, plus libéral. Prolifiques, ils repeuplèrent les Marches en deux générations et les hybrides reconquirent les terre ancestrales.
8/
-Barbare de père en fils ? Non papa, je veux devenir poète.
-Scalde, alors. Tu chanteras les exploits de tes compagnons.
-J’ai vérifié, ils font dans l’épopée en 5000 vers. Moi qui aime le haïku...
-Écris les en runes, alors, tu les graveras sur des épées.
-Papaaaa!
9/
L’art royal était si stéréotypé que chaque portrait ressemblait à tous les autres. Il fallait une multiplicité de codes visuels pour reconnaître les souverains, sujets des tableaux. Casaque rouge pour Arnulf II le timide, cravache en main pour Grontabert le cinglant.
10/
Le pavillon de chasse de Gherturic était surtout sa garçonnière où il organisait des fiestas avec ses comtes. Il finit par l’agrandir et en faire un palais secondaire, où il logeait ses maîtresses. La reine Bertregarde fit brûler le tout, avec son mari dedans.
11/
Le problème des dynasties consanguines comme celle les Puiduphoux, c’était qu’à force tout le monde se ressemblait dans la famille. Heureusement, des malformations toujours plus spectaculaires et uniques réglèrent ce problème en quelques générations.
12/
Le drame en ce pays, c’était la succession patrilinéaire : les reines ne donnaient que des filles aux rois. En 5 siècles, on tenta 4 fois d’amender la loi, et chaque fois le clergé lança la révolte. On finit par pendre rois et curés pour instaurer une république.
13/
-Je suis ton père, annonça le seigneur ténébreux au jeune rebelle qui le défiait L'arme au poing.
-Et ?
-Comment ça, et ?
-Tu n'as toujours pas compris que nous étions en guerre contre le patriarcat justement ? C'est la princesse que nous allons porter au pouvoir.
14/
Même (ou surtout) dans la haute noblesse, il fallait lutter contre des croyances absurdes à propos des enfants et de leur fabrication. Le fait que les confesseurs conjugaux soient des moines n'aidait pas. Certaines dynasties avaient le sang non pas bleu mais tonsuré.
On avait retrouvé le manuscrit autographe, mémoires du glorieux ancêtre fondateur de la dynastie. Il s'avéra qu'en plus de ses autres qualités, il était honnête et disait tout. Ses descendants n'hésitèrent pas. On brûla discrètement le parchemin et ses découvreurs.
Enfants incestueux, adoptés, naturels, meurtriers de frangin pour usurper. Ça faisait beaucoup de secrets de famille dans la dynastie, beaucoup de trouvères butés parce qu'ils faisaient des allusions. Le prince Cralicula, maintenait les apparences au prix fort...
Les cadets de famille, notamment dans la province de Gasqueroigne, montaient souvent à la capitale pour intégrer la Garde et s'y faire un nom. Mais leurs propres lignées produisaient ensuite leurs propres cadets, qui finissaient par rallier les troupes provinciales.
Après des années de guerre, des années en mer, des épreuves sans nombre, Oddylysse posa enfin le pied sur l'île dont il était roi. Son fils Téléquraphe, assis sur le trône depuis des années, vit cela d'un mauvais oeil, le déclara imposteur et le fit embastiller.
Le roi Philomènard IV ne comprenait pas tout ce qu'on lui racontait et voulait comprendre pourquoi il ne comprenait pas. Il y avait un mot, notamment, inceste, proféré lors de son mariage avec sa cousine. Il saisit alors. Cela devait équivaloir à "tradition royale".
À la 3e épidémie de peste, on simplifia les rituels funéraires pour les familles nobles ou royales. Plus d'exposition du corps dans la salle de banquet, plus de procession en catafalque ouvert. La maladie recula assez vite mais clercs et crieurs restaient sceptiques.
Avec toutes ses responsabilités protocolaires la reine mère était devenue un ciment symbolique du royaume. À sa mort, on décida de ne pas attendre l'avènement du prochain roi, et on fit de la fonction de reine mère une charge élective, au grand dam des chambellans.
La maison Darquonaine avait mauvaise réputation, mais il y avait là une part de jalousie. Ces gens étaient indispensables au duché, et beaucoup moins hypocrites que les autres familles nobles côté méthodes. On refusait néanmoins de leur donner des filles en mariage.
Le chambellan avait un livret pour se retrouver dans l'arbre généalogique complexe de la famille royale, et le mettait à jour régulièrement. Un rival fit enchanter son encrier ; les notes se transformèrent. Bientôt, le livret raconta une toute autre histoire...
24/
Embaucher des nourrices, c'était une chose. Mais quand le mage Rigobert proposa que la reine garde la ligne en embauchant une mère de substitution, il rencontra des résistances. Il y avait déjà bien assez de bâtards royaux sans en rajouter des... officiels.
Après les errements d'époques exploitant le sol au point de le détruire fut inscrit dans la loi le respect de la "bio-logique". Comprendre la nature pour lui permettre de se renouveler en douceur. la crise ayant divisé la population par 4, ce fut facile à imposer.
La branche cadette de la dynastie semblait accepter son rôle subalterne. En fait, elle était seulement retorse et patiente. À la première occasion, une intoxication alimentaire élimina les trois héritiers du trône. Et une attaque d'ours curieuse, le roi lui-même.
Qui donc avait eu la brillante idée d'inviter aussi les cousins de la main gauche à la cousinade ? De vieux secrets furent révélés brutalement et le règlement de comptes immédiat réduisit d'un tiers le volume de cette famille. La vendetta qui suivit fit le reste.
L'alchimiste Grondulf explorait ce qu'il appelait la déhène pour comprendre la généalogie de chacun. Il découvrit des bâtardises dans la famille royale et fut brûlé avec ses travaux, sauf un feuillet qui permit de discrètement élaguer l'arbre de succession.
La guerre de succession fut tranchée d'une façon originale. Les deux prétendants aux trône se virent proposer une colocation pour le palais et le royaume. Après maintes tractations on doubla le cabinet de toilette et le cellier et le conflits fut (à peu près) réglé.
La reine était captive, enlevée par le roi à un rival, couronnée sous la menace des armes. La guerre s'ensuivit sans parvenir à la libérer. Elle mit dix ans à se créer un réseau à la cour. Pas de spadassins, de juristes. Elle obtint le divorce et plusieurs provinces.
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