M'étant trouvé à attendre quelques minutes dans un couloir empli de musique différentes venant de pièces différentes, j'ai eu l'occasion de me livrer une fois encore à cette expérience amusante qui consiste à se concentrer alternativement sur l'une et sur l'autre, à entraîner son oreille à les discriminer.
Au départ, on se retrouve face à un brouhaha qui emplit l'espace. Puis quand on se décide pour une musique, on arrive peu à peu à faire le tri, à faire graduellement surgir une des musiques de la cacophonie ambiante, en rejetant l'autre à l'arrière-plan de la conscience. C'est ce pouvoir qu'on emploie quand, dans un endroit animé on poursuit une discussion en petit comité, en entendant son interlocuteur, et en renvoyant toutes les autres voix au rang de bruit de fond.
Dans le cas de ces deux musiques emplissant le couloir, il était même possible, au bout d'un moment, de passer de l'une à l'autre à la volée, de se concentrer sur l'une, rejetant l'autre dans le bruit, puis d'aller chercher la deuxième en "effaçant" la première, et ainsi de suite, alternativement. C'est aussi le même processus que quand, dehors, on arrive à différencier (et localiser approximativement) quatre ou cinq oiseaux différents qui chantent, bien planqués dans des arbres.
Mais cette capacité de discrimination ne recèle-t-elle pas un piège ? Ne nous empêche-t-elle pas de saisir pleinement une musique inconnue, dont certaines strates un peu étranges se retrouvent dès lors rejetée inconsciemment à l'arrière ? Qu'est-ce qui fait qu'on va cataloguer ceci ou cela comme "bruit", et quand, pourquoi ? Est-ce qu'à force, la possibilité de filtrer ce qu'on entend ne nuit-elle pas à la capacité à entendre la nouveauté ?
Je n'en sais que couic.
Au départ, on se retrouve face à un brouhaha qui emplit l'espace. Puis quand on se décide pour une musique, on arrive peu à peu à faire le tri, à faire graduellement surgir une des musiques de la cacophonie ambiante, en rejetant l'autre à l'arrière-plan de la conscience. C'est ce pouvoir qu'on emploie quand, dans un endroit animé on poursuit une discussion en petit comité, en entendant son interlocuteur, et en renvoyant toutes les autres voix au rang de bruit de fond.
Dans le cas de ces deux musiques emplissant le couloir, il était même possible, au bout d'un moment, de passer de l'une à l'autre à la volée, de se concentrer sur l'une, rejetant l'autre dans le bruit, puis d'aller chercher la deuxième en "effaçant" la première, et ainsi de suite, alternativement. C'est aussi le même processus que quand, dehors, on arrive à différencier (et localiser approximativement) quatre ou cinq oiseaux différents qui chantent, bien planqués dans des arbres.
Mais cette capacité de discrimination ne recèle-t-elle pas un piège ? Ne nous empêche-t-elle pas de saisir pleinement une musique inconnue, dont certaines strates un peu étranges se retrouvent dès lors rejetée inconsciemment à l'arrière ? Qu'est-ce qui fait qu'on va cataloguer ceci ou cela comme "bruit", et quand, pourquoi ? Est-ce qu'à force, la possibilité de filtrer ce qu'on entend ne nuit-elle pas à la capacité à entendre la nouveauté ?
Je n'en sais que couic.
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