Accéder au contenu principal

à la tienne, Etienne !

Je travaille beaucoup trop. Comme souvent en ce moment. Et le fait d'avoir pris quelques jours de vacances a induit de légers retards en prime, ce qui fait que j'ai trop de boulot à la base, et des trucs à rattraper avec, plus les machins qui tombent à l'improviste. Du scénar, de la trad, un bouquin à inconographier, plus la famille, la maison et tout ce qui s'ensuit. Dans des moments comme ça, il m'arrive de lâcher le truc en cours et de mettre un peu d'ordre pour m'oxygéner la tête. Dix minutes à virer des paperasses, à ranger des bouquins, à réorganiser des tiroirs, ça permet de souffler un peu, et accessoirement de retrouver ce stylo qu'on cherchait depuis deux jours. Et puis des fois on fait des découvertes, dans des strates de bordel auxquelles ont n'avait pas accédé depuis, pfouuu, vous voyez le genre.

C'est comme ça que j'ai retrouvé une vieille compile de pop des eighties.

Normalement, c'est ici qu'on insère, d'une voix blanche : "et là, c'est le drame".

La musique des eighties a un mérite, c'est que, pour le meilleur ou le pire, elle a accompagné les émois fugaces de ma puberté chaotique, à une époque où le futur restait à inventer de toutes pièces, où la femelle de l'espèce avait encore un je ne sais quoi de mystérieux, où le monde était simple avec d'un côté les Ricains qui étaient théoriquement les gentils mais avaient un président particulièrement bas du front et les Russes qui étaient théoriquement les méchants mais dont les chefs avaient de plus jolies casquettes et un accent qui avait plus de gueule, bref, un monde que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître (d'ailleurs, à l'époque, la voiture des poseurs, c'était la BM, et pas encore l'Audi) (si vous avez compris la vanne, vous êtes VIEUX vous aussi) (et au moins aussi cons et tordus que moi). C'était la bande-son de mon apprentissage de la vie (et puis un jour, j'ai commencé à acheter des cassettes des Pink Floyd, puis des CDs de groupes bizarroïdes qui faisaient des trucs à base de bruit, et puis, et puis...)

Par ailleurs, il faut bien l'avouer, la pop FM de consommation courante de cette époque était un peu trop marquée par l'orgue bontempi et la boite à rythmes. Et qu'il arrive un moment où il faut passer à autre chose.

Mais, dans cette compile, j'ai retrouvé Etienne, de Guesch Patti. Et là, réécouter ce titre avec le recul m'a fait un effet curieux. à l'époque, il me faisait de l'effet, même si je n'avais pas forcément capté toutes les paroles. J'étais jeune, boutonneux, un peu con et, si je comprenais quand même largement que c'était chaud dans le slip, je n'avais pas non plus pris le temps d'analyser par le menu tout le menu que la dame proposait au Etienne en question et qui, pris dans la musique et tout, passe comme une lettre à la Poste.

Au moment où j'écris ces lignes, ça fait deux heures que je me passe Etienne en boucle. Et en émettant des ricanements à demi déments qui ont plus leur place dans un film de Milos Forman ou de David Lynch que dans la quiétude studieuse du bureau où je gagne le pain de mes enfants à la sueur de mon clavier.

Du coup, dans ma traduction du jour, un personnage lance des trucs genre "tu la sens, hein, tu la sens bien ?" à un autre. Il lui parle d'énergie mystico-infernale, vous l'aurez compris.

Je bosse beaucoup trop, en ce moment.



Commentaires

Zaïtchick a dit…
ça et le Mylène Farmer ("pourvu qu'elle soit douce"), ça en a émoustillé quelques uns à l'époque...
JayWicky a dit…
Putain, avec tes conneries, tu me donnes envie de me réabonner à Mélody TV.
JayWicky a dit…
Et alors sinon, je ne sais pas si tu as regardé la télé française ce soir, mais c'est rigolo, comme synchronicité : ARTE nous a concocté une soirée purement eighties, de derrière les fagots.

Avec en premier lieu un docu sur la rivalité Michael Jackson/Prince, qui nous apprend entre autres que "Bad" était initialement un projet de duo entre les deux, sauf que quand Prince a vu que la chanson devait débuter par Michael lui disant "your butt is mine", il a dit niet.

Puis, un docu sur Queen avec du Flash Gordon et du Christopher Lambeurte dedans. Avec même des extraits des concept albums de Roger Taylor en solo. Bon, ils n'ont pas été jusqu'à dévoiler que Brian May a consacré un album solo entier à sa passion pour Bomber X, la série de marionnettes de Gô Nagai, mais il ne faut pas trop en demander, ce ne sont que des hommes. Mais surtout, on y voit, enfin dévoilées, les coulisses du duo Freddie Mercury/Montserrat Caballe. Toi tu as eu tes errances adolescentes que tu évoques si bien dans ce billet, la mienne c'était de me dire, émerveillé, en regardant le clip de "Barcelona": "mais qu'est-ce qui s'est passé ? Comment c'est arrivé ? Oui c'est bizarre, mais en même temps, c'est merveilleux. Cet inverti notoire a rasé sa moustache de fier moustachu pour susurrer des mots d'amour à cette mamma italienne obèse. J'ai beau être un jeune crétin de 14 ans boursouflé de jugements envers mon prochain, ça me donne confiance en l'avenir, et envie de croquer la vie à pleines dents."

En fait, les soirées nostalgie 80s déprimantes de la télévision, elles sont pas si déprimantes que ça, quand elles passent sur Arte.
Alex Nikolavitch a dit…
c'est malin, tu vas arriver à me faire regretter de ne plus regarder la télé.
Odrade a dit…
Hah. Regardé ta GP sans le son. Eh bien c'est assez étonnant. On se rend compte des risques que la madâme a pris avec cette chaise, quand même (existe-t-il un bonus avec les ratages ?). Et puis ça passe de scènes très cabaret à carrément du Véronique et Davina.

Sur ce, je regarde ce que j'écoute (sur mon walkman) actuellement : Depeche Mode.


O.
El a dit…
Et le pire c'est que j'ai un pote qui s'appelle Etienne. Et qui est né aux alentours de juste après 87, quelque chose comme ça.

Et tout le monde lui chante "Etienne, Etienne" depuis qu'il est petit. C'est que ça rentre dans la tête, cette chanson là...

S'il voit le clip et qu'il lit les paroles, ça va briser ses illusions sur sa mère, tu crois ?
Alex Nikolavitch a dit…
Peut-être qu'il pensera alors que son vrai père, c'est Blofeld jeune.







**visualise une thérapie familiale menée par Carie Fisher**

**s'étrangle à moitié**

**s'en va s'en remettre dans le frigo, où il reste de cette nouvelle crème de marrons au goût marrons glacés, une invention du diable, encore, c'est trop bon, surtout avec de la crème fraîche**

Posts les plus consultés de ce blog

Back to back

 Et je sors d'une nouvelle panne de réseau, plus de 15 jours cette fois-ci. Il y a un moment où ça finit par torpiller le travail, l'écriture d'articles demandant à vérifier des référence, certaines traductions où il faut vérifier des citations, etc. Dans ce cas, plutôt que de glander, j'en profite pour avancer sur des projets moins dépendants de ma connexion, comme Mitan n°3, pour écrire une nouvelle à la volée, ou pour mettre de l'ordre dans de vieux trucs. Là, par exemple, j'ai ressorti tout plein de vieux scénarios de BD inédits. Certains demandaient à être complétés, c'est comme ça que j'ai fait un choix radical et terminé un script sur François Villon que je me traîne depuis des années parce que je ne parvenais pas à débusquer un élément précis dans la documentation, et du coup je l'ai bouclé en quelques jours. D'autres demandaient un coup de dépoussiérage, mais sont terminés depuis un bail et n'ont jamais trouvé de dessinateur ou d

Le Messie de Dune saga l'autre

Hop, suite de l'article de l'autre jour sur Dune. Là encore, j'ai un petit peu remanié l'article original publié il y a trois ans. Je ne sais pas si vous avez vu l'argumentaire des "interquelles" (oui, c'est le terme qu'ils emploient) de Kevin J. En Personne, l'Attila de la littérature science-fictive. Il y a un proverbe qui parle de nains juchés sur les épaules de géants, mais l'expression implique que les nains voient plus loin, du coup, que les géants sur lesquels ils se juchent. Alors que Kevin J., non. Il monte sur les épaules d'un géant, mais ce n'est pas pour regarder plus loin, c'est pour regarder par terre. C'est triste, je trouve. Donc, voyons l'argumentaire de Paul le Prophète, l'histoire secrète entre Dune et le Messie de Dune. Et l'argumentaire pose cette question taraudante : dans Dune, Paul est un jeune et gentil idéaliste qui combat des méchants affreux. Dans Le Messie de Dune, il est d

Fais-le, ou ne le fais pas, mais il n'y a pas d'essai

 Retravailler un essai vieux de dix ans, c'est un exercice pas simple. Ça m'était déjà arrivé pour la réédition de Mythe & super-héros , et là c'est reparti pour un tour, sur un autre bouquin. Alors, ça fait toujours plaisir d'être réédité, mais ça implique aussi d'éplucher sa propre prose et avec le recul, ben... Bon, c'est l'occasion de juger des progrès qu'on a fait dans certains domaines. Bref, j'ai fait une repasse de réécriture de pas mal de passages. Ça, c'est pas si compliqué, c'est grosso modo ce que je fais une fois que j'ai bouclé un premier jet. J'ai aussi viré des trucs qui ne me semblaient plus aussi pertinents qu'à l'époque. Après, le sujet a pas mal évolué en dix ans. Solution simple : rajouter un chapitre correspondant à la période. En plus, elle se prête à pas mal d'analyses nouvelles. C'est toujours intéressant. La moitié du chapitre a été simple à écrire, l'autre a pris plus de temps parce q

Le dessus des cartes

 Un exercice que je pratique à l'occasion, en cours de scénario, c'est la production aléatoire. Il s'agit d'un outil visant à développer l'imagination des élèves, à exorciser le spectre de la page blanche, en somme à leur montrer que pour trouver un sujet d'histoire, il faut faire feu de tout bois. Ceux qui me suivent depuis longtemps savent que Les canaux du Mitan est né d'un rêve, qu'il m'a fallu quelques années pour exploiter. Trois Coracles , c'est venu d'une lecture chaotique conduisant au télescopage de deux paragraphes sans lien. Tout peut servir à se lancer. Outre les Storycubes dont on a déjà causé dans le coin, il m'arrive d'employer un jeu de tarot de Marseille. Si les Storycubes sont parfaits pour trouver une amorce de récit, le tarot permet de produite quelque chose de plus ambitieux : toute l'architecture d'une histoire, du début à la fin. Le tirage que j'emploie est un système à sept cartes. On prend dans

Vlad Tepes, dit Dracula

" Vous allez vous manger entre vous. Ou bien partir lutter contre les Turcs. " (Dracula, 1430 -1476) Dracula... Le surnom du prince des Valaques est devenu au fil du temps synonyme d'horreur et de canines pointues, principalement sous l'impulsion d'un écrivain irlandais, Bram Stoker, qui le dégrada d'ailleurs au point de le faire passer pour un comte, un bien triste destin pour un voïévode qui fit trembler l'empire qui faisait trembler l'Europe chrétienne. Tout se serait pourtant bien passé s'il n'avait pas été élevé à la cour du Sultan, comme cela se pratiquait à l'époque. En effet, il fut avec son demi-frère Radu otage des Turcs, afin de garantir la coopération de la famille, son père Vlad Dracul étant devenu par la force des choses le fantoche de l'envahisseur (le père se révolta pourtant et y laissa la vie. Mircea, le grand-frère, tenta le coup à son tour avec le même résultat. il est intéressant de noter que les otages

Hail to the Tao Te King, baby !

Dernièrement, dans l'article sur les Super Saiyan Irlandais , j'avais évoqué au passage, parmi les sources mythiques de Dragon Ball , le Voyage en Occident (ou Pérégrination vers l'Ouest ) (ou Pèlerinage au Couchant ) (ou Légende du Roi des Singes ) (faudrait qu'ils se mettent d'accord sur la traduction du titre de ce truc. C'est comme si le même personnage, chez nous, s'appelait Glouton, Serval ou Wolverine suivant les tra…) (…) (…Wait…). Ce titre, énigmatique (sauf quand il est remplacé par le plus banal «  Légende du Roi des Singes  »), est peut-être une référence à Lao Tseu. (vous savez, celui de Tintin et le Lotus Bleu , « alors je vais vous couper la tête », tout ça).    C'est à perdre la tête, quand on y pense. Car Lao Tseu, après une vie de méditation face à la folie du monde et des hommes, enfourcha un jour un buffle qui ne lui avait rien demandé et s'en fut vers l'Ouest, et on ne l'a plus jamais revu. En chemin,

Banzaï, comme disent les sioux dans les films de cape et d'épée

Hop, pour bien finir le mois, un petit coup de Crusades, tome 3 (non, on n'a pas encore déterminé le titre de l'épisode à ce stade). C'est toujours écrit par Nikolavitch (moi), Izu (lui) et dessiné par Zhang Xiaoyu (l'autre*). *je dis l'autre, parce qu'il existe aussi une Zhang Xiaoyu qui est un genre de star de l'internet en Chine pour des raisons de photos dévêtues, si j'ai bien tout compris)

Super-traumas de destruction massive

On le sait tous, pour peu qu'on ait un peu mis le nez dans les illustrés racontant les aventures de l'un ou l'autre super-slip combattant au nom de la vérité, de la justice ou de quoi que ce soit du même genre : leur origine est généralement lié à un traumatisme personnel plus qu'à l'obtention des pouvoirs. Pas de Spider-man s'interrogeant sur ses responsabilité sans la mort de l'Oncle Ben. Pas de Batman en croisade, sacrifiant sa vie dorée de milliardaire à une guerre sans fin sans l'agression subie par Thomas et Martha Wayne. Pas de Billy Butcher sans le viol de Rebecca et ses conséquences. (oui, bon, Butcher n'est pas exactement un super-héros, je sais). Pas de Docteur Strange sans la perte de sa dextérité de chirurgien qui l'a conduit à chercher des solutions drastiques et irrationnelles et à se remettre totalement en question sur le plan personnel. Pas de Wolverine en quête de lui-même sans les tripatouillages du projet

Nietzsche et les surhommes de papier

« Il y aura toujours des monstres. Mais je n'ai pas besoin d'en devenir un pour les combattre. » (Batman) Le premier des super-héros est, et reste, Superman. La coïncidence (intentionnelle ou non, c'est un autre débat) de nom en a fait dans l'esprit de beaucoup un avatar du Surhomme décrit par Nietzsche dans Ainsi parlait Zarathoustra . C'est devenu un lieu commun de faire de Superman l'incarnation de l' Übermensch , et c'est par là même un moyen facile de dénigrer le super-héros, de le renvoyer à une forme de l'imaginaire maladive et entachée par la mystique des Nazis, quand bien même Goebbels y voyait un Juif dont le S sur la poitrine signifiait le Dollar. Le super-héros devient, dans cette logique, un genre de fasciste en collants, un fantasme, une incarnation de la « volonté de puissance ».   Le surhomme comme héritier de l'Hercule de foire.   Ce n'est pas forcément toujours faux, mais c'est tout à fait réducteu

Nécrologie ou résurrection

 Hasard du calendrier, voici que ressurgit d'outre-tombe un personnage mort-vivant apparu dans un récit de Spawn, le "Necrocop", créations frankensteinienne de savants fous cherchant à créer un Spawn qu'ils pouvaient contrôler. Ce qui était sans doute illusoire, vu que les créateurs du vrai Spawn n'ont jamais pu contrôler leur propre mort-vivant. Back to the retour (Dans Scorched : L'Escouade Infernale tome 3) Bref. Pourquoi j'en parle ? Parce que derrière les savants-fous, il y avait des auteurs. Les vrais créateurs du personnage, ce sont Jeff Porcherot (alias Arthur Clare) et... moi-même. Et c'était y a pile vingt ans, ce qui ne nous rajeunit pas. Spawn Simonie , où était apparu le personnage, était un beau projet, une coédition entre Semic, l'éditeur de Spawn en France à l'époque, et Todd McFarlane, créateur et éditeur du personnage, qui nous a prêté son jouet. C'était exactement ça, quelque chose de beaucoup plus détendu que ce à quoi n