C'est suivant mon état de fatigue que je me souviens plus ou moins bien de mes rêves. Là, je suis sur deux gros boulots (un de rédactionnel, un d'édition), plusieurs petits (de traduction, de révision de vieux boulots), plusieurs ponctuels (des ateliers passionnants) avec plusieurs événements qui soufflent le chaud et le froid, je jongle entre plein de trucs. Pas la première fois que ça m'arrive, rien d'inquiétant à ce stade, j'avance sur tout en parallèle, selon le principe qu'une collègue a qualifié de "procrastination structurée". Si je cale sur un truc, j'avance sur le suivant, jusqu'à caler, à passer à celui d'après et ainsi de suite jusqu'à avoir fait le tour.
Le signal d'alerte principal, quand je tire trop sur la queue du mickey, c'est quand je lâche tout pour faire un truc sur lequel je procrastinais vraiment depuis des mois, genre faire de la plomberie ou de l'enduit, ou me remettre à écrire de façon compulsive alors que j'ai des tonnes de taf à faire avant.
J'en suis pas là.
Par contre, le signal d'alerte secondaire pour me rappeler que je suis en tension, ce sont mes rêves. Lorsque je ne me souviens de rien, ou bien d'images éparses, c'est que soit j'ai été réveillé brutalement (ça arrive quand y a ma tribu qui a des horaires à la noix, des obligations, etc.) ou que je speede trop.
Ce qui est intéressant, ce sont les images éparses qui me restent. Parfois, elles relèvent de la pure réminiscence, tel coin de rue où je n'ai pas remis les pieds depuis parfois des décennies, ou que j'ai visité plus récemment mais a changé au point d'être méconnaissable, mais qui me revient quand même comme à l'époque, telle personne parfois perdue de vue ou carrément décédée, des choses du genre qui me laisseront un sentiment de nostalgie et de mélancolie pour la journée, des images qu'il me faudra chasser à toute force en me lançant encore plus à corps perdu dans le turbin, le taf, en me remettant sérieusement au charbon, en somme.
Et parfois ce sont des bribes absurdes. Genre cette nuit j'ai coursé des terminators de divers modèles dans une cantine scolaire en essayant de les allumer au shotgun. Y en avait un, c'était la comparse du Général Zod dans Superman 2, mais elle perdait des bouts à chaque fois qu'on parvenait à toucher. Dans le même rêve, on se faisait livrer des avions de patrouille dans des caisses. Des petits machins à réaction, au design élégants, minuscules, dans lesquels j'avais du mal à foutre mes jambes, mais qui s'assemblaient en quelques instants. J'ai plus souvenir d'avoir décollé avec, par contre, juste d'avoir pesté en m'installant. Et que c'était dans la rue où je vivais y a déjà près d'un demi-siècle.
Hier, c'étaient des espaces gigantesques dans lesquels je rôdais, des souterrains immenses, je ne sais pas ce que j'y cherchais, mais je cherchais, ça j'en suis certain, j'essayais d'identifier des marques à demi effacées sur les murs, en évitant de croiser la faune étrange, humaine ou pas, qui parfois se manifestait.
Le bateau, l'autre jour, était colossal aussi, des coursives interminables où on cavalait. Avec qui ? Je ne parviens pas à me souvenir de qui étaient mes compagnons d'aventures, ces derniers temps. Probablement des amis plus ou moins proches.
Surnagent des perspectives, des constructions de guingois, parfois croulantes, des bouts de situations auxquelles je n'arrive plus à donner de sens ni de continuité. Encore trois mois comme ça.
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