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Au pas de charge

 Bon, comme chaque année ou presque, voici la recension de ma virée angoumoisine.


 

Vendredi :

8h22, madame Lavitch ouvre un oeil et dit "tu partais à quelle heure, déjà ?" J'en ouvre un aussi et je réponds, pâteux, "à huit heures, pourquoi ?"

Je réussis à ne pas rater mon train, battant des records pour me fringuer, filer à la gare et rallier Paris.

Je petit-déjeune dans la voiture bar du TGV, j'arrive pour enchaîner quelques rendez-vous, dont une réu de travail sur mon prochain album qui sort en fin d'année à la Cafetière, plus d'infos sous peu.

Je croise des copains (dont un copain traducteur qui nous aura fait très peur ces derniers mois mais qui reprend du poil de la bête, force à lui), je signe diverses bricoles, je file à la soirée Métal Hurlant, discussions sur des projets à venir, dîner avec La Cafetière, un passage au Mercure pour voir quelques copains, mais comme la semaine... pardon... le mois... pardon, les dix-huit derniers mois ont été rudes, je me couche tôt, à 1h du mat à peine passée, chez mes nouveaux logeurs, remarquablement bien situés.

Samedi :

Je découvre tôt le matin que l'escalier grince, alors qu'un camarade le dévale. Réveillé plus tôt que prévu, mais tant pis, le café est une des plus nobles conquêtes de l'homme, après tout, et je sais lui faire honneur quand il convient.

Je vais dédicacer chez La Cafetière, je signe au passage un Spawn Simonie qu'un lecteur a amené tout exprès (on parlait de cet album tout dernièrement), je vois à peu près tous les gens que je devais voir, je passe au Champ de Mars pour un cocktail et voir quelques personnes chez les gros éditeurs, je remonte, je tente l'expo Moto Hagio. Blindée de monde, c'est un enfer, malgré des planches épatantes (c'est essentiellement du Shojo, mais de première bourre, et c'est étonnant de voir un style se développer sous vos yeux en suivant chronologiquement une carrière).

Apéro, dîner, l'entrée est un oeuf poché à la crème de champignons, c'est une absolue dinguerie, je bande des papilles.

Passage assez bref au Mercure, léger coup de blues comme ça arrive parfois dans ce lieu mondain où la profession se retrouve, je me replie sur une autre soirée, avec un de mes éditeurs, en tout petit comité. Il a amené la prune distillée par son grand-père, c'est une merveille. Du brutal, hein, mais une merveille. je rentre remarquablement tôt pour un samedi soir angoumoisin, à trois heure je roupille déjà comme un sonneur. Je vieillis, faut croire.

Dimanche :

Lorsque le réveille sonne, je regrette confusément le deuxième verre de prune. Tant pis. Café, plus noble conquête, tout ça. Petit tour à nouveau, voir des copains, me lancer au débotté sur un projet fou avec un éditeur dont j'apprécie le taf et qui a servi d'intermédiaire y a quelques années dans un truc bien cool. Mon ciboulot se met à carburer en tâche de fond.

Re-dédicace à la Cafetière, puis avec la libraire du stand on se fait le son et lumière DRCL adapté du manga draculesque de Shin'ichi Sakamoto, au même endroit que le Druillet de l'an passé et légèrement moins réussi (projeter du n&b sur de la vieille pierre est un poil moins efficace, sauf quand les images font la part belle aux ombres. En tout cas faut que je me procure ce bouquin.

Puis on retente Moto Hagio et là, beaucoup moins de monde, et je profite beaucoup mieux des planches et de leur excellent accompagnement. Je prends le catalogue, forcément, les catalogues des expos du musée d'Angoulême sont toujours des merveilles, j'en ai déjà une dizaine chez moi.

Retour au stand, quelques achats de ci de là, et il est déjà temps de repartir. En allant vidanger le Lavitch dans un bar sur le chemin de la gare, je tombe sur un pote serbe, mais je ne m'attarde pas.

Dans le train, je noirci 30 pages de calepin sur le projet qui a germé dans la journée.

Je retrouve enfin la Casa Niko. La tribu roupille déjà. J'envoie quelques messages urgents, et là ça va être pipi, pâte à dents et dodo.

J'ai deux gros boulots à boucler pour jeudi, après je crois que je vais me prendre quelques jours à glander. En suis-je encore capable ? Rien n'est moins sûr.

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