Accéder au contenu principal

Totally groovy fever... Ou pas.

Gnagnagna, trop de boulot, fatigué, pffff, difficile de tout mener de front, cavaler, etc. Vous avez l'habitude de voir la War Zone devenir le petit théâtre de récriminations de ce type. Faut dire que c'est vrai. Je bosse trop, et trop pour des clopinettes, en plus. Mais bon, on ne se refait pas, j'irais bosser dans les locaux d'une grosse boite, avec des horaires, une cravate, des réunions à n'en plus finir et un plan épargne-machin, je crois que je finirais par me pendre. Donc bon, je me plains, mais je sais que l'alternative serait largement pire, parce que dans ma situation actuelle, je trouve le moyen de m'amuser et de me faire plaisir en bossant. C'est déjà pas mal.

Mais bon, pour bosser comme un dingue, il faut du carburant. Et comme je ne suis pas trader, vedette de télé ni star du rock, je n'ai pas les moyens d'employer des carburants trop puissants (et puis le petit Jean-Claude V, de Bruxelles, plane comme un avertissement pour tous ceux qui seraient tentés. Et je ne parle même pas de la petite Amy). Bref. Je dois faire avec les moyens du bord, et ce week-end, c'étaient café et musique. Pas forcément dans cet ordre. D'ailleurs c'était parfois en même temps.

Après une grosse cure de Cure, ces dernières semaines, je me suis avisé que, malgré les immenses qualités de l'œuvre de Robert Smith et consorts, ce n'est pas forcément le carburant idéal pour se redonner la pèche, la niaque, la gagne.

Il fallait se tourner vers quelque chose de plus fort. Après avoir grenouillé quelques heures dans Amii Stewart et consorts (je touche du bois), j'ai trouvé pile ce qu'il me fallait.

KC & the Sunshine Band.

Mais si, vous voyez très bien qui c'est.

Dat's the way, hin-hin han-han, I like it, hin-hin han-han, dat's the way, hin-hin han-han, ad lib.

Vous voyez bien que vous voyiez ce que c'était. Je vous l'avais dit. Mais personne ne m'écoute, pff, vous ne me méritez pas.

Bref.

KC & the Sunshine Band, c'est du gros disco canal historique, ça bouge dans tous les sens, ça dégage une odeur palpable de spots colorés, de coupe de cheveux en forme de mousse de micro, de semelles ultra compensées, de couleurs improbables et de boule à facettes. La musique à fond pendant que je bosse, je me laisse entraîner. D'instinct, ma main monte vers mon cou, pour rajuster un imaginaire col pelle à tarte.

Et là, c'est le drame.

Le méchant flashback.

La plongée vers un passé ô combien révolu.

La vision d'un petit gars de six ans et demie faisant le même geste, rajustant son col pelle à tarte brodé d'éclairs dorés, sur cette incroyable chemise complètement dans le move qu'il avait mis pour aller à l'école, assortie au pantalon pattes d'eph beige. La tenue de super cador, j'étais le roi du danceflo… De la cour de récré. Mais le col rebiquait souvent… Et il fallait que je tire dessus régulièrement pour le rajuster. Au bout d'une heure d'une leçon passablement ennuyeuse dont j'ai oublié le sujet, le geste était devenu automatique, le petit coup de poignet pour retendre la pointe du col.

Puis le regard courroucé de la maitresse, cette vieille femme acariâtre qui m'a balancé : "Monsieur le playboy, cessez de jouer au mannequin, je vous prie."

Figé sur place, tel un lapin pris dans les phares. Saisi d'humiliation.

Je n'ai plus jamais remis cette chemise. Elle s'est systématiquement retrouvée rangée tout au fond du placard, cachée, occultée. Je n'ai plus jamais voulu porter quoi que ce soit du genre. Alors que j'aurais pu poursuivre dans cette voie de la coolitude seventies, grandir pour devenir une sorte de Bee Gees ultime et perpétuel à mesure que le poil me venait.

Au lieu de ça, j'ai préféré me jeter à corps perdu dans la sobriété vestimentaire, vouant une sorte de culte au t-shirt noir et à ses dépendances pantalonesques de même teinte.

Vers la même époque, la Légion sautait sur Kolwezi, le type qui faisait le colonel Hogan dans Papa Schultz était assassiné, des coups d'état secouaient aussi bien l'Amérique Latine que l'Afrique, l'Amoco Cadiz menait un programme de redécoration des côtes bretonnes, Patrice Leconte tournait les Bonzés et les communistes prenaient le pouvoir en Afghanistan. Mais je n'avais pas conscience de toutes ces catastrophes et horreurs du monde. J'étais déjà trop choqué, trop K.O.

Cette femme m'a détruit, ce jour-là.

Ma main en tremble alors que je tape ces lignes, plus d'un tiers de siècle après.

En fait, je vais arrêter KC et me remettre à Joy Division. Ça me fera du bien.


Commentaires

Henriette a dit…
Mais que faisais-tu en 1983 ?

Henriette
Jim Lainé a dit…
"une odeur palpable de spots colorés"




La spirale de la synesthésie m'étourdit !



Jim
soyouz a dit…
Je veux voir Monsieur Nikolavitch avec cette chemise au prochain Angoulême ! Avec le t-shirt Fulchibar dessous !

Posts les plus consultés de ce blog

Bonneteau sémantique

Bon, même si j'ai pas vraiment d'éditeur en ce moment, pour les raisons que vous savez (si vous êtes éditeur et que je vous ai pas encore embêté en vous envoyant mes trucs, manifestez-vous), je continue à écrire.   Avec le temps, j'en ai déjà causé, je suis devenu de plus en plus "jardinier", en ce sens que quand je commence à écrire, je n'ai plus qu'un plan très succinct, indiquant juste la direction du récit et ses grosses balises et je me laisse porter par les situations et les personnages. Bon, une des raisons, c'est que quand je faisais des plans détaillés, j'en foutais la moitié au panier en cours de route. Une autre, c'est que je me fais plus confiance, à force. Là où j'ai changé mon fusil d'épaule, c'est que le truc sur lequel je bosse en ce moment est un roman d'anticipation (développant l'univers posé dans quelques unes de mes nouvelles, on retrouve d'ailleurs un personnage) et pas de fantasy. Mon plan se rédui...

Causes, toujours

 Dans la mesure où j'ai un peu de boulot, mais que ce n'est pas du tout intense comme ça a pu l'être cette année, j'en profite pour tomber dans des trous du lapin de documentation, qui vont de la ville engloutie de Kitej (pour une idée de roman avec laquelle je joue depuis l'an passé mais que je ne mettrai pas en oeuvre avant de l'avoir bien fait mûrir) à des considérations sur les influences platoniciennes sur le christianisme et le gnosticisme primitifs (pour me tenir à jour sur des sujets qui m'intéressent de façon personnelle) à des trucs de physiques fondamentale pour essayer des comprendre des choses sans doute trop pointues pour moi.     Là, ce soir, c'étaient des conversations entre physiciens et un truc m'a fait vriller. L'un d'entre eux expliquait que la causalité est une notion trop mal définie pour être encore pertinente en physique. Selon lui, soit on la repense, soit on la vire. Il cite un de ses collègues britanniques qui disai...

Sur la route encore

 Longtemps que je n'avais pas rêvé d'un voyage linguistique. Ça m'arrive de temps en temps, je ne sais pas pourquoi. Là j'étais en Norvège, je me retrouve à devoir aller dans le nord du pays pour accompagner un groupe, je prends un ferry puis une sorte de car pour y aller. Une fois sur place, on se fait une forteresse de bois surplombant un fjord, c'est féérique et grandiose. Pour le retour, pas de car. On me propose un camion qui redescend par la Suède, j'accepte le deal. Je me retrouve à voyager à l'arrière d'abord puis, après la douane, je passe devant avec le conducteur qui parle un français bancal et son collègue co-pilote qui cause un anglais foireux. Bon baragouine en suivant des routes tortueuses entre des pins gigantesques. Y a des étapes dans des trucs paumés où on s'arrête pour manger, un début de bagarre qu'on calme en payant une bouffe à tout le monde. Des paysages chouettes. Je suis jamais arrivé à destination, le réveil a sonné, ma...

Rebooteux

 Bon, on a profité de l'été pour se faire des sorties cinés avec la tribu Lavitch. Et comme il y a un tropisme comics par ici, ça a été Superman et Fantastic Four.     Pas grand-chose à dire sur le FF , qui est dans la moyenne des films Marvel en termes de scénar, mais bénéficie d'une belle direction artistique et d'un ton qui, pour le coup, colle assez avec ce qu'on était en droit d'attendre d'un film sur le quatuor le plus emblématique des comics, et qu'aucun des films précédents qui leur étaient consacrés n'arrivait à approcher (à part peut-être un peu le Corman, mais on reconnaîtra que c'est un cas particulier). Pas le film de l'année, mais un moment fun et coloré. On notera que prendre une actrice qui s'appelle Kirby pour faire le personnage le plus stanleesque de la bande ne manque pas d'ironie, mais elle fait bien le job, donc...  Fun et coloré, ce sont aussi des mots qui viennent à l'esprit en voyant le Superman , James Gunn ...

Romulus et Rémus sont dans un vaisseau

 Comme il y a des domaines sur lesquels je suis toujours un poil à la bourre, j'ai enfin vu Alien : Romulus . J'avais eu l'intention d'y aller en salle, mais pour des problèmes d'emploi du temps, ça ne s'était pas fait. Et de toute façon, vous le savez si vous me lisez depuis longtemps, j'avais signé l'avis de décès de la licence Alien il y a déjà quelques années. Bon, hier soir, après avoir passé quelques heures en recherches perso sur des sujets obscurs (le proto-canon paulinien de Marcion, ça vous parle ? Probablement pas), je me suis calé devant la télé, et en fouillant dans les menus des plateformes, je suis tombé sur Romulus et je me suis dit : allez. Y a quinze jours, en faisant la même démarche, j'étais tombé sur le documentaire de Werner Herzog sur Bokassa. Pas exactement le même délire. Je ne m'attendais pas à grand-chose. J'avais vu passer des critiques pas très sympa. Ceci dit, les bandes annonces m'avaient fait envie : décor...

Boy-scouts go home !

 Bon, je suis plus débordé que je ne l'aurais cru en cette période. Du coup, une autre rediff, un article datant d'il y a cinq ans. Au moment où Superman se retrouve à faire équipe avec Guy Gardner à l'écran, c'est peut-être le moment de ressorti celui-ci. Les super-héros sont des gentils propres sur eux affrontant des méchants ridicules, avec une dialectique générale qui est, selon le cas, celle du match de catch ou de la cour de récré. C’est en tout cas l’image qu’en a une large partie du grand public. Certains, notamment Superman, correspondent assez à ce cliché. D’autres héros s’avèrent moins lisses, et contre toute attente, ça ne date pas d’hier : aux origines des super-héros, dans les années 1930-40, on est même très loin de cette image de boy-scouts. Les héros de pulps, ancêtres directs des super-héros, boivent et courent la gueuse comme Conan, massacrent à tour de bras, comme le Shadow ou lavent le cerveau de leurs adversaires comme Doc Savage. Superman, tel que...

La pataphysique, science ultime

 Bon, c'est l'été. Un peu claqué pour trop mettre à jour ce blog, mais si j'en aurais un peu plus le temps que les mois précédents, mais là, justement, je souffle un peu (enfin presque, y a encore des petites urgences qui popent ici et là, mais j'y consacre pas plus de deux heures par jour, le reste c'est me remettre à écrire, bouger, faire mon ménage, etc.) Bref, je me suis dit que j'allais fouiller dans les étagères surchargées voir s'il y avait pas des trucs sympas que vous auriez peut-être loupés. Ici, un papier d'il y a déjà huit ans sur... la pataphysique.     Le geek, et plus encore son frère le nerd, a parfois une affinité avec la technologie, et assez souvent avec les sciences. Le personnage du nerd fort en science (alors que le « jock », son ennemi héréditaire, est fort en sport) est depuis longtemps un habitué de nos productions pop-culturelles préférées. Et, tout comme l’obsession du geek face à ses univers préféré, la démarche de la science ...

Fils de...

Une petite note sur une de ces questions de mythologie qui me travaillent parfois. Je ne sais pas si je vais éclairer le sujet ou encore plus l'embrouiller, vous me direz. Mon sujet du jour, c'est Loki.  Loki, c'est canoniquement (si l'on peut dire vu la complexité des sources) le fils de Laufey. Et, mine de rien, c'est un truc à creuser. Chez Marvel, Laufey est représenté comme un Jotun, un géant. Et, dans la mythologie nordique, le père de Loki est bien un géant. Sauf que... Sauf que le père de Loki, en vrai, c'est un certain Farbauti, en effet géant de son état. Un Jotun, un des terribles géants du gel. Et, dans la poésie scaldique la plus ancienne, le dieu de la malice est généralement appelé fils de Farbauti. Laufey, c'est sa mère. Et, dans des textes un peu plus tardifs comme les Eddas, il est plus souvent appelé fils de Laufey. Alors, pourquoi ? En vrai, je n'en sais rien. Cette notule n'est qu'un moyen de réfléchir à haute voix, ou plutôt...

Dans la vallée, oho, de l'IA

 J'en avais déjà parlé ici , le contenu généré par IA (ou pour mieux dire, par LLM) envahit tout. Je bloque à vue des dizaines de chaînes par semaine pour ne pas polluer mes recommandations, mais il en pope tous les jours, avec du contenu de très basse qualité, fabriqué à la chaîne pour causer histoire ou science ou cinéma avec des textes assez nuls et des images collées au petit bonheur la chance, pour lequel je ne veux pas utiliser de bande passante ni perdre mon temps.   Ça me permet de faire un tri, d'avoir des vidéos d'assez bonne qualité. J'y tiens, depuis des années c'est ce qui remplace la télé pour moi. Le problème, c'est que tout le monde ne voit pas le problème. Plein de gens consomment ça parce que ça leur suffit, visiblement. Je suis lancé dans cette réflexion en prenant un train de banlieue ce matin. Un vieux regardait une vidéo de ce genre sans écouteurs (ça aussi, ça m'agace) et du coup, comme il était à deux places de moi, j'ai pu en ...

En avant, marche !

Ça faisait longtemps, non, les homélies du dimanche ? Faut dire que j'ai enchaîné des gros trucs depuis septembre. Vous avez déjà vu un des résultats avec le bouquin sur Tolkien, mais d'autres choses vont arriver. Bref, je remettais le nez dans les vieux textes, parce que ça fait pas de mal, des fois, quand on est surmené et que j'écoute aussi les conférences du Collège de France sur l'exégèse biblique et tout ça. C'est le genre de trucs qui me requinquent quand je fais une pause. Et forcément, ça remet en route le ciboulot. Les rouages grincent au début, mais...  Vous vous rappelez peut-être de ma vieille réflexion sur  le Dieu qui "se promenait dans le jardin au souffle du jour" , il y a déjà... pfou, trop longtemps. un petit Edmund Dulac, parce que bon c'est toujours bien, Dulac   J'aime bien cette image de la Genèse, avec son petit côté presque bucolique et très incarné, les restes d'une vision moins abstraite et moins cosmique de Dieu, une...