J'en parlais hier, je suis sur la toute dernière ligne droite de l'île de Peter, qui sort normalement en mai prochain.
C'est vraiment curieux cette façon qu'on les bouquins de vous piéger. On a des idées, on les couche sur le papier, et puis plus on avance, plus on se retrouve prisonnier d'idées qui étaient chouettes, mais qui finissent par parasiter le récit. Depuis le début de la semaine, j'ai taillé l'équivalent d'un chapitre et force est de constater que ça fonctionne mieux. De même, réattribuer certains actes à d'autres personnages qu'à ceux qui devaient au départ les accomplir permet de donner une meilleure tenue à la fin. C'est très mystérieux, tout ça, quand même…
Bon, du coup, un petit bout qui lui devrait rester dans le final cut :
C'est vraiment curieux cette façon qu'on les bouquins de vous piéger. On a des idées, on les couche sur le papier, et puis plus on avance, plus on se retrouve prisonnier d'idées qui étaient chouettes, mais qui finissent par parasiter le récit. Depuis le début de la semaine, j'ai taillé l'équivalent d'un chapitre et force est de constater que ça fonctionne mieux. De même, réattribuer certains actes à d'autres personnages qu'à ceux qui devaient au départ les accomplir permet de donner une meilleure tenue à la fin. C'est très mystérieux, tout ça, quand même…
Bon, du coup, un petit bout qui lui devrait rester dans le final cut :
Pris
en chasse un beau matin par un cotre de la marine de Sa Majesté,
notre petit navire ne dut son salut qu'à une bordée de couleuvrines
qui, le Diable seul sait pourquoi, suffit à couler nos adversaires.
Mais nous étions trop proches des côtes ; quelques marins
survécurent et purent raconter leur histoire. Il n'était plus
question pour nous de continuer nos petites affaires entre la Manche
et la Mer d'Irlande. À pile ou face, il fut décidé de partir vers
l'Ouest et c'est ainsi qu'après une traversée éprouvante et
sordide, notre coque de noix n'ayant jamais été conçue pour une
telle aventure, je découvris la Jamaïque, île baignée de soleil,
aux indigènes accueillants. On dit de Port-Royal que c'était la
plus immorale des villes du monde, mais ceux qui profèrent de telles
absurdités confondent immoralité et perversité, et si la nuance
échappait aux protestants, en ce qui me concerne elle me dérangeait
passablement.
Car
cette perversité foncière rendait la ville encore trop anglaise
pour mon goût et j'y abandonnais mes compagnons pour tenter ma
chance sur le continent : les colonies y avaient été fondées
par des Puritains, et donc des non-conformistes en délicatesse avec
les choix religieux de la Couronne anglaise. Je découvris avec
tristesse que si l'on n'élevait pas de bûchers dans cette partie du
Nouveau Monde, l'on y pendait allègrement tous ceux déplaisaient
aux sévères patriarches tout de noir vêtus et affublés de noms
ostensiblement bibliques qui devaient déjà être ridicules du temps
des anciens Hébreux, tous ces Jedadiah Smith et autres Zorobabel
Whateley camouflant leur avidité crasse sous des dehors de pieuse
austérité. Traînant mon désarroi dans les ports de
Nouvelle-Angleterre, un peu moins gangrenés de puritanisme que des
villes de l'intérieur comme Salem, je finis par retomber sur l'un de
mes camarades marins du brigantin, coque de noix dont je ressentais
déjà la nostalgie et dont j'appris qu'elle s'était entretemps
offerte de vrais canons et lancée dans la franche piraterie.
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