Accéder au contenu principal

Qui nous gardera de nos bouquins ?

Depuis des années, quand on me parlait des rééditions françaises de Watchmen / Les Gardiens, fracassant chef d'oeuvre signé Moore et Gibbons, je ne suivais ça que distraitement. Je glissais parfois, dans la conversation, que j'avais la première édition VF chez Zenda, achetée à l'époque. Je jouais les vrais de vrais, les purs de durs, les apifiouves, quoi (alors que si un pote ne m'avait pas dit "Alex, je crois qu'il se passe vraiment un truc, là, faut que t'ailles voir cette série, je veux ton avis" alors que le tome 2 consacré à Doc Manhattan venait tout juste de sortir, je serais totalement passé à côté, soyons clairs. Et ma vie en aurait peut-être été changée, d'ailleurs, mais c'est une autre histoire), je flambais perfidement, je roulais les mécaniques. J'ajoutais même que j'avais l'autre première édition, celle toute moche et mal foutue d'Aredit Artima, mort-née au bout de deux numéros (achetée, quand à elle, quelques années plus tard, par curiosité malsaine, et aussi parce qu'il y avait en deuxième partie les The Question, de O'Neil et Cowan, dont je n'arrivais pas à trouver les premiers numéros en VO). Elle est drôlement intéressante, cette autre édition en kiosque d'époque : c'est le catalogue de tout ce qu'il ne faut pas faire. C'est en l'examinant que j'ai appris certaines choses sur la façon dont doivent fonctionner les maisons d'éditions qui font du comics. Plus de 20 ans après, ce sont des réflexions qui me guident parfois encore.

Par la suite, les diverses rééditions m'en avaient touchée une sans faire bouger l'autre. La Zenda en deux tomes, reprenant les images promotionnelles d'époque en guise de couverture, très bien faite, puis la Delcourt en un tome, restée un classique du genre, puis les diverses versions de l'édition Panini, avec la polémique sur la retraduction qui s'en était ensuivie. Certaines étaient agrémentées de matériel additionnel, mais je tenais à ma première édition. Pas par fétichisme de l'édition originale (en plus il manque un film de noir sur une ou deux pages d'un des volumes), mais par une forme de nostalgie, aussi. Ces bouquins m'avaient quand même asséné une sacrée claque, à l'époque. Déjà lointaine. Putain, ça ne nous rajeunit pas, tout ça. Bref.

Bref, c'était plutôt blasé que j'ai posé les yeux aujourd'hui sur un exemplaire qui trainait sur le bureau d'un type avec lequel je travaille. C'était genre le premier sorti de presse. Et le premier bouquin réalisé par le gars en question depuis qu'il avait pris la tête d'un nouveau label comics, cet automne.

Et puis, le bouquin, je l'ai pris en main. Belle bête, bien épaisse. Bien massive. Beau papier, mat comme j'aime, impression semble-t-il de première bourre (peut-être une très légère dégradation du trait sur certaines pages, faudrait que je compare, et si c'est vraiment le cas, ça vient probablement du processus de scannage chez DC). Beaux suppléments. Belle maquette. La traduction Manchette restituée (avec quelques légers dépoussiérages, assez logiques après tout ce temps).

C'est une absolue tuerie. Sans doute l'édition définitive. C'est simple, je crois que j'en veux un exemplaire. C'est absolument ultime dans le genre.

Vous voilà prévenus.




Commentaires

Geoffrey a dit…
Damned, moi qui possède la Delcourt, tu viens de me donner envie,surtout que bon, la Delcourt en plus d'être très épaisse , n'a pas le format comic-book, du coup au bout d'un moment ça pèse dans mes petites mains toutes fragiles...
Mathieu Doublet a dit…
"Elle est drôlement, cette autre édition en kiosque d'époque : c'est le catalogue de tout ce qu'il ne faut pas faire."

Il doit manquer un mot, là. :)

Sinon pour les Watchmen, je crois que c'est le travail de Moore auquel j'ai le moins accroché. Donc je vais certainement rester avec mon intégrale Delcourt (parce que j'ai les mains solides et fortes ;) )
Alex Nikolavitch a dit…
moins grand, mais plus épais du double. je suis pas certain que ce soit moins lourd.
Geoffrey a dit…
Bon bin...je jugerai sur pièce dans ce cas ! ;-)

Posts les plus consultés de ce blog

Medium

 Un truc que je fais de temps en temps, c'est de la médiation culturelle. Ce n'est pas mon métier, mais je connais suffisamment bien un certain nombre de sujets pour qu'on fasse appel à moi, parfois, pour accompagner des groupes scolaires dans des expos, des trucs comme ça. Là, on m'a appelé un peu à l'arrache pour accompagner une animation interactive sur les mangas, et notamment les mangas de sport, avec des groupes de centres de loisirs. Bon, c'est pas ma discipline de prédilection, j'ai révisé un peu vite fait. Le truc, c'est qu'on m'en a causé la semaine passée. La personne qui devait s'en charger était pas trop sur d'elle. La mairie du coin (dans une banlieue un poil sensible) voyait pas le truc bien s'emmancher, la patronne d'une asso où je donne des cours l'a su, a balancé mon nom, m'a prévenu... Et c'en était resté là. Je restais à dispo au cas où. On m'a rappelé ce matin "bon, on va avoir besoin de t...

Le grand livre des songes

 Encore un rêve où je passais voir un de mes éditeurs. Et bien sûr, celui que j'allais voir n'existe pas à l'état de veille, on sent dans la disposition des locaux, dans les gens présents, dans le type de bouquins un mix de six ou sept maisons avec lesquelles j'ai pu travailler à des titres divers (et même un peu d'une agence de presse où j'avais bossé du temps de ma jeunesse folle). Et, bien sûr, je ne repars pas sans que des gars bossant là-bas ne me filent une poignée de bouquins à emporter. Y avait des comics de Green Lantern, un roman, un truc sur Nightwing, un roman graphique à l'ambiance bizarre mettant en parallèle diverses guerres. Je repars, je m'aperçois que j'ai oublié de demander une nouveauté qui m'intéressait particulièrement, un autre roman graphique. Ça vient de fermer, mais la porte principale n'a pas encore été verrouillée. Je passe la tête, j'appelle. J'ai ma lourde pile de bouquins sous le bras. Clic. C'était ...

Beware the blob

La perversion alimentaire prend parfois des allures d'apostolat suicidaire. Que ce soit en termes de picole ou de bouffe, il m'arrive de taper dans le bizarre et de tenter des expériences qui tétaniseraient d'effroi une créature lovecraftienne. Comme on a les amis qu'on mérite, et que j'ai dû commettre des ignominies sans nom dans une vie antérieure, certain de mes amis, camarades et autres proches ont aussi leur bouffées culinaro-délirantes. C'est ainsi que certain libraire sévissant dans une grande enseigne vendant de la culture neuve et d'occasion dans le quartier étudiant de Paris m'a initié à toutes sortes de pickles qui arrachent la gueule et à des boissons polonaises que même les Polonaises évitent de prendre au petit déjeuner. C'est aussi ce douteux personnage (ou un ami commun exilé, je ne sais plus, il y a des traumas que l'esprit humain tente miséricordieusement de brouiller) qui m'avait fait découvrir la pâte à tartiner au spe...

The road to the War Zone

Il m'arrive parfois de mettre le nez sur la provenance gougueule de mes lecteurs : le système de ce blog me permet en effet de savoir quelles requêtes gougueule ont amené ici les gens qui ne me connaissaient pas (parce que les gens qui me connaissent ont depuis longtemps l'adresse de la War Zone, vous vous en doutez*). Et à chaque fois, je suis surpris, et souvent atterré. Que "Alex Nikolavitch" ou "War Zone" (mais parfois, visiblement, il s'agit de gens cherchant des infos sur la suite d'un jeu vidéo, je crois) ou Crusades caracolent en tête des requête, c'est un peu normal. Fulchibar aussi (si vous ne savez pas ce qu'est le fulchibar, ne vous en faites pas, nous non plus, mais c'est justement à ça que tient le concept) (et puis le fulchibar, ça ne s'explique pas. ça se vit). Les noms de personnalités évoquées dans ces pages servent aussi de point d'entrée, comme Vlad Drakul, Frédéric Lefebvre, Makhno, Tesla ou Crowley. C'est...

Tombent les renards en feu

Ça faisait des années que j'utilisais et que je défendais Firefox, ce navigateur internet qui est le très lointain héritier de l'antédiluvien Netscape. L'outil était puissant, rapide, efficace, des lieux devant l'immonde Explorer. Mais depuis les mises à jour de cet été, tout déconne. Gestion du Java complètement aléatoire, persistances d'affichage anormales, perte de la prise en compte de balises HTML pourtant classiques... Et à chaque nouvelle mise à jour, je me prends à espérer que ces problèmes seront réglés, et à chaque nouvelle mise à jour, c'est pire. Tout se passe comme si la Mozilla Corporation, éditeur du logiciel, était devenue Microsoft de la grande époque. Firefox 6.0 sur Mac, c'est un merdier total. Et la version 5, sortie deux mois plus tôt, déconnait déjà dans les grandes largeurs. J'envisage très sérieusement de passer à un autre navigateur. Je n'aime pas ça : j'ai mes habitudes, mes paramétrages, mes kilos de signets, et il v...

L'éternel retour

 Bon, c'est l"heure de notre traditionnelle minute d'expression gueuledeboitesque de fin janvier début février. Mon ressenti (page de Marvano à l'expo SF) (c'est toujours un moment fort de voir les originaux de pages tellement frappantes qu'elles se sont gravées à vie dans votre tête) Jeudi : Je n'avais pas prévu d'arriver le jeudi, au départ. Après cinq mois de boulot ultra-intense, déjà à genoux avant même le festival, je me disais qu'une édition plus ramassée à mon niveau serait plus appropriée. Divers événements en amont m'amènent à avancer largement mon arrivée. Il y a une réunion de calage sur un projet qui doit se faire là-bas, plutôt en début de festival. Dont acte. Ça m'amène à prendre les billets un peu au dernier moment, de prendre les billets qui restent en fonction du tarif aussi, donc là j'ai un changement, ça cavale, et je suis en décalé, ça aura son importance. Quand j'avais commencé à préparer mon planning, j'ava...

Trop de la Bal

 Bon, parmi les petits plaisirs angoumoisins, hormis les moments passés avec des amis et amies qu'on voit trop peu, hormis les bouteilles, hormis les expos d'originaux, il y a aussi fouiller dans les bacs. C'est ainsi que j'ai mis la main à vil prix sur un Savage Sword of Conan dans la collection Hachette. Je dois avoir dix ou douze de ces bouquins réimprimant au départ les aventures des années 70, publiées à l'époque en noir et blanc et en magazine, du célèbre Cimmérien de Robert E. Howard, souvent pris pour lire dans le train, quand j'en chopais un à la gare. Autant dire que ma collection est salement dépareillée. Mais comme ce sont à chaque fois des récits complets, ça n'a guère d'importance. En fait, c'est typiquement la série dans laquelle vous pouvez taper au pif sans trop de risque de déception.      Celui-ci, le n°5, je m'en voulais de l'avoir raté et je n'avais pas réussi à remettre la main dessus par la suite. Graphiquement y a...

Unions, ré-unions, il en restera toujours quelque chose si on s'y prend pas comme des chancres

 Bon, j'en ai jamais fait mystère, mais j'ai tendance à faire savoir autour de moi que la réunionite est un peu le cancer de notre société moderne. Je supporte pas les grandes tablées où, passé l'ordre du jour ça oscille entre le concours de bite et la branlette en rond, pour des résultats concerts qui seraient obtenus en règle générale avec un mail de dix lignes.   éviter la Cogip   Quoi ? Oui, je suis inapte au simagrées du monde de l'entreprise moderne, chacun de mes passages dans des grands groupes m'a convaincu que c'étaient des carnavals de... non, aucun mot utilisable en public ne me vient. Et mes passages aux conseils d'administrations d'associations n'ont pas été mieux. Le problème, ce n'est même pas la structure, qu'elle soit filiale d'un truc caquaranqué ou petit truc local tenu avec des bouts de ficelle. Et pourtant, des fois, faut bien en passer par là, j'en ai conscience. Voir les gens en vrai, se poser autour d'une ...

à Angoulème en dédicaces

Le festival d'Angoulème approche, c'est pour la fin du mois. Il faut commencer à s'organiser. Alors si vous avez un agenda,  notez donc ça : En plus de mes passages au stand des éditions La Cafetière, bulle New York, je serai en dédicaces sur l'espace Champ de Mars au stand du MOTIF. Vendredi 27 de 17 à 19 heures Samedi 28 de 14 à 16 heures Dimanche 29 de 12 à 14 heures Venez nombreux !

Space jesuit ecolo on the run !

Dans mon rêve de cette nuit, j'étais un Jésuite de l'espace chargé d'étudier l'écologie d'une planète nouvellement découverte. Sauf que des colons avaient accidentellement introduit des espèces terriennes et étaient en train de bousiller l'écosystème, du coup. Au camp de base numéro 4, je me souviens distinctement avoir expliqué à un cosmonaute "les charmes et les lapins se sont magnifiquement adaptés, hélas". Le tout dans un décor insolite et grandiose de forêt extraterrestre dont des morceaux commençaient de plus en plus à ressembler au bois de Meudon, me demandez pas pourquoi. Le truc, c'est qu'en me réveillant, il me semble que cette histoire de jésuite écolo n'est pas qu'une production enfiévrée de mon esprit malade. Il me semble avoir lu un roman de SF dans le genre. J'ai de bons souvenirs du Cas de Conscience de James Blish, du père Carmody créé par P.J. Farmer,et il y a des jésuites dans Hypérion de Dan Simmons. Je précis...