C'est toujours curieux ces distorsions des endroits que je visite en rêve, même lorsqu'ils se trouvent exister à l'état de veille. La nuit dernière, je rêvais que je donnais mon dernier cours de l'année à la MJC où, en effet, je donne des cours de BD toutes les semaines. Sauf que l'espèce de manoir bourgeois 1900 que je fréquente en vrai était ici distordu, poudlardisé, gothique en diable, et que ma salle était sous des combles inquiétants, au sommet d'un escalier branlant, quand la vraie est au premier et qu'on peut même y accéder par le grand escalier de marbre pour peu qu'on accepte un détour de quelques mètres.
Illustration de Boris Dolgow pour Weird Tales
De toute façon, j'ai pas pu faire cours dans ma salle. Elle avait été réquisitionnée pour les agapes d'un quelconque comité de jumelage. Qu'à cela ne tienne, on a fait cours dehors (et en vrai, le dernier cours de l'année, fin juin, a souvent lieu dehors, pour profiter du beau temps et faire du dessin d'observation). Dans le rêve, les lieux me semblaient normaux, fidèles à eux-mêmes, ce n'est qu'au réveil que j'ai haussé le sourcil.
C'est souvent comme ça, même des endroits où j'ai bossé, ou vécu, se retrouvent tarabiscotés et étirés dans tous les sens. La partie ajoutée par mon père à ma maison d'adolescence (où j'ai pas remis les pieds depuis près d'un quart de siècle) prend la nuit des proportions démesurées, devient labyrinthique et obscure, interstitielle, permettant de passer entre les murs d'origine.
Le vieux bâtiment d'ancien régime où j'ai habité par la suite un petit studio se voit doter d'une cour interminable, tortueuse, sombre, et de cinq ou six étages supplémentaires aux planchers branlants.
Ruines, cathédrales et murailles sont l'ordinaire de mon onirisme. Je l'ai déjà signalé, mais la nuit, je suis architectural.
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