Ah, c'est beau quand ceux qui ont piétiné De Gaulle se réfèrent aux Gaulois comme carte Joker.
Mais revoyons l'action au ralenti.
Ces derniers temps, des candidats à la Candidature ont dégoisé sur l'Histoire de France, la façon dont on l'enseigne, et ses éléments les plus iconiques.
Pour l'un de ces tristes sires, que nous appellerons Droopy pour ne pas lui faire une pub qu'il ne mérite pas, il ne faut surtout pas enseigner le doute en matière d'Histoire et le remplacer par une doxa qu'on devine conforme à un agenda politique conservateur. Sachant que le doute constructif est à la clé de la profession d'historien, une telle proposition est en soi une négation de l'Histoire dans ce qu'elle est fondamentalement.
Pour l'autre, que nous appellerons Little Nick, le fait de devenir Français impliquerait directement de reconnaître les Gaulois comme ses ancêtres. Comme lui-même est encore moins gaulois que moi, je ne sais pas s'il faut y voir l'expression de traumas d'enfance, d'une bêtise insondable ou juste celle de sa démagogie pure. Ou bien une combinaison des trois.
Allez, inventaire. Outre le fait que la Gaule était une construction politique des Romains, le territoire actuel de la France ne coïncide de toute façon pas avec ses frontières. Allez, petit tour de table. L'Aquitaine ? Ce n'était pas gaulois mais plus probablement proche des ancêtres des Basques actuels. Toute la Provence ? Territoire ligure en partie colonisé par des Grecs. Par contre, les habitants d'Italie du Nord étaient gaulois, eux. Ce qui veut dire qu'il est patriotique de rouler en Fiat. Ah, et y a le problème des Belges. Parce que si César les comptait comme un genre de Gaulois, ils ne parlaient pas la même langue (et certains ne parlaient même pas une langue celtique, y avait déjà des mix avec les Germains, à l'époque, et donc une césure linguistique en Belgique, je vous jure que c'est vrai) et leur territoire mordait largement jusqu'à la Picardie actuelle en passant par la Lorraine avec mes sabots yoho.
Accessoirement, je vois mal comment concilier l'emphase de certains sur les racines chrétiennes et judéo-chrétiennes de l'Europe et ce discours sur les Gaulois. Après, moi je m'en fous qu'on fête Pâques ou Beltaine, Lugnasad ou le Quinze Août, hein. Mais faut choisir.
Un troisième larron, qu'on appellera Chocolatine, a cru malin d'attaquer Little Nick. Il aurait eu tort de s'en priver, c'est clair, sauf qu'il l'a fait avec une connerie encore plus grosse que la sienne. Il imaginait les Allemands comme descendants des Wisigoths. Bon, à ma connaissance, y a jamais eu de Goths (ostro et wisi dans le même sac) en Allemagne actuelle, ou alors complètement à l'Est, et encore. Pour ce qu'on en sait (encore que la chose soit entachée de légendes invérifiables), les Goths venaient de Suède. Ensuite, ils font irruption dans l'Histoire dans le secteur de la Mer Noire, dont ils sont délogés par les Huns. Les Ostrogoths finissent par s'allier avec l'envahisseur et se mélanger à sa société (Attila, s'il est Hun, porte un nom gothique),
Les Wisigoths fuient au Sud et traversent le Danube, provoquant une Crise des Réfugiés qui n'est pas sans rappeler la nôtre, et dont visiblement nos dirigeants actuels n'ont pas tiré la leçon.
Les réfugiés Goths ont été parqués dans des "jungles" et soumis aux vexations et truanderies des préfets et gouverneurs romains, ont fini par se rebeller, écraser les troupes romaines. L'incapacité de l'administration a gérer la suite des évènements conduisit les Goths à porter les promesses de terres arables (qu'on leur avait faite à leur arrivée) à Rome, qu'ils finissent par piller. Vous imaginez déjà les plus xénophobes de nos dirigeants actuels et wanabe dirigeants prendre ça comme prétexte à un durcissement de la politique migratoire. Sauf que quand Rome a fini par effectivement refiler une province aux Wisigoths (la région de Toulouse)… Le problème a été réglé. L'Empire avait gagné avec les Wisigoths fédérés un allié tellement fidèle qu'il est allé donner son sang pour combattre les Huns aux Champs Catalauniques.
Par la suite, le royaume de Toulouse devient un ilot de civilisation et de stabilité, jusqu'à ce que les Francs du Nord en prennent ombrage et l'abattent, chassant ses survivants vers l'Espagne (où ils avaient quelques terres) où ils se firent démonter un siècle plus tard par l'expansion de l'Islam.
Après, tout ceci nous renvoie aux controverse d'il y a un siècle ou deux, quand pour les Républicains la France commençait avec les Gaulois et pour les Royalistes avec le baptême de Clovis.
Je ne reviendrai pas ici sur la réalité de ce qu'étaient les Francs (en bref : de grosses saloperies barbares, beaucoup moins civilisées que les Wisigoths) mais quand on y regarde de plus près, ils n'ont pour eux que d'avoir donné leur nom au pays. Mais nous sommes dans un cas où cela crée un effet de loupe, conduisant à oublier les Burgondes ou les Wisigoths, dont les royaumes couvraient eux aussi une partie du territoire actuel et étaient au moins aussi légitimes que celui de Clovis. Le hasard a voulu que la prime historique ait été donnée aux plus brutaux, aux moins lettrés et aux plus immoraux de la bande. Mais l'histoire est écrite par les vainqueurs.
Et quand je vois la brutalité et la bêtise du discours de nos politiciens actuels, je me dis que leurs ancêtres spirituels sont plutôt à chercher du côté des Francs.
Enfin, si le maire de Levallois pouvait se faire gauler, au moins, ce serait une consolation, non ?
Mais revoyons l'action au ralenti.
Ces derniers temps, des candidats à la Candidature ont dégoisé sur l'Histoire de France, la façon dont on l'enseigne, et ses éléments les plus iconiques.
Pour l'un de ces tristes sires, que nous appellerons Droopy pour ne pas lui faire une pub qu'il ne mérite pas, il ne faut surtout pas enseigner le doute en matière d'Histoire et le remplacer par une doxa qu'on devine conforme à un agenda politique conservateur. Sachant que le doute constructif est à la clé de la profession d'historien, une telle proposition est en soi une négation de l'Histoire dans ce qu'elle est fondamentalement.
Pour l'autre, que nous appellerons Little Nick, le fait de devenir Français impliquerait directement de reconnaître les Gaulois comme ses ancêtres. Comme lui-même est encore moins gaulois que moi, je ne sais pas s'il faut y voir l'expression de traumas d'enfance, d'une bêtise insondable ou juste celle de sa démagogie pure. Ou bien une combinaison des trois.
Allez, inventaire. Outre le fait que la Gaule était une construction politique des Romains, le territoire actuel de la France ne coïncide de toute façon pas avec ses frontières. Allez, petit tour de table. L'Aquitaine ? Ce n'était pas gaulois mais plus probablement proche des ancêtres des Basques actuels. Toute la Provence ? Territoire ligure en partie colonisé par des Grecs. Par contre, les habitants d'Italie du Nord étaient gaulois, eux. Ce qui veut dire qu'il est patriotique de rouler en Fiat. Ah, et y a le problème des Belges. Parce que si César les comptait comme un genre de Gaulois, ils ne parlaient pas la même langue (et certains ne parlaient même pas une langue celtique, y avait déjà des mix avec les Germains, à l'époque, et donc une césure linguistique en Belgique, je vous jure que c'est vrai) et leur territoire mordait largement jusqu'à la Picardie actuelle en passant par la Lorraine avec mes sabots yoho.
Accessoirement, je vois mal comment concilier l'emphase de certains sur les racines chrétiennes et judéo-chrétiennes de l'Europe et ce discours sur les Gaulois. Après, moi je m'en fous qu'on fête Pâques ou Beltaine, Lugnasad ou le Quinze Août, hein. Mais faut choisir.
Un troisième larron, qu'on appellera Chocolatine, a cru malin d'attaquer Little Nick. Il aurait eu tort de s'en priver, c'est clair, sauf qu'il l'a fait avec une connerie encore plus grosse que la sienne. Il imaginait les Allemands comme descendants des Wisigoths. Bon, à ma connaissance, y a jamais eu de Goths (ostro et wisi dans le même sac) en Allemagne actuelle, ou alors complètement à l'Est, et encore. Pour ce qu'on en sait (encore que la chose soit entachée de légendes invérifiables), les Goths venaient de Suède. Ensuite, ils font irruption dans l'Histoire dans le secteur de la Mer Noire, dont ils sont délogés par les Huns. Les Ostrogoths finissent par s'allier avec l'envahisseur et se mélanger à sa société (Attila, s'il est Hun, porte un nom gothique),
Les Wisigoths fuient au Sud et traversent le Danube, provoquant une Crise des Réfugiés qui n'est pas sans rappeler la nôtre, et dont visiblement nos dirigeants actuels n'ont pas tiré la leçon.
Les réfugiés Goths ont été parqués dans des "jungles" et soumis aux vexations et truanderies des préfets et gouverneurs romains, ont fini par se rebeller, écraser les troupes romaines. L'incapacité de l'administration a gérer la suite des évènements conduisit les Goths à porter les promesses de terres arables (qu'on leur avait faite à leur arrivée) à Rome, qu'ils finissent par piller. Vous imaginez déjà les plus xénophobes de nos dirigeants actuels et wanabe dirigeants prendre ça comme prétexte à un durcissement de la politique migratoire. Sauf que quand Rome a fini par effectivement refiler une province aux Wisigoths (la région de Toulouse)… Le problème a été réglé. L'Empire avait gagné avec les Wisigoths fédérés un allié tellement fidèle qu'il est allé donner son sang pour combattre les Huns aux Champs Catalauniques.
Par la suite, le royaume de Toulouse devient un ilot de civilisation et de stabilité, jusqu'à ce que les Francs du Nord en prennent ombrage et l'abattent, chassant ses survivants vers l'Espagne (où ils avaient quelques terres) où ils se firent démonter un siècle plus tard par l'expansion de l'Islam.
Après, tout ceci nous renvoie aux controverse d'il y a un siècle ou deux, quand pour les Républicains la France commençait avec les Gaulois et pour les Royalistes avec le baptême de Clovis.
Je ne reviendrai pas ici sur la réalité de ce qu'étaient les Francs (en bref : de grosses saloperies barbares, beaucoup moins civilisées que les Wisigoths) mais quand on y regarde de plus près, ils n'ont pour eux que d'avoir donné leur nom au pays. Mais nous sommes dans un cas où cela crée un effet de loupe, conduisant à oublier les Burgondes ou les Wisigoths, dont les royaumes couvraient eux aussi une partie du territoire actuel et étaient au moins aussi légitimes que celui de Clovis. Le hasard a voulu que la prime historique ait été donnée aux plus brutaux, aux moins lettrés et aux plus immoraux de la bande. Mais l'histoire est écrite par les vainqueurs.
Et quand je vois la brutalité et la bêtise du discours de nos politiciens actuels, je me dis que leurs ancêtres spirituels sont plutôt à chercher du côté des Francs.
Enfin, si le maire de Levallois pouvait se faire gauler, au moins, ce serait une consolation, non ?
Commentaires
De période en période, de réajustement de territoires en réajustement, une constante semble être restée : les belges ont un gros gosier et des bars bien remplis pour aller avec (mais on boit rarement seul, si jamais z'avez soif :p )