Je suis très partagé par l'annonce du Brexit, le départ du Royaume-Uni de l'Union Européenne.
Et en fait, ce qui résume le mieux ma pensée, c'est la classique malédiction chinoise : "puissiez-vous vivre des temps intéressants", parce que j'ai dans l'idée que nous y voilà.
Dès le résultat connu, Ecosse et Irlande du Nord ont fait part de leur volonté de rester dans l'UE (et donc de quitter le Royaume-Uni). En ce qui concerne l'Ecosse, ça posera des problèmes rigolos comme les statuts du Duc d'Edimbourg et de Balmoral, ainsi que celui de la Bank of Scotland qui risque d'avoir à changer de nom, mais globalement on sent bien que nos amis du pays du Kilt étaient sur le départ. Sur l'Irlande du Nord, par contre, il va falloir faire avec la capacité de nuisance des Orangistes, qui est quand même considérable. D'ici que ça pète à nouveau, il n'y a pas loin.
Un beau bordel en perspective de ce côté là.
Le truc, c'est que les gens horrifiés par l'évènement étaient grosso-modo les mêmes qui, pendant toutes les années 90 et la première moitié des années 2000 nous expliquaient que la mauvaise volonté des Britanniques était ce qui avait mis l'Europe le cul entre deux chaises pendant tant d'années, et qu'entre le "chèque Thatcher", l'exemption d'Euro et la capacité à maintenir des paradis fiscaux sur le sol européen, on sentait bien que ça n'aidait pas à simplifier les choses. Du coup, est-ce que l'Europe n'est pas mieux sans l'Angleterre (et le Pays de Galles) ? La question mérite d'être posée.
La crash financier qui a eu lieu aujourd'hui ne semble pas encore trop problématique : on n'a encore eu aucun suicide de trader, ce qui normalement devrait servir de baromètre. En toute logique ultralibérale, il conviendrait de laisser crever les institutions financières les plus exposées, ce qui pourrait contribuer à assainir un peu la situation. Bien évidemment, on ne le fera pas.
On ne pointera probablement pas du doigt un des responsables symboliques de tout ce bordel, Jean-Claude Juncker, qui a quand même pas mal organisé l'austérité en Europe après avoir organisé le dumping fiscal qui a pas mal mis à genoux certaines économies, et dont le pays traine en justice ceux qui ont eu le courage et l'honnêteté de dénoncer ses pratiques. Ni l'Allemagne qui, en décidant de se payer la Grèce, a créé les conditions d'un ras-le-bol et démontré que l'UE ne protégeait pas ses états membres, bien au contraire, sapant directement sa légitimité. Pourtant, tant qu'on ne mettra pas ça sur la table, on laisse la porte ouverte à d'autres sorties du même genre, et à une politique punitive envers la Grande Bretagne qui ne pourra que valider, quelque part, l'idée que l'Europe n'aime pas la démocratie. On ne peut pas se permettre d'avoir une Europe punitive.
Parce que c'est là la clé du problème : même s'ils ont voté peut-être en dépit du bon sens, les Britanniques ont voté. Et il va bien falloir l'admettre, et entériner leur volonté. Vox Populi et tout le bordel.
Après, pas mal de gens font se retrouver impactés de façon très négative : les expatriés des deux bords (et notamment les retraités anglais à l'étranger), tous les gens qui travaillaient ou commerçaient avec l'Angleterre, et le risque de récession dans le pays (et chez ses principaux partenaires) est très élevé. Qui plus est, certains animateurs de la campagne du "leave" ont d'ores et déjà admis qu'une partie de leurs arguments étaient bidons. Et quand on regarde de près, on voit bien que les arguments vraiment valables en faveur du Brexit on tous été occultés, en faveur de concentré de fosse sceptique façon Donald Trump.
Après, puisqu'on en parle, ceux qui applaudissent de tout cœur au Brexit sont des gens avec qui on n'aime pas trop être d'accord, parce qu'ils applaudissent pour toutes les mauvaises raisons.
Après, si le Royaume-Uni éclate, il passera du rang de puissance nucléaire à patelin provincial. Je ne suis pas certain qu'on y gagne grand-chose, si ce n'est l'affaiblissement général, au niveau géopolitique, de l'Europe de l'Ouest (avec la Russie en embuscade, qui se comporte de plus en plus comme le Tsar Nicolas 1er avant la Guerre de Crimée). Quels que soient nos tiraillements séculaires avec les Britanniques, c'était une puissance alliée depuis un siècle et demi. Et on a toujours besoin d'alliés puissants.
L'Europe doit changer. Elle doit évoluer. Elle doit réformer la philosophie sur laquelle elle tourne actuellement, et qui ne peut que conduire en l'état à lui mettre tous les peuples à dos. Si le Brexit permet ça, alors il aura été une bonne chose. Mais rien ne prouve qu'elle change. Tous les signaux envoyés d'en bas et appelant à un tel changement ont été ignorés. La Commission (instance profondément non démocratique), a tout fait pour se rendre détestable. Le lobbying au Parlement Européen a conduit à le rendre inefficace.
Ou alors nous nous retrouvons face à un choix : faire tomber les masques et renoncer à la démocratie, ou remettre la démocratie au cœur du projet européen. Et dans ce cas-là, en faire une démocratie beaucoup plus directe que ce n'était le cas jusqu'à présent.
Sérieusement, les semaines et les mois à venir seront des "temps intéressants".
Et en fait, ce qui résume le mieux ma pensée, c'est la classique malédiction chinoise : "puissiez-vous vivre des temps intéressants", parce que j'ai dans l'idée que nous y voilà.
Dès le résultat connu, Ecosse et Irlande du Nord ont fait part de leur volonté de rester dans l'UE (et donc de quitter le Royaume-Uni). En ce qui concerne l'Ecosse, ça posera des problèmes rigolos comme les statuts du Duc d'Edimbourg et de Balmoral, ainsi que celui de la Bank of Scotland qui risque d'avoir à changer de nom, mais globalement on sent bien que nos amis du pays du Kilt étaient sur le départ. Sur l'Irlande du Nord, par contre, il va falloir faire avec la capacité de nuisance des Orangistes, qui est quand même considérable. D'ici que ça pète à nouveau, il n'y a pas loin.
Un beau bordel en perspective de ce côté là.
Le truc, c'est que les gens horrifiés par l'évènement étaient grosso-modo les mêmes qui, pendant toutes les années 90 et la première moitié des années 2000 nous expliquaient que la mauvaise volonté des Britanniques était ce qui avait mis l'Europe le cul entre deux chaises pendant tant d'années, et qu'entre le "chèque Thatcher", l'exemption d'Euro et la capacité à maintenir des paradis fiscaux sur le sol européen, on sentait bien que ça n'aidait pas à simplifier les choses. Du coup, est-ce que l'Europe n'est pas mieux sans l'Angleterre (et le Pays de Galles) ? La question mérite d'être posée.
La crash financier qui a eu lieu aujourd'hui ne semble pas encore trop problématique : on n'a encore eu aucun suicide de trader, ce qui normalement devrait servir de baromètre. En toute logique ultralibérale, il conviendrait de laisser crever les institutions financières les plus exposées, ce qui pourrait contribuer à assainir un peu la situation. Bien évidemment, on ne le fera pas.
On ne pointera probablement pas du doigt un des responsables symboliques de tout ce bordel, Jean-Claude Juncker, qui a quand même pas mal organisé l'austérité en Europe après avoir organisé le dumping fiscal qui a pas mal mis à genoux certaines économies, et dont le pays traine en justice ceux qui ont eu le courage et l'honnêteté de dénoncer ses pratiques. Ni l'Allemagne qui, en décidant de se payer la Grèce, a créé les conditions d'un ras-le-bol et démontré que l'UE ne protégeait pas ses états membres, bien au contraire, sapant directement sa légitimité. Pourtant, tant qu'on ne mettra pas ça sur la table, on laisse la porte ouverte à d'autres sorties du même genre, et à une politique punitive envers la Grande Bretagne qui ne pourra que valider, quelque part, l'idée que l'Europe n'aime pas la démocratie. On ne peut pas se permettre d'avoir une Europe punitive.
Parce que c'est là la clé du problème : même s'ils ont voté peut-être en dépit du bon sens, les Britanniques ont voté. Et il va bien falloir l'admettre, et entériner leur volonté. Vox Populi et tout le bordel.
Après, pas mal de gens font se retrouver impactés de façon très négative : les expatriés des deux bords (et notamment les retraités anglais à l'étranger), tous les gens qui travaillaient ou commerçaient avec l'Angleterre, et le risque de récession dans le pays (et chez ses principaux partenaires) est très élevé. Qui plus est, certains animateurs de la campagne du "leave" ont d'ores et déjà admis qu'une partie de leurs arguments étaient bidons. Et quand on regarde de près, on voit bien que les arguments vraiment valables en faveur du Brexit on tous été occultés, en faveur de concentré de fosse sceptique façon Donald Trump.
Après, puisqu'on en parle, ceux qui applaudissent de tout cœur au Brexit sont des gens avec qui on n'aime pas trop être d'accord, parce qu'ils applaudissent pour toutes les mauvaises raisons.
Après, si le Royaume-Uni éclate, il passera du rang de puissance nucléaire à patelin provincial. Je ne suis pas certain qu'on y gagne grand-chose, si ce n'est l'affaiblissement général, au niveau géopolitique, de l'Europe de l'Ouest (avec la Russie en embuscade, qui se comporte de plus en plus comme le Tsar Nicolas 1er avant la Guerre de Crimée). Quels que soient nos tiraillements séculaires avec les Britanniques, c'était une puissance alliée depuis un siècle et demi. Et on a toujours besoin d'alliés puissants.
L'Europe doit changer. Elle doit évoluer. Elle doit réformer la philosophie sur laquelle elle tourne actuellement, et qui ne peut que conduire en l'état à lui mettre tous les peuples à dos. Si le Brexit permet ça, alors il aura été une bonne chose. Mais rien ne prouve qu'elle change. Tous les signaux envoyés d'en bas et appelant à un tel changement ont été ignorés. La Commission (instance profondément non démocratique), a tout fait pour se rendre détestable. Le lobbying au Parlement Européen a conduit à le rendre inefficace.
Ou alors nous nous retrouvons face à un choix : faire tomber les masques et renoncer à la démocratie, ou remettre la démocratie au cœur du projet européen. Et dans ce cas-là, en faire une démocratie beaucoup plus directe que ce n'était le cas jusqu'à présent.
Sérieusement, les semaines et les mois à venir seront des "temps intéressants".
Commentaires
PS : en fait, ils ne sont pas les premiers : les français ont dit "non" en 2005 mais ils ont ensuite donné le pouvoir successivement à deux présidents qui n'ont que faire de la volonté et des espérances du peuple. Au printemps, ce sont les néerlandais qui ont dit "NON". Mais le "NON" britannique est une lame de fond qui emportera bien des choses sur son passage. Oui, nous vivons des "temps intéressants" et des masques vont tomber