Accéder au contenu principal

Lecturations

En ce moment, je lis surtout des vieilleries. Les trucs qui sortent me motivent peu, et en plus comme je ne sors pas tant que ça, je passe aussi à côté de nouveautés qui pourraient me motiver.

Faut dire que j'ai pas mal de boulot. Ce week-end, par exemple, je suis en train de boucler la traduction du tout dernier tome de The Boys. Après, ce sera fini, y en aura plus. Ça fait bizarre, parce que ça fait plus de cinq ans que je vis avec ces personnages, que je leur ai donné une voix française et que j'en boucle trois ou quatre tomes par an. Et puis bon, le père Ennis est très fort pour boucler dans les larmes des séries drôles. La vache, il nous avait déjà fait le coup sur Hitman, mais sur The Boys, faut reconnaitre qu'il n'y va pas de main morte. C'est tout juste si j'écrase pas ma larmichette, par moments.

Enfin, bref. Je parlais donc des vieilleries que je lis, en ce moment. Ou que je relis, aussi. Je passe parfois par des frénésies de relecture, pour redécouvrir des bouquins que j'avais bien aimés il y a longtemps, ou au contraire qui m'avaient laissé dubitatif et que j'ai envie de redécouvrir pour avoir un second avis.

C'est à cette dernière catégorie qu'appartenait Le Canal Ophite, de John Varley, lu à la fin des années 80 en bibliothèque, et relu la semaine dernière à la faveur d'un achat en brocante. Bouquin étonnant sur un contact foireux entre une humanité tiers-mondisée et des races extraterrestres qui semblent la tenir pour quantité négligeable. C'est bourré de concepts, l'univers est vraiment pas mal. Mais je comprends que son pessimisme m'ait un peu laissé sur ma faim quand j'étais jeune (les Enfants d'Icare, d'Arthur C. Clarke, m'avait fait un peu le même effet quand j'avais seize ans, et m'a quand même secoué à la relecture l'année dernière).

Précédemment, je m'étais refait une cure de Michael Moorcock. Pas ses meilleurs bouquins, ni mes préférés (que je relis par ailleurs régulièrement, comme La Défonce Glogauer, l'Assassin Anglais ou Le Chien de Guerre), mais ses grosses séries d'heroic fantasy, pour le côté madeleine de la chose. Je vous avais dit cet hiver que je m'étais relu les Hawkmoon, et là, ça a été les Ereköse (ou Erekosë, je sais plus) qui ne sont clairement pas ce qu'il a fait de mieux, mais dans lesquels, parfois, au détour d'une page, on retrouve son côté nihiliste et baroque, avec des idées un peu folles, des descriptions délirantes. Faudra que je me refasse les Corum, tiens. Ce sera peut-être cet été, ça, en lecture détente.

Relu aussi, le Cirque de Baraboo, de Barry B. Longyear, que j'avais emprunté à mon frangin quand j'étais ado, et que je viens de rechoper en broc. C'est toujours le même plaisir de lecture. Le concept est simple : sur une Terre de plus en plus normative et bureaucratique, le Cirque peine a trouver sa place et ne peut que mourir piteusement. Alors le patron du dernier cirque pique un croiseur spatial et se lance dans une tournée dans tout le quadrant galactique, faisant découvrir clowns et éléphants à des extraterrestres bien plus étranges que tous les freaks de sa ménagerie. C'est à mi-chemin entre Star Trek et les Nouvelles Aventures de Phineas T. Barnum. Ce n'est probablement pas un grand roman de SF, mais j'adore.

Là, je suis dans Killdozer, que je croyais avoir lu (mon frangin l'avait à l'époque), et en fait, j'ai bien l'impression que non. Mais comme je suis en train de redécouvrir Sturgeon (via des recueils de nouvelles), ça tombe très bien. Voilà un auteur qui est généralement considéré comme un des très grands auteurs classique de la SF, et que j'avais en définitive assez peu lu. Faut que je répare ça.

Hors SF, je me relis tranquillement Les Rois Maudits. J'en suis au cinquième tome. comme je réserve cette série à mes déplacements en transports en commun et que je ne bouge pas beaucoup ces jours-ci, je n'avance pas bien vite, mais ce n'est pas plus mal, ça me permet de savourer. à noter que la série ressort en Angleterre, sous une préface de G.R.R. Martin, qui dit "ouais, en vrai, j'ai tout piqué le Trône de Fer aux Accursed Kings (c'est le titre bif), alors foncez, ça vous plaira". Ce vieux grigou ne dit pas ça par fausse modestie (je crois qu'il est parfaitement sincère), mais il en profite aussi pour filer ça comme patch de substitution à ses lecteurs trop accros qui réclament à cor et à cri le tome 6 de sa série. En attendant, je dis comme lui. Les Rois Maudits, c'est bon. Mangez-en. (et puis Robert d'Artois a quand même sa place au panthéon des fripouilles irrécupérables, mais profondément sympathiques).

En BD, n'ayant pas eu le temps d'aller voir Iron Man 3 au ciné, je me rattrape en lisant des comics, comme un Masterworks des débuts, quand Tony Stark passe son temps à péter la gueule aux vermines rouges, mais aussi le Disassembled que j'avais loupé à l'époque (trouvé en occase à 3 euros, et en fait, je suis content de pas avoir payé plus. Faut que je chope le Iron Man Season One, parce que c'est Chaykin au scénar et Parel aux dessins, alors ça doit forcément être bien.

Lu aussi le premier tome de Sandman dans la réédition Urban. J'avais déjà la VO, mais j'avais envie de voir comment s'en est tiré l'éminent collègue qui s'est occupé de tout retraduire, et force est de reconnaitre qu'il a fait du super boulot (même si, ça et là, il y a des occurrences du "tiens, moi j'aurais pas fait comme ça", mais c'est du pinaillage, ses choix de trad sont hyper bien, et parfois très habiles). Et puis ça tombe bien, j'ai à la maison des jeunes qui sont pile à l'âge d'accrocher à fond à la série, donc ça me permettra de la leur faire découvrir.

Voilà voilà...

Commentaires

Anonyme a dit…
Le problème du premier tome, ça a beaucoup été la prise de contact entre traduction et place disponible. J'avais encore jamais eu le problème de façon aussi aiguë. Le calibrage a dicté pas mal de décisions, en fait. Dans les tomes suivants, je me relaxe un peu.

Quant à "J'aurais pas fait comme ça", rien de plus normal: il y a autant de versions d'un texte que de traducteurs, ou presque. C'est d'ailleurs ce qui m'empêche de beaucoup lire en VF: je passe mon temps à me rejouer cette remarque, ou sa cousine "comment est-ce que j'aurais traduit ça, moi?" Ça casse le rythme de lecture.
Alex Nikolavitch a dit…
Notons que le "j'aurais pas fait comme ça" tient généralement à du micro détail, genre la "voix" que tu donnes à Constantine, des trucs dans le genre. du pinaillage, comme je disais. Parce que sérieux, tu t'en es tiré comme un chef.
Anonyme a dit…
Merci!

Mais j'étais sérieux sur les restrictions de place. Souvent, y avait une tournure qui collait mieux, mais j'étais obligé de réviser mes ambitions PARCE QUE ÇA RENTRAIT PAS! C'est très démoralisant. Et je n'avais pas vraiment eu le problème dans de telles proportions avec les qqs bédés que j'avais traduites auparavant. Là, je ne sais pas, je me suis bien pris la tête. Mais l'habitude et la dextérité du lettreur qui semble capable de merveilles font que ça s'améliore par la suite...
Alex Nikolavitch a dit…
c'est pas Ced "Psychoboy" Vincent, au lettrage, d'ailleurs ?

c'est un super bon dans son domaine, on ne le dit pas assez.
Anonyme a dit…
L'Œil de Moscou en personne, oui.

Posts les plus consultés de ce blog

Le grand méchoui

 Bon, l'info est tombée officiellement en début de semaine : Les Moutons électriques, c'est fini. Ça aura été une belle aventure, mais les événements ont usé et ruiné peu à peu une belle maison dans laquelle j'avais quand même publié dix bouquins et un paquet d'articles et de notules ainsi qu'une nouvelle. J'ai un pincement au coeur en voyant disparaître cet éditeur et j'ai une pensée pour toute l'équipe.   Bref. Plein de gens me demandent si ça va. En fait, oui, ça va, je ne suis pas sous le choc ni rien, on savait depuis longtemps que ça n'allait pas, j'avais régulièrement des discussions avec eux à ce sujet, je ne suis pas tombé des nues devant le communiqué final. Qu'est-ce que ça veut dire concrètement ? Que les dix bouquins que j'évoquais plus haut vont quitter les rayonnages des libraires. Si vous êtes en retard sur Cosmonautes ! ou sur Le garçon avait grandi en un gast pay s, notamment, c'est maintenant qu'il faut aller le...

Writever janvier, part 1

 Tiens, ça faisait longtemps que j'avais pas participé au Writever. J'avais lâché l'affaire au moment où la connexion internet était devenue un enfer. Comme c'est un exercice marrant, et qui m'a bien aidé à des moments où j'avais des pannes d'écriture, c'est pas plus mal de m'y remettre. Le thème, "fucking tech!", à un moment où Musk est sur les rangs pour devenir maître du monde, c'est peut-être de saison. 1- Réaliste "Soyez réaliste, on ne peut pas avoir cette option, c'est trop de complications et de risques." C'est comme une âme en peine qu'il ressorti de la boutique PinApple. Ce n'était pas encore avec cette génération-là qu'il pourrait faire de l'irish coffee avec son smartphone. 2- Accessoire On a accessoirisé les machines, on passe aux utilisateurs. Les écouteurs et la montre turboconnectés? Ringard. Maintenant il y a le contrôleur dentaire, trois dents sur pivots qu'on titille de la langu...

Par là où tu as pêché

 Ma lecture du moment, hors comics et trucs pour le boulot (et y en a des palanquées, de ça), ça aura été The Fisherman , de John Langan, apparemment la grosse sensation de cet hiver. Un roman épais à la jolie couverture, dont le pitch est simple : c'est l'histoire d'un mec qui va à la pêche pour oublier ses soucis personnels. Bon, en vrai, c'est sa manière de gérer le deuil, et le vrai thème, il est là. Notre protagoniste a perdu sa femme d'un cancer et en reste inconsolable. La pêche, c'est son moyen de ventiler tout ça, sans pour autant régler le problème. Il écume les rivières de la région, les Catskills, une zone montagneuse dans l'arrière-pays de New York. Un beau jour, il embarque avec lui un collègue qui a perdu sa famille dans un accident de voiture et le vit encore plus mal. J'en dis pas plus pour l'instant. John Langan, l'auteur, est assez inconnu par chez nous. C'est son deuxième roman, il a par contre écrit une palanquée de nouve...

Executors

 Dans mon rêve de cette nuit, j'étais avec un groupe d'amis dans un café, quand un bus scolaire s'est rangé devant. En descend une espèce de proviseur aux faux airs de Trump, et une cohorte de mômes en uniforme scolaire à la con, type anglais ou japonais, ou école catho peut-être : blasers, jupes plissées, écussons. Le proviseur fait "allez-y, faites le ménage" et les mômes sortent des Uzi et des fusils à pompe. Ils défoncent tous ceux qui sont attablés en terrasse. On arrive à se planquer sous les tables avec mon groupe, et on s'enfuit par la porte de derrière sans demander notre reste. Pas question de jouer les héros face à ces écoliers au regard vide. On zigzague dans des ruelles, mais chaque fois qu'on retombe sur une avenue, des bus scolaires s'arrêtent et vomissent leur contenu de gamins en uniforme. L'accès à la gare du métro aérien est coupé. On voit des cadavres ensanglantés dévaler les marches. En haut, c'est la fusillade. Dans les ru...

Au ban de la société

 Tiens, je sais pas pourquoi (peut-être un trop plein de lectures faites pour le boulot, sur des textes ardus, avec prise de note) j'ai remis le nez dans les Justice Society of America de Geoff Johns, période Black Reign . J'avais sans doute besoin d'un fix de super-héros classique, avec plein de persos et de pouvoirs dans tous les sens, de gros enjeux, etc. Et pour ça, y a pas à dire JSA ça fait très bien le job. La JSA, c'est un peu la grand-mère des groupes super-héroïques, fondée dans les années 40, puis réactivée dans les années 60 avec les histoires JLA/JSA su multivers. C'étaient les vieux héros patrimoniaux, une époque un peu plus simple et innocente. Dans les années 80, on leur avait donné une descendance avec la série Infinity Inc . et dans les années 90, on les avait réintégrés au prix de bricolages divers à la continuité principale de DC Comics, via la série The Golden Age , de James Robinson et Paul Smith, qui interprétait la fin de cette époque en la...

À la Dune again

 Bon, je viens de finir Dune Prophecy, la série télé dans l'univers de Dune , conçue pour être raccord avec les films de Villeneuve. Et, forcément, je suis partagé. Comme toujours avec ce genre de projets, on peut y trouver autant de qualités que de défauts. La production value est chouette, ça essaie de coller à l'esthétique des films, le casting est plutôt bien, c'est pas mal mené, distillant du mystère retors et du plan dans le plan. De ce point de vue, mission accomplie. Après, c'est assez malin pour s'insérer dans la continuité des bouquins de Brian Herbert et Kevin J. En Personne sans les adapter directement, histoire de pouvoir inventorier les trucs moisis. Ça n'y arrive pas toujours, et ça rajoute des idées à la con (des scènes de bar, franchement, dans Dune , quelle faute de goût) et ça reste prisonnier de ce cadre. Mais ça essaie de gérer et de ce point de vue, c'est plutôt habile. Où est le problème ? me direz-vous ? Bon, on en a déjà causé, mais...

La fin du moooonde après la fin de l'année

Edit : Bon, c'est annulé vu la nouvelle qui vient de tomber.      Ah, tiens, voilà qu'on annonce pour l'année prochaine une autre réédition, après mon Cosmonautes : C'est une version un peu augmentée et au format poche de mon essai publié à l'occasion de la précédente fin du monde, pas celle de 2020 mais celle de 2012. Je vous tiens au courant dès que les choses se précisent. Et la couve est, comme de juste, de Melchior Ascaride.

Perte en ligne

 L'autre soir, je me suis revu Jurassic Park parce que le Club de l'Etoile organisait une projo avec des commentaires de Nicolas Allard qui sortait un chouette bouquin sur le sujet. Bon outil de promo, j'avais fait exactement la même avec mon L'ancelot y a quelques années. Jurassic Park , c'est un film que j'aime vraiment bien. Chouette casting, révolution dans les effets, les dinos sont cools, y a du fond derrière (voir la vidéo de Bolchegeek sur le sujet, c'est une masterclass), du coup je le revois de temps en temps, la dernière fois c'était avec ma petite dernière qui l'avait jamais vu, alors qu'on voulait se faire une soirée chouette. Elle avait aimé Indiana Jones , je lui ai vendu le truc comme ça : "c'est le mec qui a fait les Indiana Jones qui fait un nouveau film d'aventures, mais cette fois, en plus, y a des dinos. Comment peut-on faire plus cool que ça ?" Par contre, les suites, je les ai pas revues tant que ça. L...

La fille-araignée

Tiens, ça fait une paye que j'avais pas balancé une nouvelle inédite... Voilà un truc que j'ai écrit y a 6 mois de ça, suite à une espèce de cauchemar fiévreux. J'en ai conservé certaines ambiances, j'en ai bouché les trous, j'ai lié la sauce. Et donc, la voilà... (et à ce propos, dites-moi si ça vous dirait que je fasse des mini-éditions de certains de ces textes, je me tâte là-dessus) Elle m’est tombée dessus dans un couloir sombre de la maison abandonnée. Il s’agissait d’une vieille villa de maître, au milieu d’un parc retourné à l’état sauvage, jouxtant le canal. Nul n’y avait plus vécu depuis des décennies et elle m’avait tapé dans l’œil un jour que je promenais après le travail, un chantier que j’avais accepté pour le vieil épicier du coin. J’en avais pour quelques semaines et j’en avais profité pour visiter les alentours. Après avoir regardé autour de moi si personne ne m'observait, je m’étais glissé dans une section effondrée du mur d’enceinte, j’...

Sonja la rousse, Sonja belle et farouche, ta vie a le goût d'aventure

 Je m'avise que ça fait bien des lunes que je ne m'étais pas penché sur une adaptation de Robert E. Howard au cinoche. Peut-être est-ce à cause du décès de Frank Thorne, que j'évoquais dernièrement chez Jonah J. Monsieur Bruce , ou parce que j'ai lu ou relu pas mal d'histoires de Sonja, j'en causais par exemple en juillet dernier , ou bien parce que quelqu'un a évoqué la bande-son d'Ennio Morricone, mais j'ai enfin vu Red Sonja , le film, sorti sous nos latitudes sous le titre Kalidor, la légende du talisman .   On va parler de ça, aujourd'hui Sortant d'une période de rush en termes de boulot, réfléchissant depuis la sortie de ma vidéo sur le slip en fourrure de Conan à comment lui donner une suite consacrée au bikini en fer de Sonja, j'ai fini par redescendre dans les enfers cinématographiques des adaptations howardiennes. Celle-ci a un statut tout particulier, puisque Red Sonja n'est pas à proprement parler une création de Robert H...