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Articles

Affichage des articles du mars, 2020

Bateleur 4,5

Cette aventure du Bateleur, j'ai hésité à la poster. Parce qu'elle n'est pas terminée. J'ignore si elle le sera jamais, d'ailleurs, vu qu'hormis une petite passe de corrections, je n'ai pas avancé dessus depuis une bonne quinzaine d'années. Pourquoi l'ai-je laissé en plan ? Est-ce que l'histoire de fantôme me semblait trop banale, ou que je n'avais pas la clé de l'exorcisme que pratiquerait le Bateleur ? Aucune idée, en fait. Illustration, Laurent Kircher Lignes Comatec se piquait deux fois par jour. Deux fois par jour, il mesurait sa glycémie, sortait son insuline du frigo, tirait douze unités qu’il s’injectait de façon quasi machinale. Car Comatec était diabétique. Comatec était aussi un tueur. Ce matin-là, il se fit sa piqûre, sortit de son appartement et descendit dans le métro. Il prit la ligne 3 jusqu’à Opéra et suivit la foule jusqu’au hall du R.E.R.. De là, il passa à nouveau les tourniquets, se posta dans un angle, ju

Un escalier vers les étoiles

Comme je le disais hier, j'ai tendance désormais à passer ma pause post-prandiale à bouquiner sur l'escalier extérieur, histoire de profiter du soleil. Et si, à midi, le soleil l'éclaire totalement, plus on avance, et plus l'ombre du mur ouest recouvre les marches, ce qui fait que peu après 14 heures, l'escalier n'est plus illuminé. Ça a l'air tout con et banal, dit comme ça, mais c'est le genre de constatations qui ont fait avancer la science des astres. L'observatoire de Samarcande  Car si, maintenant, nous disposons de télescopes assistés par ordinateur, voire de satellites avec gyroscopes et tout le toutim, ça n'a pas toujours été le cas. En des temps plus héroïques, il a fallu trouver d'autres solutions, et l'astronomie de ces époques lointaines, c'était déjà costaud. Et l'une de ces solutions, ça a été le coup de l'escalier. L'idée est simple : une volée de marche, et autour, des points de repère. Et do

Chronique des années de peste, livre 5

Je m'enfonce dans une espèce de torpeur inquiète liée à l'ambiance générale, et je me rends compte que mon style de vie n'était pas aussi confiné que je le croyais. Ne pas pouvoir faire ma balade du soir me pèse terriblement sur le moral. Moi qui affecte de ne pas aimer le soleil, je m'installe maintenant le midi en haut des marches de mon escalier extérieur pour lire une petite heure en pleine lumière, et mine de rien ça limite pas mal la dégradation de l'humeur (je finis tranquillement l'excellent Outrage et Rebellion , de Catherine Dufour, que j'avais commencé avant le confinement, mais qui était mon bouquin "à lire dans les transports", inutile de dire qu'il était de côté depuis dix jours). Mais l'actu de l'épidémie, ce n'est pas que le confinement. Je vais revenir sur cette histoire de Chloroquine, avec un souvenir. Y a quelque chose comme un quart de siècle, j'ai bossé comme technicien sur une test à grande échell

Par Toutatis…

J'évite de donner dans la nécro, sur ce blog. C'est un exercice un peu facile, je trouve, et si l'on n'y prend garde, ça finit par générer des pages et des pages de gens morts au lieu d'aller de l'avant. Mais là, la mort d'Uderzo, j'aurais pas cru que ça me toucherai autant. Je suis vraiment secoué. Je suis pas certain qu'en tant que personne, le type m'aurait plu, et Astérix sans Goscinny, c'était plus la même chose de toute façon. Vous connaissez peut-être la vieille blague de scénariste : "le dessinateur d'Astérix collectionne les Ferrari, quand son scénariste est mort sur un vélo même pas à lui, c'est la différence de traitement entre dessinateur et scénariste." Mais bon, ce n'est pas ça l'important. Là, je me revois distinctement y a… pfouu… Si longtemps… Je me souviens encore du côté mystérieux qu'avait pour moi Le Cadeau de César , dans lequel j'ai beaucoup mis le nez avant même de savoir li

Magiciens de l'âge d'or

Un article inachevé, qui était la mise à plat de ma conférence d'il y a… trois ans, je crois, à Angoulème. J'aurais dû le boucler pour un mag dont j'ai plus eu de nouvelles, et d'autres urgences se sont présentées depuis. Du coup, je vous le présente en l'état. Il n'y a qu'un tiers du papier, à peu près.   Magiciens des comics Quand Action Comics n°1 sort en 1938, le personnage qui orne sa couverture entre immédiatement dans l'histoire. L'histoire est connue : avec Superman, les jeunes Siegel et Shuster viennent d'inventer le super-héros. Ce qui est moins connu, c'est le reste du sommaire de ce numéro. Car tout comme Detective Comics à la même époque, Action Comics est au départ une anthologie. Et parmi les héros d'action qui s'agitent dans ses pages, outre Superman, Marco Polo et Tex Thompson, Zatara le magicien y fait également ses débuts, sous les crayons de Fred Guardineer. Grands anciens

Back to 2001

Encore une rediff, d'un papier écrit en 2016 pour un projet qui ne s'est finalement pas concrétisé de "pastilles" ciné. 2001, Stanley Kubrick Le mètre-étalon du film de conquête spatiale, c'est 2001, l'odyssée de l'espace . Il y a des films, comme ça, qui deviennent instantanément des classiques de leur propre genre : Tout comme il est devenu immédiatement impossible de faire du post-apocalyptique sans se référer au Mad Max 2 de George Miller, 2001 a instantanément ringardisé tous les films de cosmonautes qui l'avaient précédé. Même le prophétique Naufragés de l'Espace de John Sturges, sorti juste après, semble avoir été réalisé avant ; il ne demeure qu'une simple curiosité anticipant les aléas de la mission Apollo 13, mais malgré son efficacité dramatique, il ne soutient pas la comparaison avec le film de Kubrick. Puissance visionnaire, portée philosophique, immédiateté iconique de la mise en scène, dé

Chronique des années de peste, livre 4

Deux fléaux supplémentaires nous tombent dessus… D'une part, et c'est agaçant mais somme toute bénin, les écrivains parisiens réfugiés à la campagne qui commencent à bosser sur des trucs du genre "Journal de Confinement". Si se trouver confinés leur semble si étrange qu'ils se sentent obligés d'écrire dessus, c'est peut-être qu'en temps normal ils passent trop de temps en mondanités et pas assez confinés à écrire. Déjà qu'une bonne partie de la littérature "blanche" est confite dans l'entre-soi et le nombrilisme, ça va pas s'arranger avec ce genre d'initiatives. Elle va être belle, la rentrée littéraire, encore. Le deuxième souci, il me semble nettement plus sérieux. C'est cette histoire de chloroquine. La chloroquine, c'est un vieil anti-paludéen, qu'on donne depuis un bout de temps en prévention pour les voyageurs en zone à risque. Il tombe peu à peu en désuétude du fait des résistances du germe re

Mutant !

Tiens, ça faisait longtemps que je ne m'étais pas fendu d'une rediff de vieil article. Celui-ci est sorti dans le n°18 de Fiction (nouvelle formule) vers 2013 (déjà) et était consacré à la figure classique du Mutant. Extrait d'un Mechanics Illustrated (Notons que c'est la première fois que Wolverine se fait allumer par Cyclope, bien avant la création des deux personnages) Le Mutant En cette époque où Fukushima et autres fuites radioactives conduisent à repenser radicalement la pêche, l’agriculture et la notion même de comestible, et où de grandes multinationales réécrivent le génome de bêtes grains de maïs qui finissent dans nos assiettes, ce terme inquiétant pourrait redevenir d’actualité. Mais actualité ne veut pas dire nouveauté. Car le mutant a été très tôt un des concepts clés de la science-fiction, même s’il n’était pas forcément nommé dès le départ (et même si la science-fiction elle-même ne portait pas encore de nom à l’époque). L’épouv

Dettes

Hop, encore un vieux texte, pour ceux qui n'auraient plus rien à lire. Je tentais des jeux de variations, à l'époque, ici… non, je vous dis rien pour pas spoiler. Rétrospectivement, je trouve tout ça bien maladroit dans sa volonté d'être malin, mais bon, fallait bien commencer quelque part. Dettes Il faisait froid. Très froid. Et en cette saison c’en était presque inquiétant. Le vieux bouquiniste s’emmitoufla dans son manteau. Il n’y avait pas grand monde encore sur le marché, il était encore trop tôt. - Va me chercher une crêpe au sucre, s’il te plaît. Le jeune étudiant qui venait l’aider le vendredi prit dix francs dans le fond de caisse et partit lui chercher sa crêpe. C’était devenu presque rituel, le complément de petit déjeuner vers huit heures, avant que les mères de famille ne reviennent de l’école pour faire leurs courses. Le bouquiniste sortit un dernier carton d’illustrés et le disposa sur son étalage. Il y avait des amateurs pour ces vieilleries, des

Mad Max intérieur

L'ambiance générale étant ce qu'elle est, mes rêves commencent à s'en ressentir. Cette nuit, je devais traverser Versailles livrée au chaos. Pourquoi Versailles ? Je n'y fous quasi plus jamais les pieds, mais j'ai habité pas loin pendant toute ma jeunesse, et c'est donc une ville dont pas mal de recoins me sont gravés dans les méninges à un niveau profond. Après, comme souvent dans mes rêves, dans ma tête c'était Versailles, mais la géographie du lieu subissait des distorsions délirantes. Pourtant, des éléments surnageaient, reconnaissables, quand d'autres étaient complètement fantaisistes. Bref, un cataclysme s'était abattu, la ville était en ruines, mais certains îlots tenaient bon, un peu sur le mode de la forteresse assiégée. Dans d'autres endroits, la vie avait repris son cours, et certaines avenues étaient occupées par un marché où l'on faisait du troc, un quasi souk oriental qui donnerait des palpitations aux habitants de ces quart

Chronique des années de peste, livre 3

  Un peu atterré par mes contemporains. Mon ultime tentative de ravitaillement hier ne s'est pas déroulée comme prévu : voyant les gens s'amassant en troupeau devant la supérette, se collant les uns aux autres et vitupérant, j'ai renoncé. Puis pris d'une inspiration, j'ai fait un saut chez le petit épicier Tamoul, et c'était presque vide. J'ai pu prendre les quelques denrées qui me manquaient pour être sûr de tenir dix jours, et je suis rentré me terrer dans mon bunker, pour découvrir les images de l'exode urbain, tous ces gens qui quittent les grandes villes comme en 40 et vont propager le virus dans des villages pas encore touchés. Bien joué, les enfants, les Italiens ont fait exactement pareil il y a dix jours, avec le résultat que l'on sait. Tout cela m'a filé de bonnes bouffées d'angoisse, exacerbées par un léger mal de gorge, totalement habituel pour moi en cette saison avec l'arrivée des premiers pollens. Je me prends à

Bateleur 4

Bon, je vois passer des questions de gens peu habitués au confinement qui se demandent quoi lire, quoi regarder, etc. De mon côté, pas grand-chose ne change et j'ai toujours autant de taf. Mais histoire de participer à l'effort de guerre, je vais poster une nouvelle inédite, tirée de mon cycle (inachevé) du Bateleur, et vous pouvez trouver les trois précédentes grâce aux libellés du blog (c'est bien foutu, quand même). Je vous demanderai un peu d'indulgence, c'est très ancien, et ça mériterai une grosse passe de rewriting dans laquelle je ne suis pas près à me lancer… Dessin de Laurent Kircher La dernière vie du Fauconnier Nerveusement, Claire Pascalini alluma une nouvelle cigarette. C’était à cause de la foule. Elle l’avait raté à cause de la foule. Ou du moins elle l’espérait : il y avait trop de monde sur le parvis de Beaubourg et il n’était pas facile d’y retrouver quelqu’un, même quelqu’un de haute taille. Elle était prête à renoncer quand elle b