Accéder au contenu principal

After

Je suis épaté par ma propre capacité à encaisser les résultats électoraux.

Par ailleurs, ça vaut vraiment le coup d'étudier la carte détaillée ville par ville. Il y a une espèce d'ancrage rural, périphérique, au vote FN, ce qu'avaient déjà noté des sociologues. Ça semble se confirmer en examinant ces cartes, ces grandes taches marquant le territoire comme un lichen dégueulasse.

En tout cas, on s'habitue, en fait, j'ai l'impression. Ce qui est très curieux, quand même, c'est cette capacité qu'ont les politiciens d'envergure nationale à basculer dans le grotesque, alors que les occasions que j'ai eu, dernièrement, de discuter avec des élus locaux, même d'autres bords politiques que le mien, ont toujours été enrichissantes, riches de points de vue concrets sur des problématiques réelles. Mais arrivés à une certaine hauteur, faut croire que ça esquinte. Il suffisait de capter les exercices de langue de bois des uns et des autres, les crises de déni violent, les repassages de patate chaude et les premiers coups couteaux dans le dos en vue des inévitables recompositions. Quelques uns, pourtant, restent dignes dans l'exercice, voire l'épreuve, du commentaire des résultats. Mais ce n'est pas la majorité du genre.

Notons que, dans leur programme, les deux survivants du premier tour étaient contre la prise en compte du vote blanc. Maintenant, nous voyons bien pourquoi. Ils avaient tous les deux peur de voir l'élection invalidée si trop nombreux étaient ceux qui refusaient de choisir.

Je dis ça, je dis rien. Dans mon entourage, ce débat a un caractère houleux. Mais je crois qu'il est temps de le tenir, ce débat, et de ne pas s'en tenir aux grandes imprécations visant à culpabiliser ceux qui ne se reconnaissent pas dans les échappés d'école de commerce qui faisaient péter le champagne hier soir, de ne pas en vouloir à ceux qui ne voient pas trop où est le "notre" dans "c'est notre projeeeeet". L'hystérisation du vide, ça va cinq minutes.

Et notons que du coup, son champion étant adoubé, Valls en profite pour repointer le bout de son nez, alors qu'on s'en croyait débarrassés pour longtemps. Tout comme, dans la foulée de 2002, quand il s'est agi de faire barrage au FN et de gérer la suite, on s'est ramassé Sarkozy dont on pensait jusqu'alors qu'il était carbonisé à jamais depuis 1995…

Bref, oui, je suis de mauvais poil. Oui, je sais que ce que je dis ici va me valoir un paquet de récriminations. Oui, je sais que nous sommes peu ou prou dans la situation qu'a connue l'Amérique en Novembre. Mais en 2002, un Chirac grillé a réussi à jouer ce coup-là pour remporter une élection qu'il ne pouvait pas gagner. Aujourd'hui, un Hollande dont plus personne ne veut a réussi à placer un type en carton qui poursuivra sa politique. On nous refait le même coup. La Cinquième République a vécu, et elle est en train de mourir dans des affres crapoteux.

Le bulletin blanc n'a pour l'instant aucune valeur institutionnelle, et ce n'est pas avec ces deux-là que ça changera.

Mais il peut avoir, je crois, une valeur morale. Par les temps qui courent, la valeur morale, c'est rare et précieux.

Et ensuite, il y aura les législatives. Et c'est là qu'il faudra vraiment voter, et rendre ingouvernable ce pays.

Commentaires

Zaïtchick a dit…
Voter blanc donne trop d'importance au scrutin. je pense que ne pas se déplacer emmerde davantage. Après tout, ceux qui ont annulé un référendum ont validé l'abstention.
Alex Nikolavitch a dit…
Par principe, je tiens à m'exprimer.
tonton Rag a dit…
Je rappelle que c'est donner à Hollande ou à Macron une importance qu'ils n'ont pas quand tu dis que Macron poursuivra la politique de Hollande.
Ce n'est ni à l’Élysée, ni à Matignon, ni en France que se définit la politique économique de la France. Un changement institutionnel majeur est passé avec le "mini traité" imposé par Sarkosy, contre le vote des Français au référendum de 2005 et les média ne le commentent pas : la politique économique de la France est définie par les GOPE : grandes orientations de politiques économiques, qui sont décidées par la commission européenne. Les traités européens imposent que les gouvernements appliques ces GOPE, même si elle sont appelées "recommandations".
Les bus Macron ? C'était dans les GOPE.
La loi El Komrie ? C'était dans les GOPE.
L'impôt sur le revenu prélevé à la source ? C'était dans les GOPE.
La prochaine hausse de la TVA ? C'était dans les GOPE.
La prochaine baisse des charges patronales ? C'était dans les GOPE.
Le prochain coup de boutoir dans le droit du travail ? C'était dans les GOPE .
Que ce soit Hamon, Macron Fillon ne change rien. Ils devront appliquer les GOPE . en fait, le seul candidat qui n'aurait pas appliqué les GOPE, c'est celui qui en parlait, pour les dénoncer. Ceux qui ne les dénoncent pas (y compris Mélenchon, Cheminade, Le Pen et Lassalle) auraient appliqué les GOPE.

Pour en savoir plus, je recommande de lire :

https://www.upr.fr/actualite/europe/gope-nos-gouvernements-subordonnes-a-commission-europeenne-preuve

Posts les plus consultés de ce blog

Bonneteau sémantique

Bon, même si j'ai pas vraiment d'éditeur en ce moment, pour les raisons que vous savez (si vous êtes éditeur et que je vous ai pas encore embêté en vous envoyant mes trucs, manifestez-vous), je continue à écrire.   Avec le temps, j'en ai déjà causé, je suis devenu de plus en plus "jardinier", en ce sens que quand je commence à écrire, je n'ai plus qu'un plan très succinct, indiquant juste la direction du récit et ses grosses balises et je me laisse porter par les situations et les personnages. Bon, une des raisons, c'est que quand je faisais des plans détaillés, j'en foutais la moitié au panier en cours de route. Une autre, c'est que je me fais plus confiance, à force. Là où j'ai changé mon fusil d'épaule, c'est que le truc sur lequel je bosse en ce moment est un roman d'anticipation (développant l'univers posé dans quelques unes de mes nouvelles, on retrouve d'ailleurs un personnage) et pas de fantasy. Mon plan se rédui...

La pataphysique, science ultime

 Bon, c'est l'été. Un peu claqué pour trop mettre à jour ce blog, mais si j'en aurais un peu plus le temps que les mois précédents, mais là, justement, je souffle un peu (enfin presque, y a encore des petites urgences qui popent ici et là, mais j'y consacre pas plus de deux heures par jour, le reste c'est me remettre à écrire, bouger, faire mon ménage, etc.) Bref, je me suis dit que j'allais fouiller dans les étagères surchargées voir s'il y avait pas des trucs sympas que vous auriez peut-être loupés. Ici, un papier d'il y a déjà huit ans sur... la pataphysique.     Le geek, et plus encore son frère le nerd, a parfois une affinité avec la technologie, et assez souvent avec les sciences. Le personnage du nerd fort en science (alors que le « jock », son ennemi héréditaire, est fort en sport) est depuis longtemps un habitué de nos productions pop-culturelles préférées. Et, tout comme l’obsession du geek face à ses univers préféré, la démarche de la science ...

Boy-scouts go home !

 Bon, je suis plus débordé que je ne l'aurais cru en cette période. Du coup, une autre rediff, un article datant d'il y a cinq ans. Au moment où Superman se retrouve à faire équipe avec Guy Gardner à l'écran, c'est peut-être le moment de ressorti celui-ci. Les super-héros sont des gentils propres sur eux affrontant des méchants ridicules, avec une dialectique générale qui est, selon le cas, celle du match de catch ou de la cour de récré. C’est en tout cas l’image qu’en a une large partie du grand public. Certains, notamment Superman, correspondent assez à ce cliché. D’autres héros s’avèrent moins lisses, et contre toute attente, ça ne date pas d’hier : aux origines des super-héros, dans les années 1930-40, on est même très loin de cette image de boy-scouts. Les héros de pulps, ancêtres directs des super-héros, boivent et courent la gueuse comme Conan, massacrent à tour de bras, comme le Shadow ou lavent le cerveau de leurs adversaires comme Doc Savage. Superman, tel que...

Fils de...

Une petite note sur une de ces questions de mythologie qui me travaillent parfois. Je ne sais pas si je vais éclairer le sujet ou encore plus l'embrouiller, vous me direz. Mon sujet du jour, c'est Loki.  Loki, c'est canoniquement (si l'on peut dire vu la complexité des sources) le fils de Laufey. Et, mine de rien, c'est un truc à creuser. Chez Marvel, Laufey est représenté comme un Jotun, un géant. Et, dans la mythologie nordique, le père de Loki est bien un géant. Sauf que... Sauf que le père de Loki, en vrai, c'est un certain Farbauti, en effet géant de son état. Un Jotun, un des terribles géants du gel. Et, dans la poésie scaldique la plus ancienne, le dieu de la malice est généralement appelé fils de Farbauti. Laufey, c'est sa mère. Et, dans des textes un peu plus tardifs comme les Eddas, il est plus souvent appelé fils de Laufey. Alors, pourquoi ? En vrai, je n'en sais rien. Cette notule n'est qu'un moyen de réfléchir à haute voix, ou plutôt...

Causes, toujours

 Dans la mesure où j'ai un peu de boulot, mais que ce n'est pas du tout intense comme ça a pu l'être cette année, j'en profite pour tomber dans des trous du lapin de documentation, qui vont de la ville engloutie de Kitej (pour une idée de roman avec laquelle je joue depuis l'an passé mais que je ne mettrai pas en oeuvre avant de l'avoir bien fait mûrir) à des considérations sur les influences platoniciennes sur le christianisme et le gnosticisme primitifs (pour me tenir à jour sur des sujets qui m'intéressent de façon personnelle) à des trucs de physiques fondamentale pour essayer des comprendre des choses sans doute trop pointues pour moi.     Là, ce soir, c'étaient des conversations entre physiciens et un truc m'a fait vriller. L'un d'entre eux expliquait que la causalité est une notion trop mal définie pour être encore pertinente en physique. Selon lui, soit on la repense, soit on la vire. Il cite un de ses collègues britanniques qui disai...

Rebooteux

 Bon, on a profité de l'été pour se faire des sorties cinés avec la tribu Lavitch. Et comme il y a un tropisme comics par ici, ça a été Superman et Fantastic Four.     Pas grand-chose à dire sur le FF , qui est dans la moyenne des films Marvel en termes de scénar, mais bénéficie d'une belle direction artistique et d'un ton qui, pour le coup, colle assez avec ce qu'on était en droit d'attendre d'un film sur le quatuor le plus emblématique des comics, et qu'aucun des films précédents qui leur étaient consacrés n'arrivait à approcher (à part peut-être un peu le Corman, mais on reconnaîtra que c'est un cas particulier). Pas le film de l'année, mais un moment fun et coloré. On notera que prendre une actrice qui s'appelle Kirby pour faire le personnage le plus stanleesque de la bande ne manque pas d'ironie, mais elle fait bien le job, donc...  Fun et coloré, ce sont aussi des mots qui viennent à l'esprit en voyant le Superman , James Gunn ...

Romulus et Rémus sont dans un vaisseau

 Comme il y a des domaines sur lesquels je suis toujours un poil à la bourre, j'ai enfin vu Alien : Romulus . J'avais eu l'intention d'y aller en salle, mais pour des problèmes d'emploi du temps, ça ne s'était pas fait. Et de toute façon, vous le savez si vous me lisez depuis longtemps, j'avais signé l'avis de décès de la licence Alien il y a déjà quelques années. Bon, hier soir, après avoir passé quelques heures en recherches perso sur des sujets obscurs (le proto-canon paulinien de Marcion, ça vous parle ? Probablement pas), je me suis calé devant la télé, et en fouillant dans les menus des plateformes, je suis tombé sur Romulus et je me suis dit : allez. Y a quinze jours, en faisant la même démarche, j'étais tombé sur le documentaire de Werner Herzog sur Bokassa. Pas exactement le même délire. Je ne m'attendais pas à grand-chose. J'avais vu passer des critiques pas très sympa. Ceci dit, les bandes annonces m'avaient fait envie : décor...

Sur la route encore

 Longtemps que je n'avais pas rêvé d'un voyage linguistique. Ça m'arrive de temps en temps, je ne sais pas pourquoi. Là j'étais en Norvège, je me retrouve à devoir aller dans le nord du pays pour accompagner un groupe, je prends un ferry puis une sorte de car pour y aller. Une fois sur place, on se fait une forteresse de bois surplombant un fjord, c'est féérique et grandiose. Pour le retour, pas de car. On me propose un camion qui redescend par la Suède, j'accepte le deal. Je me retrouve à voyager à l'arrière d'abord puis, après la douane, je passe devant avec le conducteur qui parle un français bancal et son collègue co-pilote qui cause un anglais foireux. Bon baragouine en suivant des routes tortueuses entre des pins gigantesques. Y a des étapes dans des trucs paumés où on s'arrête pour manger, un début de bagarre qu'on calme en payant une bouffe à tout le monde. Des paysages chouettes. Je suis jamais arrivé à destination, le réveil a sonné, ma...

Dans la vallée, oho, de l'IA

 J'en avais déjà parlé ici , le contenu généré par IA (ou pour mieux dire, par LLM) envahit tout. Je bloque à vue des dizaines de chaînes par semaine pour ne pas polluer mes recommandations, mais il en pope tous les jours, avec du contenu de très basse qualité, fabriqué à la chaîne pour causer histoire ou science ou cinéma avec des textes assez nuls et des images collées au petit bonheur la chance, pour lequel je ne veux pas utiliser de bande passante ni perdre mon temps.   Ça me permet de faire un tri, d'avoir des vidéos d'assez bonne qualité. J'y tiens, depuis des années c'est ce qui remplace la télé pour moi. Le problème, c'est que tout le monde ne voit pas le problème. Plein de gens consomment ça parce que ça leur suffit, visiblement. Je suis lancé dans cette réflexion en prenant un train de banlieue ce matin. Un vieux regardait une vidéo de ce genre sans écouteurs (ça aussi, ça m'agace) et du coup, comme il était à deux places de moi, j'ai pu en ...

Coming out

C'est un énorme scandale que celui qui secoue la blogosphère. Amina, la blogueuse syrienne qui couvrait l'explosion de son pays était en fait un écossais de 40 ans un peu désœuvré. C'est un choc pour tout le monde. Un séisme numérique. Du coup, comme pour l'affaire DSK qui a fait ressurgir toutes les coucheries saumâtres des uns et des autres (et plus curieusement, des histoires d'emplois fictifs dans des universités, mais là, ce sont les étudiants et les contribuables qui se font baiser), nous risquons l'opération mains-propres sur le Web 2.0 que nous avons mis tant de sueur, de posts et de pixels à bâtir. Ça risque d'être horrible. Une sorte d'inquisition bloguesque. Affreux. Je sais que, pour ma part, je suis un être faible et lâche, et je n'y survivrai pas (d'ailleurs, ils repassent l'Aveu , avec Yves Montand, à la téloche, ces jours-ci, et je sais que c'est exprès pour me faire flipper. quelle bande de salauds, les directeurs des pro...