Accéder au contenu principal

Back from the Bulles

Comme tous les ans, je reviens du Festival d'Angoulème bien fracassé, et je vous fais mon petit compte rendu :

Mercredi :
Je ne suis pas encore parti, d'autant qu'après avoir changé la douche, je dois la remettre en route et ne pas laisser toute ma tribu sans moyen de se laver pendant que je suis absent, ou je vais finir avec une révolution sur les bras. La réinstallation se passe nickel, d'autant que l'ancien tuyau d'évacuation a assez de jeu pour permettre un branchement du siphon sans coup férir. Le bonheur. Je teste l'installation, pas une goutte au siphon, pas une non plus à l'arrivée d'eau chaude, donc j'inaugure ma douche, puis le reste de la tribu la teste à son tour.
Alors que, tout propre, je me suis remis au travail, une de mes filles vient me voir :
"Ça coule dans la cuisine"
"Le robinet est mal fermé ?"
"Non, c'est plutôt le plafond."
Je file ventre à terre, et une analyse de la situation plus tard, je comprends que si le tuyau était souple, c'est tout simplement qu'il n'était pas souple du tout mais avait cassé à l'autre bout, et qu'il déversait désormais son contenu dans le coffrage du faux plafond, qui s'était rempli, rempli, et maintenant déversait son trop-plein.
Un raid chez Casto plus tard, j'en suis encore à onze heures à vidanger le plafond (entre 10 et 15 litres, quand même) et à remanchonner toute l'installation.

Jeudi :
Avec tout ça, j'ai encore plein de dossier à imprimer et mes cartes de visite à refaire. La matinée y passe, puis je file à la gare. Inutile de dire que j'aborde le festival déjà bien épuisé. Ça ne s'arrangera bien évidemment pas au fil de la manifestation.
Dans le train, je croise un vieux copain… qui s'est laissé pousser la barbe et donc que je ne reconnais pas. Ça fait pourtant au moins trois fois que je le vois avec sa barbe, mais je ne m'y fais décidément pas. Pendant le voyage, échanges de SMS avec les gens qui me croient déjà arrivé ou, ne me voyant pas, s'inquiètent que je ne vienne pas du tout.
J'avais amené de quoi regarder un film pendant le voyage, mais Dernier Train pour Busan n'était probablement pas un excellent choix pour deux heures et demie de TGV.

Chouette obéliqusq… quse… sque…

Une fois sur place,  découverte du monument Goscinny, récupération du badge, tournée des copains à dire bonjour et à organiser des rendez-vous, apéro avec la bande de La Cafetière puis repas.
Et là, délicieux traquenard : le restau où l'on trouve des places propose une fondue aux cèpes. Alors forcément, il faut qu'on essaye.
Un peu éteint par ce déferlement fromager, je fais un passage éclair à la fiesta d'anniversaire d'Edmond Tourriol, puis au bar du Mercure, puis je rentre me coucher.
Pas de bol, les copains qui logent avec moi rentrent peu après, fin déchiquetés. Qu'Edmond, qui traduit Walking Dead, arrive dans l'état où il était n'est que justice, après tout, mais ce barouf n'aide pas mon repos.

Vendredi :
Debout tôt, car j'ai rendez-vous avec Alex Alice pour visiter l'expo consacrée au Château des Etoiles. Dès que j'arrive sous la maquette de la montgolfière, je subis une transformation brutale : j'ai de nouveau six ans et je tiens la main de mon papy pour visiter le Palais de la Découverte et voir les maquettes d'Apollo, Vostok et Skylab. L'expo est épatante. C'est une expérience grisante, aussi : nous la visitions, Alex, moi et le commissaire d'exposition (qui a fait un boulot de Romain) totalement incognito, au milieu d'une foule qui s'extasie devant les dessins et maquettes sans savoir que leur créateur passe au milieu d'elle tel un fantôme des Noëls alternatifs.


L'autre Alex, puisque nous sommes sur mon blog
sinon, ailleurs, l'autre Alex c'est moi, forcément

Je remonte en ville, dédicaces chez La Cafetière, discussions avec l'éditeur français de Judge Dredd puisque je dois faire demain la conférence des 40 ans du personnage, puis bout de sandwich vite expédié (merci Odrade, car sans toi il n'y aurait pas eu de sandwich du tout), puis descente au Champ de Mars dire bonjour aux copains là-bas, et passer aux Droits Internationaux pour une discussion business.
Là, le représentant des Humanos m'attrape pour me donner l'édition chinoise de Crusades. Il est assez ému, parce qu'originaire lui-même de Hongkong (je crois) et que cet album, qu'il a vu se créer, finit par sortir dans sa langue maternelle, ça le touche. Pour ma part, ça me fait drôle aussi : tenir entre mes mains un bouquin que j'ai fait, mais dont je me trouve incapable de lire le moindre mot. La sensation est tout à fait étrange.
Soirée sympa, entre la conférence de presse d'un de mes éditeurs, un passage au Off avec un copain journaliste, puis un passage éclair au Mercure. Je me couche tôt, demain j'ai deux conférences et je me dois d'être frais.

Samedi :
Je passe voir avec un pote l'expo Valérian. Si le matos du film m'en touche une sans faire bouger l'autre, ce n'est pas le cas des planches accrochées. Cette BD m'a fait rêver et voyager toute mon enfance, et je suis ému de voir les originaux de pages qui se situent si haut dans ma mythologie personnelle.
Quelques signatures de La Dernière Cigarette, bouquin déjà ancien mais qui continue à parler aux gens, puis je file au Conservatoire.
Ma première conférence de la journée : quarante ans de Judge Dredd,  icône badass de la résistance narquoise au thatchérisme, toujours d'actualité au bout de tout ce temps.

La preuve en image
(au moment où je fais la conf, j'ignore encore que le voyage vers la sarkozisation totale
de Manu suivrait son cours logique jusqu'à sa conclusion fatale)

Puis foué au fromage vite expédié, encore dédicace, puis deuxième conférence.
Là, le sujet, c'est Howard Lovecraft et la BD (je signe d'ailleurs un article là-dessus dans la monographie qui sort en mars prochain chez Actu-SF). Sujet vaste et dense, que j'espère avoir pu traiter dans le temps imparti. Très mécontent que l'exiguité des lieux conduise à refuser autant de monde qu'on n'en laisse entrer. Il y a là un problème d'organisation patent, et ce n'est pas le fait de JPJ, qui gère ces conférences : ça se situe au niveau du festival lui-même, qui a réduit les moyens alloués à tout ça). S'il y en a parmi vous qui ont été refoulés, écrivez au festival pour demander plus d'espace et plus de créneaux.
Puis apéro, bouffe avec La Cafetière (un camembert grillé à l'ail, tuerie), puis passage au Mercure (pas question que j'aille à la soirée auteurs du Magic Mirror : j'ai évité la foule du Champ de Mars toute la journée, ce n'est pas pour aller m'étouffer dans une foule plus dense encore). Discussions avec d'autres scénaristes, picole, amitié, la vie, quoi.

Dimanche :
Pas beaucoup dormi, pour le coup. Petit déjeuner rituel avec l'ami Alain (qui me tanne une fois de plus pour que j'ouvre au moins une page auteur sur Facebook) (vous, les amis, pensez-vous que c'est une bonne idée, ou pas ?), puis dédicaces, puis un saut à l'expo Thorgal qui est sur le chemin, puis retour en train, et dodo.

Lundi :
Dépouillement des mails accumulés en mon absence. Je blêmis en voyant la masse de boulot à abattre cette semaine.


Commentaires

artemus dada a dit…
Belle aventure, très joliment racontée.
Si jamais tu publies ces deux conférences (qui serait sûrement dommage de laisser "perdre")fais-en nous part.

Moi en tout cas je suis preneur !
Alex Nikolavitch a dit…
Dredd, c'est pas prévu (ou peut-être sur internet en version condensée), mais HPL, y a un article qui coïncide à 75% avec la conf qui est prévu dans la monographique qu'Actu SF sort en mars.
artemus dada a dit…
Okidoki, j'ai participé au financement de l'ouvrage, donc en toute logique euclidienne, je devrais fatalement la lire.
[-_ô]
CathyB a dit…
Pour la page Facebook, et malgré tout le mal qu'on peut penser du medium, ça reste un vecteur de com' avec une très grosse puissance de feu (Twitter à côté c'est peanuts). Donc si tu veux donner plus d'audience à tes infos pratiques (sorties, conf'), c'est une bonne idée d'ouvrir une page et de partager dessus.
Ub. a dit…
Tu peux toujours ouvrir une page Myspace si tu veux te sentir un peux plus dans le coup.

Posts les plus consultés de ce blog

Back to back

 Et je sors d'une nouvelle panne de réseau, plus de 15 jours cette fois-ci. Il y a un moment où ça finit par torpiller le travail, l'écriture d'articles demandant à vérifier des référence, certaines traductions où il faut vérifier des citations, etc. Dans ce cas, plutôt que de glander, j'en profite pour avancer sur des projets moins dépendants de ma connexion, comme Mitan n°3, pour écrire une nouvelle à la volée, ou pour mettre de l'ordre dans de vieux trucs. Là, par exemple, j'ai ressorti tout plein de vieux scénarios de BD inédits. Certains demandaient à être complétés, c'est comme ça que j'ai fait un choix radical et terminé un script sur François Villon que je me traîne depuis des années parce que je ne parvenais pas à débusquer un élément précis dans la documentation, et du coup je l'ai bouclé en quelques jours. D'autres demandaient un coup de dépoussiérage, mais sont terminés depuis un bail et n'ont jamais trouvé de dessinateur ou d

Le Messie de Dune saga l'autre

Hop, suite de l'article de l'autre jour sur Dune. Là encore, j'ai un petit peu remanié l'article original publié il y a trois ans. Je ne sais pas si vous avez vu l'argumentaire des "interquelles" (oui, c'est le terme qu'ils emploient) de Kevin J. En Personne, l'Attila de la littérature science-fictive. Il y a un proverbe qui parle de nains juchés sur les épaules de géants, mais l'expression implique que les nains voient plus loin, du coup, que les géants sur lesquels ils se juchent. Alors que Kevin J., non. Il monte sur les épaules d'un géant, mais ce n'est pas pour regarder plus loin, c'est pour regarder par terre. C'est triste, je trouve. Donc, voyons l'argumentaire de Paul le Prophète, l'histoire secrète entre Dune et le Messie de Dune. Et l'argumentaire pose cette question taraudante : dans Dune, Paul est un jeune et gentil idéaliste qui combat des méchants affreux. Dans Le Messie de Dune, il est d

Le dessus des cartes

 Un exercice que je pratique à l'occasion, en cours de scénario, c'est la production aléatoire. Il s'agit d'un outil visant à développer l'imagination des élèves, à exorciser le spectre de la page blanche, en somme à leur montrer que pour trouver un sujet d'histoire, il faut faire feu de tout bois. Ceux qui me suivent depuis longtemps savent que Les canaux du Mitan est né d'un rêve, qu'il m'a fallu quelques années pour exploiter. Trois Coracles , c'est venu d'une lecture chaotique conduisant au télescopage de deux paragraphes sans lien. Tout peut servir à se lancer. Outre les Storycubes dont on a déjà causé dans le coin, il m'arrive d'employer un jeu de tarot de Marseille. Si les Storycubes sont parfaits pour trouver une amorce de récit, le tarot permet de produite quelque chose de plus ambitieux : toute l'architecture d'une histoire, du début à la fin. Le tirage que j'emploie est un système à sept cartes. On prend dans

Le super-saiyan irlandais

Il y a déjà eu, je crois, des commentateurs pour rapprocher le début de la saga Dragonball d'un célèbre roman chinois, le Voyage en Occident (ou Pérégrination vers l'Ouest ) source principale de la légende du roi des singes (ou du singe de pierre) (faudrait que les traducteurs du chinois se mettent d'accord, un de ces quatre). D'ailleurs, le héros des premiers Dragonball , Son Goku, tire son nom du singe présent dans le roman (en Jap, bien sûr, sinon c'est Sun Wu Kong) (et là, y aurait un parallèle à faire avec le « Roi Kong », mais c'est pas le propos du jour), et Toriyama, l'auteur du manga, ne s'est jamais caché de la référence (qu'il avait peut-être été piocher chez Tezuka, auteur en son temps d'une Légende de Songoku ).    Le roi des singes, encore en toute innocence. Mais l'histoire est connue : rapidement, le côté initiatique des aventures du jeune Son Goku disparaît, après l'apparition du premier dr

Fais-le, ou ne le fais pas, mais il n'y a pas d'essai

 Retravailler un essai vieux de dix ans, c'est un exercice pas simple. Ça m'était déjà arrivé pour la réédition de Mythe & super-héros , et là c'est reparti pour un tour, sur un autre bouquin. Alors, ça fait toujours plaisir d'être réédité, mais ça implique aussi d'éplucher sa propre prose et avec le recul, ben... Bon, c'est l'occasion de juger des progrès qu'on a fait dans certains domaines. Bref, j'ai fait une repasse de réécriture de pas mal de passages. Ça, c'est pas si compliqué, c'est grosso modo ce que je fais une fois que j'ai bouclé un premier jet. J'ai aussi viré des trucs qui ne me semblaient plus aussi pertinents qu'à l'époque. Après, le sujet a pas mal évolué en dix ans. Solution simple : rajouter un chapitre correspondant à la période. En plus, elle se prête à pas mal d'analyses nouvelles. C'est toujours intéressant. La moitié du chapitre a été simple à écrire, l'autre a pris plus de temps parce q

Vlad Tepes, dit Dracula

" Vous allez vous manger entre vous. Ou bien partir lutter contre les Turcs. " (Dracula, 1430 -1476) Dracula... Le surnom du prince des Valaques est devenu au fil du temps synonyme d'horreur et de canines pointues, principalement sous l'impulsion d'un écrivain irlandais, Bram Stoker, qui le dégrada d'ailleurs au point de le faire passer pour un comte, un bien triste destin pour un voïévode qui fit trembler l'empire qui faisait trembler l'Europe chrétienne. Tout se serait pourtant bien passé s'il n'avait pas été élevé à la cour du Sultan, comme cela se pratiquait à l'époque. En effet, il fut avec son demi-frère Radu otage des Turcs, afin de garantir la coopération de la famille, son père Vlad Dracul étant devenu par la force des choses le fantoche de l'envahisseur (le père se révolta pourtant et y laissa la vie. Mircea, le grand-frère, tenta le coup à son tour avec le même résultat. il est intéressant de noter que les otages

Hail to the Tao Te King, baby !

Dernièrement, dans l'article sur les Super Saiyan Irlandais , j'avais évoqué au passage, parmi les sources mythiques de Dragon Ball , le Voyage en Occident (ou Pérégrination vers l'Ouest ) (ou Pèlerinage au Couchant ) (ou Légende du Roi des Singes ) (faudrait qu'ils se mettent d'accord sur la traduction du titre de ce truc. C'est comme si le même personnage, chez nous, s'appelait Glouton, Serval ou Wolverine suivant les tra…) (…) (…Wait…). Ce titre, énigmatique (sauf quand il est remplacé par le plus banal «  Légende du Roi des Singes  »), est peut-être une référence à Lao Tseu. (vous savez, celui de Tintin et le Lotus Bleu , « alors je vais vous couper la tête », tout ça).    C'est à perdre la tête, quand on y pense. Car Lao Tseu, après une vie de méditation face à la folie du monde et des hommes, enfourcha un jour un buffle qui ne lui avait rien demandé et s'en fut vers l'Ouest, et on ne l'a plus jamais revu. En chemin,

Défense d'afficher

 J'ai jamais été tellement lecteur des Defenders de Marvel. Je ne sais pas trop pourquoi, d'ailleurs. J'aime bien une partie des personnages, au premier chef Hulk, dont je cause souvent ici, ou Doctor Strange, mais... mais ça s'est pas trouvé comme ça. On peut pas tout lire non plus. Et puis le concept, plus jeune, m'avait semblé assez fumeux. De fait, j'ai toujours plus apprécié les Fantastic Four ou les X-Men, la réunion des personnages ayant quelque chose de moins artificiel que des groupes fourre-tout comme les Avengers, la JLA ou surtout les Defenders.   Pourtant, divers potes lecteurs de comics m'avaient dit aimer le côté foutraque du titre, à sa grande époque.   Pourtant, ces derniers temps, je me suis aperçu que j'avais quelques trucs dans mes étagères, et puis j'ai pris un album plus récent, et je m'aperçois que tout ça se lit ou se relit sans déplaisir, que c'est quand même assez sympa et bourré d'idées.   Last Defenders , de J

Dune saga l'autre

Encore une rediff du vieux Superpouvoir. Cette fois-ci : Dune, premier article d'une série qui s'est poursuivie quelques temps. Il est à noter que, lors de la rédaction de cet article-ci, il y avait longtemps que je n'avais pas relu les romans d'origine. J'ai du coup corrigé certaines petites imprécisions présentes dans l'article initial. Décidément, je l'aime pas, Kevin J. Anderson. Son boulot sur Star Wars, roman et comics, m'avait emmerdé chaque fois que j'avais mis le nez dedans. Ou tenté de le mettre, d'ailleurs, je ne m'accrochais jamais très longtemps. J'avais essayé un de ses préquelles à Dune, et ça avait été pire : j'avais dû tenir à peine deux chapitres tellement j'avais trouvé ça hors sujet dans l'écriture comme dans ce qu'elle racontait. C'était il y a longtemps. Et puis j'étais passé à autre chose, parce que j'ai passé l'âge de beugler comme un fanboy qui se sent trahi. M

Airport 2020, y a-t-il un Niko dans l'avion ?

Dans mon rêve de cette nuit, je faisais un voyage en avion vers New York, dans un truc genre "super Concorde", et il y avait avec moi un parterre de vedettes, genre Annie Cordy et Bernie Bonvoisin (oui, je me dis que même en rêve, je rencontre les vedettes que je mérite). Il y avait une espèce de banquet à bord, sur une longue table, tout le monde parlait avec tout le monde en faisant tourner la bouteille de pinard. Bien évidemment, nous nous sommes crashés au large de New York avant que la bouteille n'arrive jusqu'à moi. Les secours tardant à arriver, nous avons réinstallé la table sur une des ailes et attendu. En récupérant ce qui était récupérable de la boustifaille. Une espèce de bourgeoise évaporée s'extasiait sur la nourriture que nous avions sauvée, avec des sorties du genre "aaaaah, mais mon cheeeeer, c'est tellement… gingival…" De mon côté, j'avais réussi à récupérer une des bouteilles de pinard et je cherchais un verre à pied en me disa