Un peu hypé par le prequel à venir de Mad Max : Fury Road, consacré à la jeunesse de Furiosa. Après avoir fait de son héros un spectateur des choses, presque un spectre de choeur grec, Miller poursuit la déconstruction de Max au point de le faire carrément disparaître de sa propre saga. C'est gonflé, mais pas complètement surprenant de sa part, quand on y réfléchit.
Mad Max, à l'époque des débuts de la série, c'était un avenir crédible. Une société en décomposition qui finit par imploser, et un retour à la barbarie, celui que nous prédisait Robert E. Howard il y a un poil moins d'un siècle. Max, c'est un peu un Conan post-moderne, ou un Solomon Kane qui aurait fini par baisser les bras et sombrer dans la désillusion. Les années 70 étaient passé par là, et la trilogie initiale consacrée à Max le fou est devenue un élément culturel fort des années 80, à l'influence importante. Les tensions qu'on devinait étaient appelées à se résoudre.
Le Dôme du Tonnerre, puis Fury Road lorsque Miller est revenu sur le sujet il y a quelque temps de ça, dépassaient ce constat d'effondrement pour montrer une tentative de reconstruction, l'émergence de nouvelles sociétés, fragmentées et bancales, qui ne parvenaient d'ailleurs pas tout à fait à réinventer quelque chose.
C'est là, d'ailleurs, que la désillusion se faisait le plus sentir. Dans Fury Road, toutes sortes de connards ont fini par réémerger pour reproduire les saloperies du passé. Alors que l'avenir madmaxien nous semble à nouveau de plus en plus proche, et que le "monde d'après" qu'on a tenté d'imaginer pendant le Covid n'a pas forcément tenu ses promesses, on sent le mur nous arriver dessus d'une façon qu'on espérait loin de nous depuis une trentaine d'années et jusqu'au carnaval des désillusions, on y revient, des années 2010.
Un détail m'a fait chboum là d'dans, là, sur cette survivance des schémas du passé.
S'il y a une chose que la saga des Mad Max nous apprend, c'est que même sur un point qu'on essaie de travailler en ce moment même, on n'a pas le cul sorti des ronces : si l'on en croit Miller, on restera accro à la civilisation de la bagnole, même lorsque celle-ci aura tué la civilisation elle-même. Nous resterons figés dans cet univers post-pompidolien du tout voiture, les résistances seront trop fortes. Les conducteurs d'Audi et de SUV finiront par gagner la guerre.
Commentaires
J'ai enfin regardé la version black & chrome : si tu sais mettre la main dessus, fonce. Les détails qui apparaissent grâce à un tournage nourri à l’expressionnisme allemand font totalement oublier les détails qui s'estompent ( certains adversaires comme les vautours en bagnoles remplies de pics sont même plus menaçant ainsi ).
Et l'aspect documentaire sur le futur ( des images d'archives déja en noir et blanc étaient dans le film après tout ) est renforcé comme pas permis ( de conduire ).
après, Conan a vachement infusé. Tu peux imaginer une généalogie conceptuelle Conan-Northwest Smith (Shamblau)-Morgan Chane (Les Loups des étoiles)-Han Solo
George Miller tente pourtant de coller une mythologie cohérente à son héros ( cfr. la mini série de comics parue chez Vertigo servant de préquelle à Fury Road ). De mon point de vue , le vrai Max est celui du premier film, un mec qui aurait franchement vrillé au point de devenir une légende dont on se raconte des histoires dans les Wastelands pour se faire peur ou se donner du courage.
Pour Miller en revanche, son héros est bien le même de film en film ( et le public est supposé croire que Mel Gibson et Tom Hardy ont la cinquantaine dépassée dans le 3 et le 4 ) et il y a une explication rationnelle à pourquoi et comment l'Interceptor revient après avoir été détruite. IL voulait même lancer une série télé fin des années 80 où Max accepte un job différent dans chaque épisode pour raconter en détail ce qu'il fait pour récupérer une voiture ( avec un autre acteur que Gibson : l'idée que Max ne soit pas entièrement attaché à un seul acteur ne date pas d'hier. ).