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Bateleur 3

Bon, pas le temps de vous égayer de considérations fumeuses. Alors je vous remets une petite nouvelle, la suite des aventures du Bateleur :

La voix du sabre

Le soir tombait sur l’esplanade de Beaubourg. En ordre dispersé, les premiers nuiteux commençaient à s’égayer aux alentours. Gays se rendant à l’une ou l’autre boîte du Marais, fêtards cherchant un bistrot branché, touristes perdus dans un Paris By Night en forme de labyrinthe insensé…

Le Bateleur regardait la foule se réunir et se répandre dans un savant désordre qui devait à la fois tout et rien au hasard. Il avait arrêté de jongler pour la journée car il ne se sentait pas d’humeur à affronter cette masse qui devenait plus compacte à mesure que l’heure passait.

- En panne d’inspiration ?

- Non Kevin. Je regardais juste la foule. C’est comme un nuage qui prend des formes au gré du vent. De temps en temps, on croit y voir un schéma, une image, et puis l’instant d’après tout disparaît et une autre image apparaît à la place. Ou n’apparaît pas, d’ailleurs, c’est assez étonnant. Il a bien dû exister à une époque un art de lire l’avenir dans les mouvements de la foule, de la même manière qu’on le lisait dans le marc de café, le vol des oiseaux ou les entrailles des animaux sacrifiés.

Kevin se garda de répondre. Ce genre de tirades avait toujours eu le don de le mettre mal à l’aise, de le perdre en route… Il passa la main sur ses cheveux ras et regarda les gens pressés qui passaient alentour sans s’arrêter, sans prêter attention aux deux jongleurs vêtus de cuir qui discutaient au pied d’un des manchons d’aération.

- Populomancie, hasarda le Bateleur. On pourrait appeler cet art la populomancie, divination dans le peuple… Oui, ça ne sonne pas trop mal, je trouve.

- Et si tu essayais de lire l’avenir dans une mousse ?

- Pourquoi pas, si c’est toi qui l’offre…

Un instant plus tard, les deux jongleurs étaient accoudés au comptoir d’un petit bar de la rue Quincampoix.

- Alors, tu vois quoi ?

Le Bateleur ne répondit pas. Il porta le verre à ses lèvres et but une épaisse gorgée. Kevin haussa les épaules et l’imita. En silence, ils arrivèrent au bout de leurs bières et le Bateleur fit signe au barman de les resservir.

- C’était pas glorieux, aujourd’hui.

Le Bateleur hocha la tête pour acquiescer. Le temps était maussade et les touristes s’étaient orientés vers les musées et les galeries. Personne ou presque ne s’était arrêté pour admirer les artistes de rue.

- Je me demande si ça ne vaudrait pas le coup d’essayer l’esplanade de Montparnasse, continua Kevin. Avec la gare, il y aurait du chaland, non ?

- C’est aux mains des vendeurs de journaux. Et les gens qui prennent les transports en commun pour aller travailler ne s’arrêtent pas pour regarder les amuseurs dans notre genre. Autant aller jouer de la guitare dans le métro.

- Ouais. Dis surtout que tu as eu des histoires à cet endroit et que tu as la trouille de t’y montrer…

Le Bateleur accusa le coup. Comment diable Kevin pouvait-il être au courant de l’histoire du collier ? Il regarda son compagnon des pieds à la tête, cherchant une réponse, mais Kevin affichait son éternelle dégaine avachie, placide et pas concernée par ce qui se passe à plus de dix mètres.

- C’est vrai, Kevin. J’ai eu des emmerdes, là-bas. Et alors ? C’est un mauvais endroit de toute façon.

- On m’a dit que tu avais failli planter un type avec une baïonnette. Ça m’a étonné, tu sais. Je ne pensais pas que tu étais du genre à te balader avec une lame de brute comme ça.

Le Bateleur se pencha pour ramasser son sac. Puis il l’ouvrit et le tendit à son compagnon. Entre les trois quilles en aluminium luisait la lame impeccablement entretenue d’une baïonnette courte mais acérée, le modèle standard de l’armée soviétique, celui qu’on fixait aux Kalachnikovs. Kevin la fit glisser hors de son étui de cuir ajouré.

- Putain la vache ! Je n’y croyais pas !

- Et pourquoi ?

- Je ne sais pas, vieux. Je te voyais plus avec un sabre japonais ou quelque chose dans le genre.

- Ha ha ! Mais… Je pratique le iaï-do, Kevin.

- Le quoi ?

- L’art japonais de tirer le sabre.

Kevin se redressa pour examiner le Bateleur.

- Tu te fous de moi ?

- Absolument pas. Tu veux une démonstration ?

- Avec ta baïonnette ?

- Tu es vraiment obtus, Kevin. Allez, ramène-toi. Et paye les bières.

La nuit était tombée et seuls quelques réverbères anémiques éclairaient le dédale de petites rues que les deux jongleurs traversaient avec l’aisance des habitués. Ils finirent par déboucher dans la rue de Turenne. Là, le Bateleur avisa une porte cochère et s’y engouffra.

Avec un passe, il ouvrit la porte de la cave et descendit quelques marches jusqu’à une massive porte de chêne.

- Ça appartient à un type que j’ai dépanné dans le temps. C’est un grand amateur d’arts martiaux.

- Ça se voit.

L’immense cave voûtée avait été aménagée en dojo. Un grand tatami couvrait le sol pavé, des râteliers d’armes exotiques étaient fixés aux parois, et il y avait même une cible en paille tout au fond, destinée à l’entraînement au tir à l’arc. Kevin fit quelques pas dans la pièce, mais le Bateleur l’arrêta d’un geste et le força à retirer ses Doc Maertens.

- Et pose ton blouson dans un coin, il y a de la place.

Kevin s’approcha d’un des râteliers et en tira un sabre de bois. Il exécuta quelques figures maladroites, imitant un film de ninjas qu’il avait vu quelques temps auparavant.

Avisant une authentique lame, le Bateleur la sortit de son étui. L’acier brillait sous l’éclairage tamisé de la salle. Kevin y jeta un œil et s’approcha. Le Bateleur enchaînait des postures, les yeux fermés. Kevin entendait sa respiration profonde et détendue, comme s’il était somnambule et qu’il maniait le katana dans un rêve.

Avec une lenteur étudiée, le Bateleur simulait un combat imaginaire avec tout son apprêt de saluts et de défis. Sa respiration se synchronisa avec les mouvements du sabre. Puis d’un geste sec il pointa l’arme vers le fourreau, fit la torsion brusque du poignet destinée à faire tomber les éventuelles gouttes de sang qui souilleraient de fil de la lame, et il la rangea avant de rouvrir les yeux.

- Putain, vieux, c’est impressionnant. Je ne sais pas ce que ça vaut au combat, mais c’est impressionnant.

Le Bateleur esquissa un sourire.

- Absolument rien. Ça ne vaut rien en situation réelle. Quoiqu’en pensent quelques exaltés qui vont trop au cinéma, ce n’est pas un art de combat.

- Excuse-moi, vieux, mais c’est quand même une arme, que tu tiens entre les mains. Alors pas du combat…

- Soit. Mais quand on se bat pour de bon, on ne se perd pas en pirouettes et en révérences. On frappe et on se défend, c’est tout.

Kevin s’approcha d’une des photos encadrées représentant un samouraï prenant une pose extrêmement graphique.

- Alors ça sert à quoi ? C’est une danse du sabre ? La danse ce n’est pas très martial, je trouve…

Reposant l’arme sur son support, le Bateleur ricana.

- Et c’est l’artiste des rues qui parle, encore ! Kevin, cette manière de se servir d’un sabre n’est ni une danse, ni une technique de combat. C’est de la méditation, une manière d’apprendre à contrôler les mouvements du corps et ceux de l’âme.

- Oh. Un yoga armé ?

- En quelque sorte. Ce n’est pas dénué d’applications au combat, remarque. Un type entraîné de cette manière peut dévier des flèches, et même des coups de feu.

- Tu rigoles !

Le Bateleur alla prendre un des arcs pendus à des crochets dans un des coins de la salle. Il le banda, encocha une flèche et visa son compagnon.

- Non, je ne rigole pas. Apprends donc un nouveau tour, frère jongleur…

- Hé, déconne pas avec ça !

- Prends un sabre et va te poster près des cibles, Kevin. C’est tout simple, je vais te montrer. C’est comme dans Guillaume Tell, ne me dis pas que tu ne connais pas cette histoire !

Sans quitter son compagnon du regard, Kevin alla prendre une arme sur un des râteliers. Il la sortit de son fourreau et partit se poster devant la cible de paille. Le Bateleur continua de le viser tout du long. Puis Kevin se mit en position, la lame levée. L’éclairage faisait briller la pellicule de transpiration qui recouvrait son front.

- Ne bouge pas. Je vais déjà te montrer la précision de mon tir. Quoi qu’il arrive, ne bouge surtout pas.

Et il lâcha son projectile qui passa à deux centimètre de l’oreille de Kevin avant d’aller se planter dans la cible. Sans prendre le temps de regarder ce qui s’était passé, le Bateleur prit une autre flèche et l’encocha.

- Bon, maintenant tu vas tenter de la dévier. Ne t’en fais pas, je vise à côté et tu ne cours aucun risque.

- Facile à dire ! C’est toi qui es du bon côté de l’arc !

- Et toi tu es du bon côté du sabre, Kevin. Essaie, allez !

Au claquement de la corde de l’arc répondirent le sifflement de la flèche, le doux murmure de la lame qui fendit l’air à la rencontre du projectile, et enfin le bruit mat de la cible qui encaissa le coup.

- Tu vois ! Je ne peux pas y arriver ! C’est un truc de dingue, ton histoire !

- Essaie encore, Kevin. Tu es un garçon adroit, tu peux le faire…

Et à nouveau le Bateleur lui décocha une flèche. Kevin réagit une fraction de seconde trop tôt et manqua à nouveau son coup.

- Encore, Kevin ! Moi j’y arrive très bien alors tu ne vas pas me faire croire que tu n’en es pas capable.

Le grand moulinet de Kevin ne parvint pas à atteindre la quatrième flèche. Sans un mot, le Bateleur en encocha une cinquième.

- Merde, arrête ces conneries ! Tu es meilleur jongleur que moi, tu as toujours été plus doué pour tous les tours acrobatiques ! moi, je ne pourrais jamais faire un truc pareil même avec une lame plus longue !

- La longueur de la lame ne change rien à l’affaire, Kevin. Je pourrais y arriver même avec ma baïonnette. Le secret, c’est qu’il faut réagir d’instinct, presque les yeux fermés. C’est ton corps qui doit sentir la flèche approcher et qui doit se défendre tout seul. Essaie encore une fois.

Et il lâcha la flèche qui passa en bruissant juste au-dessus de la tête de son compagnon avant d’aller se ficher dans la cible. Kevin laissa tomber son arme.

- J’arrête. Tu me fous les glandes, avec tes machins à la Yoda. Il y a des mecs qui racontent que tu es taré et je vais finir par les croire !

Le Bateleur encocha une nouvelle flèche et cette fois-ci il visa directement la tête de Kevin.

- Justement, parle-m’en plus. Qui t’a raconté ce qui s’était passé à Montparnasse ?

Une expression de stupeur béate passa sur le visage de Kevin.

- À quoi tu joues, là ?

- Qui t’en a parlé, Kevin ? Qui te raconte ma vie ? Qui raconte que je suis taré ?

Sans quitter le Bateleur des yeux, Kevin se baissa doucement pour ramasser le sabre. Il entendit la corde de l’arc se tendre un peu plus.

- Tu n’as pas répondu à ma question, Kevin. Et le temps que tu m’atteignes avec ton sabre je t’aurai percé de trois flèches au moins. Allez, qui a été baver sur mon compte, je veux savoir !

- Rien du tout ! T’es dingue, maintenant j’en suis sûr ! T’es complètement déjanté ! Alors je ne vais pas balancer le mec qui m’a mis en garde contre toi !

La corde de l’arc claqua. Kevin vit la flèche arriver droit sur lui et ferma les yeux.

Puis il entendit un claquement sec, et quand il les rouvrit, la flèche gisait à ses pieds, en deux tronçons d’inégale longueur. Il tenait le sabre bien droit, à hauteur des yeux, pointé sur l’archer qui lui souriait.

- Tu vois, ce n’est pas si compliqué. Dès que ton corps se sent vraiment menacé et que tu le laisses réagir, tu y es et tout est dès lors possible.

Kevin lâcha le sabre et s’assit au pied du mur, les mains et les genoux tremblant de terreur rétrospective.

- Recommence plus jamais un truc comme ça, mec. Plus jamais, tu m’entends ? Je me fous de savoir ce que tu fais avec ta baïonnette ou avec ce putain de sabre, je me fous de savoir dans quelles magouilles tu peux t’embarquer… Mais recommence plus jamais un plan pareil !

Le Bateleur raccrocha l’arc et partit ôter les flèches de la cible. Puis il ramassa les tronçons gisant au sol, et rangea le sabre. Hagard, Kevin le regarda remettre ses Doc.

- Bon, tu ne vas pas rester là toute la nuit, non ? D’autant que tu me dois au moins deux bières pour la leçon.

Kevin se releva. Il tremblait encore un peu. Sans un mot, il accompagna son compagnon dans la rue quasiment déserte. Tous les bistrots du coin étaient fermés et ils se dirigèrent vers République. Le Bateleur posa la main sur l’épaule de Kevin.

- Allez, ce n’est pas si terrible. Un de ces jours, je t’apprendrai à dévier les balles.

- Non.

- Non ?

- Non.

- Bon…

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