Dans mon rêve de cette nuit, nous nous étions donnés rendez-vous à la gare routière avec quelques copains auteurs et autrices. Nous avions un grand projet. Nous partions à la conquête d’Hollywood. Chacun s’était apprêté en conséquence et nous formions dans le car une troupe disparate, attifée, endimanchée, mais avec ses sacs à provisions pour le voyage.
Je me suis trouvé un très beau smoking, mais les chaussures me font mal aux pieds. Dans le car, je les retire pour manger mon sandwich en évitant (en essayant d’éviter) de foutre des miettes partout sur la soie noire du costard. Après un temps considérable, après avoir traversé des ponts démesurés et des déserts, nous arrivons à destination.
Nous descendons dans une autre gare routière, plus ensoleillée mais aussi crade que la précédente. Nous essayons de nous orienter. Un de mes collègues avise une patrouille armée. Il veut aller demander son chemin. « Fais pas le con, lui dis-je, c’est la police de Los Angeles. » Une voiture de patrouille ralentit à notre hauteur. C’est moi que le flic dévisage de la tête au pied. Je m’aperçois que j’ai oublié mes chaussures dans le car. Je suis pieds nus sur le trottoir. Je me retourne, mais je vois l’énorme véhicule s’enfourner dans une rue tortueuse à l’allure hispanisante.
Une camarade repère un panneau. On est sur le bon chemin. Nous arrivons devant un énorme complexe de bâtiments semblables à des hangars. Pas de doute possible. C’est Hollywood, le quartier des studios. Une double porte vitrée, sur le côté, nous permet d’entrer sans avoir à montrer patte blanche, ce qui nous surprend. À l’intérieur, d’immenses halls avec des restaurants, des expos de photos et de souvenirs de stars déchues et oubliées.
On avance dans le machin, sollicités de toutes parts. Bientôt, à mesure que nous nous enfonçons dedans, ça devient plus sordide, plus crasseux, mois bien éclairé. Dans les locaux que nous croisons on nous propose même des jeux, piscines à balles, tirs à la carabine à plombs, photos de stars.
Ces lieux que nous traversons sont un sordide disneyland pour touristes, une espèce de tumeur qui a dévoré Hollywood. Nous commençons à accélérer le pas. Lorsque nous émergeons enfin de l’autre côté, anxieux, il faut nous rendre à l’évidence. Il ne reste plus que ça, un reste d’usine à rêves qui tourne à vide, qui vend du rien, plus même un souvenir. Nous pourrions le conquérir, mais cela ne nous avancerait à rien.
Tristement, nous tentons de nous orienter à nouveau, de retrouver notre chemin pour retourner à la gare routière.
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