J'étais allé traîner mes bottes dans une grande surface culturelle, une de celles dont le nom évoque une vieille chanson de Louise Veronica Ciccone, même pas pour y acheter des trucs, c'était sur le chemin d'une grande surface de bricolage où j'avais des trucs à récupérer d'urgence pour plier des travaux chez moi. Bref.
Une jeune libraire était en train de ranger des trucs dans un rayon et de mettre un peu d'ordre (je sais pas si vous avez remarqué, mais en librairie, la plupart des clients semblent physiquement incapables de remettre un bouquin à l'endroit où ils l'ont pris pour le feuilleter, ce qui fait que n'importe quel rayon tourne au boxon en quelques heures dès lors que des gens passent devant, c'est ce ce qu'on appelle le Second Principe de la Littérodynamique). J'en étais à remarquer que les éditions Bragelonne sortent du Robert E. Howard en mode rafale et qu'il va falloir que je rattrape mon retard en la matière. Le Bran Mak Morn me fait de l'œil, on ne se refait pas. Pour une fois que j'ai envie d'acheter des bouquins de chez Bragelonne, c'est digne d'être noté (et si vous n'avez pas encore leur intégrale des Conan du même Howard en trois épais volumes illustrés, je ne vous parle juste plus).
Arriva soudain un responsable librairie furibard. De son discours outré sur le ton du "qui m'a fait un coup pareil ?", il ressortait que quelqu'un avait pris une grosse pile de bouquins de Marc Lévy, l'avait mise dans un carton, et retournée à l'envoyeur. Le type avait limite la bave aux lèvres et voulait savoir qui avait fait ça et faisait la tournée des libraires pour mener son enquête inquisitoriale.
J'ai été lâche. Je n'ai pas lâché à haute voix "c'était un employé qui avait du goût, au moins". Mais je l'ai pensé très fort. La pauvre fille n'y était pour rien (ou tout du moins l'a prétendu), et le responsable haineux a poursuivi sa quête du coupable.
Peut-être n'était-ce qu'un stagiaire à qui on avait dit "tu retournes les bouquins de plus trois mois" et qui ayant vu cette pile a décidé de faire son travail comme on lui avait demandé, ne sachant pas que Marc Lévy est le gros pondeur de best sellers bien de chez nous que même le Président en lit, et qu'un libraire qui n'aurait pas des piles monstrueuses de Marc Levy commettrait l'équivalent commercial d'un seppuku effectué à la cuiller à pamplemousse.
Mais je préfère avoir l'image d'un petit terroriste culturel, qui a enfourné sciemment ces bouquins dans le carton, en disant "ces merdes ont plus de trois mois et prennent la place de livres intéressants dont la syntaxe dépasse la simple triade sujet-verbe-complément enrubannés de guimauve. Retournons-les, et avec ce que nous remboursera le diffuseur, on pourra commander des petits trucs sympas chez de petits éditeurs qui aiment le beau style ou les bonnes histoires ou les trucs qui secouent un peu le cocotier".
J'ignore si tu existes, terroriste culturel. Peut-être n'es-tu qu'une fiction née de mon imaginaire enfievré. Mais je suis de tout coeur avec toi, juste au cas où. Parce que ça me redonne un peu d'espoir en l'humanité. C'est mon pari pascalien à moi.
Une jeune libraire était en train de ranger des trucs dans un rayon et de mettre un peu d'ordre (je sais pas si vous avez remarqué, mais en librairie, la plupart des clients semblent physiquement incapables de remettre un bouquin à l'endroit où ils l'ont pris pour le feuilleter, ce qui fait que n'importe quel rayon tourne au boxon en quelques heures dès lors que des gens passent devant, c'est ce ce qu'on appelle le Second Principe de la Littérodynamique). J'en étais à remarquer que les éditions Bragelonne sortent du Robert E. Howard en mode rafale et qu'il va falloir que je rattrape mon retard en la matière. Le Bran Mak Morn me fait de l'œil, on ne se refait pas. Pour une fois que j'ai envie d'acheter des bouquins de chez Bragelonne, c'est digne d'être noté (et si vous n'avez pas encore leur intégrale des Conan du même Howard en trois épais volumes illustrés, je ne vous parle juste plus).
Arriva soudain un responsable librairie furibard. De son discours outré sur le ton du "qui m'a fait un coup pareil ?", il ressortait que quelqu'un avait pris une grosse pile de bouquins de Marc Lévy, l'avait mise dans un carton, et retournée à l'envoyeur. Le type avait limite la bave aux lèvres et voulait savoir qui avait fait ça et faisait la tournée des libraires pour mener son enquête inquisitoriale.
J'ai été lâche. Je n'ai pas lâché à haute voix "c'était un employé qui avait du goût, au moins". Mais je l'ai pensé très fort. La pauvre fille n'y était pour rien (ou tout du moins l'a prétendu), et le responsable haineux a poursuivi sa quête du coupable.
Peut-être n'était-ce qu'un stagiaire à qui on avait dit "tu retournes les bouquins de plus trois mois" et qui ayant vu cette pile a décidé de faire son travail comme on lui avait demandé, ne sachant pas que Marc Lévy est le gros pondeur de best sellers bien de chez nous que même le Président en lit, et qu'un libraire qui n'aurait pas des piles monstrueuses de Marc Levy commettrait l'équivalent commercial d'un seppuku effectué à la cuiller à pamplemousse.
Mais je préfère avoir l'image d'un petit terroriste culturel, qui a enfourné sciemment ces bouquins dans le carton, en disant "ces merdes ont plus de trois mois et prennent la place de livres intéressants dont la syntaxe dépasse la simple triade sujet-verbe-complément enrubannés de guimauve. Retournons-les, et avec ce que nous remboursera le diffuseur, on pourra commander des petits trucs sympas chez de petits éditeurs qui aiment le beau style ou les bonnes histoires ou les trucs qui secouent un peu le cocotier".
J'ignore si tu existes, terroriste culturel. Peut-être n'es-tu qu'une fiction née de mon imaginaire enfievré. Mais je suis de tout coeur avec toi, juste au cas où. Parce que ça me redonne un peu d'espoir en l'humanité. C'est mon pari pascalien à moi.
Commentaires
Ils sont terroristes juste comme il faut ^^
Sinon, oui, il y a Kull l'Atlante qui vient de ressortir aussi. C'est bien, tous ces inédits, je les avais même jamais lus. Alors du coup, j'ai ajouté tout ça à ma pile de trucs "à lire"...
Qui s'agrandit. Démesurément.
Parce qu'en plus il y a aussi les Zelazny que je veux relire, et puis les récits de voyages de Michael Palin, et puis l'Edda de Snorri Sturluson, et puis un ou deux Richard Morgan que j'avais pas lu dans un coin, et puis quatre monographies vachement sympa de chez Imago, et puis le Guide de l'Incendiaire des Maisons d'Ecrivains en Nouvelle Angleterre... Et puis plein, quoi !
J'aimerais bien que le temps s'arrête un coup pour que je puisse rattraper tout ça.
Enfin, bon, comme tout le monde, je suppose.
Mais ma pile des à lire est assez cyclopéenne aussi.
(tiens, l'Edda, faut que j'en rechope un exemplaire, j'ai eu le malheur de prêter le mien il y a bien des lunes, et je ne l'ai jamais revu)
maintenant il va falloir que j'aille faire un tour pour aller y voir de plus près !