Accéder au contenu principal

Ultimate power of the Niko

C'est effrayant, quand même, le pouvoir qu'on finit par acquérir sur les gens, sans même le savoir. Dans mon quartier, depuis que les gens savent que "le grand monsieur du 24 dont on se demandait s'il n'était pas au chômage, à force de la voir aller prendre son café au bistrot à n'importe quelle heure, là, eh bien vous savez quoi ? Il fait des livres ! Si, comme je vous le dis !", d'un coup, on me regarde différemment. Et on tend l'oreille quand je dis un truc vaguement intelligent, et on acquiesce d'un air entendu genre "il doit savoir de quoi il cause". C'est un peu comme ça que je m'étais retrouvé bombardé expert sur les bonus d'un DVD de japanime. Ça tombait bien, c'était un super film (Jin Roh, la brigade des loups), mais bon, il suffit de voir ma dévédéthèque pour voir que je suis loin d'être une pointure dans ce domaine. Il y a des Oshii, des Ghibli, et sinon deux ou trois trucs dépareillés grattés chez des éditeurs au fil du temps. Pas de quoi remplir un rayonnage. Mais bon, il paraît que je n'ai pas démérité sur ce bonus, que j'ai pas dit de connerie et que j'avais l'air de savoir de quoi je causais. Me voilà donc expert. Au passage, ça en dit long sur les experts qu'on invite à longueur de plateau télé, tous ces criminologues qui n'ont jamais mis les pieds sur une scène de crime, ces économistes qui n'ont jamais eu à compter leurs sous pour choisir entre manger ce midi là et acheter le dernier Zelazny qui venait de sortir, etc…

Bref. Le pouvoir qu'on a sur les gens. Je m'en suis rendu compte l'autre soir. J'étais en train de deviser tranquillement avec un dessinateur de BD, un type très talentueux et très connu, que je ne nommerai pas parce que le name dropping, c'est vulgaire, mais je suis le premier à reconnaitre que son Siegfried est magnifique. Donc, un verre à la main et quelques considérations banales sur le métier de créateur aux lèvres, j'étais en train de papoter avec cet estimable confrère. Quand un type s'est pointé, des étoiles plein les yeux. Bon, il en voulait à mon interlocuteur, c'était évident. Et c'était le cas, il fit un vibrant éloge du travail du dessinateur avec lequel je discutais. Puis il se tourna vers moi. "Et là, c'est le drame", allez-vous penser, ne niez pas, je connais votre propension au mauvais esprit, bande de crapules. Et en fait, ce fut "et on m'a dit que vous étiez Alex Nikolavitch. Je suis super content de vous rencontrer, j'adore votre style, j'aime beaucoup ce que vous faites". S'ensuivit un genre de panégyrique que je ne citerai pas verbatim, parce que c'est gênant, et d'ailleurs j'ai besoin de personne pour me cirer les pompes, je le fais très bien tout seul, merci, le pouvoir de Barnum est en moi. Bon, je ne nierai pas que ça m'a fait plaisir quand même. D'autant qu'à l'heure qu'il était, on était tous fin cuits.

Ce qui était terrifiant, c'est que ce garçon avait l'air parfaitement sincère. Et qu'en fait, c'était un confrère dont j'avais entendu parler du boulot et qui semble être plutôt bon. "Et là, c'est le drame". Là, vous pouvez le dire, je vous y autorise. Là, ce garçon a tout fracassé, me plongeant dans un abîme de terreur. Car il m'a dit, texto "et du coup, je me suis mis à suivre ton blog (oui, une fois les présentations faites, et compte tenu de l'heure tardive, on était partis à se tutoyer, finalement) et en fait, l'autre jour, du coup, ben ça m'a donné envie de ressortir mes disques de Sting pour les réécouter". Comme ça, paf. Horrible. Vous vous rendez compte ? Le pouvoir colossal que je détiens ? Je donne envie aux gens d'écouter du Sting. Rien que sur le plan purement karmique, les conséquences sont terrifiantes, vous pensez bien. Sting. Putain…

Franchement, ça me fait peur. Faut que je fasse gaffe à ce que j'écris, maintenant.

Bon, je terminerai par un message personnel :

Avec tes conneries, mec, ben du coup, j'ai été l'acheter ce matin, ton album. Je t'enverrai un mot pour te dire ce que j'en pense. Mais ça a l'air vraiment pas mal. La bise, c'était un plaisir.

Commentaires

Mathieu Doublet a dit…
Tu penses qu'il y a un rapport entre Sting et les cochons qui bandent ?

(Non, non, de rien, ça me fait plaisir ... :) )
Alex Nikolavitch a dit…
Donc, sur mon petit carnet noir, le dénommé Doublet, Mathieu.
Bien, bien, bien...
artemus dada a dit…
Justement le Sergent n'a pas tort, moi après t'avoir lu, j'ai adopté un cochon que je nourris exclusivement de patates plus et, tiens-toi bien Niko, je lui fait écouter du Sting,sérieux.

Plutôt bandant non !

C'est pas fulchibar tout ça ?!
Alex Nikolavitch a dit…
"Le fou !"

"le lecteur de chiens !"
soyouz a dit…
Ah ouais, y a des privilégiés ! Pas de gros chiens pour eux !
Alex Nikolavitch a dit…
ben justement, je me tâte.
Mathieu Doublet a dit…
Oui mais parle-t-on de Dog-reader ou de e-Dog-reader ? Non parce qu'avec la révolution apportée par Mac à bases de patates plus (et de menu géant), ça change carrément tout.
Alex Nikolavitch a dit…
Mais... Mais...

Arrêtez !!!!!!


**s'en va en pleurant**

Posts les plus consultés de ce blog

Back to back

 Et je sors d'une nouvelle panne de réseau, plus de 15 jours cette fois-ci. Il y a un moment où ça finit par torpiller le travail, l'écriture d'articles demandant à vérifier des référence, certaines traductions où il faut vérifier des citations, etc. Dans ce cas, plutôt que de glander, j'en profite pour avancer sur des projets moins dépendants de ma connexion, comme Mitan n°3, pour écrire une nouvelle à la volée, ou pour mettre de l'ordre dans de vieux trucs. Là, par exemple, j'ai ressorti tout plein de vieux scénarios de BD inédits. Certains demandaient à être complétés, c'est comme ça que j'ai fait un choix radical et terminé un script sur François Villon que je me traîne depuis des années parce que je ne parvenais pas à débusquer un élément précis dans la documentation, et du coup je l'ai bouclé en quelques jours. D'autres demandaient un coup de dépoussiérage, mais sont terminés depuis un bail et n'ont jamais trouvé de dessinateur ou d

Le Messie de Dune saga l'autre

Hop, suite de l'article de l'autre jour sur Dune. Là encore, j'ai un petit peu remanié l'article original publié il y a trois ans. Je ne sais pas si vous avez vu l'argumentaire des "interquelles" (oui, c'est le terme qu'ils emploient) de Kevin J. En Personne, l'Attila de la littérature science-fictive. Il y a un proverbe qui parle de nains juchés sur les épaules de géants, mais l'expression implique que les nains voient plus loin, du coup, que les géants sur lesquels ils se juchent. Alors que Kevin J., non. Il monte sur les épaules d'un géant, mais ce n'est pas pour regarder plus loin, c'est pour regarder par terre. C'est triste, je trouve. Donc, voyons l'argumentaire de Paul le Prophète, l'histoire secrète entre Dune et le Messie de Dune. Et l'argumentaire pose cette question taraudante : dans Dune, Paul est un jeune et gentil idéaliste qui combat des méchants affreux. Dans Le Messie de Dune, il est d

L'Empereur-Dieu de Dune saga l'autre

Hop, suite et fin des redifs à propos de Dune. Si jamais je me fends d'un "les hérétiques", ce sera de l'inédit. Le précédent épisode de notre grande série sur la série de Frank Herbert avait évoqué l'aspect manipulatoire de la narration dans  Dune , cette façon d'arriver à créer dans l'esprit du lecteur des motifs qui ne sont pas dans le texte initial. La manipulation est patente dans le domaine du mysticisme. Demandez à dix lecteurs de  Dune  si  Dune  est une série mystique, au moins neuf vous répondront "oui" sans ambage, considérant que ça va de soi. Il y a même des bonnes sœurs. C'est à s'y tromper, forcément. Et, un fois encore, le vieil Herbert (on oubliera charitablement le jeune Herbert et son sbire Kevin J. en personne) les aura roulés dans la farine. Dune  est une série dont l'aspect mystique est une illusion habile, un savant effet de manche. Certains personnages de la série sont mystiques. Certaines

Le dessus des cartes

 Un exercice que je pratique à l'occasion, en cours de scénario, c'est la production aléatoire. Il s'agit d'un outil visant à développer l'imagination des élèves, à exorciser le spectre de la page blanche, en somme à leur montrer que pour trouver un sujet d'histoire, il faut faire feu de tout bois. Ceux qui me suivent depuis longtemps savent que Les canaux du Mitan est né d'un rêve, qu'il m'a fallu quelques années pour exploiter. Trois Coracles , c'est venu d'une lecture chaotique conduisant au télescopage de deux paragraphes sans lien. Tout peut servir à se lancer. Outre les Storycubes dont on a déjà causé dans le coin, il m'arrive d'employer un jeu de tarot de Marseille. Si les Storycubes sont parfaits pour trouver une amorce de récit, le tarot permet de produite quelque chose de plus ambitieux : toute l'architecture d'une histoire, du début à la fin. Le tirage que j'emploie est un système à sept cartes. On prend dans

Hail to the Tao Te King, baby !

Dernièrement, dans l'article sur les Super Saiyan Irlandais , j'avais évoqué au passage, parmi les sources mythiques de Dragon Ball , le Voyage en Occident (ou Pérégrination vers l'Ouest ) (ou Pèlerinage au Couchant ) (ou Légende du Roi des Singes ) (faudrait qu'ils se mettent d'accord sur la traduction du titre de ce truc. C'est comme si le même personnage, chez nous, s'appelait Glouton, Serval ou Wolverine suivant les tra…) (…) (…Wait…). Ce titre, énigmatique (sauf quand il est remplacé par le plus banal «  Légende du Roi des Singes  »), est peut-être une référence à Lao Tseu. (vous savez, celui de Tintin et le Lotus Bleu , « alors je vais vous couper la tête », tout ça).    C'est à perdre la tête, quand on y pense. Car Lao Tseu, après une vie de méditation face à la folie du monde et des hommes, enfourcha un jour un buffle qui ne lui avait rien demandé et s'en fut vers l'Ouest, et on ne l'a plus jamais revu. En chemin,

Défense d'afficher

 J'ai jamais été tellement lecteur des Defenders de Marvel. Je ne sais pas trop pourquoi, d'ailleurs. J'aime bien une partie des personnages, au premier chef Hulk, dont je cause souvent ici, ou Doctor Strange, mais... mais ça s'est pas trouvé comme ça. On peut pas tout lire non plus. Et puis le concept, plus jeune, m'avait semblé assez fumeux. De fait, j'ai toujours plus apprécié les Fantastic Four ou les X-Men, la réunion des personnages ayant quelque chose de moins artificiel que des groupes fourre-tout comme les Avengers, la JLA ou surtout les Defenders.   Pourtant, divers potes lecteurs de comics m'avaient dit aimer le côté foutraque du titre, à sa grande époque.   Pourtant, ces derniers temps, je me suis aperçu que j'avais quelques trucs dans mes étagères, et puis j'ai pris un album plus récent, et je m'aperçois que tout ça se lit ou se relit sans déplaisir, que c'est quand même assez sympa et bourré d'idées.   Last Defenders , de J

Nécrologie ou résurrection

 Hasard du calendrier, voici que ressurgit d'outre-tombe un personnage mort-vivant apparu dans un récit de Spawn, le "Necrocop", créations frankensteinienne de savants fous cherchant à créer un Spawn qu'ils pouvaient contrôler. Ce qui était sans doute illusoire, vu que les créateurs du vrai Spawn n'ont jamais pu contrôler leur propre mort-vivant. Back to the retour (Dans Scorched : L'Escouade Infernale tome 3) Bref. Pourquoi j'en parle ? Parce que derrière les savants-fous, il y avait des auteurs. Les vrais créateurs du personnage, ce sont Jeff Porcherot (alias Arthur Clare) et... moi-même. Et c'était y a pile vingt ans, ce qui ne nous rajeunit pas. Spawn Simonie , où était apparu le personnage, était un beau projet, une coédition entre Semic, l'éditeur de Spawn en France à l'époque, et Todd McFarlane, créateur et éditeur du personnage, qui nous a prêté son jouet. C'était exactement ça, quelque chose de beaucoup plus détendu que ce à quoi n

Vlad Tepes, dit Dracula

" Vous allez vous manger entre vous. Ou bien partir lutter contre les Turcs. " (Dracula, 1430 -1476) Dracula... Le surnom du prince des Valaques est devenu au fil du temps synonyme d'horreur et de canines pointues, principalement sous l'impulsion d'un écrivain irlandais, Bram Stoker, qui le dégrada d'ailleurs au point de le faire passer pour un comte, un bien triste destin pour un voïévode qui fit trembler l'empire qui faisait trembler l'Europe chrétienne. Tout se serait pourtant bien passé s'il n'avait pas été élevé à la cour du Sultan, comme cela se pratiquait à l'époque. En effet, il fut avec son demi-frère Radu otage des Turcs, afin de garantir la coopération de la famille, son père Vlad Dracul étant devenu par la force des choses le fantoche de l'envahisseur (le père se révolta pourtant et y laissa la vie. Mircea, le grand-frère, tenta le coup à son tour avec le même résultat. il est intéressant de noter que les otages

Le super-saiyan irlandais

Il y a déjà eu, je crois, des commentateurs pour rapprocher le début de la saga Dragonball d'un célèbre roman chinois, le Voyage en Occident (ou Pérégrination vers l'Ouest ) source principale de la légende du roi des singes (ou du singe de pierre) (faudrait que les traducteurs du chinois se mettent d'accord, un de ces quatre). D'ailleurs, le héros des premiers Dragonball , Son Goku, tire son nom du singe présent dans le roman (en Jap, bien sûr, sinon c'est Sun Wu Kong) (et là, y aurait un parallèle à faire avec le « Roi Kong », mais c'est pas le propos du jour), et Toriyama, l'auteur du manga, ne s'est jamais caché de la référence (qu'il avait peut-être été piocher chez Tezuka, auteur en son temps d'une Légende de Songoku ).    Le roi des singes, encore en toute innocence. Mais l'histoire est connue : rapidement, le côté initiatique des aventures du jeune Son Goku disparaît, après l'apparition du premier dr

Banzaï, comme disent les sioux dans les films de cape et d'épée

Hop, pour bien finir le mois, un petit coup de Crusades, tome 3 (non, on n'a pas encore déterminé le titre de l'épisode à ce stade). C'est toujours écrit par Nikolavitch (moi), Izu (lui) et dessiné par Zhang Xiaoyu (l'autre*). *je dis l'autre, parce qu'il existe aussi une Zhang Xiaoyu qui est un genre de star de l'internet en Chine pour des raisons de photos dévêtues, si j'ai bien tout compris)