Parmi les lieux qui reviennent de temps à autres dans mes rêves et dont la géographie semble stable ou à peu près stabilisée, il en est un que je ne vois pas souvent mais que j'affectionne particulièrement : une petite ville sur la côte. Le soir y est perpétuel, les ombres s'allongeant vers la mer ce qui me donne à penser qu'elle est orientée à l'Est. C'est une ville en pente, à flanc d'un coteau arrondi en baie, descendant vers l'eau. Elle est bâtie, du coup, en amphithéâtre centré autour d'une rade un peu décrépite où sont amarrés quelques bateaux de pêche en bois, et d'où partent en étoile des rues sinueuses. L'architecture est globalement méditerranéenne, hormis pour une zone, à gauche de la rade, où l'on trouve de grands et profonds bassins de brique qui servaient à radouber de plus gros navires, mais qui ne semblent plus être utilisés. On devine au-delà, plus loin sur la côte, une ancienne zone industrielle zébrée de canaux, que j'ai rarement explorée. C'était là l'ultime port d'attache du Dernier Bateau-Carnaval, mais ce dernier a disparu depuis longtemps et l'endroit est devenu sinistre. Je lui préfère la ville elle-même.
La lumière du soir nimbe la pierre et la chaux des maisons de teintes orangées, très chaudes, et l'endroit est quasi invariablement paisible. Il y fait bon déambuler, s'y poser sur un banc de calcaire usé et poli depuis des siècle. Dans les cours intérieures, les gens mangent, boivent et chantent, en tout cas dans les hauteurs de la ville. Je n'ose me mêler à eux, préférant rester sur mon banc à jouir de loin de ces moments de paix joyeuse, un verre de rouge à la main.
Plus l'on descend, néanmoins, plus la ville est sombre et silencieuse. Quand on arrive au bord de l'eau, la nuit est presque tombée et les vagues sont noires, ballotant les petits bateaux de pêche qui n'ont pas encore allumé leurs lanternes pour leurs sorties nocturnes.
L'avenue principale descend de façon assez raide, et je l'emprunte rarement, lui préférant ses petites sœurs au tracé plus contourné, à la pente plus douce. On y croise parfois un vieillard promenant son âne, ou un âne promenant son vieillard, je ne sais jamais trop.
Souvent, je me réveille de mes excursions là-bas avec un sentiment de grande perte, car je sais que je n'y retournerai pas de sitôt.
Mes rêves ne m'y emmènent pas assez souvent.
La lumière du soir nimbe la pierre et la chaux des maisons de teintes orangées, très chaudes, et l'endroit est quasi invariablement paisible. Il y fait bon déambuler, s'y poser sur un banc de calcaire usé et poli depuis des siècle. Dans les cours intérieures, les gens mangent, boivent et chantent, en tout cas dans les hauteurs de la ville. Je n'ose me mêler à eux, préférant rester sur mon banc à jouir de loin de ces moments de paix joyeuse, un verre de rouge à la main.
Plus l'on descend, néanmoins, plus la ville est sombre et silencieuse. Quand on arrive au bord de l'eau, la nuit est presque tombée et les vagues sont noires, ballotant les petits bateaux de pêche qui n'ont pas encore allumé leurs lanternes pour leurs sorties nocturnes.
L'avenue principale descend de façon assez raide, et je l'emprunte rarement, lui préférant ses petites sœurs au tracé plus contourné, à la pente plus douce. On y croise parfois un vieillard promenant son âne, ou un âne promenant son vieillard, je ne sais jamais trop.
Souvent, je me réveille de mes excursions là-bas avec un sentiment de grande perte, car je sais que je n'y retournerai pas de sitôt.
Mes rêves ne m'y emmènent pas assez souvent.
Commentaires
Mercredi 26 Juillet 2006
C'est triste. On ne fait plus de bateaux-carnavals. J'ai rêvé, cette nuit, que dans un port délabré, je trouvais un vieux bateau-carnaval, à quai depuis des années. Les clowns marins qui avaient navigué sur ce bateau avaient dressé une table sur le pont, entre les attractions et les affiches délavées. Ils commémoraient la fin de leur carrière. La fin de la fête. J'étais là par hasard, je fus invité. Quelques heures durant, le bateau-carnaval retrouvait un peu de son lustre d'antan, un peu de ses lumières, un peu de ses flonflons. Puis il a fallu que je reparte, que j'abandonne le dernier des bateaux-carnavals, qui une fois l'an seulement retrouvait un peu de son passé festif. Une tradition perdue. Je m'éloignai, et derrière moi, déjà on éteignait les lumières, on rangeait les instruments, on repliait les cartes perforées de l'orgue de barbarie géant.
Même en rêve, on ne fait plus de bateaux-carnavals.
Et dans la réalité, j'ignore s'ils ont jamais existé.