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La bibliothèque de Bordel

Dans la série "petites irritations absurdes qui vous pourrissent bien la tête", je vous parlerai aujourd'hui non pas de la mycose, mais du bouquin perdu.

Mais revoyons l'action au ralenti.

L'autre jour, m'avisant que le fond d'une de mes étagères à bouquins était en train de lâcher, j'ai entrepris de la vider et de la réparer. Et comme dans mon foutoir les trucs tiennent par l'opération du Saint Esprit et la géométrie subtile qui me permet de les appuyer les uns sur les autres, cela m'a obligé à en vider une deuxième (et j'en ai profité pour la retaper aussi, parce que si son fond à elle n'avait pas encore lâché, il s'en fallait néanmoins de peu). Avec ma pratique systématique de l'optimisation spatiale par double (voire triple) rayonnage, je vous laisse imaginer la quantité de bouquins que ça pouvait représenter, posés en piles branlantes dans mon salon et mon bureau. Un spectacle apocalyptico-gastonnesque de première magnitude.

Mais l'histoire ne s'arrête pas là. La croissance organique de ma bibliothèque étant ce qu'elle est, c'est à dire qu'on empile sur l'existant à mesure des arrivées, c'était l'occasion de rationaliser un peu les choses. Et donc, de vider deux étagères de plus pour intervertir des trucs, et réorganiser toute la zone pour qu'elle soit moins branlante. D'où encore des empilements de bouquins en vrac. Le bonheur.

Réinstaller le tout, c'était également l'occasion de faire du tri et du classement. De virer des doublons (le carton pour les copains s'est rempli), de virer des trucs que je ne relirai jamais (du tout venant en polar, par exemple) (je lis de moins en moins de polar, à part encore quelques rares auteurs comme Westlake ou Kaminsky), et de regrouper des trucs qui s'étaient retrouvés dispersés dans tout le bureau, par exemple les Westlake, justement, ou les Le Guin. Des docs pour des projets passés ou à venir ont pu se regrouper un peu plus par thème (Deuxième Guerre Mondiale, Barbouzeries, Moyen-Âge, Esotérismes Divers, Théorie de la BD, Mythes, etc.).

En deux jours de temps, mon bureau-bibliothèque a changé d'allure. C'est toujours le foutoir, mais moins. Un foutoir façon théorie du chaos, avec un ordre sous-jacent inaccessible au profane. En tout cas c'est ce que je dis aux gens que l'endroit terrorise. Ça ne les rassure pas.

Dans l'opération, des centaines de bouquins me sont passés entre les pognes, forcément. Et mon nouveau rangement étant (légèrement) plus logique que l'ancien, je devrais mieux m'y retrouver.

Entretemps, une discussion avec un pote dessinateur me conduit à ressortir des tréfonds de mon disque dur des scénarios non publiés (comme je suis un grand malade, ce sont sept ou huit scénars de BD complets, écrits de la première à la dernière ligne qui traînent comme ça), et il m'en a chipé un qui le motivait, m'envoyant dans la foulée quelques très chouettes croquis. Et comme c'est un garçon méticuleux, il a croisé ses sources historiques avec les miennes. Comme le fait historique dont partait mon histoire n'a pas de version officielle (ou plus précisément, il en a au moins trois), nos notes ne coïncidaient pas totalement.

N'ayant plus tout le dossier en tête, je ressors deux ou trois bouquins acheté et compulsés à l'époque de la rédaction du scénar en question. Et je m'aperçois qu'un bouquin qui m'avait servi de source secondaire pour un ou deux détails a disparu. Le problème, c'est que ce bouquin, et je m'en souviens distinctement, il fait partie de ceux que j'ai sorti de mes étagères en déroute la semaine passée, et que je l'avais mis de côté pour… pour je ne sais plus du tout quelle raison. Mais je l'ai eu entre les mains, et je l'ai posé quelque part.

Et impossible de le retrouver.

Alors ça n'a aucune espèce d'importance (quoique très sympa, le bouquin en question était quand même assez fantaisiste en termes de réalité historique), mais j'ai retourné la moitié de mon bureau pour essayer de le retrouver. Sans succès. Je sais qu'il est là, dans un rayon de deux ou trois mètres autour du clavier qui me sert à taper ces lignes, et ça me rend dingue.

Ça existe, les sourciers pour bouquins ?

Commentaires

Côme a dit…
J'imagine que sous ses aspects anodins l'ouvrage contenait en fait quelque vérité cachée sur cet univers ou un autre, et que l'énergie chaotique concentrée dans ces quelques mètres carrés a attiré les forces occultes, qui ont barboté le bouquin en douce. C'est l'explication la plus logique.
Alex Nikolavitch a dit…
allez savoir, tiens.

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