Il est étrange, ce quai. Très large, séparant le fleuve des maisons trapues en pierre, pavé, la voiture n'y a semble-t-il pas cours. J'y déambule souvent, en rêve. Il ne correspond que par minuscules bribes à des lieux réels. L'espèce de marécage ou de vasière, en amont, qui marque le confluent avec une rivière paresseuse, ressemble peut-être partiellement à un bout de bras de mer que je connais, mais qui est loin de toute ville d'importance.
Diverses rampes et volées de marche permettent de descendre jusqu'à l'eau. Souvent, pour rejoindre des canots amarrés, parfois des péniches ou de plus gros navires arrivés là Dieu sait comment.
Suivant les rêves qui m'y conduisent, il peut y avoir des bouquinistes, des guinguettes, une digue séparant l'immense fleuve de la vasière, de l'activité de transbordement, voire même de la bagarre, mais ces éléments n'apparaissent pas systématiquement, et d'une fois sur l'autre les lieux évoluent.
Parfois, je n'y déboule qu'après avoir erré dans les ruelles étroites, un peu plus haut. Parfois, je suis amené à nager dans l'eau trouble. Certains des rêves que j'ai pu décrire ici déjà se déroulaient en d'autres endroits de la petite ville, ou directement au bord du fleuve.
Difficile de savoir quelle synthèse s'est opérée dans ma tête pour produire ce lieu. Pour certains endroits de mes rêves, je peux nommer et situer sur la carte une base quelconque, souvent mixée à d'autres éléments dont la provenance n'a pas grand-chose de mystérieux non plus. Celui-ci, non. Il est d'un autre ordre. C'est un pur fantasme d'un endroit où je pourrais vouloir m'installer, mais dont j'ignore s'il existe, au moins en partie.
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